AFGHANISTAN - LES DIVISIONS ETHNIQUES ET RELIGIEUSES



Source: Le Monde diplomatique




L'appartenance ethnique et religieuse a toujours joué un rôle de premier plan dans le conflit afghan, même durant la phase socialiste, où laïcité et internationalisme étaient pourtant censés gommer les différences.

LANGUES ET ETHNIES

Sur le plan linguistique, la population afghane se répartit ainsi:

  • 40 % parlent le pachtoun, langue du plus grand groupe ethnique
  • 50 % parlent le dari ou persan d'Afghanistan (il s'agit notamment des Tadjiks - 30 % du total - et des Hazaras - 15 %)
  • 5 % parlent l'ouzbek, une langue proche du turc
  • 5 % parlent diverses autres langues (le turkmène, également proche du turc; le kirghize, le baloutchi...)

Le dari, bien que langue la plus répandue, présente en fait de nombreuses variantes et est parlé par des peuples divers s'opposant au niveau religieux. Ainsi, les Hazaras sont chiites et les Tadjiks sunnites.

Les Pachtouns constituent le groupe le plus important et le plus homogène, tant du point de vue ethnique que du point de vue linguistique. Pour ce qui est de la religion, ils sont tous de tradition sunnite, comme 85 % de la population afghane. Dans ces conditions, il est évident qu'un équilibre politique n'est possible en Afghanistan que si les Pachtouns y trouvent une place correspondant à leur poids dans la société.

Jusqu'à présent, tous les hommes politiques s'appuyant essentiellement sur des groupes ethniques, linguistiques ou religieux autres que les Pachtouns, ont échoué dans leur entreprise. Ainsi, par exemple, avant l'intervention soviétique, l'assise populaire de Karmal est beaucoup plus étroite que celle de son rival Amin, bien que tous deux soient marxistes. C'est moins une question de tendance politique que d'appartenance ethnique: Amin est Pachtoun, tandis que Karmal est Tadjik. Plus tard, le Pachtoun Nadjibullah rallie davantage de partisans que son prédécesseur tadjik et réussit à se maintenir au pouvoir bien après le départ de ses amis soviétiques. Et lorsque le régime socialiste s'effondre, beaucoup de ses anciens cadres rejoignent les milices respectives de leurs groupes nationaux.

En septembre 2001, la force relative des talibans s'explique aussi par le soutien qu'ils reçoivent de nombreux Pachtouns sunnites. "L'Alliance du Nord" presque exclusivement composée de groupes minoritaires pourra peut-être s'établir à Kaboul grâce au soutien américain. Mais elle attirera aussitôt sur elle l'hostilité des Pachtouns, pratiquement absents de la coalition, et la guerre civile reprendra probablement de plus belle - avec ou sans talibans.

2009 : après huit années d'agression américaine en Afghanistan (et au Pakistan), il devient de plus en plus évident que la guerre "contre les talibans" est en réalité une guerre contre les Pachtouns - par Graham E. Fuller, ancien de la CIA à Kaboul (un article intéressant malgré quelques élucubrations al-qaïdesques).


APPARTENANCE RELIGIEUSE

La population musulmane afghane (99 % des habitants) est en très grande majorité d'obédience sunnite (85 %); le reste suit les traditions chiites.

  • Les sunnites: ils se conforment à la Sunna, livre codifiant les faits et gestes du Prophète et faisant force de loi au même titre que le Coran. Le sunnisme est la forme la plus répandue de l'islam. Il se subdivise en différentes écoles. L'une d'elles, l'école wahhabite, créée en Arabie, est très active dans le monde musulman. Utilisé par les Saoudiens comme arme politique contre l'Iran chiite, le wahhabisme est très développé au Pakistan et en Afghanistan, où il a donné naissance au talibanisme.

  • Les chiites: ils constituent à l'origine un mouvement contestataire fondé par Ali, gendre et cousin de Mahomet, pour s'opposer au pouvoir politique des successeurs du Prophète, accusés de trahir sa pensée. Le chiisme s'implante au départ dans les pays musulmans non-arabes, en particulier en Perse, l'actuel Iran, où il est toujours dominant.




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