MYSTIFICATION ET PROVOCATION
- Des siècles d'intox -
"Si vis pacem, para bellum" - Si tu veux la paix, prépare la guerre
(Jules César, en public)
"Si vis bellum, para bellum"
(Jules César, en privé)
"Si vis bellum, provocatium"
(Le cuisinier de Jules César)
Crassus et Spartacus
La dépêche d'Ems
La guerre hispano-américaine
L'incident de Moukden
L'incendie du Reichstag
Gleiwitz
Pearl Harbor
L'opération Northwoods
Le golfe du Tonkin
L'USS Liberty
La discothèque La Belle
Timişoara
L'Irak et le piège du Koweït
Bosnie - Trnopolje
Bosnie - Sarajevo
Bosnie - Srebrenica
Kosovo - Racak
Les attentats de New York et de Washington -
Global Hawk
Aïta al Chaab
Les nombreuses incohérences entourant l'attentat du 11 septembre rendent plausible l'hypothèse d'une mystification.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'on veut déclencher une guerre ou obtenir un changement politique radical, tous
les prétextes sont bons. Les précédents historiques ne manquent pas:
ROME - 70 AVANT J.C. : CRASSUS ET SPARTACUS
La provocation politique est vieille comme le monde, pourrait-on dire. A cette époque, Rome est encore une république,
mais déjà certains hommes influents aimeraient instaurer un régime plus "musclé". L'un d'eux, Marcus Licinius Crassus,
va exploiter la frayeur des Romains face à Spartacus et à son armée d'esclaves révoltés, et conduire ainsi ses
concitoyens à renoncer à certaines libertés.
Comme Spartacus
n'a nullement l'ambition de conquérir la ville, mais veut au contraire prendre le large avec ses hommes, Crassus va,
dans un premier temps, veiller à ce que les insurgés ne trouvent aucun navire pour quitter le pays. Une flotte
mercenaire qui aurait fait l'affaire, part sans eux après que Crassus ait généreusement rétribué ses propriétaires.
La deuxième étape consiste à barrer le chemin aux troupes de Spartacus, de sorte qu'elles
n'aient d'autre choix que de prendre la route de Rome. Crassus s'empresse alors de semer la panique parmi les Romains
en leur exposant la gravité de la situation.
Après avoir défait l'armée de Spartacus et fait crucifier 6000 esclaves, Crassus peut se présenter en
"sauveur" de la ville et prétendre au titre de consul. C'est le premier pas vers la liquidation
de la République, bientôt remplacée par la dictature d'un triumvirat (composé de ce même Crassus, de Pompée et
de César), puis par l'Empire.
PRUSSE - 1870 : LA DÉPÊCHE D'EMS
En juin de cette année-là, le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi de Prusse Guillaume 1er,
se porte officiellement
candidat à la succession au trône d'Espagne. L'empereur Napoléon III désapprouve cette démarche et y voit une
tentative prussienne pour "encercler" la France. Il va donc s'efforcer d'obtenir l'annulation de ce projet. Léopold y
consent, mais cela ne suffit pas: Napoléon le Petit veut une confirmation de Guillaume. L'ambassadeur
de France, Benedetti, se rend donc auprès du roi de Prusse, qui "prend ses eaux" à Bad Ems, une petite station
thermale sur la Lahn, près de Coblence.
Guillaume reçoit Benedetti et lui fait savoir que si Léopold renonce au trône d'Espagne, la Prusse n'y verra pas
d'inconvénient. Mais cette réponse ne satisfait pas l'empereur français. L'ambassadeur doit donc s'en retourner à
Bad Ems pour exiger des garanties.
Guillaume refuse de lui accorder une nouvelle audience et le fait recevoir par son aide de camp, le prince Radziwill,
qui lui confirme les termes de la première entrevue. Le jour même, le roi fait envoyer une dépêche à Bismarck, son
chancelier, afin de l'informer de la situation. Guillaume autorise Bismarck à publier le texte de cette dépêche
partiellement ou intégralement, s'il le juge utile. Le chancelier prussien y voit l'occasion rêvée de réaliser ses
ambitions politiques.
En 1870, en effet, l'Allemagne est encore fragmentée en de multiples Etats, grands, petits ou minuscules. La Prusse,
le plus vaste d'entre eux, aspire depuis longtemps à réaliser à son profit l'unité allemande. Ce serait la seule façon
pour ce pays de s'imposer sur la scène internationale. La chasse aux colonies est en effet ouverte depuis longtemps,
mais l'Allemagne, faute d'exister vraiment, en est encore exclue. Seule une guerre victorieuse contre la France peut
imposer cette unité, ne laissant d'autre choix aux Etats allemands encore hésitants, comme la Bavière par exemple.
Bismarck veut donc provoquer ce conflit armé, qui devra bien entendu être "défensif". Grâce à la dépêche d'Ems,
il espère pousser Napoléon III à déclarer la guerre à la Prusse. Pour cela il publie le texte du télégramme en le
tronquant : "Sa Majesté a refusé de recevoir une seconde fois l'ambassadeur français et lui a fait savoir
par son aide de camp qu'Elle n'avait plus rien à lui communiquer."
Le lendemain, les journaux français impriment ce texte choquant par sa concision et son manque de diplomatie,
et y glissent de surcroît une erreur de traduction.
Au lieu d'aide de camp (en allemand: Adjutant), la presse écrit adjudant. Le scandale est
double : non seulement, le roi de Prusse a refusé d'entendre notre ambassadeur, mais il l'a fait éconduire
par un vulgaire sous-officier, au lieu de lui faire notifier le refus par un homme de son rang.
La manœuvre de Bismarck a porté ses fruits au-delà de toute espérance. Les journaux français - contrôlés par le
pouvoir - sombrent dans l'hystérie, exigent que cette humiliation soit lavée par les armes. On sait comment l'affaire
se terminera : la défaite française à Sedan, l'abdication de Napoléon III, les Prussiens devant Paris, l'Alsace et une
partie de la Lorraine arrachées à la France pour 47 ans, et l'Empire allemand proclamé dans la Galerie des Glaces de
Versailles.
CUBA - 1898 : LA GUERRE HISPANO-AMÉRICAINE
Les Etats-Unis ont jeté leur dévolu sur deux colonies espagnoles: les Philippines et Cuba (où un soulèvement
révolutionnaire est en cours pour obtenir l'indépendance). Comment faire ? Attaquer tout simplement l'Espagne n'est
pas possible; l'opinion publique ne comprendrait pas. Le gouvernement américain de McKinley doit donc trouver un
prétexte d'intervention. La presse (principalement William Randolph Hearst et son New York Journal) joue
un rôle de premier plan dans cette affaire. Hearst envoie un illustrateur à La Havane afin de rapporter des images
de la guerre.
- Quelle guerre ? demande l'illustrateur.
- Allez-y, vous verrez bien, répond Hearst. Vous vous occupez de fournir les dessins, je m'occupe de
fournir la
guerre
Dans les semaines suivantes, le New York Journal publie reportage sur reportage pour dénoncer les
atrocités commises par les Espagnols à Cuba - atrocités souvent inventées de toutes pièces, ainsi qu'on l'apprendra
plus tard. En février 1898, le navire USS Maine, envoyé à Cuba pour "protéger les intérêts américains",
coule à la suite d'une explosion ; 260 marins sont tués.* Sans aucune enquête, le coupable est aussitôt désigné :
l'Espagne. Une campagne de presse se déchaîne alors aux Etats-Unis, et la guerre éclate aux cris de
"Souvenez-vous du Maine !"
* Mais tous les officiers, invités à un dîner en ville, sont épargnés. Un "miracle" similaire sauvera les PDG du World Trade
Center 103 ans plus tard.
L'Espagne une fois défaite, les Philippines deviennent
une colonie des USA; Cuba obtient son "indépendance", mais reste en fait sous la coupe des grandes entreprises
américaines jusqu'en 1959. Un autre territoire arraché à l'Espagne en 1898, Porto Rico, se trouve encore aujourd'hui
aux mains de Washington.
Pour ce qui est du prétexte ayant servi au déclenchement de la guerre, un examen sérieux du dossier,
entrepris des décennies plus tard (en 1975), exclura toute intervention extérieure dans l'explosion du navire.
Cet épisode marque à la fois l'essor des Etats-Unis comme puissance impérialiste mondiale et les débuts de
l'utilisation du mensonge journalistique comme instrument de manipulation de masse.
MANDCHOURIE - 1931 : L'INCIDENT DE MOUKDEN
Le Japon, qui a annexé l'île chinoise de Taïwan en 1895 et la Corée en 1910, convoite de vastes portions de la Chine continentale, notamment la province de Mandchourie, dans le nord-est. La Chine, où la monarchie impériale a été renversée par Sun Yat-Sen en 1912, a sombré dans le chaos après le départ de ce dernier. Les Japonais comptent bien profiter de cette faiblesse et, par la même occasion, chasser les puissances occidentales qui possèdent des concessions extra-territoriales à Shanghaï.
En Mandchourie, c'est une compagnie japonaise qui exploite les chemins de fer. Afin de justifier une conquête de la province, deux colonels japonais chargés de la "garde" des intallations ferroviaires (Ishiwara et Itagaki) organisent sur l'ordre du général Nagata (et d'autres militaires haut placés) un attentat "chinois" à Moukden (dans le sud de la Mandchourie).
Le 18 septembre 1931, une explosion endommage la voie ferrée à quelques centaines de mètres seulement du quartier général de l'armée chinoise. L'explosion est relativement faible et les dégâts insignifiants, mais les conséquences vont être considérables. Les Japonais parlent de "légitime défense", de nécessité de "protéger" leurs ressortissants. Puis ils déclenchent, avec les 10.000 soldats qu'ils ont sur place, une offensive militaire préparée de longue date et accompagnée d'une vaste opération de propagande en direction de l'opinion japonaise.
La ville de Moukden est conquise en quelques heures. Les militaires et policiers chinois, pris par surprise, n'opposent presque pas de résistance et sont massacrés par centaines. Deux mois plus tard, l'ensemble de la Mandchourie est entre les mains des nouveaux maîtres. L'armée japonaise bombarde ensuite Shanghaï et entre dans la ville, perpétrant des exactions pires encore qu'en Mandchourie.
A Changchoun, élevée au rang de capitale du royaume fantoche de Mandchoukouo, les occupants japonais placent sur le trône l'ancien empereur chinois (mandchou*) Puyi, destitué par la révolution de Sun Yat-Sen en 1912 (il avait alors six ans et "régnait" depuis trois ans - voir le film de Bertolucci Le Dernier Empereur).
* La dynastie mandchoue Qing (ou Ching) a régné à Pékin de 1644 à 1912.
Dans cette
vidéo
de novembre 2012 consacrée à Ishiwara, la chaîne Arte exagère le rôle du colonel - bien vite promu général - et minimise celui du régime impérial de Tokyo dans le prétendu "incident" de Moukden (voir à partir de 25:00). Avec la protection de Washington, le criminel de guerre japonais Hirohito (né en 1901, devenu empereur en 1926, mort en 1989) a toujours été blanchi de toute responsabilité ; on continue de se conformer à cette tradition.
ALLEMAGNE - 1933 : L'INCENDIE DU REICHSTAG
Le 30 janvier, le plus légalement du monde, Hitler est nommé chancelier (chef du gouvernement) par le président
Hindenburg, en attendant les élections législatives qui auront lieu le 5 mars. Le chef du parti nazi NSDAP met
ces quelques semaines à profit pour noyauter l'administration. Malgré cela, il ne sait trop quel résultat sortira
des urnes, l'opposition aux nazis étant encore très forte dans le pays*. Pour la briser, il faudrait une nuit de la
Saint-Barthélémy, propose un Gauleiter brun. Mais dans le cadre "démocratique" de la République de Weimar, c'est
difficile à réaliser, à moins qu'un évènement d'une gravité considérable ne vienne justifier cette action. L'évènement
en question se produit dans la nuit du 27 février: c'est l'incendie du Reichstag de Berlin (le parlement).
* Aux élections législatives de novembre 1932, le NSDAP avait recueilli près de 12 millions de voix (33 %). Il était le
premier parti d'Allemagne et représentait presque autant d'électeurs que les deux partis de gauche (SPD et KPD) réunis.
Pour ne pas attirer l'attention, les incendiaires pénètrent dans le Reichstag par un couloir souterrain qui relie
le palais du président du Reichstag (qui n'est autre que le nazi Goering) au Reichstag proprement dit. Pour donner le change,
les S.A. pyromanes ont avec eux un certain Van der Lubbe, ex-communiste d'origine hollandaise,
qu'ils ont probablement drogué pour s'assurer de sa docilité. Retrouvé seul sur le lieu du crime, il permet à Hitler
de s'écrier, comme prévu :
"Le gouvernement va prendre maintenant les mesures nécessaires à la liquidation totale de ce péril, le plus
terrible qui ait menacé non seulement l'Allemagne, mais l'Europe. Ce que le communisme nous réservait, vous le
voyez ici."
Aussitôt dit, aussitôt fait. La terreur brune s'abat sur le pays. La police et les S.A. arrêtent des milliers de
communistes dont les noms figuraient sur des listes établies depuis longtemps par des ministres SPD
(sociaux-démocrates).
On découvre au siège du KPD (parti communiste) des "documents compromettants". La presse pro-nazie se déchaîne :
"La cruauté asiatique des Mongols a ressuscité dans le cerveau des hommes de Moscou. Le projet de subversion
communiste prévoyait la capture des femmes et des enfants de policiers : les insurgés les auraient placés devant
eux comme un bouclier."
La comparaison avec notre époque montre que les "arguments" et les effets de ce genre de propagande n'ont guère
évolué en 70 ans.
Les élections "libres" se déroulent dans cette atmosphère de chasse aux sorcières. Malgré tout, le NSDAP n'obtient
que 44 % des sièges au Reichstag. On corrige ce résultat en supprimant purement et simplement les 14 %
d'élus communistes. Le KPD est interdit, de même que certaines organisations proches du SPD. Le 20 mars, on érige
à Dachau, près de Munich, le premier camp de concentration pour opposants politiques. L'administration et la presse
sont mises au pas; on prend les premières mesures antisémites. SS et SA écument le pays.
Le 23 mars, le Reichstag vote un texte autorisant le chancelier à légiférer au même titre que le parlement, ce qui
équivaut pratiquement à donner les pleins pouvoirs au chef du gouvernement. En outre, il est précisé que les lois futures
"peuvent le cas échéant diverger des principes prévus par la constitution" et qu'elles seront promulgées par le chancelier
lui-même, et non plus par le président du Reich. Un tel texte rend donc caducs parlement, présidence et
constitution. Pour être voté, il nécessite une majorité des deux tiers. Or, dans le Reichstag "épuré" des communistes et de
quelques sociaux-démocrates, le parti nazi n'a que 53 % des sièges. Il a donc besoin de l'appui des partis de la droite
"classique" et du "centre". Cet appui, il l'obtient, et même très largement : à l'exception du SPD, tous les députés du Reichstag
votent la "réforme", c'est-à-dire leur propre hara-kiri.
On voit donc que Hitler n'a pas pris le pouvoir, comme on le prétend souvent depuis sept décennies, mais qu'il l'a reçu
des mains de la droite bourgeoise.
Quoi qu'il en soit, pour ses opposants, le résultat est le même. Le 22 juin, le SPD
est dissout ; plusieurs de ses députés étaient déjà emprisonnés. Dans les semaines qui suivent, c'est au
tour des autres partis, et le 14 juillet, le NSDAP est proclamé parti unique.
Pour couronner leur travail, les incendiaires nazis organisent à Leipzig un procès à grand spectacle contre
plusieurs communistes, dont le Bulgare Dimitrov, délégué de l'Internationale communiste à Berlin. Mais l'effet
escompté n'est pas atteint. L'accusé Dimitrov
se fait accusateur et met en rage Goering, cité comme "témoin". Sous la pression de l'opinion publique
internationale, on doit l'acquitter. Van der Lubbe, l'instument involontaire des nazis, est retrouvé étranglé dans
sa cellule.
ALLEMAGNE - 1939 : GLEIWITZ
Durant tout l'été, la presse nazie ne cesse de "dénoncer" les prétendues discriminations et brimades auxquelles
serait soumise la minorité allemande de Pologne.
Hitler s'apprête à envahir ce pays, mais il lui manque encore une "justification" concrète. Elle sera fournie
par l'attaque de la station de radio de Gleiwitz,
une petite ville allemande de Silésie, à la frontière polonaise.
Le 31 août, des SS revêtus d'uniformes polonais s'emparent de l'émetteur et diffusent une proclamation
anti-allemande.
Bien entendu, les "envahisseurs" sont repoussés peu après et essuient même des pertes. La propagande hitlérienne
présente à la presse mondiale des photos des agresseurs tués. Les morts sont en fait des prisonniers d'un camp de
concentration nazi qu'on a déguisés pour l'occasion en soldats polonais.
Après 1945, le chef du commando SS, Naujocks, dévoilera au procès de Nuremberg les détails de cette affaire et
reprendra du service dans l'armée américaine. En attendant, Hitler peut déclarer au monde le 1er septembre 1939 :
"Depuis ce matin, 4 h 45, nous ripostons à l'agression polonaise." La Deuxième Guerre mondiale vient de
commencer.
USA - 1941 : L'ATTAQUE-"SURPRISE" DE PEARL HARBOR
Deux ans après le début des hostilités, la majeure partie du continent européen est occupée par les troupes nazies,
tandis que leurs alliés japonais sont en Chine. Mais les Etats-Unis s'en tiennent toujours à leur politique
de neutralité. Le président Franklin D. Roosevelt plaide pourtant pour une intervention en Europe aux côtés de la
Grande-Bretagne et de l'URSS. Une telle
intervention serait d'ailleurs tout à fait du goût des géants de l'industrie, car rien, en effet, n'est aussi
profitable qu'une bonne guerre*. L'opinion, elle, est encore très divisée à ce sujet. La Maison Blanche et ceux qui la
soutiennent vont donc s'arranger pour que le public bascule de leur côté.
* Avec leurs sympathies pro-germaniques, Henry Ford et Prescott Bush - le grand-père de l'actuel "président" -
font partie des exceptions qui confirment la règle.
Puisqu'il est évident que l'Allemagne évite toute friction avec les USA, le président Roosevelt tente sa chance avec
le Japon. En décrétant contre ce pays un embargo total, il l'incite à envisager l'annexion d'autres territoires du
Pacifique. Ce qui justifie un transfert de la flotte américaine de San Diego (Californie) à Pearl Harbor (près
d'Honolulu, dans l'archipel de Hawaii). Mais masser la flotte dans un endroit aussi exposé est une invitation à peine
déguisée aux militaires japonais, qui ne tardent pas à lancer leur "attaque-surprise" (le 7 décembre).
En fait de surprise, il est prouvé que Washington était au courant de l'imminence de l'attaque et en connaissait même
la date et
l'heure. Mais rien n'a été fait pour en avertir les commandants locaux. Résultat : 2400 marins tués, 1200 blessés,
18 navires coulés ou touchés,
350 avions détruits ou endommagés. Mais surtout : un retournement instantané de l'opinion publique, l'entrée en guerre
immédiate (contre le Japon et contre l'Allemagne nazie) et des contrats fabuleux pour les industries d'armement.
Sur Pearl Harbor et Franklin D. Roosevelt, voir ces quelques liens :
Pearl Harbor -
Le film et la vérité toute crue
11 SEPT : PEARL HARBOR II - La technologie de la
manipulation
L'opinion de l'écrivain Gore Vidal
CUBA - 1962 : L'OPÉRATION NORTHWOODS
Quelques mois après le fiasco américain de la Baie des Cochons (tentative de débarquement de forces anticastristes
à Cuba en avril 1961, dans le but de renverser le régime révolutionnaire), la National Security Agency (NSA),
présente au Président John F. Kennedy
un plan secret (nom de code :
Opération Northwoods)
destiné à venir à bout du gouvernement de La Havane.
La NSA est la plus grande agence de renseignements des USA; elle emploie 25.000 personnes.
Le but de l'opération est de créer une situation permettant l'intervention directe de l'armée américaine, et non
plus seulement un soutien logistique à une troupe de mercenaires. Northwoods prévoit l'organisation
d'actions terroristes qu'on imputerait au régime cubain, entre autres :
attentats contre des citoyens américains en Floride ou à Washington
attaque d'un navire américain à Guantánamo Bay, une base militaire américaine à l'est de Cuba
("l'épine dans la chair de Castro"). La liste des victimes publiée dans tous les journaux américains
susciterait une vague d'indignation très utile, estime la NSA (souvenez-vous du Maine).
abattre un avion des services secrets, que l'on présenterait comme un avion de ligne
couler un bateau de réfugiés cubains en route pour la Floride (action réelle ou fictive)
en cas d'échec du lancement dans l'espace de la fusée Mercury 6 avec John Glenn à bord (lancement
réalisé avec succès le 20 février 1962), on aurait affirmé que l'accident et la mort de l'astronaute
étaient dus à un sabotage cubain
Finalement, Kennedy rejette ce plan, probablement parce qu'il craint une réaction immédiate de l'Union Soviétique
et qu'il n'a aucune envie de s'embarquer dans une aventure nucléaire. Six mois plus tard, JFK sera
d'ailleurs confronté
à l'affaire des fusées et gardera la tête froide. Un crétin de l'acabit de George W. Bush aurait certainement
approuvé la réalisation de l'Opération Northwoods, et nous ne serions pas là pour en parler.
VIET-NAM - 1964 : LE GOLFE DU TONKIN
Après l'assassinat de Kennedy en novembre 1963, son successeur Lyndon B. Johnson va s'engager à fond dans une guerre
qui avait commencé "en douceur" quelques années plus tôt, mais dont personne ne parlait encore, car Cuba monopolisait
l'attention des médias.
Mais remontons un peu dans le temps...
De 1946 à 1954, Hô-Chi-Minh et ses partisans communistes luttent pour libérer le Viêt-Nam de la tutelle coloniale
française. A la suite de leur victoire à la bataille de Diên-Biên-Phu, ils obtiennent l'indépendance. L'accord de
cessez-le-feu prévoit cependant une coupure provisoire du pays. En attendant la tenue d'élections générales, les
combattants d'Hô-Chi-Minh doivent se replier au nord du 17ème parallèle; les collaborateurs pro-français, au sud.
Le résultat d'éventuelles élections ne faisant aucun doute, les Etats-Unis, venus relayer la France sur le terrain,
vont tout faire pour éviter que le Viêt-Nam ne passe en totalité aux mains des "nordistes". Ils empêchent donc
la tenue d'une consultation nationale, créent en 1956 un Etat séparé dans la zone sud, y organisent des élections
sur mesure et installent à la présidence un dictateur corrompu, Ngô-Dinh-Diêm.
Le régime fantoche de Saïgon ne pouvant se maintenir par ses propres moyens, les USA lui envoient des "conseillers"
militaires chargés de mater la "subversion communiste". Un mouvement clandestin s'organise en effet au
Sud-Viêt-Nam et tente, avec l'aide du nord, de parachever la victoire de 1954. Les Américains accroissent toujours
plus leur engagement militaire, et en 1964, ils entretiennent déjà sur place un corps expéditionnaire de 20.000
soldats.
Johnson juge le moment venu d'étendre la guerre au nord du pays. Il lui faut pour cela trouver une occasion
propice. Aucune occasion ne se présentant, Johnson met en scène "l'incident" du golfe du Tonkin. Le 5 août, la
presse américaine fait état "d'attaques répétées" de torpilleurs nord-vietnamiens contre des destroyers US
(notamment le USS Maddox) en patrouille au large des côtes sud-vietnamiennes.
Aussitôt, Johnson annonce des "représailles" américaines, c'est-à-dire des bombardements aériens contre Hanoï.
En réalité, le Maddox effectuait une mission de renseignements en vue d'opérations futures contre le nord.
Et il n'y a eu aucune attaque de la part des Nord-Vietnamiens. Le capitaine John Herrick, commandant de la Task
Force du golfe, le fera savoir à Washington : la nouvelle est fausse et repose sur un malentendu (l'homme
responsable du sonar, trop zélé, a pris pour un bruit de torpille ce qui n'était que l'écho des hélices
de son propre navire).
Bien sûr, Johnson ne tient aucun compte de ce rapport, puisqu'il a lui-même arrangé la provocation.
Cet épisode ne sera que le prélude à une guerre de plus en plus féroce, mettant à feu et à sang non seulement le
Viêt-Nam,
mais aussi les pays voisins (Cambodge et Laos).
ISRAEL - 1967 : L'AFFAIRE DE L'USS LIBERTY
Si l'attaque fictive d'un navire constitue un excellent acte de propagande, il peut arriver, au contraire, qu'une
attaque réelle soit suffisamment gênante pour être passée sous silence.
Le 8 juin 1967, pendant la
guerre des six jours,
le navire espion américain
USS Liberty
se trouve dans les eaux internationales au large de Gaza.
Israël a envahi cette ville jusqu'alors placée sous administration égyptienne, et conquis un bonne partie du Sinaï.
Le Liberty observe ses alliés en se félicitant de leurs succès militaires, lorsque tout à coup, chose
absolument incompréhensible, des chasseurs israéliens attaquent le navire.
Le Liberty ne dispose pas de l'armement adéquat et lance donc un appel de détresse à la VIème
Flotte qui croise dans les parages. Des avions de chasse décollent aussitôt des porte-avions américains, mais
l'amiral commandant ces navires reçoit l'ordre de rappeler les appareils. L'amiral n'en
croit pas ses oreilles et se fait confirmer l'ordre par le ministre de la Défense McNamara, puis par le président
Johnson lui-même. En bon soldat, il obéit et fait revenir les avions.
C'est alors que se produit une nouvelle attaque, lancée cette fois pas des bateaux israéliens ; les torpilles
causent des dégâts considérables. Lorsque le capitaine donne l'ordre d'abandonner le navire, les agresseurs tirent
sur les canots de sauvetage. Les secours américains n'arriveront que le lendemain, seize heures après l'attaque.
Il y aura 34 morts et 170 blessés parmi les marins du Liberty.
Johnson s'empresse de minimiser l'affaire. Comme il en a l'habitude, il ment devant les caméras de
télévision, parle de 10 victimes et d'attaque accidentelle. Il n'y aura aucune investigation, et on ignore encore
aujourd'hui les tenants et les aboutissants de ce scandale entre alliés. L'explication la plus plausible est
que la présence du navire US à cet endroit était gênante pour les Israéliens. Tout près de là, ils passaient
par les armes des soldats égyptiens faits prisonniers et n'avaient nul besoin de témoins*. La Maison Blanche,
de son côté, a voulu éviter de gâcher la belle victoire de son chouchou de Tel Aviv en intervenant de façon
intempestive. Pour le boucher du Viêt-Nam (Hi, Mr. President, how many kids did you kill today ?),
quelques morts de plus ou de moins dans les rangs américains sont vraiment un sujet secondaire.
* On sait qu'une unité "d'élite" de l'armée israélienne placée sous le commandement de Benjamin Ben Eliezer a assassiné 250 prisonniers égyptiens désarmés qui venaient de se rendre. On ignore si ce massacre fut le seul.
En 2002, un documentaire de Christopher Mitchell diffusé par la BBC révèle qu'il était prévu de couler le Liberty.
Si l'opération avait réussi, on aurait accusé l'Egypte et son allié soviétique, ce qui aurait permis aux Etats-Unis
de s'engager directement dans le conflit.
Le puissant lobby sioniste a toujours su empêcher l'ouverture d'une enquête ; les hommes politiques américains osant
intervenir en ce sens - comme par exemple le sénateur Adlai Stevenson - ont été systématiquement réduits au silence.
Lire ici le
témoignage d'un survivant.
LIBYE - 1986 : LA DISCOTHÈQUE LA BELLE
L'acteur Ronald Reagan est à la Maison Blanche - c'est son plus mauvais rôle. Comme tous les présidents,
il aimerait en découdre avec "l'Empire du Mal" dont le centre est au Kremlin. Malheureusement, l'équilibre
nucléaire ne le permet pas. (Reagan ignore encore l'étendue du travail de sape auquel se livre secrètement
Gorbatchev.) En tout et pour tout, l'homme d'Hollywood doit se contenter des habituelles opérations de
nettoyage en Amérique centrale et d'une ridicule intervention à Grenade - le temps qu'il a fallu pour trouver
cette île sur la carte !...
Au Liban, l'armée américaine a essuyé d'assez lourdes pertes; il vaut mieux ne plus s'y frotter. Alors,
trouvons autre chose, mais quoi ?... Et si on prenait Kadhafi ?...
Le président libyen - le terme politiquement correct est dictateur - est un type utile, à une époque
où Ben Laden n'exite pas encore pour les médias. Dès qu'il y a un mauvais coup quelque part, pas besoin
de chercher longtemps : c'est lui. Les good guys de la CIA n'ont plus qu'à concocter une covert
operation comme il y en a dans le manuel. Pour cela ils font appel à leurs amis et collègues du Mossad
israélien. De nombreux groupes terroristes arabes sont noyautés et dirigés par eux - pas de problème de ce
côté-là.
Le 5 avril, comme prévu, une bombe détruit à Berlin-Ouest la discothèque La Belle, très fréquentée par
les GIs américains. Il y a trois morts, dont deux soldats, et plus de 200 blessés. Le coupable est aussitôt désigné;
le retaliation show peut commencer.
Depuis des années déjà, la flotte et la chasse US patrouillent à proximité des côtes libyennes, à l'affût de
l'incident décisif.
En 1980, un avion de ligne italien a même été "touché par erreur" (bilan : 81 morts) ;
l'affaire, présentée comme
un banal accident, a été rapidement étouffée.
Le 15 avril 1986, enfin, l'armée reçoit l'ordre d'attaquer. Une heure plus tard, les vaillants pilotes de
l'US Air Force rentrent sains et saufs de leur difficile mission. Ils viennent de bombarder Tripoli et Benghazi,
tuant une cinquantaine de civils (hommes, femmes et enfants, dont la fille de l'ennemi public numéro un, une
dangereuse terroriste âgée de seize mois). De nombreux bâtiments "stratégiques" ont été endommagés. Parmi ceux-ci,
on compte la résidence de l'ambassadeur français (la France avait refusé aux avions américains le survol de son
territoire). Mais le président Mitterrand est magnanime : il passe l'éponge sur cette insignifiante "bavure".
Quinze ans plus tard, la "justice" allemande mène toujours son procès contre les acteurs présumés de
l'attentat. Mais, bien entendu, ni le parquet, ni les juges n'ont entendu parler de la CIA ou du Mossad. Ils
appliquent fidèlement les directives. Et comme il se doit, le seul service secret mêlé à cette affaire est
la Stasi de l'ex-RDA.
A propos d'autres actes terroristes imputés à la Libye (Lockerbie*, DC 10 d'UTA), lire ici un article du Monde Diplomatique :
Les preuves trafiquées du terrorisme libyen.
* En 2004, la Libye "avoue son crime" dans l'espoir d'obtenir une normalisation de ses relations avec l'Occident.
ROUMANIE - 1989 : LES FAUX CHARNIERS DE TIMIŞOARA
En décembre 1989, presque tous les Etats du bloc "communiste" est-européen (qui se dit lui-même "socialiste") sont engagés dans le processus de restauration du capitalisme, appelé par antiphrase "révolution" : Pologne, Hongrie, RDA, Bulgarie, Tchécoslovaquie.* Le sort de ces pays est étroitement lié à celui de l'URSS que Gorbatchev est en train de "réformer" à mort. Les dirigeants "communistes", pour qui la loyauté envers Moscou est depuis toujours un réflexe conditionné, suivent docilement le liquidateur du Kremlin, qu'ils qualifient de "rénovateur" sans comprendre où il veut en venir. Seule exception : la Roumanie, dont le dirigeant Nicolae Ceauşescu (président de la République et secrétaire général du parti) a toujours su se démarquer de Moscou depuis son arrivée au pouvoir en 1965. L'indépendance relative vis-à-vis de l'URSS permet à la Roumanie de ne pas se voir automatiquement entraînée, après 1985, dans le gouffre de la "perestroïka" (ou catastroïka) moscovite.
* L'Albanie se détourne de l'URSS en 1960, de manière bien plus radicale que la Roumaine cinq ans plus tard. Tirana suit alors Pékin, qui reproche aux Soviétiques leur "révisionnisme" (c'est-à-dire la déstalinisation). La chute du régime albanais aura lieu en 1991.
La Yougoslavie, elle, se sépare du bloc oriental dès 1948 et se considère comme "non alignée". Son sort sera réglé petit à petit dans les années 1990, mais c'est
une autre affaire.
Le but recherché ne sera pas de rétablir le capitalisme (c'est déjà fait, plus ou moins) mais de morceler l'Etat multinational.
L'autononie politique roumaine, très appréciée en Europe de l'Ouest pendant une vingtaine d'années, avait valu à Ceauşescu d'être traité avec des égards particuliers. Il ne serait venu à l'idée de personne, ni politicien ni journaliste, de qualifier l'homme fort de Bucarest de dictateur. Les régimes autoritaires ne sont considérés comme tels que lorsque cela arrange les Occidentaux.
Vers 1987-88, lorsqu'on commence à saisir le sens des événements qui agitent l'Union Soviétique, la cote de popularité de Ceauşescu en Occident se dégrade rapidement. L'homme n'est plus d'aucune utilité pour nuire à l'URSS. Au contraire, il est très "en retard" par rapport à ce pays en matière de "réformes". Avant qu'on ait eu le temps de s'en apercevoir, l'apôtre du dégel et de la libéralisation est devenu un abominable despote, un tyran. Il est à la fois l'ogre des Carpates et le vampire de Transsylvanie. De l'extérieur (KGB, CIA), on encourage la contestation, on aide à organiser des grèves (comme en Pologne depuis plusieurs années), on jette de l'huile sur le feu. Et on le fait d'autant plus obstinément que le régime résiste au lieu de copier servilement chaque nouvelle mesure imaginée par Moscou.
A l'automne 1989, la contestation gagne du terrain mais reste encore insuffisante pour venir à bout de Ceauşescu. Il va falloir employer les grands moyens pour faire basculer l'opinion et faire sortir les masses dans les rues.
A Timişoara (sud-ouest), comme dans la plupart des villes roumaines, il y a des manifestations et des morts. La Securitate (police politique) tire sur la foule. Les médias internationaux, avec à leur tête la chaîne de télé française La Cinq (disparue deux ans plus tard), créent de toutes pièces l'affaire des "charniers", produite en collaboration avec divers services étrangers qui préfèrent garder l'anonymat. C'est le présentateur Guillaume Durand de La Cinq qui mène la danse. Il "compte" 4.630 cadavres pour la seule journée du 21 décembre. Pour faire plus plausible, les gens dont il dispose sur place vont "découvrir" de vastes fosses communes et présenter au public quelques-uns des corps exhumés, bien entendu "affreusement torturés". En fait, comme on l'apprendra plus tard, il s'agissait soit de morts isolés, déterrés dans le cimetière des pauvres, soit de cadavres récupérés à la morgue, en tout quelques douzaines et non des milliers.
Après 24 heures de battage médiatique, à l'étranger et en Roumanie, le régime va s'effondrer. Pour accélérer la course des événements, on a prévu
un coup d'Etat de l'armée maquillé en "révolution"
(Delphine Saubaber - L'Express). Ce sont les généraux Militaru (sic) et Stănculescu qui lancent le putsch le 22 décembre. Stănculescu a la confiance de Ceauşescu qui l'a nommé ministre de la Défense la veille. Depuis le 17, le président (pardon : le dictateur) sent tourner le vent. Il croit bien faire en choisissant celui qui va causer sa perte. Ironie du sort : c'est Stănculescu qui a donné l'ordre de tirer contre les manifestants de Timişoara.
Le 22 décembre, après que Ceauşescu ait été hué en public, Stănculescu l'encourage à prendre la fuite mais s'arrange pour qu'il n'aille pas très loin ("panne" d'hélicoptère). Ceauşescu et sa femme Elena sont "rattrapés" et arrêtés, puis, le jour de Noël, "jugés" en moins d'une heure par des putschistes qui n'osent pas montrer leurs visages. Les deux époux sont condamnés à mort et exécutés. Le procès-farce est retransmis à la télé (Guillaume Durand se frotte les mains) mais la double exécution n'est pas montrée. On saura plus tard que les "coupables" n'ont pas été fusillés comme on le prétend, mais assassinés d'une balle dans la tête après avoir été sévèrement battus (méthode courante sous Staline) :
L'exécution des époux Ceauşescu (par Loïc Le Ribault).
Le putsch a été accompagné et facilité par le KGB qui en voulait depuis longtemps à l'homme de Bucarest. Les services soviétiques lui ont fait payer très cher ses années de dissidence et de "trahison" - à un moment où eux-mêmes étaient au cœur de la trahison gorbatchévienne.
Le bilan officiel des victimes de la "révolution" sera fixé ultérieurement à moins de 700 morts pour toute la Roumanie, dont une bonne centaine pour Timişoara. Mais en décembre 1989, les médias occidentaux avaient multiplié ces chiffres par 100 :
70.000 et 12.000 respectivement. La presse n'y est pas allée avec le dos de la cuillère :
Les vautours de Timişoara
par Serge Halimi. L'invasion américaine au Panama (également en décembre 1989 mais pratiquement passée inaperçue en Europe) a fait trois fois plus de victimes que la "révolution" roumaine.
La mystification de Timişoara n'est évidemment pas la cause du changement de régime en Roumanie. Même sans elle, les choses auraient évolué plus lentement, comme en Albanie.
Quoi qu'il en soit, les Roumains ont compris entre-temps que "le pire dans le communisme, c'est ce qui vient après", comme disait Adam Michnik, un des fondateurs du syndicat polonais dissident Solidarnośċ...
IRAK - 1990 : LE PIÈGE DU KOWEIT
Lorsque les Anglais, qui ont hérité vers 1920 de nombreux territoires anciennement ottomans, accordent
l'indépendance à l'Irak quelques années plus tard, ils prennent bien soin d'en détacher le Koweït, qui recèle
d'immenses richesses pétrolières. Bagdad, cependant, ne renoncera jamais à l'idée de récupérer un jour
ce morceau de désert qu'il considère comme sien. Il doit déchanter lorsque l'émirat devient indépendant
en 1961.
Bien plus tard, en 1990, un différend frontalier oppose les deux pays. Saddam Hussein, le président irakien,
décide d'en finir une fois pour toutes. Mais avant d'annexer le Koweït, il doit s'assurer de la bienveillante
neutralité du gendarme américain. Saddam Hussein n'est pas encore pour l'opinion publique
mondiale le dictateur sanguinaire qu'il deviendra bientôt. Il est un allié très respectable des Etats-Unis qui
l'ont aidé à mener, dans les années 80, une longue guerre contre l'ennemi commun iranien. L'Iran islamiste des
ayatollahs est alors la bête noire des Américains. L'Irak, en le combattant, rend un grand service à son allié
d'outre-Atlantique, d'autant plus qu'il consomme une quantité considérable d'armes de guerre made in USA
(l'Iran aussi, d'ailleurs, même si les exportations ne sont pas officielles).
Dans ces conditions, Washington peut bien fermer les yeux sur les horreurs de la guerre. Et si Saddam extermine au
gaz de combat quelques centaines de civils*, on ne va quand même pas en faire un plat. D'abord, ce ne sont
que des Kurdes, et s'ils étaient en Turquie (encore un allié fidèle), ils n'auraient pas non plus le droit
à l'existence.
* La chose n'est cependant pas définitivement prouvée ; il est fort possible que le massacre de Halabja soit à mettre au
compte de l'armée iranienne. C'est ce que laisse entendre un ancien collaborateur de la CIA, Stephen C. Pelletiere,
dans un article du New York Times du 31 janvier 2003.
Mais en 1990, la situation a évolué. George Bush père est à la Maison Blanche. Il représente comme nul autre les
intérêts de l'industrie pétrolière. Et puisqu'il est président, et que le monde change de plus en plus vite (chute du
mur de Berlin, disparition du monde communiste, implosion imminente de l'URSS), il va s'offrir ce que trois de ses
prédécesseurs n'ont pu s'offrir, faute d'occasion favorable : une guerre, une vraie. Pour le bien des multinationales
du pétrole, des industries d'armement, de la conjoncture, du moral des troupes (bien bas depuis le retrait du
Viêt-Nam), pour sa gloire personnelle, et pour tester le nouveau rôle de l'Amérique, superpuissance unique. Et
puis, parce qu'il est grand temps de revoir le partage du monde; la Russie, le Caucase, la Caspienne contiennent,
semble-t-il, des gisements pétroliers dix fois plus importants que l'Arabie.
L'Irak est un excellent point de départ pour une aventure de ce genre. Ce conflit avec le Koweït ne pouvait mieux tomber.
Si Saddam masse ses troupes à la frontière, laissons-le faire. Bush fait intervenir l'ambassadrice américaine à Bagdad,
April Glaspie. Elle rassure le président irakien : l'Amérique ne souhaite pas intervenir dans les conflits entre Etats
arabes, comme par exemple cette affaire Irak-Koweït; le problème du Koweït - c'est là l'avis officiel du ministère américain
des Affaires étrangères - n'est pas du ressort des Etats-Unis. Saddam Hussein sourit, satisfait. Il vient de tomber dans le
panneau.
Quelques jours plus tard, le 2 août, l'Irak envahit le Koweït. Bush laisse faire sans intervenir. Il faut d'abord
accoutumer le public à l'idée d'une intervention. Petit à petit, on parle des atrocités irakiennes, de la barbarie dont est victime
la population civile. Pour faire plus vrai, on engage les services d'une officine de relations publiques spécialisée dans ce genre de
"reportage" : Hill & Knowlton. Ces experts nous présentent une infirmière en pleurs, encore sous le choc de l'horreur
qu'elle vient de vivre : la sodatesque irakienne faisant irruption dans son hôpital, détruisant toutes les couveuses et jetant par terre
les pauvres nouveaux-nés sans défense. En fait, on apprendra un peu plus tard que "l'infirmière" en question est la fille de
l'ambassadeur du Koweït à Washington - on n'avait personne d'autre sous la main.
Peu importe, la mystification fonctionne. Et quelques mois plus tard, tout le monde - ou presque - applaudit les héros
de l'opération Tempête du désert. La guerre du Golfe vient de commencer.
Le rôle de la France dans cette affaire -
un article du Réseau Voltaire sur le double jeu de François Mitterrand.
BOSNIE - 1992 : LE "CAMP DE CONCENTRATION SERBE" DE TRNOPOLJE
Peu de temps après, en
Yougoslavie,
le dépècement du pays commence. En juin 1991, on proclame l'indépendance de
la Slovénie et de la Croatie; en septembre celle de la Macédoine; en mars 1992 celle de la Bosnie-Herzégovine. Dans les
régions où la population n'est pas homogène, les conflits ethniques et religieux éclatent; c'est bientôt la guerre ouverte. La Croatie
et la Bosnie sont particulièrement touchées. Le mouvement, encouragé et même suscité par certains pays occidentaux comme
l'Allemagne, va en s'amplifiant. Les premières troupes étrangères arrivent en Croatie, sous l'égide de l'ONU.
En août 1992, les militaires occidentaux sont également présents en Bosnie (voir plus bas). Entre-temps,
tout le monde sait que les méchants dans cette histoire, ce sont les Serbes. Peu importe où il y ait des combats, les Serbes y
sont toujours mêlés. Ils empêchent les autre peuples de l'ancienne Yougoslavie de vivre en liberté, ils sont hégémoniques,
dictatoriaux, sanguinaires, etc., etc... Leur chef, Milosevic, est un fou furieux.... Oui, il est de retour, le bolchévik au couteau
entre les dents qui faisait trembler nos arrière-grands-mères.
Le 6 août, la chaîne de télévision anglaise ITN présente des images terrifiantes. Elles montrent le camp de concentration serbe
de Trnopolje,
en Bosnie, où ces nouveaux nazis exterminent les Bosniaques musulmans qu'ils ont capturés. Voyez ce pauvre
prisonnier au visage émacié, aux côtes saillantes, affamé... Voyez ces barbelés... C'est Auschwitz au cœur des Balkans, à la
fin du 20ème siècle. Allez-vous tolérer que de telles horreurs se produisent à quelques centaines de kilomètres de chez vous ?...
Que fait le gouvernement ?... Que fait l'Europe ?... Et l'OTAN, et l'ONU ?... Qu'attendent-ils pour mettre fin à ce
cauchemar ?...
Saine réaction - exactement la réaction attendue... Pendant des années, dans le monde entier, la presse alignée entretient
soigneusement
l'indignation que soulève cette photo, sachant pertinemment qu'il s'agit d'une supercherie. En effet, contrairement aux
apparences, la "victime" bosniaque
ne se trouve nullement derrière les barbelés. Au contraire, c'est le photographe qui est derrière ceux-ci. Car Trnopolje
n'est pas un camp de concentration, mais un camp de réfugiés ouvert, où les gens se rendent volontairement car ils y
trouvent une certaine sécurité, et d'où ils peuvent repartir en toute liberté. Le fil barbelé en question n'entoure pas
le camp, mais une remise contenant des outils et du matériel qu'il faut protéger du vol; il a été tendu avant la guerre.
Et le photographe malhonnête se trouvait à l'intérieur de cet enclos - derrière les barbelés - quand il a pris le cliché.
A ce propos, il faut souligner le rôle particulier joué dans cette affaire par une autre agence de relations publiques,
Ruder Finn. Son directeur, James Harff, a expliqué après coup comment il avait réussi à
convaincre l'opinion juive américaine, pas très chaude pour l'aventure bosniaque : "En Croatie et en Bosnie,
l'antisémitisme n'est pas seulement un phénomène historique, il caractérise encore fortement le discours politique
contemporain. Les organisations et les intellectuels juifs avaient donc toutes raisons d'être hostiles aux Croates et aux
Bosniaques. Le défi pour nous a donc consisté à inverser cette tendance de départ. C'est ce que nous avons réussi
avec éclat lorsque le journal new-yorkais Newsday a fait état de Trnopolje. Nous avons sauté sur
l'occasion, et en un rien de temps, les Serbes étaient assimilés à des nazis aux yeux de l'opinion publique. Les médias
se sont mis à utiliser des expressions fortement émotionnelles, telles que 'épuration ethnique', 'camp de concentration',
etc., évoquant infailliblement l'Allemagne nazie, les chambres à gaz et Auschwitz."
BOSNIE - 1992 / 1994 / 1995 : LES MASSACRES DE SARAJEVO
Le 27 mai 1992, une explosion dans une rue de Sarajevo tue une vingtaine de personnes qui
faisaient la queue devant une boulangerie. Instantanément, les médias dénoncent
ce massacre dû, paraît-il, à un tir d'artillerie serbe. Bizarrement, on ne voit sur place aucun
impact d'obus, et les victimes elles-mêmes sont presques toutes serbes. Qui plus est, une
équipe de la télévision bosniaque musulmane
est aussitôt sur les lieux pour filmer les scènes d'horreur qui feront le tour du monde.
En fait, la tuerie est l'œuvre de miliciens bosniaques. But de la manœuvre : provoquer le
stationnement de
troupes étrangères dans le pays et obtenir un embargo international à l'encontre de Belgrade. Trois
jours plus tard, c'est chose faite. L'opération était préparée de longue date par les intervenants
occidentaux.
Ce qui a si bien fonctionné en 1992, sera répété deux ans plus tard. Le 5 février 1994, nouveau massacre
"serbe" sur un marché de Sarajevo : 68 morts, 200 blessés. Cette fois, CNN est sur les lieux. Et le 28 du
même mois, des chasseurs de l'OTAN abattent des avions serbes dans le ciel de Bosnie. C'est le premier
acte de guerre de l'Alliance Atlantique depuis sa fondation - mais pas le dernier.
Jamais deux sans trois : le 28 août 1995, même procédure qu'en 1994, même endroit. Il y a 37 morts. Le
motif de l'attentat : briser définitivement la résistance serbe en Bosnie et permettre à l'OTAN de dicter
ses conditions. En septembre, des bombardements alliés ont lieu sur diverses villes de la Republika Srpska.
En novembre,
débutent à Dayton, Ohio (USA) des "négociations" qui mettront fin à la guerre.
Dans les trois cas, le même scénario a produit les mêmes effets : choquer l'opinion publique, la
conduire à accepter, voire à réclamer, des mesures plus énergiques contre le "bourreau
de Belgrade" et ses "complices". Le manque d'originalité de la manœuvre ou le manque
d'imagination de ses auteurs sont sans importance. Le coup du marché fonctionne toujours,
comme un bon vieux running gag.
BOSNIE - 1995 : LE "GÉNOCIDE" DE SREBRENICA
Peit retour en arrière.
Juillet 1995 : en Bosnie et en Croatie, la guerre s'éternise, détruisant des régions entières, paralysant
l'économie, tuant,
ruinant, chassant d'innombrables habitants - et apportant à quelques uns de confortables profits. Ce qui
n'est plus produit sur place, doit être importé; les armes et l'équipement militaire également. Mais un jour
ou l'autre, on atteint la limite de saturation, et il devient plus lucratif de reconstruire que de détruire
toujours plus ce qui est déjà détruit. C'est alors que les tireurs de ficelles de l'OTAN décident de renverser
la vapeur.
Dans un premier temps, ils ont prévu une intervention massive et directe de leur aviation afin de résoudre
définitivement le problème de la présence serbe en Croatie (Kraïna et Slavonie orientale). Les plans de
l'opération sont prêts; il ne manque plus que la "justification morale" qui permettra de les mettre en œuvre. Elle
sera fournie par l'affaire de Srebrenica, une enclave bosniaque musulmane en territoire serbe.
Les combats ont fait rage dans cette région. Il y a eu, des deux côtés, d'innombrables morts depuis trois ans.
Mais en 1995, l'OTAN se met à compter à haute voix les victimes musulmanes. Et il ne s'agit pas de victimes
"normales", comme il y en a dans toutes les guerres, mais de civils massacrés - par les Serbes, évidemment.
Leur nombre croît et croît sans cesse. Le Tribunal International de La Haye, un organe à la solde de l'OTAN,
se saisit de l'affaire.
On prépare l'acte d'accusation : 7500 morts, ça ira ?... Très bien... On connaît les responsables, les chefs
d'accusation. Il ne manque plus que les preuves et ... les corps des victimes. On cherche et on en trouve
600. Ce n'est pas assez. Puisqu'on a déjà ameuté le monde entier avec ce "génocide", ces "atrocités", "les
pires qui aient été commises depuis 1945", il faut présenter du concret.
On se remet à chercher fébrilement, en vain. Finalement, on déclare que si les 7000 cadavres annoncés
restent introuvables à Srebrenica ou dans les environs, c'est que les Serbes les ont cachés. Ce qui
constitue une preuve supplémentaire de leur infamie. Résumons : si vous avez un assassin
présumé et pas de victime, c'est que ce salaud a fait disparaître le corps - il est donc doublement
coupable... Et il paraît que le Tribunal de La Haye est composé de juristes. Brrrr...
Enfin, peu importe... L'incessante propagande anti-serbe, le bourrage de crânes,
le lavage de cerveaux, produisent leur effet. Début août, l'indignation est à son comble. On peut
donner le feu vert.
En l'espace de quatre jours, les Croates "reconquièrent", avec l'aide de l'OTAN, l'ensemble des
territoires convoités et en chassent près de 400.000 Serbes - un record en matière d'épuration ethnique.
Les quelques 5 % d'indésirables qui demeurent en Croatie perdent tous leurs droits, car Zagreb ne reconnaît
pas les minorités nationales de moins de 8 %. Très pratique...
KOSOVO - 1999 : LE "MASSACRE" DE RACAK
Trois ans plus tard, c'est le Kosovo qui est au menu des Occidentaux. Début janvier 1999, les séparatistes albanais redoublent
d'ardeur pour obtenir le détachement de leur province de ce qui
subsiste encore de la Yougoslavie. La tension reprend de plus belle.
Le 15, la police serbe, accompagnée d'observateurs de l'OSCE et d'un team vidéo de l'Associated Press, entre
à Racak,
un village tenu par l'UCK. Il y a une fusillade; quinze combattants albanais sont tués et de nombreuses
armes
saisies. Puis les Serbes quittent Racak avec les étrangers.
Le lendemain, l'UCK fait visiter le village à d'autres journalistes. William Walker, chef de la mission de l'OSCE, les
accompagne. On
montre à la presse une fosse contenant les cadavres de 45 "civils sauvagement massacrés par les Serbes". La nouvelle
du "massacre"
fait le tour des médias, est reprise par l'OTAN et tous les gouvernements occidentaux, qui dénoncent
ce "crime contre l'humanité" et la "barbarie de Milosevic".
Bill Clinton, à la Maison Blanche, est particulièrement indigné. Il nous révèle tous les détails. Et naturellement, tout le monde le
croit, puisqu'il ne ment jamais.
Mais les journalistes et les observateurs présents la veille à Racak ont des doutes et se demandent d'où viennent tous
ces cadavres. Les "témoignages" albanais ne concordent absolument pas avec ce que les étrangers ont vu le jour précédent. De
toute évidence, l'UCK, avec la complicité de Walker, a rassemblé tous ses morts de la région, leur a enfilé des vêtements civils,
qui bien souvent ne correspondaient pas à leur taille, et les a exposés à la vue des journalistes. A l'endroit où ils ont été "fusillés",
on ne retrouve ni douilles, ni sang. Walker, qui a été diplomate en Amérique centrale, y a aussi "travaillé" pour la CIA,
couvrant les meurtres des Contras au Nicaragua et des escadrons de la mort au Salvador.
Mais tout cela, bien sûr, l'opinion publique l'ignore. Elle subit le matraquage incessant des médias alignés. Deux
mois plus tard, le monde
crédule est mûr pour la "guerre humanitaire" de l'OTAN (bombardement de la Yougoslavie, puis occupation
du Kosovo).
En janvier 2001, une équipe d'experts légistes finlandais confirme qu'il n'y
a pas eu de massacre à Racak, mais le mal est fait depuis longtemps. La dernière en date des mystifications anti-serbes de
cette longue
guerre de démantèlement de la Yougoslavie rappelle étrangement
Gleiwitz (voir plus haut).
Voir également notre page sur la
Yougoslavie.
-
USA - 2001 : LES ATTENTATS DE NEW YORK ET DE WASHINGTON
S'agit-il là aussi d'une provocation, d'une mystification - la plus gigantesque, la plus monstrueuse de toutes ?
Que sait-on au juste des attentats du 11 septembre ? Comment séparer le vrai du faux, les faits avérés de la
désinformation ? La
version officielle des événements contient tant de
contradictions et d'absurdités, qu'il est impossible de l'accepter à moins de sombrer dans la candeur et l'aveuglement
idéologique les plus complets.
Mystères du Pentagone
On sait que deux des avions (AA 11 et UA 175) ont percuté les tours du World Trade Center et qu'un
troisième (UA 93) s'est écrasé en
Pennsylvanie - peut-être victime d'un tir de missile. On ignore par contre comment s'est terminé le vol AA 77.
Une chose est sûre : l'avion n'a pas pu s'abattre sur le
Pentagone. Aucune photo, aucun témoignage visuel ne le prouve. Au contraire, les quelques photos disponibles
démontrent qu'il n'en est rien -
lire les détails à la rubrique Les mystères de l'attentat contre le Pentagone.
Une explication plausible serait que l'appareil en question, après avoir été pris en chasse par les F 16, ait été abattu
au-dessus de l'océan qui ne se trouve qu'à une centaine de miles de là (un quart d'heure de vol). Les dégâts causés au
Pentagone seraient dus à une bombe, à une voiture piégée ou à un missile. On peut d'ailleurs se demander s'il y a
vraiment eu 125 victimes comme le prétendent les autorités. La liste officielle est invérifiable, contrairement à celle de New York.
Washington et Pennsylvanie : bavures ?...
Il est possible que les opérations AA 77 (Washington) et UA 93 (Pennsylvanie) ne se soient pas déroulées comme prévu.
On ignorera sans doute toujours le fin mot de l'affaire - comme on ignore encore presque tout aujourd'hui des dessous de l'assassinat
du président Kennedy, survenu en 1963.
Même si la chose ne s'est pas produite, peut-être était-il prévu que le Boeing des American Airlines percute vraiment le Pentagone. Ou que celui de
United touche le Capitole ou la Maison Blanche. Des impondérables ont peut-être empêché le déroulement
normal du script diabolique imaginé par les tueurs, le "mini-attentat" perpétré contre le ministère de la guerre
n'étant qu'un pis-aller, un plan B déclenché en désespoir de cause. Le mystère reste entier.
... ou chaos intentionnel ?
Inversement, ce qui s'est passé le 11 septembre au-dessus de Washington et de la Pennsylvanie peut très bien
correspondre à un scénario préétabli. L'apparent
cafouillage aurait eu pour but d'entretenir auprès du public l'illusion de danger extrême menaçant le centre politique
et militaire du pouvoir, alors qu'en réalité celui-ci n'a pratiquement pas été touché, contrairement au secteur civil...
Terroristes à bord ?...
Si les quatre avions ont vraiment été détournés par des pirates de l'air, il est possible que les groupes impliqués
aient été manipulés par les services secrets qui leur auraient fourni toutes les facilités nécessaires pour organiser leur
action, passer les armes à bord des appareils, éviter les contrôles et contourner les mesures de sécurité. Croyant agir
pour la "bonne cause", les terroristes auraient en fait inconsciemment servi les intérêts de leurs "protecteurs" anonymes.
Comme il a été dit fréquemment, il n'était pas nécessaire de recruter quatre équipes complètes de kamikazes pour
mener à bien ces opérations. Il suffisait de disposer, dans chaque avion, d'un seul candidat au suicide, les autres participants,
même s'ils étaient prêts à sacrifier leurs vies, croyant sans doute effectuer un banal acte de piraterie aérienne offrant
de sérieuses chances de succès.
Les organisateurs des attentats auraient donc dû trouver quatre individus décidés à mettre fin à
leurs jours et capables de diriger des Boeing 757 ou 767. Les connaissances de base indispensables pour piloter des
appareils de cette taille ne s'acquièrent pas en quelques heures à bord d'un Cessna. En s'y
prenant bien, il est peut-être possible de trouver une personne remplissant ces deux conditions, ou à la rigueur de former au
pilotage de jets un aspirant au martyre. Mais en rassembler quatre ?... N'est-ce pas improbable - même pour les services
secrets les plus puissants du monde ? Les hommes dont on a prétendu qu'ils étaient aux commandes des Boeing ne savaient
pas piloter - les écoles où ils ont pris des leçons en ont témoigné. Rien ne prouve d'ailleurs qu'ils se trouvaient à bord. Les
listes de passagers des compagnies aériennes ne mentionnent pas leurs noms. Alors, qui étaient les mystérieux pilotes ?
Personne,
jusqu'à présent, n'a osé affirmer qu'il était possible de contraindre un pilote de ligne à lancer son avion contre un gratte-ciel...
... ou terroristes au sol ?
C'est ici qu'entre en jeu le "progrès" technique.
L'utilisation d'avions sans pilote, les fameux drones téléguidés
depuis le sol, n'a rien de nouveau en soi. Ces appareils de reconnaissance ou d'espionnage volant à haute altitude ont
déjà fait leurs preuves durant la guerre du Golfe (1991) et en Yougoslavie (1999) - bien qu'un ou deux exemplaires y aient été abattus.
Ce qui est nouveau, c'est le fait que de tels avions (Unmanned Aerial Vehicles = UAV) sont désormais en mesure
de décoller et d'atterrir par leurs popres moyens. Les constructeurs Teledyne Ryan Aeronautical et Northop Grumman
l'ont démontré en avril 2001 en inaugurant le premier vol entièrement indépendant d'un Global Hawk entre la
Californie et l'Australie.
Bien entendu, on ne sait que peu de choses sur ce système de téléguidage, mais il n'est pas
impensable qu'il ait été mis en œuvre le 11 septembre, à l'insu des équipages.
Avant de parler de science-fiction ou - comme dirait Télérama - de
complot interplanétaire,
il convient de se rappeler qu'une des mesures de sécurité proposées après les attentats
pour empêcher les détournements d'avions a été, précisément, l'utilisation d'un système d'atterrissage automatique.
Ce système existe dèjà, même s'il ne semble pas avoir été expérimenté pour un Boeing 757 ou 767*. Le but de la
manœuvre n'étant pas toutefois un atterrissage en douceur mais, au contraire, un crash spectaculaire, il n'était nullement
indispensable de fignoler la besogne.
* Webster Tarpley, dans son livre
La Terreur fabriquée
(pdf - 1,9 mo), pense que le crash du vol Egypt Air 990 New York-Le Caire (Boeing 767), survenu le 31 octobre 1999, est dû au système Global Hawk - répétition générale en vue du 11 septembre ?...
La piste du téléguidage a été examinée en détail par la journaliste américaine Carol A. Valentine :
Operation 911 : No Suicide
Pilots. Une hypothèse audacieuse, certes, mais qui mérite qu'on s'y arrête. La technologie Global Hawk permet
effectivement de se passer de kamikazes et de commandos armés. Les terroristes - américains - auraient donc trafiqué les quatre
avions et dirigé les attentats à distance. Dans le cas de la tour nord du World Trade Center, il est même possible que le Boeing
ait été purement et simplement remplacé par un avion Global Hawk.
On peut supposer que des professionnels capables de telles actions
savent éviter les situations gênantes. Et si une gaffe ou une bavure se produisent, ma foi, tant pis pour les témoins, si jamais il y en a...
Joe Vialls, un ingénieur en aéronautique vivant en Australie, va plus loin encore. Sur son site, il explique qu'un autre
système de téléguidage appelé
Home Run
équipe déjà les avions de ligne de nombreuses compagnies, et qu'il était parfaitement au point pour être utilisé
contre le WTC. (Joe Vialls analyse en outre d'autres questions touchant de près ou de loin le complot du 11 septembre :
le mystérieux appel téléphonique de Barbara Olson depuis un des avions détournés, la chaussure-bombe de Richard Reid, et même
le crash sur la Tour Pirelli de Milan en 2002, ou sur la Maison Blanche en 1994.)
Voir aussi cette très intéressante et très plausible
synthèse des événements du 11/9 -
par "Snake Plissken" (présentation : Carol Valentine).
Deux des sites les plus complets sur la question :
Serendipity -
Unanswered Questions
Qui sont les terroristes ?
Personne ne nie qu'il y ait eu conspiration le 11 septembre - c'est le cas dès que deux individus s'entendent pour
réaliser une action illégale. Mais même si des islamistes se sont
trouvés mêlés à cette conspiration, ce n'est sûrement pas parmi eux qu'il faut chercher les instigateurs.
Compte tenu des moyens mis en œuvre, les responsables ne peuvent se trouver que dans les plus hautes sphères de l'appareil
d'Etat américain (armée, services secrets, administration), elles-mêmes étroitement liées aux grands centres de décision de l'industrie
et de la finance.
Le président Bush était-il personnellement au courant de ce qui se
tramait, a-t-il participé activement au complot ? On peut en douter, vu la stupidité du personnage, propre à faire échouer
la plus élémentaire entreprise clandestine. L'attitude de l'homme "le plus puissant de la planète", à qui on venait apprendre
la nouvelle le 11 septembre à 9 h 05, alors qu'il se produisait devant des enfants de sept ans, est révélatrice à cet égard :
regard vide et inexpressif ("sombre" selon les chroniqueurs de la cour), incompréhension totale et absence de réaction -
le parfait abruti. Ce n'est qu'une demi-heure plus tard, après qu'un de ses conseillers lui ait expliqué ce qu'il convenait
de faire en pareille circonstance, que le pantin Bush a repris vie, annonçant dans une conférence de presse "improvisée"
ce que tout le monde savait déjà depuis 45 minutes. En fait, GWB a probablement été mis devant le fait accompli,
acceptant de jouer un jeu tout à fait à son goût. Tout crétin qu'il soit, il comprend vite où sont ses intérêts. C'est bien pour
cela qu'il a été choisi pour jouer le rôle de Mr. President, et pas seulement parce qu'il est le fils de son père.
On peut se demander s'il y a eu, le 11 septembre, un "coup d'Etat" interne, une "révolution de palais" à Washington. De toute
évidence, personne n'a été limogé, muté ou remplacé. Le putsch, si putsch il y a, a eu lieu bien avant, en décembre 2000,
avec la mise en
place - semi-légale - de la nouvelle équipe présidentielle. Les hommes clés de la nouvelle administration souhaitaient dès le
départ une politique extrêmement dure favorisant l'expansionnisme américain en Asie et ailleurs, l'étouffement à l'échelle
mondiale de
toute velléité de dissidence, la création d'un climat de tension permanente favorable au complexe militaro-industriel et à l'Etat d'Israël,
l'exaltation effrénée des "valeurs éternelles" les plus rétrogrades, l'abolition de libertés constitutionnelles, certes relatives
mais néanmoins gênantes, une restructuration sociale permettant un transfert accéléré des richesses du bas vers le haut, etc...
Un tel bouleversement politique n'est pas réalisable à brève échéance, à moins que ne survienne un événement tragique d'une
ampleur sans précédent, un Pearl Harbor du 21ème siècle, qui frappe l'opinion, la glace d'effroi, la paralyse, la conduise à
accepter tout et n'importe quoi. C'est fait depuis le 11 septembre. Quant à savoir qui au juste
a imaginé et organisé cet événement, qui l'a mis à exécution, qui est responsable, qui se doutait, qui était en dehors de la
conspiration, c'est une autre question.
Si quelqu'un est assez naïf pour penser que les cercles dirigeants américains auraient le moindre scrupule à "sacrifier" la
vie de leurs propres concitoyens, qu'il se reporte aux précédents évoqués plus haut.
Dans son article 11 septembre : quelques suppositions, Serge Thion donne
une analyse très détaillée et très plausible de ce qui a pu se passer ce jour-là.
Lire aussi cet article du Réseau Voltaire :
Rumsfeld connaissait à l'avance les plans du 11 septembre
et notre page sur le
complot préparé de longue date - tentative de synthèse.
LIBAN - 2006 : LA PROVOCATION D'AÏTA AL CHAAB
En juillet 2006, l'armée israélienne rêve d'en finir avec le Hezbollah, ce parti chiite libanais qui l'a profondément humiliée six ans plus tôt en l'expulsant du Liban après 18 ans de guérilla. Les sionistes, qui contrôlent plus que jamais la politique américaine et européenne et dominent sans partage les médias internationaux, ont prévu de déclencher une nouvelle guerre à l'automne. Après
l'Afghanistan,
l'Irak
et la Palestine,
ce sera le Liban, en attendant que vienne le tour de la Syrie et de
l'Iran.
Le 12 juillet, un détachement israélien viole la frontière libanaise près du village d'Aïta al Chaab, dans le sud-ouest du pays. Ce n'est pas la première fois ; des douzaines de provocations semblables ont déjà eu lieu auparavant sans réaction de la part du Hezbollah. Mais ce jour-là, à cent mètres de la la frontière, en territoire libanais, les Israéliens sont "accueillis" par les combattants de la Résistance ; ils perdent huit soldats et un char. L'état-major israélien, habitué à voir les Libanais accepter en silence tous ses caprices (y compris les violations permanentes de l'espace aérien),
ne s'attendait pas à une réaction aussi vive et aussi cuisante pour lui. Tel Aviv a donc le choix : encaisser en silence (ce n'est pas le style des sionistes) ou avancer de trois mois la nouvelle guerre.
Après une gifle aussi cinglante que celle d'Aïta al Chaab, la "riposte" devra être exemplaire. Car l'Etat d'Israël est un Etat justicier, tenant à la fois de Zorro et de l'ange exterminateur. Il incarne le Bien, dont c'est la raison d'être et le destin de pourchasser le Mal, en tous lieux et en tous temps - on est l'élu de Dieu ou on ne l'est pas. La "punition" sera donc terrible, biblique...
Israël peut se le permettre, puisque tous les moyens d'information et de désinformation de quelque importance sont à sa botte, avides de répéter les saints mensonges. Et gare à ceux qui oseraient s'écarter du droit chemin, bordé de part et d'autre par les pièges et les trappes de l'"antisémitisme" (ou du "judaïsme honteux", dans le cas des Juifs "dissidents").
On connaît
le reste...
Bien sûr, la provocation sioniste d'Aïta al Chaab n'en est qu'une parmi beaucoup d'autres dans la sinistre histoire de l'Etat voyou juif. La devise du Mossad est d'ailleurs By way of deception (par la ruse, par la tromperie) : tout un programme...
Israël est le symbole même de la mystification et de la provocation élevées au rang de principe politique. Comme dit le pacifiste israélien Reuven Moskovitz : "La politique de cet Etat est un gigantesque mensonge."
Aïta al Chaab a cependant montré les limites de l'arrogance israélienne. En poussant le Hezbollah à réagir trop tôt, les provocateurs ont finalement fait capoter leur projet de "guerre parfaite". S'ils avaient su se maîtriser, s'ils avaient attendu trois mois avant d'agir de la même façon, leur provocation aurait été parfaite. Quand on est trop sûr de soi, on finit par se tirer dans le pied...
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