LA PASSION DU CHRIST

- BIBLE ET RÉALITÉ -


(en marge du film de Mel Gibson)





Deux records

Le point de vue du spectateur croyant :
Fidélité    "Antisémitisme"    Violence
Du message religieux au message politique

Le point de vue du spectateur athée :
Historicité ?    Les origines du christianisme
De la religion des pauvres à celle des puissants    Du concept à l'idole
Qui a tué Jésus ?    L'aspect culturel

Problème de l'authenticité des textes et documents anciens

Vingt siècles de christianisme (ou presque)




En avril 2004, huit semaines après sa sortie sur les écrans américains, le film de Mel Gibson bat deux records : celui des entrées (il a été vu par 60 millions de spectateurs*) et celui de l'hostilité des milieux sionistes.

* en France : 1.500.000 entrées en quatre semaines

Produit et tourné en dehors des circuits d'Hollywood, dominés sans partage par le lobby pro-israélien, ce film connaît aux USA un incroyable succès qui ne s'explique que par la profonde religiosité des Américains.

C'est le bouche-à-oreille qui a fait de La Passion le numéro 1 du box-office, et non la publicité commerciale ou les critiques - pour la plupart négatives voire destructrices - de médias eux aussi majoritairement entre les mains ou à la botte du lobby sioniste.

Ce lobby a mené, dès avant le début du tournage, une intense campagne de dénigrement contre le film et son auteur. Les fanatiques de l'anti-antisémitisme, on le sait, ne perdent jamais leur temps à analyser un sujet avant de se former une opinion personnelle. Si leurs "élites" dècrètent pour eux que quelque chose ou quelqu'un est "antisémite", c'est qu'il en est ainsi - un point c'est tout.

Pourtant, même si certains enragés réclament à grands cris l'interdiction de La Passion et la condamnation de Mel Gibson en vertu des nouvelles lois "antiterroristes", le lobby sioniste dans son ensemble hésite à affronter de face les dizaines de millions de chrétiens dont il se veut par ailleurs l'allié. Il a trop besoin de cette gigantesque masse de manœuvre pour mener à bien son programme et réaliser ses objectifs. Il tape donc sur le producteur mais laisse les consommateurs tranquilles - du moins aux Etats-Unis.


N'en déplaise à ses détracteurs ignorants ou partiaux, ce film est intéressant à bien des égards, que l'on soit croyant ou qu'on ne le soit pas.



Le point de vue du spectateur croyant

Connaissant "l'intrigue" telle qu'elle est rapportée par les Evangiles, le spectateur croyant n'aura sans doute aucune difficulté à "s'y retrouver", même si la version présentée par Mel Gibson est plus crue, moins édulcorée, que celle que propage le catéchisme. Il faut savoir qu'au fil des rééditions et retraductions, les textes qui constituent le Nouveau Testament, et surtout les commentaires, ont subi bien des altérations au cours de ces cinquante ou soixante dernières années*, suite notamment à l'intervention incessante des milieux juifs auprès des instances chrétiennes - le Vatican en particulier.

* Dans les pays anglo-saxons, et spécialement aux Etats-Unis, ce phénomène de "réécriture" des textes saints (révisionnisme) a débuté dès 1909, avec la publication de la Bible de Scofield, d'abord destinée à remplacer la traditionnelle version dite du Roi Jacques (King James). La Bible de Scofield, fréquemment remaniée depuis sa première apparition, constitue un des fondements de l'alliance sioniste judéo-chrétienne.


Fidélité

Mel Gibson est catholique intégriste et ne reconnaît pas les "réformes" accomplies par Rome depuis les années 1960 (c'est une position qui passe beaucoup mieux aux Etats-Unis - pays des sectes - qu'en France). Il lit donc sa Bible comme on la lisait autrefois - c'est son droit, et c'est à prendre ou à laisser.

Quoi qu'il en soit, dès l'instant où l'on considère que le contenu de la Bible est véridique et conforme à la réalité historique (c'est bien ce que pensent les croyants), on ne voit pas pourquoi il faudrait reprendre le texte tous les dix ans pour l'adapter au "politiquement correct" du moment. A ce compte-là, il faudrait aussi effacer ou modifier tout ce qui, dans les Ecritures, est susceptible d'encourager la xénophobie en général, la misogynie, "l'homophobie", la cruauté envers les enfants et les animaux ou encore - pourquoi pas - tout ce qui est contraire aux principes du végétarisme (si les végétariens parviennent demain à imposer leurs idées). Ne parlons pas de la propagande belliciste, de l'apologie des crimes de guerre et des innombrables actes de barbarie que décrit la Bible et qu'il faudrait aussi extirper.

Mel Gibson refuse donc de réécrire le Nouveau Testament pour faire plaisir au lobby sioniste. Il refuse de faire "porter le chapeau" à Ponce Pilate et à lui seul. C'est le Sanhédrin - l'assemblée des grands-prêtres juifs - qui condamne à mort Jésus le dissident, l'emmerdeur, le révolutionnaire, l'agitateur communiste ou anarchiste (aurait-on dit il y a quelques décennies), le terroriste (pour employer le jargon de 2004). Mais comme, pour une raison non précisée (et sans doute trop évidente), ces messieurs refusent de se salir les mains, ils poussent les Romains (les Américains de l'Antiquité) à exécuter pour eux cette sale besogne.* Cela ne vous rappelle rien ?  Irak, Syrie, Liban, Iran ?...  Et les GIs romains - tous des brutes sadiques - s'en donnent à cœur joie.

* Jésus ne s'oppose nullement à la présence romaine ; son rôle est purement spirituel, pas politique ("Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" - Matthieu 22.21). En revanche, le très subversif messie menace directement le pouvoir religieux des grands-prêtres juifs (Caïphe et consorts), surtout lorsqu'il chasse les marchands du Temple et dénonce le culte de l'argent qui s'y pratique ("Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mamon" - Matthieu 6, Sermon sur la montagne).

Israël Shahak, professeur à l'Université Hébraïque de Jérusalem, décédé en 2001, écrit dans son ouvrage Histoire juive - Religion juive (1994 - pdf - 380 ko) : "Selon le Talmud [recueil de commentaires religieux juifs écrits entre le 2ème et le 6ème siècle après J.C.] Jésus a été condamné et exécuté par un vrai tribunal rabbinique, pour idolâtrie, incitation des juifs à l'idolâtrie et outrage aux autorités rabbiniques. Toutes les sources juives classiques qui signalent son exécution en revendiquent hautement la responsabilité et s'en réjouissent ; dans la relation talmudique de ces événements les Romains ne sont même pas mentionnés."  L'auteur ne manque pas de signaler "la haine viscérale du judaïsme vis-à-vis du christianisme", haine qui remonte à cette époque. Mais, curieusement, c'est toujours le phénomène inverse (l'hostilité des chrétiens envers les juifs) qui est dénoncé partout. Shahak remet les pendules à l'heure en rappelant que les premiers chrétiens (des dissidents juifs) furent persécutés par d'autres juifs. Les Romains - puissance politique - ne portaient pas grand intérêt à ce type de querelle religieuse (voir plus bas).

Jusqu'à une époque relativement récente, tous les chrétiens considéraient le clergé juif comme seul responsable du "déicide", tandis que Ponce Pilate ne jouait qu'un rôle d'exécutant. Et pour certaines églises chrétiennes d'Orient, le gouverneur romain, touché par la grâce divine et converti à la religion de Jésus, est assimilé à un saint...  Après plusieurs décennies de pressions juives sur le Vatican et sur les diverses sectes protestantes, les choses ont bien changé en Occident : Caïphe est maintenant innocent, et Ponce Pilate a tué Jésus. (En 2004, penser qu'un juif puisse être coupable de quoi que ce soit, est un signe évident d'antisémitisme.)

Comment Jules Isaac, Bnaï Brith et le Congrès juif mondial ont imposé leurs vues au Concile Vatican II (1964)
par Léon de Poncins (pdf - 514 ko).


Le véritable scandale, aux yeux du lobby sioniste, c'est que les chrétiens catholiques ou protestants, que l'on pousse depuis des décennies à soutenir inconditionnellement la politique d'Israël au nom d'une fallacieuse solidarité judéo-chrétienne, retrouvent le vrai texte biblique et prennent conscience de la manipulation dont ils sont victimes. Mel Gibson, en revenant aux sources, proclame (peut-être sans le vouloir) que le roi est nu.


"Antisémitisme"

En ce sens, il "risque", dans une certaine mesure, de susciter des sentiments de rejet vis-à-vis des manipulateurs (ce qui est excellent en soi), mais certainement pas des sentiments antisémites, comme le prétendent mécaniquement des milliers de perroquets médiatiques. Car si le film évoque, sans bien sûr la citer expressément, la situation actuelle au Moyen-Orient et dans le reste du monde, il serait stupide de croire qu'il contribue à identifier les Juifs d'il y a deux mille ans à ceux qui se disent aujourd'hui leurs descendants - d'autant plus que Jésus lui-même était juif, tout comme l'étaient ses premiers adeptes. L'identification - si identification il y a - se situe au niveau purement politique et non au niveau "racial".

La religion chrétienne (comme d'ailleurs la religion musulmane) est universelle, ouverte à tous sans considération d'appartenance tribale ou nationale, réelle ou supposée. Elle brise le carcan archaïque qui veut que chaque peuple ait son propre Dieu. Les premiers qui se soient engagés dans cette voie - émancipatrice pour l'époque - furent des Juifs (ethniques) en rupture de ban (religieux). C'est aussi un peu le message de ce film, un message inadmissible aux yeux du sionisme totalitaire qui s'obstine à prôner, depuis plus d'un siècle et à contre-courant de l'histoire, le mythe d'une prétendue identité unissant "race", religion, idéologie et politique, et qui enferme des millions de gens dans un ghetto artificiel en les contraignant à jouer le rôle de victimes.

L'accusation d'"antisémitisme" est donc tout simplement absurde. C'est d'ailleurs un peu comme si quelqu'un venait nous dire que La Passion est un film anti-italien, puisque les soldats romains y sont représentés comme d'abominables tortionnaires. Ces soldats sont pourtant aussi peu les ancêtres des Romains d'aujourd'hui que les Juifs du film sont les ancêtres des Juifs contemporains.


Violence

Ce qui nous conduit au thème de la violence, un des autres grands reproches adressés à Mel Gibson.

Mesuré à l'aune de ce que nous voyons tous les jours à la télévision, dans les vidéothèques ou au cinéma (par exemple Kill Bill de Quentin Tarantino), le film La Passion, malgré sa brutalité, pourrait presque passer pour "non-violent". Sans compter les atrocités réelles, sans nom et sans nombre, que les médias se gardent bien de nous montrer parce qu'elles se produisent en Irak ou en Palestine, ou au "pays de la liberté".

Pour les chrétiens, dont la religion repose sur le supplice infligé à Jésus, sur les souffrances endurées par lui pour le salut de l'humanité entière, le thème de la violence n'est certes pas nouveau. Les croyants savent qu'une crucifixion n'est pas une partie de plaisir, que le chemin de croix n'est pas une promenade en famille. L'Eglise ne cesse de s'y référer depuis des siècles et des siècles ; alors pourquoi ce procès d'intention fait à Mel Gibson ?  Le martyre du Christ est pour lui une chose concrète dont il s'efforce de montrer la réalité ; ce n'est pas un prétexte dont il se servirait pour concocter un produit soporifique comme Hollywood sait les fabriquer. La Passion n'est ni le énième navet biblique destiné à exalter les bienfaits de l'alliance judéo-chrétienne, ni la bande vidéo d'une procession de vendredi saint. C'est une œuvre à la fois originale et captivante qui incite à la réflexion. La violence n'y est jamais gratuite.


Du message religieux au message politique

On a aussi reproché à Mel Gibson de vouloir "convertir" ses spectateurs. Et alors ?... Pourquoi pas ?...  Personnellement, nous ne pensons pas qu'il y parvienne. Son film est trop "hermétique" pour qui ne connaît pas les détails de la Bible. Bien des clés sont nécessaires à la compréhension du sujet, et Mel Gibson n'en fournit aucune.

Les dialogues (sous-titrés) sont en latin et en araméen. Cette langue aujourd'hui presque disparue (elle n'est plus parlée que par quelques milliers de personnes en Syrie) était à l'époque la langue de tous les habitants du Moyen-Orient, Juifs compris. L'hébreu, langue morte depuis longtemps, n'était utilisé que dans la liturgie.  Le plus étonnant, c'est que les personnages de La Passion, en particulier les soldats romains, passent sans difficulté d'une langue à l'autre - un peu comme si le dernier des GIs débarqué en Mésopotamie maîtrisait sans difficultés la langue arabe. Les légionnaires de Mel Gibson, bien que sanguinaires, sont indéniablement moins stupides que les mercenaires de l'Empire yankee. Et Ponce Pilate, loin d'être un Rambo dégénéré comme ceux qui peuplent les états-majors US, se présente en gouverneur avisé, tout à fait apte à résoudre les problèmes politiques. Il s'en remet contraint et forcé à la volonté des prêtres juifs, comprenant que c'est le seul moyen de calmer une situation passablement explosive.

Bien entendu, le message politique, dans le film de Mel Gibson, n'est pas exprimé ouvertement, il est à peine sous-entendu et de manière sans doute involontaire. Mais c'est le propre de toute œuvre d'art - et La Passion en est une sans conteste - de transcender les intentions de son auteur.

Certes, on peut légitimement douter que les dizaines de millions d'Américains qui ont vu le film aillent si loin dans leur réflexion. S'il en était ainsi, la junte belliciste animée par les néo-cons pourrait définitivement enterrer ses projets. Mais puisque La Passion a néanmoins réussi à ouvrir une petite faille dans le front sioniste judéo-chrétien que l'on croyait inébranlable, tous les espoirs sont permis. Peut-être assistons-nous à l'amorce d'une prise de conscience des Américains, à un début d'émancipation semblable à celui que les premiers chrétiens ont osé il y a deux mille ans.


Emmenez vos gosses voir ce film
Comment La Passion du Christ peut aider à apporter la paix au Moyen-Orient
(deux articles du journaliste israélien antisioniste Israël Shamir)

Le point de vue de Gilad Atzmon (saxophoniste juif vivant à Londres) : Mel Gibson and the Judo-Christian myth.
Les sionistes, nous explique Atzmon, craignent que le mythe judéo-chrétien, en s'effondrant, ne révèle au monde que le crucifié de notre époque est le peuple palestinien.

Lorsque le Ponce Pilate européen, dégoûté par les décennies de flagellation infligées au Jésus des territoires, demande au peuple d'Israël si la punition n'est pas suffisante, les grands-prêtres du sionisme et leurs partisans fanatisés crient à tue-tête : "Non, crucifiez-le..."

Et Satan mène le bal... D'un bout à l'autre du film, le diable observe le supplice du Christ en ricanant. Si Mel Gibson ne lui prête pas les traits d'un général connu, plus d'un spectateur aura fait le rapprochement.




Le point de vue du spectateur athée

La première réaction du non-croyant, à l'évocation de ce film, sera de se demander pourquoi on ne lui fiche pas la paix avec toutes ces bondieuseries débiles, avec ces histoires de mise à mort d'un type qui n'a jamais existé. Car après tout, il n'est pas bien difficile, en 2004, de faire sa propre "enquête" sur le sujet - avec Internet, il n'est même plus nécessaire de fréquenter les bibliothèques pour s'en convaincre.

Deux citations intéressantes :

"Jésus Christ n'est pas un personnage historique, mais une figure créée par la foi." (Albert Schweitzer, médecin et théologien protestant, en 1906)

"On sait de temps immémorial combien cette fable du Christ nous a été profitable." (le pape Léon X au cardinal Pietro Bembo, vers 1515)


Historicité ?

Personne, à l'époque où ces prétendus événements se sont déroulés ou dans les décennies qui ont suivi, n'a jugé bon d'en faire état. Aucun historien, écrivain, chroniqueur, homme politique - personne.

Ni l'écrivain latin Pline l'Ancien (23 - 79 apr. J.C.), ni l'écrivain et philosophe (stoïcien) latin Sénèque (2 av. J.C. - 65 apr. J.C.), ni l'historien latin Suétone (70 - 128 apr. J.C.), ni l'écrivain latin et gouverneur romain d'Asie Mineure Pline le Jeune (61 - 114 apr. J.C.), ni l'historien latin Tacite (55 - 120 apr. J.C.), ni l'écrivain grec Plutarque (50 - 125 apr. J.C.), ni le philosophe grec Celse (seconde moitié du 1er siècle - début du 2ème siècle apr. J.C.), ni le philosophe juif Philon d'Alexandrie (13 - 50 apr. J.C.), ni le général et historien juif Flavius Josèphe (37 - 100 apr. J.C.) - détails.

Certains écrits attribués à Tacite ou à Flavius Josèphe, et parfois considérés comme preuves de la véracité des Evangiles, sont des faux évidents fabriqués plusieurs siècles plus tard pour les besoins de l'Eglise.

Lire aussi :  Jésus Christ : Mythe ou réalité ?
de même que ces deux textes de l'historien Paul-Eric Blanrue :
Jésus : info ou intox ? et Réponses à un détracteur au sujet de l'inexistence de Jésus

Comme le rappelle Blanrue, "le texte des Evangiles est l'aboutissement d'un effort rédactionnel de longue haleine, le résultat de couches successives". Et les exemplaires les plus anciens que nous possédions sont nettement postérieurs aux "événements" qui y sont "relatés" (voir plus bas). Il faut vraiment beaucoup d'audace pour élever de telles compilations à la fois anonymes et collectives, au rang de "témoignages historiques".

Les manuscrits de la mer Morte, découverts en 1947 à Qumran et dont les auteurs, membres de la secte juive des esséniens, se sont attachés à couvrir avec une certaine acribie la période allant de 250 av. J.C. à 68 apr. J.C., ne parlent pas non plus du fameux "Jésus". La lenteur avec laquelle le contenu (ou du moins une partie du contenu) de ces manuscrits a été publié, traduit bien le malaise des Eglises chrétiennes en général, et de l'Eglise catholique en particulier, face à ce vide étrange.*

* Cette absence de "Jésus" dans les manuscrits de Qumran a permis aux milieux juifs sionistes d'exercer leur chantage sur le Vatican afin d'obtenir une lecture révisée du Nouveau Testament à partir des années 1960 (Concile Vatican II).

On s'accroche encore à l'idée que l'inexistence d'une preuve n'est pas une preuve d'inexistence - ce qui est vrai en principe, bien que contraire à toute pratique historique ou scientifique : quand on affirme que quelque chose ou quelqu'un existe, il faut le prouver au lieu d'exiger de ses adversaires qu'ils prouvent le contraire. Mais il est vrai que rien n'est plus éloigné de la science et de l'histoire qu'un credo religieux.

Comme me disait un jour mon voisin, "ces documents qui prouvent l'existence de Dieu et de Jésus sont authentiques parce qu'ils ont été écrits par Dieu lui-même". L'argument a beau manquer de logique, pour un croyant il ne se discute pas.

Il n'en demeure pas moins que le christianisme a connu un si grand succès dans l'histoire des civilisations humaines qu'il n'est pas possible, même en n'étant pas croyant, d'éluder certaines questions. Par delà la mythologie biblique qui nous est encore si souvent présentée comme "fondée historiquement", il est légitime de se demander, entre autres choses, comment cette "secte" particulière est apparue et comment elle a pu s'imposer en son temps.


Les origines du christianisme

Friedrich Engels, dans son essai Contributions à l'histoire du christianisme primitif (1894), rappelle que c'est au philosophe allemand Bruno Bauer que l'on doit la première analyse sérieuse de cette question. Pour Bauer, le christianisme n'est pas simplement une secte issue du judaïsme, qui serait venue s'ajouter aux sectes déjà établies (pharisiens, sadducéens, esséniens, zélotes). Son caractère universel est dû au fait qu'il s'appuie sur la philosophie grecque d'Héraclite* (550 à 480 av. J.C.), de Platon** (427 à 347 av. J.C.) et des stoïciens*** (vers 300 av. J.C.), cette philosophie étant représentée, à l'époque où Jésus aurait vécu, par Sénèque et Philon d'Alexandrie. (Alexandrie était alors un des hauts lieux de la culture hellénistique dans l'Empire romain.)  Yakov Rabkin, historien et professeur à l'Université de Montréal, définit le christianisme comme une "lecture grecque de la Torah" (les cinq premiers livres de la Bible hébraïque ou Ancien Testament).

* Héraclite pense qu'une force universelle "raisonnable" (le logos) domine et régit le monde.
** Platon, le plus grand philosophe idéaliste de l'Antiquité, est d'avis que la réalité terrestre n'est que le reflet d'un monde des Idées, céleste, immuable et éternel.
*** Les stoïciens professent l'indifférence devant l'adversité, la souffrance, le malheur.


La mosaïque ethnique et culturelle que constitue alors l'Empire romain contribue fortement à l'éclosion d'une nouvelle religion plus tolérante, à l'origine, que toutes les autres religions existantes.

Une bonne partie des idées formulées par le christianisme des premiers âges porte aussi la marque des esséniens, une secte juive pratiquant une vie ascétique. Jean-Baptiste, le personnage qui, paraît-il, baptisa Jésus et lui montra en quelque sorte le chemin à suivre, fit partie de cette secte. Contrairement à Jésus, dont rien ne prouve qu'il ait vraiment vécu, Jean-Baptiste semble avoir eu une existence réelle.* L'historien Flavius Josèphe parle de lui dans ses Antiquités Judaïques, un texte épargné par l'Eglise. Selon la Bible, Jean-Baptiste fut décapité à la demande de la danseuse Salomé. Le crâne (entier) du saint est précieusement conservé à Damas**...  mais aussi à Amiens et à St-Jean-d'Angély (Charente-Maritime), sans oublier un fragment de sa mâchoire "découvert" en juillet 2010 près de Sozopol, en Bulgarie.

* Heureusement pour les Québécois dont il est le saint patron - le 24 juin est leur fête nationale.
** Au même titre que Jésus, Jean-Baptiste est considéré comme un prophète de l'islam.


Ainsi que le signale déjà Voltaire dans son Dictionnaire philosophique, les esséniens prêchaient la confraternité, la mise en commun de tous les biens, la vie austère, le travail manuel, le détachement des richesses et des honneurs, l'amour du prochain et surtout l'horreur pour la guerre. Des sectes établies bien plus tard en Amérique du Nord (amish, mennonites...) ont repris ces principes, depuis longtemps oubliés, de l'aube du christianisme.

Un autre "père" des idées chrétiennes est un certain Paul de Tarse, connu plus tard sous le nom de Saint Paul (Tarse est une ville située dans le sud de l'actuelle Turquie, face à l'île de Chypre). Même si l'historicité de Paul - un juif pharisien influencé par les esséniens - n'est pas certaine*, il semblerait qu'il ait vécu de 5 à 67 apr. J.C.  Certains auteurs voient en lui "le premier diffuseur de la doctrine chrétienne" (Blanrue) ou l'inspirateur de la "pensée de Jésus". Mais alors que la "biographie" et le "profil" attribués à ce dernier sont devenus essentiels pour la survie du dogme, la valeur de Paul réside dans les idées qu'il exprime** et ne dépend pas de son existence réelle. Le "paulinisme" peut se passer de Paul, tout comme le christianisme primitif se passait de Jésus - voir plus bas.

* Flavius Josèphe n'en parle pas.
** Comme le signale Friedrich Engels, Bruno Bauer a prouvé que maints passages des Epîtres sont copiés mot pour mot sur Sénèque. Pour l'Eglise, c'est au contraire Sénèque qui aurait plagié le Nouveau Testament - difficile à croire quand on sait que le philosophe latin est mort en 65.


Socrate (470-399 av. J.C.) sert lui aussi de modèle aux créateurs anonymes du personnage de Jésus. S'inspirant du philosophe grec, ils décrivent le mythique Nazaréen* comme un homme gênant, provocateur et subversif que les détenteurs du pouvoir finissent par condamner à mort pour le punir de son audace, et qui ne fait rien pour échapper à son sort.

* Contrairement à la légende, Nazaréen ne signifie pas habitant de Nazareth, ville encore inexistante il y a 2000 ans. Le mot désigne à l'origine une secte religieuse. Ce n'est que bien plus tard que des copistes lui attribuent sa signification actuelle - erreur de traduction ou licence poétique ?

C'est la fusion de tous ces éléments qui donne naissance à la nouvelle religion et qui lui permet de s'épanouir jusqu'au point de s'imposer sur ses concurrentes - car à n'en pas douter, les prédicateurs les plus divers sont légion en ces temps de Pax Romana.

Le christianisme des premiers siècles sait s'attirer la sympathie des couches les plus défavorisées de la société (esclaves, affranchis, paysans pauvres, plébéiens, prolétaires) en leur promettant (dans l'autre monde, il est vrai) la justice, l'égalité, le bonheur et le bien-être. Pour le pouvoir romain et ses nombreux auxiliaires locaux, c'est un mélange subversif, hautement indésirable dans ce monde-ci - d'autant plus que les adeptes du Christ prêchent et pratiquent la charité et la solidarité sociale par-delà les frontières de classes, un peu comme le font aujourd'hui les mouvements socio-religieux de l'islam (Hezbollah, Hamas).

Les agitateurs sont donc pourchassés. Mais contrairement à tout ce que nous croyons savoir sur les persécutions des premiers chrétiens, les Romains de cette époque n'ont jamais poursuivi personne pour des motifs purement religieux. Vénérant eux-mêmes de multiples divinités, ils sont tout à fait disposés à en adopter une de plus - qu'il s'agisse du dieu des chrétiens, de celui des juifs ou de n'importe quel peuple "barbare".* La répression, quand répression il y a, est purement politique. Les histoires de martyrs jetés aux lions ont en grande partie été inventées a posteriori pour les besoins de l'Eglise.

* Une autre religion "nouvelle", assez répandue dans l'Empire romain des 1er et 2ème siècles, concurrence le christianisme naissant : le culte de Mithra, venu de la Perse et de l'Inde via l'Asie Mineure et le monde grec.

Les mythes fondateurs du christianisme : "Le dieu égyptien Horus naquit d'une vierge un 25 décembre. Il eut 12 compagnons ou disciples. Il fut mis au tombeau et ressuscita. Il était désigné comme la voie, la vérité, la lumière, le Messie, le fils oint de Dieu, le bon berger, et troisième personne de la trinité divine (Osiris-Isis-Horus). Il faisait des miracles et éleva un homme, El-Azar-us, d'entre les morts."


De la religion des pauvres à celle des puissants

Au départ, le christianisme se passe parfaitement de "textes fondateurs". D'ailleurs, la plupart de ses partisans sont illettrés ; tout se transmet par tradition orale. Le Nouveau Testament, conçu au plus tôt à partir de 70 après J.C.*, n'est achevé (en grande partie) que vers 325, donc trois siècles après la "crucifixion de Jésus".

* Comme le signale Paul-Eric Blanrue (voir plus haut), il n'existe cependant aucune preuve de l'existence des Evangiles avant la seconde moitié du deuxième siècle. C'est vers 170 que ces écrits sont cités pour la première fois. Etant donné que les Evangiles de Marc et de Jean contiennent des "prophéties" relatives à la destruction du Temple de Jérusalem, survenue en 70, cette année est souvent considérée comme marquant le début de la rédaction du Nouveau Testament - ce qui, il faut l'avouer, n'est guère probant.

325 est l'année du premier Concile de l'Eglise chrétienne, celui de Nicée. On y adopte les textes de reférence pour les siècles à venir ; la théologie s'inspire en grande partie des idées formulées par le philosophe néoplatonicien Plotin d'Alexandrie (250 ans après "la Passion"). Le christianisme devient religion d'Etat et supplante toutes les autres. Avec Constantin, le premier empereur chrétien, la tolérance religieuse disparaît de l'Empire romain. L'Eglise d'en-bas, l'Eglise des pauvres, devient un instrument de répression des classes dominantes. Comment a-t-on pu en arriver là ?

Si la religion chrétienne prêche d'abord l'amour du prochain et le pardon, les puissants découvrent assez vite que ces "vertus" peuvent leur être très utiles. Du pardon à la résignation, il n'y a qu'un pas. De la résignation à la soumission, également. Après deux siècles et demi d'existence, le christianisme a opéré sa mutation. De lueur d'espoir, il est devenu l'opium du peuple.

Dans les siècles à venir, toutes les tentatives de réforme (des cathares à la théologie de la libération) sont des tentatives de retour aux sources ; elles échouent ou sont récupérées. Révolutionnaire à l'origine, le christianisme subit le sort de toutes les idées révolutionnaires. D'innombrables crimes sont commis en son nom et accompagnent une interminable liste noire où figurent la destruction des "croyances païennes", les conversions forcées, les Croisades, l'Inquisition, le colonialisme, l'esclavagisme, les guerres, l'obscurantisme, l'oppression, l'exploitation, le mépris de la personne humaine, et jusqu'à la pédophilie...

Mais au début, les choses sont encore différentes.


Du concept à l'idole

Le Christ des premiers chrétiens est une abstraction dénuée de toute apparence physique. C'est ce qui ressort des premiers textes (Apocalypse de Jean, Epîtres de Paul) avant qu'ils n'aient été remaniés par l'Eglise. L'historien du christianisme Ernest Renan (1823-1892) écrit d'ailleurs : "Pour Paul, le Christ n'est pas un homme qui a vécu et enseigné, c'est un être tout divin". Le christianisme authentique n'a nul besoin de Jésus pour naître et se développer.

Mais au fur et à mesure que la nouvelle religion gagne en influence, il devient nécessaire pour les "Pères de l'Eglise" d'en simplifier le contenu, de matérialiser les idées abstraites qu'elle véhicule tout en les vidant de leur sens profond, de créer un personnage central autour duquel s'articulera le culte. Peu à peu, donc, à partir des années 150-180, on humanise le Christ, on en fait Jésus - auquel il faut, bien entendu, donner un visage, une vie, une mort. C'est ainsi que se crée le mythe.

Dès lors qu'on n'offre plus au peuple un idéal auquel il pourra s'identifier volontairement, il faut lui présenter une idole qu'il acceptera d'adorer sans réfléchir.

De multiples auteurs reprennent et remanient les Evangiles et les autres textes existants, parfois sans se préoccuper des contradictions pouvant ainsi surgir. Mais tout cela n'a guère d'importance, car presque personne ne sait lire, et même les lettrés ont rarement accès aux documents originaux - quand ces documents existent. L'idée de rigueur historique ou scientifique est absolument inconnue à cette époque. On recopie ou on traduit des textes en les modifiant, en les enjolivant, en les censurant. Et on continue de le faire pendant des siècles.

Ce n'est qu'en 451, au Concile de Chalcédoine, que la crucifixion de Jésus et le symbole de la croix font leur entrée officielle dans le patrimoine religieux chrétien (plus de 400 ans après les "événements").

Quel Nouveau Testament ? - vérité historique et incohérences des textes canoniques, emprunts aux autres religions, juifs et chrétiens, représentation du Christ en croix à travers les âges...



Qui a tué Jésus ?

Dès l'instant où l'on admet le caractère mythique du personnage, la question n'a plus de sens - à première vue. Car s'il est matériellement impossible de tuer un être dépourvu d'existence réelle, on peut très bien s'acharner sur l'idée qui le fait vivre dans les esprits.

Les prêtres juifs ne se sont jamais accommodés de l'apparition du christianisme, d'abord secte concurrente, puis religion à part entière. Au début du 4ème siècle, sous Constantin, lorsque la nouvelle foi s'impose dans tout l'Empire romain, le centre spirituel du judaïsme se trouve en Mésopotamie, "à Babylone". C'est l'époque de la rédaction du Talmud.

Chez les chrétiens, le personnage de Jésus est déjà si solidement établi, que personne ne songe à contester son existence réelle, même si les hauts responsables du clergé romain savent à quoi s'en tenir (tout comme plus tard le pape Léon X - voir plus haut).

Les rabbins juifs, pas plus stupides que leurs homologues chrétiens, sont également au courant. Mais comme un de leurs soucis majeurs est de combattre le christianisme "impie", la question de l'historicité devient secondaire. Puisque les chrétiens font de la mort de Jésus le centre de leur dogme, c'est là que les talmudistes vont frapper en prétendant qu'ils ont eux-mêmes tué le (faux) messie - voir plus haut ce qu'en dit Israël Shahak.

Bien sûr, à notre époque, il peut sembler absurde de s'accuser ainsi d'un crime qu'on n'a pas commis. Il y a 17 siècles, ce n'était apparemment pas un problème. D'ailleurs, les Juifs de l'Antiquité se sont vantés de beaucoup d'autres crimes tous plus horribles les uns que les autres (voir l'Ancien Testament). En réalité, rien ne permet de penser qu'ils étaient plus sanguinaires que leurs voisins. (On ne peut malheureusement pas en dire autant de l'Etat d'Israël du 21ème siècle.)

L'Eglise catholique, en reprochant aux Juifs d'avoir tué le fils de Dieu, ne contredisait pas le Talmud - si ce n'est que le Talmud considère Jésus comme un sorcier dont le châtiment a été la lapidation et la pendaison, et non la crucifixion. (Cette divergence quant au mode d'exécution n'est guère étonnante, puisque le mythe de la croix ne s'est imposé chez les chrétiens que vers 450, soit plus d'un siècle après Constantin - voir le tableau chronologique ci-dessous). Depuis, sous la pression du lobby-qui-n'existe-pas, l'Eglise a blanchi les Juifs et leur a demandé pardon. Le Talmud, lui, est toujours aussi antichrétien qu'à ses débuts.

Jésus et le Talmud - on verra que ce texte n'est nullement "antisémite", mais au contraire respectueux du "dialogue judéo-chrétien" tel que l'entendent les sionistes et leurs alliés du Vatican. Son intérêt réside dans le fait qu'il confirme et complète le témoignage d'Israël Shahak. (Laissons de côté les conclusions de l'auteur, qui voit dans le Talmud une preuve de l'existence de Jésus.) Le passage concernant "Gittin 56b-57a" est particulièrement édifiant : après sa mort, Jésus est condamné à séjourner aux enfers dans un chaudron plein d'excréments en ébullition.



Extraits de la page Wikipédia Jesus in the Talmud
(la version française a été expurgée)

L'hostilité antichrétienne du Talmud et son aspect injurieux et insultant n'ont jamais été révisés. Comme l'explique Shahak, on s'est contenté d'effacer ou de reformuler les passages les plus excessifs dans les traductions en langues étrangères susceptibles d'être lues par les "amis d'Israël" ; la version hébraïque du Talmud, elle, n'a pas été expurgée.

Le pape de Rome accepte cette situation et se tait. Mais quand ses "grands frères" juifs exigent de lui qu'il modifie le texte des prières chrétiennes qui leur déplaisent, "Sa Sainteté" s'exécute benoîtement. C'est ça le "dialogue" - pas étonnant que Mel Gibson ne soit pas d'accord.

Soit dit en passant, les musulmans respectent les religions bibliques. Ils considèrent Jésus comme un prophète et non comme un traître voué au châtiment scatologique éternel. Les juifs fanatiques, pour leur part, brûlent encore le Nouveau Testament en public (selon le quotidien israélien Maariv du 20 mai 2008, c'est arrivé à Or Yehuda, près de Tel Aviv). N'est-ce pas une manière de "tuer Jésus" ?  Et pourtant, là aussi, le Vatican se tait. On imagine ce qui se produirait si quelqu'un s'avisait de brûler le Talmud sur la place Saint-Pierre.

"Nous avons tué Jésus, nous vous tuerons aussi !..."  C'est ce que beuglait une meute de colons hystériques, en novembre 2006 à Hébron, en attaquant des travailleurs humanitaires occidentaux. Et ce n'est certainement pas un cas isolé...


Malentendu

Chaque fois qu'on aborde les rapports judéo-chrétiens ou judéo-islamiques, on se heurte à un malentendu. Croyant avoir affaire à une question religieuse, on s'aperçoit bien souvent qu'il n'en est rien.

Le mot CHRÉTIENS est sans équivoque. Il désigne les adeptes d'une religion, et rien d'autre. Il ne dit rien sur la nationalité ou l'appartenance ethnique de ces gens. Même chose pour le mot MUSULMANS. Le christianisme et l'islam sont en effet des religions ouvertes à tous les peuples. Le mot JUIFS, par contre, peut être interprété de différentes manières : juifs (avec une minuscule) se rapporte aux membres du groupe religieux, Juifs (avec une majuscule) aux ressortissants du groupe ethnique. La religion juive étant exclusiviste, seul un Juif peut être un juif. Un non-Juif (un goy) ne peut pas l'être.

Avant que la loi n'accorde l'égalité des droits aux Juifs/juifs et ne permette leur émancipation, aucune distinction ne s'opérait entre ces deux termes. Depuis, un Juif (ethnique) n'est plus nécessairement un juif (religieux), et la chose est même très fréquente. Toutefois, le sionisme fait tout son possible pour maintenir la confusion. C'est d'autant plus facile que la subtile nuance orthographique qui existe en français, fait totalement défaut à l'échelle mondiale. L'anglais ne connaît que des Jews, l'allemand ne connaît que des Juden, sans plus de précision.

Alors qu'en bonne logique un Juif athée (ils sont très nombreux) devrait se désintéresser des préoccupations religieuses des juifs croyants, et qu'un juif croyant devrait se garder de parler pour les Juifs en tant que groupe ethnique, rien n'est moins vrai en réalité. C'est comme si les musulmans s'exprimaient au nom de tous les Arabes (y compris les chrétiens et les athées parmi eux), ou comme si les Arabes prenaient la parole pour tous les musulmans (y compris les Turcs, les Iraniens, les Afghans, les Indonésiens et quelques autres).

C'est exactement ce genre de malentendu volontaire qui caractérise le "dialogue judéo-chrétien" : la plupart du temps, on voit des Juifs athées présenter à leurs "partenaires" chrétiens des revendications purement politiques sous le masque de la religion juive.

Cette ambiguïté a toujours fait le jeu du sionisme. C'est d'elle qu'il tire sa force. Grâce à elle, il peut présenter comme globalement hostile, comme "antisémite", toute critique quelle qu'elle soit, qu'elle touche la religion, la politique, la finance ou n'importe quel autre domaine - une situation absolument incroyable et unique au monde. Mais il est vrai que ceux qui exploitent cette situation se considèrent, eux aussi, comme uniques au monde, comme le "peuple élu", comme la "lumière parmi les nations".


Théologie judéo-chrétienne :

" Je vous propose une affaire : tout cet argent est pour vous,*
il suffit que vous disiez que les coupables ne sont ni les Juifs ni les Romains.
Dites simplement que ce sont les Arabes... 
"

(Les fans de South Park** - série télévisée d'animation du Juif sioniste américain Matt Stone - savent depuis longtemps que c'est Saddam Hussein qui a tué Jésus.)

* A-t-on jamais vu Israël payer pour avoir quelque chose ?  Ce serait bien la première fois...
** Un autre épisode de South Park présente Mel Gibson comme un fou furieux qui incite la foule à exterminer les Juifs.


L'aspect culturel

La non-existence du personnage de Jésus n'enlève rien à l'intérêt du mythe. Comme les divinités de l'Olympe ou les héros de la mythologie grecque, Jésus, aussi légendaire soit-il, est indissociable de la civilisation et de la culture universelle. Le film de Mel Gibson nous fournit aussi l'occasion de nous en souvenir. (Ce qui ne signifie pas, bien sûr, qu'il faille accorder au christianisme lui-même, en tant que religion, une quelconque place privilégiée dans la société - ni au christianisme, comme le voudraient certains rédacteurs de la constitution européenne, ni à aucune autre confession.)

Il est difficile d'imaginer l'art occidental (musique et surtout peinture) privé de toute référence au personnage de Jésus et au mythe de la Passion. Mel Gibson lui même, dans son film, arrange de nombreuses scènes (en particulier les brefs retours en arrière) à la manière des grands peintres chrétiens. De la Renaissance à Salvador Dalí, le spectateur attentif reconnaîtra à l'écran bien des œuvres célèbres. Mais là non plus, le réalisateur ne fournit aucune clé, tablant sur les connaissances du public.



Salvador Dalí


Léonard de Vinci



Problème de l'authenticité des textes et documents anciens

Depuis le troisième siècle, on a produit et falsifié une incroyable quantité de textes bibliques, d'abord dans le but de construire une légende, puis afin de renforcer le pouvoir d'une Eglise toujours plus intolérante. Bien souvent, toutefois, ce que nous percevons aujourd'hui comme une fraude est, à la fin de l'Antiquité ou au Moyen-Age, une chose tout à fait normale, comme lorsqu'un traducteur contemporain ajoute une note en bas de page pour expliciter un texte étranger. La seule différence, c'est que le traducteur respecte l'original, tandis que le moine du 12ème siècle, qui n'a aucune raison de penser que quelqu'un puisse un jour douter de l'existence de Jésus, insère ses commentaires dans le corps même du texte recopié, sans qu'il soit possible à première vue de les distinguer de l'original.

Pour juger de l'authenticité de documents de l'époque antique, la science n'a pas la possibilité de procéder comme elle le ferait pour des documents plus récents (analyse du papier, de l'encre, de l'écriture, etc.)

En fait, il n'existe pratiquement pas de documents originaux des toutes premières années du christianisme. On ne dispose que de copies confectionnées beaucoup plus tard sur la base de copies plus anciennes aujourd'hui disparues, elles-mêmes peut-être copiées sur d'autres plus vieilles encore. Nul ne saurait dire combien de fois un même texte a été copié et recopié, et combien de modifications, rajouts, embellissements, coupures, etc., les copistes lui ont fait subir.

Le seul jugement que l'on puisse se permettre de manière honnête et raisonnable, porte sur le texte lui-même et non sur son support. Le style, le vocabulaire, la syntaxe, les tournures, les abréviations et autres signes utilisés, les anachronismes, les absurdités, les non-sens et les contradictions, les maladresses trahissant le profil particulier du copiste, tout cela soumis à une analyse très précise permet d'évaluer le degré d'homogénéité d'un texte, de reconnaître les strates successives dont il est composé et de dater chacune d'elles.

Les faussaires du Moyen-Age ne se doutaient pas que leur ouvrage serait un jour remis en question ou que quelqu'un tenterait d'y déceler une trace de fraude. Ils ne s'entouraient donc pas des mêmes précautions qu'un falsificateur moderne. Même le moine le plus cultivé et le plus habile ne s'est jamais donné la peine de restituer à la perfection le style ou la manière d'une époque disparue. Il en aurait d'ailleurs été bien incapable, ne sachant du passé que ce que l'Eglise avait bien voulu laisser subsister.

Certains indices très éloquents, comme par exemple des emprunts à une langue ou à une culture étrangère, ou la similitude avec d'autres sources datées et authentifiées sans le moindre doute, permettent de classer un texte (ou un fragment) et de l'utiliser indépendamment des incertitudes qui peuvent subsister quant à l'historicité de son auteur présumé.

Finalement, que l'auteur supposé d'un texte ait vraiment existé sous le nom qu'on lui attribue, devient presque secondaire. Ce qui importe, c'est que le texte lui-même soit cohérent et historiquement plausible, et qu'il nous renseigne le plus fidèlement possible sur l'époque où il a été conçu. On prétend que les pièces de William Shakespeare n'ont pas été écrites par lui. Et alors ?... Cette œuvre n'en est pas moins l'expression viable et homogène du théâtre de cette époque, même si elle n'est peut-être pas "authentique" au sens où l'entendent les lois sur la propriété intellectuelle.

Vue sous cet angle, la Bible redevient ce qu'elle a toujours été (et rien d'autre) : un monument littéraire collectif dont les auteurs sont inconnus.


(Pour ce qui est du Nouveau Testament, les manuscrits les plus anciens que l'on ait retrouvés sont les papyri Chester Beatty, découverts en Egypte en 1931 et conservés à l'Université du Michigan ; ils ont été rédigés en grec entre 200 et 250. Les papyri Bodmer, découverts en Égypte en 1952 et conservés en Suisse, sont écrits en grec et en copte et datent du début du 3ème siècle. Le Codex Vaticanus, conservé au Vatican, et le Codex Sinaiticus, conservé à Londres, sont rédigés en grec et datent du milieu du 4ème siècle.

Le papyrus Rylands, découvert en Égypte au début du 20ème siècle et conservé à Manchester, est un minuscule fragment de 9 cm sur 6 contenant de très courts extraits - également en grec - de l'Evangile de Jean. Il date soi-disant de l'an 130, mais la chose est fortement contestée ; aucune analyse scientifique du support n'a pu être effectuée.)



Vingt siècles de christianisme (ou presque)

" Selon Bruno Bauer, le christianisme, comme tel, n'apparaît que sous les empereurs Flaviens,* la littérature du Nouveau Testament que sous Hadrien, Antonin et Marc-Aurèle.** De la sorte disparaît chez Bauer tout fond historique pour les narrations du Nouveau Testament relatives à Jésus et à ses disciples. "
(Friedrich Engels - Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif)

* Les Flaviens (Vespasien, Titus et Domitien) ont régné de 69 à 96.
** Hadrien, Antonin et Marc-Aurèle ont régné de 117 à 180.


Année Evénement
de -27 à +14 Règne de l'empereur Auguste. Aucune grossesse surnaturelle, aucune naissance suspecte en Judée (province romaine depuis -63).
de 14 à 37 Règne de Tibère. Toujours rien à signaler en Judée : pas de miracles, pas de crucifixion suivie de résurrection.  Ponce Pilate se la coule douce.
vers 20-30 Philon, philosophe juif d'Alexandrie, élabore un commentaire allégorique de la Genèse et de la loi de Moïse, qui va influencer les fondateurs du christianisme.
vers 50 Un certain Paul de Tarse voyage dans la partie orientale de l'Empire romain (Asie mineure, Chypre, Grèce, Macédoine, Palestine). Bien que juif pharisien, il est influencé par les esséniens. On lui attribuera plus tard une abondante correspondance (Epîtres) dans laquelle il s'adresse aux diverses communautés juives de la région. Son existence réelle n'est pas certaine, mais possible. Il serait né vers l'an 5 et mort en 67. Les Epîtres ont probablement été rédigées (par qui ?) entre 100 et 140, et sont antérieures aux Evangiles.

Pour ce qui est des origines du christianisme, Friedrich Engels pense que le texte chrétien le plus ancien est l'Apocalypse* attribuée à Jean. Indépendamment de l'existence réelle de l'auteur et de l'authenticité de l'ouvrage, ce livre, que la Bible chrétienne classe comme le dernier, serait en fait le tout premier. Sa ressemblance avec les textes apocalyptiques de l'Ancien Testament (Ezéchiel, Daniel, Hénoch) montre que "le christianisme inconscient d'alors était à mille lieues de la religion universelle, dogmatiquement arrêtée par le Concile de Nicée" [en 325]. C'était encore une sorte de judaïsme réformé. Bien entendu, on peut se demander combien de rajouts et de modifications le christianisme ultérieur a fait subir à ce texte, dont il n'existe pas d'original (au sens où on l'entend aujourd'hui).

Toujours est-il que Friedrich Engels est fasciné par cette période d'agitation et de gestation du 1er siècle, qu'il compare aux premières années du mouvement socialiste, aux alentours de 1850.

* Il va sans dire que l'Apocalypse de Jean est le livre de chevet de tous les intégristes protestants et autres sionistes chrétiens américains.
64 On nous raconte depuis des siècles que l'empereur Néron a persécuté les chrétiens. Qu'en est-il vraiment ?...

La première mention écrite de ces "événements" est due à Suétone, érudit et historien romain né en 70, auteur de La Vie des douze Césars. Dans sa biographie de Néron, écrite en 117 (plus de cinquante ans après "les faits"), Suétone dit qu'"une punition fut infligée aux chrétiens, un groupe d'hommes s'adonnant à une superstition nouvelle et maléfique". Avant Suétone, personne ne signale l'existence de ces fameux "chrétiens".  Dans sa biographie de Claude (prédécesseur de Néron), Suétone écrit en outre : "Les Juifs ayant causé des tumultes à l'instigation de Chrestus, l'empereur les expulsa de Rome" (aux alentours de l'an 50).

C'est à partir de ces deux lignes de texte que l'Eglise échafaudera plus tard la légende qui veut que les premiers chrétiens aient été persécutés par Néron, qui les accuse d'avoir incendié Rome. Qui plus est, L'Eglise falsifiera Les Annales de l'historien Tacite, un contemporain de Suétone, dans lesquelles l'auteur ne dit rien de plus que son collègue. Les faussaires du Moyen-Age ajouteront une phrase décrivant les chrétiens comme des adeptes du Christ, "qui fut mis à mort sous le règne de Tibère".

Au début du 2ème siècle, lorsque Suétone et Tacite rédigent leurs "témoignages", les chrétiens existent déjà. Les deux auteurs, sans approfondir le sujet, se contentent de reprendre les vagues connaissances qu'ils en ont et les projettent dans le passé. Ils ne se doutent pas que ce groupe dissident, encore assez modeste, prendra de l'importance cent ans plus tard et qu'il finira ensuite par s'imposer définitivement. Ils se doutent encore moins de l'usage qu'il fera de leurs écrits dans les siècles futurs.

Il est très improbable qu'il y ait déjà eu des "chrétiens" à Rome à l'époque de Néron, même s'il est vrai que les sectes les plus diverses pullulent alors dans l'Empire. Quoi qu'il en soit, la légende veut que Saint Pierre ("premier apôtre et premier pape") et son collègue Saint Paul (seulement "apôtre") aient été martyrisés sur ordre de ce cruel empereur.
66 De 66 à 70, en Judée, soulèvement de la secte juive des zélotes contre les Romains. La révolte est réprimée par Vespasien (général sous Néron puis successeur de celui-ci sur le trône) et par Titus (fils de Vespasien et lui-même futur empereur). Le Temple de Jérusalem est rasé en 70.

Contrairement à la légende, les Juifs de Judée ne sont pas victimes d'expulsions massives après la victoire romaine. Comme le rappelle l'historien israélien Shlomo Sand, la plupart d'entre eux peuvent rester sur place, les Romains n'ayant pas pour habitude d'exiler des nations entières. D'ailleurs, les Juifs avaient été nombreux à s'installer, bien avant cette date, dans d'autres régions de la Méditerranée (notamment à Alexandrie, à l'époque des Ptolémées, dès -323).
entre 70 et 100 Naissance du christianisme, d'abord comme secte juive, puis comme religion à part entière. Contrairement à la légende, ce n'est pas à Jérusalem que la chose se produit, mais à Alexandrie, puis à Rome. Les premiers chrétiens - des dissidents - utilisent la Septante, une version grecque de l'Ancien Testament rédigée par des juifs d'Alexandrie entre -250 et -130 mais rejetée par l'orthodoxie. Les auteurs de cet ouvrage (ils étaient 70, d'où le nom) ne se sont pas contentés de traduire le contenu de la Bible hébraïque, ils l'ont transposé en s'inspirant des concepts de la philosophie grecque dont ils étaient imprégnés.

Dans la Septante, les préceptes positifs de l'Ancien Testament sont pris au pied de la lettre, sans passer par le prisme déformant du chauvinisme judaïque. Par exemple, "aimer son prochain" signifie vraiment "aimer son prochain", et non "aimer son prochain à condition qu'il soit juif". "Un homme" signifie "un homme", et non "un Juif". "Tu ne voleras point" signifie "Tu ne voleras point", et non "Tu ne voleras point ce qui appartient à tes coreligionnaires", etc...  Dans son livre Histoire juive - Religion juive, Israël Shahak cite toute une série d'exemples similaires* - voir plus haut.

* En 2008, un certain Yehezkel Dror, professeur de sciences politiques à Jérusalem, confirme que ce chauvinisme, codifié plus tard dans le Talmud, est toujours valable pour les sionistes : Pas de place pour la morale dès lors que la survie du peuple juif est en question. (Par définition, la survie du peuple juif est toujours menacée.)
vers 110 A Rome, sous Trajan (98-117), agitation politico-religieuse chrétienne et répression.
132 De 132 à 135, nouvelle révolte juive en Judée (Bar Kokhba), écrasée par l'empereur Hadrien. La province reçoit le nom de Syria Palæstina. Jérusalem s'appelle désormais Ælia Capitolina. Beaucoup de Juifs de Judée vont s'installer plus au nord, en Galilée. Un certain nombre d'entre eux choisit d'émigrer vers d'autres provinces de l'Empire ou va rejoindre les communautés juives de Mésopotamie.

Tandis que les Juifs de l'intérieur (et de Babylonie) restent soumis à l'intégrisme religieux de leurs élites, les Juifs établis dans le monde romain échappent depuis longtemps au carcan de la pensée unique et contribuent au développement du christianisme, cette religion nouvelle née de la rencontre du judaïsme avec l'hellénisme.
vers 140 Marcion, riche armateur grec originaire de Sinope (port de la mer Noire), fait circuler à Rome les Epîtres attribuées à Paul. Il prêche une croyance mystique et ésotérique, proche du gnosticisme*. Plus tard, le marcionisme sera classé parmi les hérésies. Lorsque les Epîtres font leur apparition, on ne connaît encore, dans le monde chrétien, ni le nommé Jésus ni les Evangiles relatant sa vie et sa mort. Les Epîtres ne contiennent donc - et pour cause - aucune "information" concernant sa "biographie".

Marcion est l'inventeur des concepts d'Ancien et de Nouveau Testament et l'un des premiers chrétiens à opérer une nette distinction entre christianisme et judaïsme.

* Le gnosticisme est une forme de christianisme primitif dans lequel le côté humain de la divinité (incarnation) est inconnu - voir ici : Les gnostiques étaient-ils des chrétiens ?
à partir de 150 Sous l'influence des apologistes chrétiens Aristide, Saint Justin et Tertullien, le personnage de Jésus commence à se substituer au concept abstrait de Christ.
à partir de 170 Pour la première fois, des documents font état de l'existence des Evangiles, dont on nous dit - sans preuve - qu'ils auraient été composés dès 70, soit un siècle auparavant - voir plus haut Historicité (lien 'Jésus : info ou intox'). En ce qui concerne les textes évangéliques proprement dits, les manuscrits les plus anciens que l'on possède ne sont pas antérieurs à l'an 200 - détails.
Vers 200 Début de la rédaction du Talmud (mot hébreu signifiant "étude", "enseignement"). C'est, selon la définition fournie par Wikipédia, "une compilation de discussions rabbiniques se rapportant à la législation, à l'éthique, aux coutumes et à l'histoire des Juifs". L'élaboration de ce texte dure plusieurs siècles et ne s'achève que vers 600.

Comme il existe, à cette époque, deux centres principaux de la vie religieuse juive (l'un en Palestine et l'autre en Mésopotamie), il y aura aussi deux versions du Talmud : celle de Jérusalem et celle de Babylone. Cette dernière est de loin la plus importante. Elle est encore valable de nos jours.

Le Talmud est en quelque sorte la réponse du judaïsme au christianisme. Et sa version non-édulcorée n'est pas très tendre pour celui-ci, c'est le moins qu'on puisse dire (voir plus haut Fidélité et Qui a tué Jésus ?).
212 Sous l'empereur Caracalla, les chrétiens acquièrent une existence légale. Ils obtiennent, comme tout citoyen romain, le droit de s'organiser en collegium, à condition de s'abstenir de toute activité subversive. Chaque collegium élit un episcopus, responsable devant l'administration impériale de la discipline de son groupe. Episcopus a donné le mot évêque.

Peu à peu, des collegia chrétiens s'établissent dans toutes les villes importantes de l'Empire et ne tardent pas à former une structure monolithique et hiérarchisée, unique en son genre, avec laquelle les autres religions ne peuvent concourir. C'est ainsi que naît l'Eglise chrétienne - pas grand-chose à voir avec la légende de Saint Pierre, premier pape.

C'est de cette époque que datent les catacombes de Rome. Contrairement à la légende, elles n'ont jamais été un lieu de refuge pour chrétiens opprimés mais ont simplement abrité des sépultures, chrétiennes ou non, à une époque où l'on manquait de place dans les cimetières romains (la ville avait alors un million d'habitants). Les fresques trouvées dans les catacombes représentent le Christ sous une forme allégorique, dans la pose d'un philosophe grec. Sur ces peintures murales figurent des symboles chrétiens comme le poisson, l'ancre et la colombe. Le symbole de la croix, lui, est totalement absent - ce qui est assez normal puisque nous sommes deux bons siècles avant l'apparition du mythe de la crucifixion.

Après Caracalla, certains de ses successeurs (Valérien, Dioclétien) essaieront de mettre un frein à la montée de la puissance chrétienne - sans grand succès. L'Eglise parlera de "persécutions".

En ce qui concerne les communautés restées fidèles au judaïsme, Israel Shahak écrit, dans son ouvrage cité plus haut, que vers l'an 200, "par un accord conclu entre l'Empire romain et les chefs juifs (la dynastie des Nesi'im), tous les Juifs de l'Empire furent soumis à l'autorité fiscale et pénale de ces chefs et de leurs tribunaux rabbiniques, lesquels, de leur côté, s'engagèrent à faire régner l'ordre chez les Juifs."
250 Saint Denis, premier évêque de Lutèce, est condamné à mort par les Romains en compagnie de deux de ses collègues, Rustique et Eleuthère. Ils sont décapités à Montmartre (en haut de la rue des Martyrs). Après sa mise à mort, Denis ramasse sa tête, se la cale sous le bras et part en courant en direction du nord. Quelques kilomètres plus loin, il s'écroule, raide mort. Les Dionysiens, impressionnés, décident aussitôt de lui ériger une basilique. Les rumeurs selon lesquelles ils auraient joué au foot avec la tête du saint dans le Stade de France tout proche, sont dénuées de tout fondement.

La basilique abritera plus tard les sépultures des rois de France, de Dagobert (l'homme qui mit sa culotte à l'envers) à Louis XVIII (le roi de la Restauration parisienne).
vers 270 A une époque où il n'existe pas encore de doctrine unifiée, le philosophe Plotin d'Alexandrie formule les idées qui donneront naissance à la théologie chrétienne. Dans Les Ennéades, il expose ses vues sur la morale, le monde, la providence, l'âme, l'esprit, etc.  Plotin est aussi à l'origine du concept de Trinité ; il imagine Dieu comme étant à la fois un et triple.

Un siècle et demi plus tard, après que Saint Augustin se soit inspiré de Plotin, le christianisme triomphant fermera l'Ecole de philosophie d'Alexandrie et brûlera ses manuscrits.
286 Menacé au nord par les Germains, et à l'est par les Perses, l'Empire romain devient de plus en plus difficile à gouverner. Dioclétien partage le pouvoir avec Maximien (ce dernier se voit confier l'Occident, Dioclétien s'attribue l'Orient).
à partir de 300 Le christianisme se répand dans les provinces limitrophes de l'Empire romain et même à l'extérieur : Arménie, Géorgie, Perse, Egypte, Ethiopie...* Plus tard, lorsque l'Empire d'Occident se désintégrera et que celui d'Orient se rétrécira, les Eglises orientales deviendront plus ou moins indépendantes. Il s'en créera d'autres au fur et à mesure que des schismes théologiques se produiront. Mais on n'en est pas encore là...

* Dans la partie occidentale de l'Empire, les peuples celtes sont plus difficiles à convertir. Les Gaulois, en particulier, restent assez peu sensibles aux miracles de "Jésus" - pas étonnant, avec leur potion magique...
324 Constantin rétablit l'unité de l'Empire romain, fait de Byzance sa capitale, agrandit la ville et la nomme - en toute modestie - Constantinople. Il reconnaît l'intérêt offert par la puissante organisation écclésiastique chrétienne et l'intègre à son administration. Les évêques vont contribuer à la consolidation de l'Empire mieux que ne sauraient le faire des gouverneurs isolés.
325 L'empereur Constantin fait du christianisme la religion officielle de l'Empire romain. Au concile de Nicée, on fixe le dogme : proclamation du Dieu unique et de sa Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit), mystère de l'Incarnation (transformation de l'être divin en être humain), martyre de Jésus (mais aucune mention de la crucifixion*), résurrection et ascension. Pâques devient la fête principale de l'Eglise - une chose d'autant plus facile à imposer que tous les rites dits "païens" célèbrent sous une forme ou sous une autre le retour du printemps.

Comme les évêques chrétiens sont encore très attachés à la Septante et à toute la mythologie qui accompagne cette version de l'Ancien Testament, l'empereur, chef suprême de la nouvelle Eglise, leur "offre" la Palestine comme "Terre sainte". A Jérusalem, capitale spirituelle du christianisme, Constantin fait raser les temples dressés deux siècles plus tôt par Hadrien, et édifier à leur place des monuments érigés à la gloire du Dieu unique, du Christ-Roi. C'est le début des pèlerinages.

* Sous Constantin, le symbole chrétien utilisé n'est pas la croix mais le christogramme ☧ qui combine les deux premières lettres grecques du mot Christos.

après 325 Les conversions se multiplient. Tant que l'Eglise n'est pas toute-puissante, le prosélytisme s'appuie sur un travail de persuasion. Mais par la suite, quand il le faut, on passe à d'autres méthodes. Avec les peuples "barbares", la tâche est assez facile. Il suffit de convaincre les chefs, et le peuple suit. Etant infiniment mieux organisé et structuré que ses concurrents locaux, le christianisme l'emporte forcément. D'ailleurs, les convertis conservent la plupart du temps leurs propres divinités ; ils ne voient pas d'inconvénient à en adopter une de plus. Avant que l'intolérance chrétienne ne l'extirpe systématiquement, le polythéisme est la règle partout.

Eusèbe, secrétaire de Constantin et évêque de Césarée (Palestine), rédige une Histoire ecclésiastique qui n'a pas grand-chose d'historique. Les fables qu'elle contient seront systématiquement exploitées pendant des siècles et sont encore valables de nos jours. C'est Eusèbe le faussaire qui met au point les "preuves" de l'existence de Jésus et la liste imaginaire des "premiers évêques de Rome".
354 On choisit le 25 décembre comme date de la Nativité (Noël). C'est la fête romaine du soleil invaincu (solstice d'hiver), qui correspond aussi à la naissance du dieu Mithra. Ne parvenant pas à éradiquer cette célébration "païenne", l'Eglise se l'approprie pour en changer la signification.
382 Sur les "conseils" de Saint Ambroise, évêque de Milan, l'empereur Gratien désacralise la fonction impériale et abandonne le titre de Pontifex Maximus. Saint Damase, évêque de Rome, devient le premier pape de l'histoire. Plus tard, l'Eglise fera remonter cette fonction jusqu'à Saint Pierre et inventera, pour couvrir la période allant de 64 à 382, une longue série de souverains pontifes tous plus saints les uns que les autres (Eusèbe de Césarée avait préparé le terrain).

A partir de là, la concurrence entre le pouvoir religieux du pape et le pouvoir séculier de l'empereur ne cessera pratiquement plus. Après la chute de l'Empire romain d'Occident, ses successeurs, notamment ceux du Saint-Empire romain germanique reprendront le flambeau, jusqu'à ce que Napoléon mette fin à ce petit jeu en 1806.
vers 390 L'empereur Théodose fait interdire les religions concurrentes du christianisme, qu'elles soient non-chrétiennes (comme le culte de Mithra ou celui d'Isis) ou "hérétiques" (gnosticisme, arianisme). A Alexandrie, le patriarche Théophile détruit les temples "païens" et incendie les bibliothèques. La ville des Ptolémées, qui a si grandement contribué à l'éclosion du christanisme, devient une des premières victimes de la barbarie chrétienne. En Grèce, on met fin à la tradition des Jeux olympiques vieille de près de douze siècles.  Quant à la religion juive, elle reste tolérée à condition que ses adeptes renoncent à pratiquer le prosélytisme.
395 Nouveau partage, définitif cette fois, de l'Empire romain entre un Empire d'Occident (Rome) et un Empire d'Orient (Constantinople). La frontière entre les deux empires correspond en gros à la frontière linguistique latin-grec de l'époque. L'araméen est parlé dans une grande partie de l'Empire d'Orient.
397 Concile de Carthage. La rédaction du Nouveau Testament est achevée. Parmi les 70 évangiles en circulation, on en a sélectionné quatre (Matthieu, Marc, Luc et Jean). Ecrits, réécrits, remaniés, corrigés et améliorés depuis plus de deux siècles, ils contiennent d'innombrables contradictions - pas grave, puisque personne ne les lit.
vers 400 Saint Augustin (354-430), converti par les soins de Saint Ambroise à Milan, devient le fondateur de la théologie et de la morale chrétiennes. Il développe la doctrine du péché originel, culpabilise tout ce qui a trait au plaisir charnel, prône la guerre contre les impies et les hérétiques, et critique violemment le savoir antique contraire aux enseignements de l'Eglise. Saint Augustin le fanatique enterre l'humanisme grec - et pourtant, certains considèrent encore ce fossoyeur comme un philosophe.

Pour Saint Augustin, la Terre ne peut pas être ronde ni tourner sur elle-même et autour du Soleil, comme le prétendent les Grecs depuis Aristarque de Samos (-310 à -230) ; il est ridicule de penser qu'il puisse y avoir des antipodes où les hommes marchent la tête en bas. Le "penseur" chrétien n'en fait pas encore un point de dogme, mais l'Occident ne perd rien pour attendre - les bûchers de l'Inquisition viendront plus tard. En attendant, Saint Augustin décrète que "les Ecritures ne peuvent mentir", un principe encore valable aujourd'hui en maint endroit du Texas.

C'est l'époque des "invasions barbares" (Wisigoths, Ostrogoths, Huns, Vandales), mais il semblerait que les véritables barbares soient déjà dans la place. Encouragés par le totalitarisme religieux, ils détruisent les traces de la culture pré-chrétienne. Alexandrie ne s'en remettra jamais. L'obscurantisme médiéval débute avant la date officielle mentionnée dans les livres d'histoire (476).
415 A Alexandrie, la philosophe et mathématicienne Hypathie est lynchée par une horde de moines hystériques. Les derniers chercheurs et penseurs quittent la ville et s'exilent en Perse ou plus loin encore, en Inde. Le christianisme hait la philosophie, inséparable de la science chez les Grecs, et la remplace par le dogmatisme théologique augustinien.
431 Le concile d'Ephèse inaugure le culte de la Vierge Marie, mère de Dieu. On veut ainsi mettre fin au culte d'Isis, interdit mais encore vivace.
451 Concile de Chalcédoine. Le mythe de la crucifixion de Jésus et le symbole de la croix font leur entrée officielle dans le patrimoine religieux chrétien. On proclame la double nature du Christ, à la fois divine et humaine. On adopte le principe des sacrements (baptême, confirmation, eucharistie, mariage, pénitence, extrême-onction).
476 Fin de l'Empire romain d'Occident. L'Empire d'Orient va subsister jusqu'à la conquête turque (1453).
496 Baptême du monarque franc Clovis à Reims. Clovis est considéré comme le premier roi de France.
525 Denis le Petit (Dyonisius Exiguus)* invente le système de datation qui consiste à compter les années à partir de la "naissance de Jésus". En 525, c'est encore le début du règne de Dioclétien (284) qui constitue le point de départ du calendrier. Il faudra attendre plus de quatre siècles avant que l'ère chrétienne ne soit acceptée par la chrétienté. En Occident, durant une bonne partie du Moyen-Age, la notion de temps s'estompe. Les connaissances sont l'apanage d'une infime minorité de lettrés ; très peu de gens savent à quelle époque ils vivent.

* Ne pas confondre avec Sarcosus Exiguus, l'inventeur de l'ère nouvelle qui, comme chacun sait, commence le jour de son Electio Triumphalis à l'Elyséum.
530 Justinien, empereur byzantin ayant réussi à reconquérir une partie de l'ancien Empire d'Occident, renforce le pouvoir totalitaire de l'Eglise. A Athènes, il fait fermer le dernier bastion du "paganisme" : l'Académie de Platon, une institution vieille de neuf siècles. La philosophie grecque, qui a contribué à la naissance du christianisme, est annihilée par celui-ci. Mais cet aspect des choses n'est jamais retenu contre Justinien ; la plupart des historiens le considèrent comme un grand bâtisseur (il a fait construire l'église Sainte-Sophie de Constantinople).
590 Le pape Grégoire 1er interdit l'enseignement des langues, des sciences, de la philosophie et de la mythologie (la mythologie chrétienne est la seule autorisée).
622 Naissance de la religion islamique. Conquêtes arabes (prise de Jérusalem en 638). Le nouvel empire s'étend très vite jusqu'à l'Espagne.
vers 750 Pour renforcer l'autorité religieuse et politique de la papauté, on invente une prétendue "Donation de Constantin", que cet empereur aurait faite au pape Sylvestre 1er. En réalité, Sylvestre n'était pas pape, le chef de l'Eglise étant alors Constantin lui-même. C'est en vertu de cette "donation" que Rome justifiera l'existence des Etats pontificaux, dont le Vatican est le successeur moderne.
800 Couronnement, à Rome, de l'empereur Charlemagne, mythique souverain né de l'imagination fertile de ses "successeurs". Cette fable concoctée par Otton III et le pape Sylvestre II aux alentours de l'an 1000, permet de légitimer la création du Saint-Empire germanique, "héritier" de l'Empire romain et soumis à l'autorité spirituelle de l'Eglise. Au 21ème siècle, une autre légende présentera Big Charlie comme le précurseur de "l'idée européenne" (sous l'autorité spirituelle et matérielle de l'Amérique et du sionisme).
vers 950 Le décompte des années à partir de la "naissance de Jésus" se généralise en Occident.  C'est aussi l'époque où les reliques commencent à proliférer. Plus tard, avec les Croisades, on assistera à une véritable explosion de ce saint marché.
1054 Grand schisme d'Orient. L'Eglise orthodoxe de Constantinople se sépare de l'Eglise catholique de Rome.
1073 Le pape Grégoire VII impose le célibat aux prêtres. Les papes seront les derniers à l'appliquer.
1077 Epreuve de force entre la papauté et le pouvoir temporel du Saint-Empire. L'empereur Henri (Heinrich) IV veut empiéter sur les prérogatives du pape Grégoire VII et nomme des évêques. Le pape ayant marqué son désaccord, Henri le fait déposer par un concile qu'il a convoqué à Worms (Rhénanie). Le pape réplique en excommuniant l'empereur.

Comme les princes allemands ne soutiennent pas Henri, il doit faire marche arrière et demander pardon au souverain pontife. Pour cela, il se rend à Canossa (en Emilie) où séjourne le pape. Avant que le "Saint-Père" ne daigne le recevoir pour le réintégrer dans la communauté chrétienne, Henri doit poireauter trois jours et trois nuits sous les remparts, pieds nus dans la neige et vêtu seulement d'une cotte de laine comme un pénitent.

Un millénaire plus tard, les chefs d'Etat continuent de s'aplatir devant le pape. Ils ne le font pas pieds nus et en sous-vêtements, de peur d'attraper une pneumonie, mais le reste n'a pas changé - si ce n'est que le pape ne manque jamais une occasion d'aller lui-même pieds nus à Canossa, pour s'y prosterner devant le lobby sioniste qui prétend parler au nom de tous les Juifs. En dix siècles, la hiérarchie a évolué, la mentalité est restée la même.
1096 Première croisade, dont le prétexte est fourni par la prise de Jérusalem par les Turcs en 1078 - comme s'il était plus grave que la ville sainte soit occupée par eux plutôt que par les Arabes. Cette croisade, prêchée par le pape Urbain II, lui permet "d'occuper" la noblesse et de la détourner de toute idée de lutte contre la papauté. Les croisés "libèrent" Jérusalem et massacrent des milliers d'habitants. En 1099, fondation du royaume chrétien de Jérusalem (Godefroy de Bouillon). Saladin reprendra la ville en 1187.

Sept autres croisades suivront (de 1147 à 1270), au cours desquelles "se distingueront" Frédéric Barberousse, Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste et Saint Louis. Pour les Turcs, les Arabes et les Byzantins (ces derniers sont chrétiens orthodoxes mais néanmoins victimes des croisades), ces expéditions sont comparables aux invasions barbares subies par l'Empire romain. Une grande partie des richesses amassées par Venise proviennent du sac de Constantinople. La prétendue volonté de "libération" de la Terre sainte sert à justifier tous les pillages. Après un siècle et demi de croisades, le schisme chrétien entre le catholicisme et l'orthodoxie est plus profond que jamais. Une haine durable s'établit entre chrétiens occidentaux et musulmans. Conséquence de cet épisode sanglant : durant cinq siècles, les catholiques ne pourront plus faire le pèlerinage de Jérusalem.

Les croisades terminées, il faudra trouver autre chose. En France, ce sera la guerre de Cent Ans (1337-1453). On pourra enfin s'étriper entre catholiques ; c'est ennuyeux de n'avoir que des mécréants et des hérétiques à massacrer.
1199 Le pape Innocent III (sic) fonde l'Inquisition, un tribunal religieux dont le but est d'éradiquer "l'hérésie et la sorcellerie". En six siècles, plus d'un million de personnes seront brûlées vives.
à partir de 1209 Dans le sud-ouest de la France, l'Eglise catholique et la noblesse répriment sauvagement la réforme des cathares. C'est le début d'une longue croisade intérieure, la croisade des Albigeois. Slogan de l'époque : "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens."  On massacre des dizaines de milliers d'"hérétiques" (hommes, femmes, enfants), on dresse des bûchers, on dévaste des douzaines de villes et villages : Béziers, Carcassonne, Minerve, Lavaur, Muret, Marmande, Moissac, Montségur, etc...

Bien que complètement occultée par l'Eglise, cette barbarie a laissé des traces profondes dans la région et marqué, durant des siècles, la pensée religieuse et politique de ses habitants. De Toulouse à la Méditerrannée et des Pyrénées aux Cévennes, les héritiers des cathares ont été de tous les soulèvements, de toutes les révolutions et de toutes les résistances.
vers 1220 Saint François d'Assise invente la crèche de Noël.
vers 1260 Saint Thomas d'Aquin (1225-1274). Sa doctrine théologique pseudo-scientifique, le thomisme, invoque Aristote et Ptolémée pour cautionner l'idée rigide et bornée que l'Eglise se fait du monde. Durant plusieurs siècles, les "docteurs" en scolastique répéteront mécaniquement ces préceptes. En 1633, Galilée apprendra à ses dépens ce qu'il en coûte de les transgresser et devra se rétracter devant l'Inquisition pour ne pas subir le sort de Giordano Bruno, brûlé vif en 1600.
1300 Le pape Boniface VIII généralise le système des indulgences, qui permet de se racheter de ses péchés moyennant espèces - très lucratif pour l'Eglise. Deux siècles plus tard, le trafic des indulgences sera une des causes de la Réforme luthérienne.  (A l'époque des croisades, il n'était pas nécessaire de payer pour obtenir un visa pour le Paradis ; il suffisait de tuer un musulman ou un hérétique.)

Boniface ne se contente pas d'inventer de nouvelles sources de financement et de créer de nouveaux impôts ; il fait tout pour renforcer son pouvoir politique sur l'ensemble des pays catholiques. En France, le roi Philippe le Bel résiste aux prétentions papales et veut à son tour soumettre le clergé à une redevance royale. Un conflit éclate en 1303, qui n'est pas sans rappeler l'affaire de Canossa deux siècles plus tôt. Mais cette fois, c'est le pouvoir séculier qui a le dessus. Des envoyés de Philippe le Bel vont agresser Boniface chez lui, à Anagni (au sud de Rome) ; le pape en meurt peu après. Le roi de France fait alors nommer un nouveau "souverain pontife" - Clement V - qui viendra s'installer à Avignon où il sera plus facile à contrôler. Jusqu'en 1378, il y aura sept papes français dans cette ville, ensuite interviendra le "grand schisme d'Occident" qui verra d'abord deux papes régner simultanément (à Rome et à Avignon), puis trois (Rome, Avignon, Pise). L'unité ne sera rétablie qu'en 1423.

Philippe le Bel n'a pas seulement tenu tête à Rome, il a également dissous et exproprié les Templiers, un ordre religieux militaire qui avait amassé une fortune colossale à l'occasion des croisades.
1375 En Angleterre, le théologien John Wyclif prêche contre la corruption de la hiérarchie religieuse et propose de redistribuer les biens de l'Eglise, ce qui lui attire les faveurs d'une partie de la noblesse. Il est condamné comme hérétique mais laissé en paix de son vivant. Toutefois son corps sera exhumé et brûlé en 1428, 44 ans après sa mort.

Wikipédia écrit à propos de Wyclif  : "Sa pensée représente une rupture complète avec l'Eglise, dans la mesure où il affirme qu'il existe une relation directe entre l'humanité et Dieu, sans l'intermédiaire des prêtres. En se conformant aux Ecritures, Wyclif pense que les chrétiens sont en mesure de prendre en main leurs vies sans l'aide du pape et des prélats. Wyclif dénonce de nombreuses croyances et pratiques de l'Eglise, les jugeant contraires aux Ecritures. Condamnant l'esclavage et la guerre, il soutient que le clergé chrétien doit suivre l'idéal de la pauvreté évangélique, à l'instar du Christ et de ses disciples."  (Des idées incroyablement révolutionnaires - et pas seulement pour l'époque.)
vers 1410 En Bohême, à l'initiative de Jan Hus, théologien et recteur de l'Université de Prague, tentative de réforme religieuse inspirée de Wyclif, assortie d'un mouvement d'émancipation nationale tchèque. Jan Hus finit au bûcher en 1415. Ses partisans, les Hussites, tiennent tête pendant 25 ans à une coalition européenne qui mène contre eux une croisade féroce rappelant celle des Albigeois deux siècles plus tôt.
1453 Les Turcs s'emparent de Constantinople, font de la ville leur capitale et la nomment Istanbul. On raconte que pendant le siège, l'empereur Constantin XI* et les grands de l'Eglise orthodoxe n'avaient rien de mieux à faire que de se livrer à des discussions théologiques sur le sexe des anges, un sujet très controversé durant tout le Moyen-Age (lequel Moyen-Age prend fin avec la chute de Constantinople).

* On a vu un signe du destin dans le fait que le premier et le dernier empereur d'Orient portaient le même nom, d'autant plus que cela avait été également le cas pour l'empire d'Occident : le dernier empereur de Rome s'appelait Romulus, comme le fondateur de la ville.
1455 Après avoir "inventé" l'imprimerie (qui existait depuis longtemps en Extrême-Orient), Gutenberg publie sa première Bible. D'autres livres suivront. Peu à peu, le savoir, jusqu'alors monopole de la seule Eglise, se répand en Europe. Ce processus va conduire à l'explosion de la Renaissance. On redécouvrira une culture et des connaissances antiques complètement occultées par la religion (mais conservées dans le monde arabe et musulman). Quelque temps plus tard, l'Eglise catholique ne pourra empêcher la Réforme.

Le 15ème siècle est aussi marqué par la famille Borgia, dynastie du crime, du vice et de la perversion, étroitement mêlée à l'histoire de l'Eglise. Tandis que les prêtres catholiques se voient condamnés à l'abstinence et à la chasteté, les Borgia sont papes ou cardinaux de père en fils et font revivre les orgies de l'Empire romain décadent. Ce qui n'empêchera pas l'un d'eux d'être canonisé (Saint François Borgia). Il y aura, dans la famille, des ducs, des princes (l'un d'eux ayant servi de modèle à Machiavel) et même, plus tard, un vice-roi du Pérou. Sans oublier Lucrèce Borgia, mariée trois fois à une époque où le divorce est strictement prohibé, mais surtout connue pour ses mœurs dissolues et ses rapports incestueux avec son père (le pape Alexandre VI) et son frère (César Borgia, assassin du deuxième mari de sa sœur et maîtresse). Belle famille - très catholique...
1483 Torquemada, moine dominicain et Grand Inquisiteur de Castille, porte l'Inquisition a son apogée. Il torture à lui seul près de 10.000 "hérétiques" et en envoie 8.000 au bûcher. Comme il en profite pour confisquer les biens de ses victimes, cette activité est plus que payante.
1492 La "découverte" de l'Amérique par Christophe Colomb ouvre la voie aux conquêtes espagnoles qui coûteront la vie à des dizaines de millions d'"Indiens" et se solderont par plusieurs génocides (Mayas, Aztèques, Incas, Caraïbes). En 1542, le dominicain Bartolomé de Las Casas parle déjà de 15 millions de morts, rien qu'au Mexique, et décrit en détail la sauvagerie de ses très catholiques compatriotes.

Lorsque les colonisateurs s'aperçoivent qu'il n'y a plus de main-d'œuvre sur place pour travailler dans les mines, dans les plantations et sur les innombrables chantiers de construction, ils font venir des esclaves noirs. Au cours des trois ou quatre siècles suivants, des dizaines de millions d'Africains seront les victimes de cet ignoble trafic.

Extermination et esclavage se font sous l'autorité de l'Eglise catholique*, qui devient ainsi la plus grande organisation criminelle de l'histoire de l'humanité. (Elle est aussi la plus grande donneuse de leçons de morale de tous les temps.)

* Avec la participation active d'autres groupes - voir L'esclavage et les Juifs.
16ème siècle Réforme protestante (Martin Luther en 1517, Zwingli en 1522, Calvin en 1533, Henri VIII et les Anglicans en 1534). En 1572, dans le cadre des guerres de religion en France, 20.000 protestants (hommes, femmes et enfants) sont massacrés en une seule nuit (Saint-Barthélemy).

Entre 1524 et 1526, dans les Etats du Saint-Empire (sud de l'Allemagne, Alsace, Suisse, Autriche), une série de soulèvements (Guerre des Paysans) accompagne la Réforme et lui donne parfois le caractère d'une révolution sociale. En Thuringe, l'armée paysanne du prêtre Thomas Müntzer affronte les féodaux. Luther et les réformateurs protestants condamnent les insurgés. Se révolter contre le pape de Rome : d'accord ; se révolter contre les seigneurs : pas question. Ce n'est que 265 ans plus tard que le rêve des paysans allemands se réalisera (en France) et que les privilèges de la noblesse seront abolis en même temps que ceux de l'Eglise.

Si le catholicisme a mis deux siècles pour passer de la religion des pauvres à celle des puissants, il n'a fallu que sept ans au protestantisme pour accomplir cette métamorphose.
1545 Les femmes ont-elles une âme ?  C'est une des questions vitales que l'Eglise, toujours en avance sur son temps, discute au Concile de Trente. (On prétendra plus tard que le débat n'a pas eu lieu et qu'il s'agit d'une calomnie de luthériens - allez savoir...)
1618-1648 Guerre de Trente Ans. Cette guerre à la fois religieuse et politique commence comme un conflit inter-germanique entre Etats catholiques et protestants du Saint-Empire. Lorsque l'Autriche (catholique) prend le dessus, les Danois puis les Suédois (protestants) interviennent et prolongent les affrontements. Les Habsbourg de Madrid, maîtres des Pays-Bas espagnols (qui font partie de l'Empire), participent également à cette première grande guerre européenne et font pencher la balance du côté catholique. En 1635, au moment où la paix est sur le point de revenir, la France catholique de Louis XIII et du cardinal Richelieu se jette dans la mêlée, mais en s'alliant aux princes protestants du Nord contre les Habsbourg ; les considérations politiques l'emportent sur la religion...  A tout cela, il faut ajouter les armées de mercenaires (Wallenstein, Tilly), les marodeurs et les pillards qui sévissent en permanence sans se préoccuper ni de religion ni de politique. Et pour tout arranger, la famine et les épidémies de peste qui reviennent régulièrement...  Dieu, cela va de soi, soutient tous les belligérants à la fois ; les victimes ne l'intéressent pas.

Quand la paix revient (Traité de Westphalie), les dévastations sont gigantesques, pires par certains côtés que celles de la Deuxième Guerre mondiale. On enregistre un taux de dépopulation de plus de 50 %. L'Allemagne mettra plus d'un siècle à se relever des ravages de cette guerre.
1766 A Paris, le chevalier Jean-François de La Barre, âgé de 20 ans, est arrêté pour avoir refusé de saluer une procession. Circonstance aggravante, on a trouvé chez lui un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Accusé en outre d'avoir détérioré un crucifix, il est soumis à la "question", c'est-à-dire torturé. Il aura la langue tranchée, puis sera condamné à mort et décapité. Son corps sera brûlé sur un bûcher en même temps que le livre saisi... Cet épisode met en lumière les pratiques barbares de l'Ancien Régime et de son Eglise totalitaire, et explique l'explosion révolutionnaire qui s'annonce.
1789 En décembre, la Révolution française confisque les biens de l'Eglise, soit 20 % des terres du pays, et en fait des biens nationaux. (Malheureusement, la riche bourgeoisie va récupérer ces biens à bon compte quelque temps plus tard.)
1790 En février, la Révolution supprime les ordres monastiques. En mars, le pape Pie VI condamne la Déclaration des Droits de l'Homme. Dans les mois qui suivent, des émeutes contre-révolutionnaires et pro-cléricales soutenues par l'étranger éclatent dans diverses villes de France.  En mai, l'Etat prend en charge le traitement des prêtres, mais ceux-ci doivent prêter serment de fidélité à la Nation. Un certain nombre d'entre eux refuse, surtout dans l'ouest du pays (Bretagne, Vendée).
1791 En août, un décret de la Constituante interdit le port d'habits ecclésiastiques en dehors des édifices religieux : plus de soutanes sur la voie publique.
1793 En octobre (vendémiaire de l'an II), la Convention adopte officiellement le calendrier révolutionnaire (les saints y sont remplacés par des arbres, plantes, céréales, fruits, légumes, outils, etc...)  En novembre (frimaire), la Commune de Paris fait fermer tous les édifices du culte ; Notre-Dame devient un Temple de la Raison. Ailleurs, on réquisitionne les cloches des églises. Robespierre, qui hait autant l'athéisme que le catholicisme, remplace Dieu par "l'Etre Suprême" de Jean-Jacques Rousseau.
1794 En juillet (thermidor de l'an II), tout rentre dans l'ordre. Les curés prennent leur revanche, mais ils ne parviendront jamais à rétablir tout à fait leurs privilèges d'antan. La France restera toujours plus ou moins anticléricale. Ses fameuses "valeurs républicaines" viennent de là (les vraies, pas celles de Chirac et Sarkozy).
1826 Le dernier hérétique est brûlé vif par l'Inquisition en Espagne.
1854 Le pape Pie IX décrète le dogme de l'Immaculée Conception de Marie.
1858 A Lourdes, cent ans avant l'invention du LSD, la petite Bernadette a une vision. Ce sera l'acte de naissance de la plus grande arnaque religio-commerciale de tous les temps.
1859 Charles Darwin publie De l'origine des espèces, un livre encore combattu aujourd'hui et interdit en maint endroit des Etats-Unis.
1869 Le concile Vatican I définit le dogme de l'infaillibilité du pape.
1873 A Montmartre, construction de la basilique du Sacré-Cœur, pour remercier Dieu d'avoir permis l'écrasement de la Commune de Paris avec l'aide de l'occupant prussien. (En mai 1871, 30.000 insurgés avaient été massacrés par Adolphe Thiers et sa racaille versaillaise.)
1905 En France, loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
1909 Le pape Pie X affirme le caractère "historique" de la Genèse.
1931 Le Belge Georges Lemaître, prêtre catholique et physicien, invente la "théorie"* du Big Bang ("théorie de l'atome primitif, début temporel de l'univers"), donnant ainsi un vernis "scientifique" au bon vieux créationnisme en perte de vitesse**.  Selon cette "théorie", tout a commencé il y a 14 milliards d'années. (Il fallait bien s'adapter : le dimanche 6 septembre -3761 comme jour J de la Création, ce n'était plus très convaincant.)

* En fait, il ne s'agit nullement d'une théorie au sens scientifique du terme, mais d'une hypothèse fumeuse jamais vérifiée par l'observation ou l'expérimentation : Au diable la méthode scientifique.

** Pour le pape Pie XII, "la science a apporté la preuve de l'existence de Dieu".
1962 Concile Vatican II. "Dialogue" à sens unique avec "le judaïsme" (en fait capitulation devant le sionisme).
1978 La mafia vaticano-polonaise fait empoisonner le pape Jean-Paul 1er, au bout de seulement un mois de pontificat. Elle met à sa place le cardinal Wojtyla. On se croirait revenu au temps des Borgia. C'est l'époque des grands scandales autour de la loge P2, de la Banque Ambrosiano et du cardinal Marcinkus. Comme les assassins mènent eux-mêmes "l'enquête", l'affaire est classée au bout de dix minutes.
1980 Jean-Paul Wojtyla II, "défenseur de la liberté" dans sa Pologne natale, condamne la théologie de la libération prônée par de nombreux prêtres et évêques d'Amérique latine. (Communisme : berk - Impérialisme yankee : good...)
2002 Si l'on en croit la rumeur, il existerait encore dans l'Eglise catholique deux ou trois prêtres ne pratiquant pas la pédophilie.
2007 Sa Benoîtitude Ratzinger XVI, ancien professeur de théologie, écrit : "Jésus n'est pas un mythe, c'est un homme de chair et de sang."  Amen...
2009 L'Eglise catholique se plie sans murmure à toutes les volontés du lobby sioniste juif. Un claquement de doigts, et le pape condamne quiconque déplaît au Sanhédrin moderne, en s'excusant bien humblement de ne pas y avoir pensé plus tôt. Les fêtes religieuses chrétiennes sont maintenant l'occasion, pour les médias occidentaux sionisés, de faire l'apologie du judaïsme et de nous conter longuement les malheurs du peuple élu. Les croyants catholiques ne savent pratiquement plus rien des principes de leur religion.
2013 Le pape allemand Benoît XVI est contraint à la démission "volontaire" (une première à Rome). A sa place, on met un jésuite italo-argentin (François) qui va à la fois prouver que jésuite est bien synonyme d'hypocrite et contribuer à détruire plus rapidement l'Eglise catholique. Résultat: pédérastisation à outrance, alignement systématique sur les thèmes "à la mode" dictés par les maîtres du monde (réchauffement et autres fadaises), abandon accéléré de ce qui distinguait encore le catholicisme.




LGBiToQ et sionisme gouvernent le Vatican.

2028 Publication de l'Evangile selon Saint Sionicus, dans lequel les Romains et toutes les autres nations complices crucifient les pauvres juifs sur l'ordre de Jésus. Le catéchisme est remplacé par des cours d'holocaustologie fulminante.

La croix symbolise désormais la triple nature de la Souffrance juive (indicible, inégalable, ineffaçable) de même que l'éternelle culpabilité christiano-goyique avec toutes les obligations imprescriptibles qui en découlent.


"In nomine Israelis et Holocausti et Sionicus Sancti..."





L'autre volet du mythe biblique (l'Ancien Testament) :
Hébreux, Israélites, Juifs


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