HÉBREUX, JUIFS, ISRAÉLITES, ISRAÉLIENS

- BIBLE ET RÉALITÉ -





Les Hébreux     Israël, les Israélites et les Israéliens     Les Juifs
Judéens et Israélites     La Bible, reflet d'une époque
Mythes fondateurs et ancêtres fabuleux     Profil et programme
Emprunts du judaïsme aux grandes civilisations     Le rôle de l'archéologie
Ancien Testament et Talmud     Diaspora

Légende et réalité  (tableau chronologique comparatif détaillé)
En bref : Hébreux / Israélites / Judéens / Juifs dans l'Antiquité  (tableau)

Qui sont les Palestiniens ?    Qui sont les Juifs ?
Etat juif




Hébreux, Juifs, Israélites : est-ce la même chose ?  Oui et non...


LES HÉBREUX :

Dans la mythologie biblique, c'est une tribu qui vient du sud de la Mésopotamie (sud de l'Irak actuel) via Harran (sud de la Turquie) et qui s'installe dans le pays de Canaan (l'Israël-Palestine d'aujourd'hui) à l'époque des Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob), c'est-à-dire il y a environ 4000 ans (1800 ans après la création du monde). Après quelques siècles passés en Canaan, les Hébreux se réfugient en Egypte pour échapper à la famine et ne reviennent que plusieurs siècles plus tard, sous la conduite de Moïse (en traversant la mer Rouge à pied sec). Abraham lui-même n'est pas hébreu, mais il est à la fois l'ancêtre des Hébreux (par son fils Isaac) et celui des Ismaélites ou Arabes (par son fils Ismaël). Il est vénéré par les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). Abraham (Ibrahim) est censé reposer avec son fils Isaac et son petit-fils Jacob dans le Tombeau des Patriarches à Hébron (Cisjordanie).

Pour ce qui est de la réalité historique, on ne sait pas grand-chose des anciens Hébreux, sinon qu'il s'agissait d'anciens nomades sédentarisés. Aucune trace archéologique importante, aucun témoignage écrit de cette époque n'ont été trouvés pour illustrer leur existence. Les archéologues et historiens sérieux pensent que les Hébreux sont des Cananéens qui ont modifié leur mode de vie vers -1200 et se sont isolés dans les hautes terres du pays de Canaan (voir plus bas le tableau comparatif - colonne de droite).

Des anciens Hébreux, seule la langue a subsisté, d'abord comme langue parlée par leurs descendants supposés, puis comme langue morte évincée par l'araméen et réduite à un rôle liturgique, et enfin comme langue "ressuscitée" par le mouvement sioniste qui en a fait la langue officielle de l'Etat d'Israël.

Dans certains pays (Italie, Russie), on utilise le mot hébreu à la place du mot juif. L'expression Etat hébreu (pour Etat juif) est courante en français.


ISRAËL, LES ISRAÉLITES ET LES ISRAÉLIENS :

Israël, dans la mythologie biblique, c'est tout d'abord le nom donné par Dieu au patriarche Jacob (fils du patriarche Isaac et petit-fils du patriarche Abraham). Israël (ex-Jacob) est le fondateur de la nation israélite qui sera notamment à l'origine du royaume d'Israël, un royaume situé dans le nord du pays de Canaan. A partir de là, on emploie indifféremment le mot Israélites ou le mot Hébreux pour désigner ce peuple.

Au niveau de la réalité historique, on sait qu'un royaume d'Israël a existé dans le nord de Canaan (Samarie et Galilée - aujourd'hui nord de la Cisjordanie et nord d'Israël) avec pour capitale la ville de Samarie (au nord-ouest de Naplouse). Les premières traces historiques documentant l'existence de cet Etat remontent à -885 ; sa fin date de -724. Il fut conquis et "rayé de la carte" par les Assyriens (une des deux grandes puissances de l'époque, l'autre étant l'Egypte). Une partie de la population israélite fut alors déportée en Assyrie où elle s'intégra, une autre partie alla se réfugier dans le royaume voisin de Juda.

La Bible utilise aussi le terme Israël (dans des expressions comme fils d'Israël, enfants d'Israël, Dieu d'Israël, etc.) pour désigner l'ensemble des descendants du "peuple élu", non seulement les Israélites du nord mais aussi les Judéens (ou Juifs) du sud - voir plus bas.

Jusqu'à une période récente, le mot israélite était employé en français comme synonyme de juif.

Quant au mot israélien, il se rapporte toujours à l'Etat d'Israël de l'époque actuelle.


LES JUIFS :

Le mot vient de Juda, un des douze fils du patriarche Jacob-Israël dans la mythologie biblique (chacun de ces fils a donné naissance à une des douze tribus d'Israël). Juda désigne aussi un royaume (à la fois biblique et réel) situé dans le sud du pays de Canaan, avec pour capitale Jérusalem. Ses habitants sont les Judéens.

Le royaume historique, dont les origines assez obscures remontent à environ -800, a cessé d'exister en -587, lorsque les Babyloniens (Nabuchodonosor) conquirent Jérusalem, détruisirent le temple dit "de Salomon" et déportèrent un quart de la population à Babylone (beaucoup moins selon certaines sources). Cinquante ans plus tard, après la prise de Babylone par les Perses (Cyrus II), une partie des Juifs exilés revint à Jérusalem (entre-temps capitale de la province perse de Yehoud) et fit reconstruire le temple. Leur pouvoir religieux, toléré voire encouragé par les souverains perses, se renforça considérablement. C'est à peu de choses près à cette époque que l'essentiel de la Bible hébraïque* (l'Ancien Testament des chrétiens) prit sa forme définitive.

* La première mention des textes bibliques par un observateur étranger remonte aux environs de l'an -300. Elle est due à Hécatée d'Abdère, un philosophe et historien grec.

Dans les siècles suivants, la province (désormais appelée Judée) fut successivement dominée par les Grecs (Alexandre le Grand de Macédoine, les Ptolémées d'Egypte, les Séleucides de Syrie) puis par les Romains. De -141 (après le soulèvement des Maccabées contre les Séleucides) à -63 (conquête romaine), il y eut un royaume juif indépendant en Judée.

A l'origine, le mot juif signifie judéen. Plus tard, il sera synonyme d'hébreu ou israélite.

De nos jours, il désigne une religion ou une appartenance ethnique (véritable ou supposée). Est juif celui qui se considère comme tel et/ou celui qui est accepté comme tel par les autorités religieuses juives ou l'administration israélienne. (A l'époque nazie, était juive toute personne que les nazis considérait comme telle. On pouvait devenir juif contre son gré.)

Un juif (avec une minuscule) est un adepte de la religion (comme un musulman ou un chrétien). Un Juif (avec une majuscule) est un ressortissant du groupe ethnique ou national (comme un Arabe ou un Français).

Les sionistes ne font pas la distinction. Pour eux, un Juif est toujours un juif et un Israélien en puissance - et un sioniste, cela va de soi. Tout ce qui s'écarte de ce schéma rigide est automatiquement "antisémite".

Qu'est-ce qu'un sémite ?


JUDÉENS ET ISRAÉLITES - UNIS OU DÉSUNIS ?

Selon la légende biblique, le royaume nordiste d'Israël et son homologue sudiste de Juda seraient apparus vers -930, après la mort du roi Salomon, héritier et continuateur de l'Etat unifié de David. Les archéologues et historiens Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman ont prouvé dans leur livre La Bible dévoilée (2002) qu'un tel royaume unifié n'a jamais existé.* D'autres auteurs pensent même que ces deux personnages sont purement légendaires. Il y a de fortes chances pour que cela soit vrai, vu qu'aucune des grandes civilisations de cette époque n'en fait mention, si ce n'est de manière vague et indirecte, en évoquant d'autres rois qui se disent "de la Maison de David".

* Finkelstein et Silberman estiment que le premier Etat d'Israël ne s'est formé que vers -885. Les premiers rois israélites dont on puisse confirmer l'existence sont les Omrides (Omri et son fils Achab). Le royaume de Juda n'a été créé qu'environ un siècle plus tard. Ces deux entités ont été mises en place par les descendants des Hébreux. En ce sens, si l'on veut, il y a eu "scission"... non pas d'un royaume imaginaire mais tout simplement d'une peuplade de l'époque préhistorique.

Finkelstein et Silberman expliquent de manière tout à fait plausible comment les deux royaumes rivaux d'Israël et de Juda, à défaut de réaliser leur unité politique, ont réussi à unifier leurs mythes et leurs religions, avant de les transcrire dans la Bible hébraïque. C'est la chute du royaume nordiste, en -724, qui a permis ce rapprochement des "frères ennemis". A partir de cette date, Juda demeure encore, pendant plus d'un siècle, un royaume relativement indépendant, tiraillé entre l'Egypte d'un côté, et l'Assyrie ou Babylone de l'autre (le roi judéen Josias sera tué à Megiddo, dans une bataille l'opposant aux Egyptiens). Durant cette période, Juda prend le dessus sur les Israélites du nord, privés d'Etat, vaincus, affaiblis et déplacés, et finit par les intégrer. Les deux groupes se mélangent et deviennent ce qu'on pourrait appeler "les Juifs d'Israël". La théologie judéenne finit par s'imposer.

C'est sous le règne de Josias (639-609 avant J.C.) que naît l'idée d'un Israël uni (et non des siècles ou des millénaires auparavant comme le veut la légende). C'est aussi là que la religion juive s'unifie et devient monothéiste. (Contrairement à une opinion courante, ce ne sont pas les Juifs qui ont "inventé" le monothéisme, ou culte du dieu unique, mais les Egyptiens, sous Akhénaton, au 14ème siècle avant notre ère, soit 700 ans plus tôt.)

Durant ces quelque 130 années de prospérité relative du royaume de Juda, entre l'arrivée des Israélites et la chute de Jérusalem (de -724 à -587) sera commencée, sinon la rédaction de la Bible, du moins la mise en forme de son contenu. La rédaction proprement dite, pensent divers auteurs, ne débutera qu'avec la chute de Jérusalem et l'exil à Babylone. Exil doré, quoi qu'on en dise, pour les élites juives qui seront bien traitées par les vainqueurs et auront tout loisir de découvrir une civilisation bien en avance sur la leur.


LA BIBLE - REFLET DE L'ÉPOQUE OÙ ELLE A ÉTÉ CONÇUE :

La Bible dévoilée montre clairement que le texte de l'Ancien Testament reflète de nombreuses préoccupations politiques et données socio-économiques propres au Canaan des 8ème et 7ème siècles, lesquelles sont tout simplement projetées dans le passé. Les anachronismes qui en résultent sont difficiles à repérer pour un lecteur de l'époque actuelle.

Ainsi, par exemple, les Hébreux du 20ème siècle avant J.C. possèdent des chameaux (signe extérieur de richesse), alors que ces animaux n'ont été domestiqués que mille ans plus tard. Or c'est précisément durant les 8ème et 7ème siècles que le commerce des épices et de l'encens transportés par caravanes depuis l'Arabie jusqu'aux ports de la Méditerranée, devient particulièrement lucratif et déterminant pour la vie économique de la région, rappellent Finkelstein et Silberman.

De même, les rivalités bibliques des deux frères Jacob et Esaü renvoient aux confrontations du 8ème siècle entre Judéens et Israélites.

Ou encore : les Philistins, adversaires des Judéens/Israélites du 8ème siècle, sont présentés comme les ennemis d'Isaac (vers -1800), alors que ces mêmes Philistins ne sont arrivés en Canaan que vers -1200.

Finkelstein/Silberman écrivent aussi, a propos de la conquête de Canaan par Josué (-1200 selon la légende) : "L'indice le plus probant que le livre de Josué fut bien écrit au VIIe siècle nous est fourni par la liste des villes appartenant au territoire de la tribu de Juda. Cette liste correspond exactement aux frontières du royaume de Juda sous le règne de Josias."  De même, le déroulement de la campagne de Josué est calqué sur les obsessions stratégiques de Josias, soucieux de récupérer les territoires du nord perdus par les Israélites.

Autre parallèle : "Le style littéraire dans lequel est formulée l'alliance passée entre Yahvé et le peuple d'Israël dans le Deutéronome (cinquième livre) ressemble de façon frappante à celui des traités assyriens de vassalité du début du VIIe siècle avant J.C., qui énuméraient les droits et les devoirs des peuples sujets envers leur suzerain (dans le cas présent Israël et Yahvé)."

On pourrait ainsi multiplier les exemples...

Les premiers livres de la Bible hébraïque (en particulier les cinq premiers qui forment la Torah ou Pentateuque) ont été composés par des Judéens. Il est donc évident que l'image qu'on y donne des Israélites n'est pas très flatteuse*. Jérusalem, la capitale du sud (en réalité une petite bourgade sans importance), devient dans la légende une ville au passé glorieux, choisie entre toutes par le fabuleux David. Josias, en prenant David pour ancêtre, se transforme lui-même en nouveau David.

Juda sous Josias, c'est pour ainsi dire le retardataire, l'outsider parmi les tribus se réclamant d'Israël, qui se fixe pour mission de les unifier toutes afin de prouver au monde qu'il est le meilleur. Deux outils pour y parvenir : une exploitation habile de la situation géopolitique du moment et une offensive idéologique de dimensions... bibliques.

* Dans son livre Comment le peuple juif fut inventé, Shlomo Sand écrit : "Les auteurs de la Torah, monothéistes judéens, détestaient les souverains d'Israël, mais n'en étaient pas moins jaloux de leur puissance légendaire et de leur splendeur. Aussi avaient-ils adopté sans hésitation le nom prestigieux d'Israël, qui était probablement auréolé de son ancienneté, sans pourtant cesser un instant de mettre en exergue et de dénoncer les péchés religieux et moraux de ces derniers." ("Puissance", "splendeur", "prestige" et "ancienneté" au niveau strictement local, bien entendu - n'exagérons rien...)


MYTHES FONDATEURS ET ANCÊTRES FABULEUX :

Pour rehausser leur prestige, les fondateurs d'empires et de dynasties ont toujours cherché à se donner des aïeux illustres, voire divins. Au besoin, lorsque la référence n'était pas encore évidente et connue de tous, on la fabriquait de toutes pièces ou on gonflait démesurément un fond de vérité. C'est ce qu'ont fait, par exemple, Otton III (un des premiers souverains du Saint-Empire romain germanique) et le pape Sylvestre II aux alentours de l'an 1000, en "reconstituant" un prodigieux empire carolingien qui n'avait en fait jamais existé, comme l'a montré l'historien allemand Heribert Illig dans son livre Das erfundene Mittelalter (Le Moyen-Age inventé - 1996 - ne semble pas avoir été traduit en français - cet article de François de Sarre s'en fait l'écho : Charlemagne : un héros de légende).

Les prêtres et lettrés judéens/israélites avaient fait la même chose seize siècles plus tôt.

Comme le constatent Finkelstein/Silberman, la Bible hébraïque résulte d'une "accumulation progressive de contes et de légendes" et de "leur incorporation finale dans une chanson de geste unique et cohérente porteuse d'un message théologique précis". Elle a été conçue comme "une étape importante dans la création d'une identité panisraélite". (En remplaçant théologique par politique et panisraélite par paneuropéenne, on obtient une saisissante caractérisation du mythe de Charlemagne - un des principaux, avec le mythe biblique, qui soit encore largement tenu pour vrai à notre époque.)

Pour ce qui est du mythe biblique, même des ouvrages sérieux n'hésitent pas à nous le vendre pour ce qu'il n'est pas. Un exemple entre cent : l'Atlas historique publié dans les années 1980 sous la direction de l'historien Georges Duby (professeur au Collège de France, membre de l'Académie française) affirme que "les Hébreux, après leur sortie d'Egypte, s'emparent de la terre de Canaan, 'où ruissellent le lait et le miel' (Deutér., XXVI,9)". C'est un peu comme si un historien respecté venait nous parler de dragons à propos de la Chine antique.

Les contemporains de Josias ne savaient finalement pas grand-chose sur leurs origines. Qu'ils aient eu recours à une fable pour les expliquer, est une démarche tout à fait banale pour l'époque. Ce qui est étonnant, c'est qu'on les suive encore sur ce terrain 26 siècles plus tard. Le mythe fondateur israélien est si profondément enraciné dans les esprits, que les auteurs de La Bible devoilée doivent s'entourer de mille précautions lorsqu'ils développent leur argumentation. Et leurs "découvertes" (il n'y a pas eu de Patriarches, ni de sortie d'Egypte, ni de conquête de Canaan, ni de royaume unifié de David et Salomon, ni d'architecture monumentale à Jérusalem) sont encore considérées un peu partout comme un signe de "révisionnisme" ou un nouvel avatar de la "théorie du complot".

Il faut reconnaître que l'enjeu est considérable pour les sionistes : si le mythe biblique s'effondre, c'en est fait de leurs fameux "droits ancestraux" sur la terre de Palestine. Le mot Palestine est d'ailleurs dérivé du mot Philistins : en arabe, Palestine se dit Filastine (فلسطين). Les Philistins*, ce "peuple de la mer" établi en Canaan vers le 12ème siècle avant J.C., sont au moins aussi anciens dans la région que les Hébreux - à moins qu'on ne veuille assimiler à ceux-ci les Cananéens dont ils sont issus. Les affrontements séculaires probables entre Hébreux et Philistins (ne parlons pas des autres ethnies présentes dans la région) sont passés dans l'imaginaire collectif et ont généré la légende de David et Goliath.

* Au 19ème siècle, pour les Européens, le mot philistin était une insulte, synonyme de personnage ignorant, inculte et grossier (comme le mot béotien). Le mot juif avait lui aussi un sens très péjoratif (un homme malhonnête, avare et cupide).


PROFIL ET PROGRAMME :

PETIT MAIS FORT - TOUJOURS DANS SON DROIT - À LA FOIS VICTIME INNOCENTE ET CONQUÉRANT IMPLACABLE - MODÈLE DE SAGESSE ADMIRÉ DANS LE MONDE ENTIER - FIER DE SA PURETÉ RACIALE ET RELIGIEUSE

Si la Bible hébraïque est si prisée des Israéliens du 21ème siècle, c'est qu'elle contient à l'état brut toutes les fables et tous les sophismes de l'idéologie sioniste. David, petit mais rusé, vient à bout, grâce à sa brillante intelligence, du gigantesque et terrifiant Goliath - peu importe que le "petit David" soit en fait soutenu à bout de bras par l'Amérique et l'ensemble du monde occidental, peu importe qu'il possède les armes de destruction massive les plus sophistiquées, peu importe qu'il contrôle étroitement l'appareil de propagande et de désinformation de l'univers globalisé, peu importe que le Goliath arabe ne soit qu'un "tigre de papier"...

Les pauvres Hébreux, tenus en esclavage par le cruel pharaon, au lieu de se révolter comme on pourrait s'y attendre, prennent la fuite sous la conduite de Moïse. Ils sont 600.000 hommes, soit au moins 2.000.000 de personnes en comptant les femmes et les enfants, mais aucune chronique égyptienne ne fait état de cet exode de masse touchant plus de la moitié de la population du pays. Arrivés en Canaan après avoir erré quarante ans dans le désert (sans laisser aucune trace), ils se mettent à massacrer tout ce qui leur tombe sous la main, ils exterminent un peuple qui ne leur a rien fait, pour se venger des injustices infligées par une autre nation. (L'avocat américain Robert Ingersoll a analysé, il a plus d'un siècle, la barbarie des mythes bibliques.) Depuis des décennies, cette barbarie, présentée sous un jour héroïque et vertueux, est reportée sur les Palestiniens et trouve sa "justification" dans les persécutions nazies (plus réelles il est vrai que les persécutions égyptiennes).

Dans le livre de Josué, la conquête de Canaan, aussi brutale soit-elle, est tout ce qu'il y a de plus "juste". Car cette terre appartient de plein droit aux Hébreux, bien qu'ils l'aient quittée 450 ans plus tôt. Peu importe - comme on dit aujourd'hui : "Once Jewish, always Jewish" - ce qui est juif un jour, le reste toujours...

Et pour compléter le tableau idéal du nettoyage ethnique en "Terre promise", les auteurs de la Bible envoient leurs héros israélites anéantir implacablement tout ce qui reste de civilisation cananéenne ou philistine dans les limites ou à la périphérie de leur royaume. Il y a 26 siècles, c'était prendre ses désirs pour des réalités ; à présent, il y a "Tsahal".*

* A propos de l'influence de l'Ancien Testament sur la politique actuelle de l'Etat terroriste juif, le musicien de jazz Gilad Atzmon, Israélien antisioniste vivant à Londres, écrit en août 2006, pendant l'agression d'Olmert contre le Liban : "Israël est une réincarnation collective dévastatrice du Samson de la Bible... Israël est une réédition de ces monstres qui massacrent femmes, enfants et vieillards et se grisent de représailles aveugles et arbitraires, monstres tellement récurrents dans la Bible que cela en devient lassant...  Il faut prendre conscience du fait que le comportement israélien est le summum de la barbarie biblique, après quoi il n'y a plus que le cannibalisme..."


Comme Samson, mais avec moins de cheveux,
le fou furieux de Tel Aviv veut la guerre totale
(dessin de Carlos Latuff)

Autre produit né de l'imagination fertile des rédacteurs de la Bible : la sagesse infinie de Salomon, ce grand homme que le monde entier admire (à commencer par la mythique reine de Saba). L'Israël sioniste du 21ème siècle y voit un aspect incontournable de son image de marque. Quel dommage que personne, parmi "les nations", ne reconnaisse cette qualité - pas plus que les contemporains supposés de Salomon n'ont enregistré son "existence".

Enfin, s'il est une chose dans la Bible que les sionistes admirent par-dessus tout, c'est bien l'aspect raciste et hégémonique de la doctrine propagée par les fanatiques de Juda. En particulier la dénonciation de "l'idolâtrie" telle qu'elle est pratiquée par leurs voisins israélites du nord (c'est-à-dire la tolérance vis-à-vis des autres religions) et la condamnation sans appel de cette ouverture d'esprit qui conduit à "diluer son sang" en épousant des "étrangères" (le roi Achab avait pris pour femme une princesse phénicienne).* C'est là que le culte du ghetto, l'horreur de l'assimiliation et le sentiment de supériorité vis-à-vis des goyim trouvent leur source.

* Finkelstein/Silberman, dans leur livre, citent un autre passage de la Bible (Esdras 10 , 9-16), dans lequel le prêtre Esdras, de retour à Jérusalem après un séjour prolongé à Babylone, rassemble les hommes de Juda rentrés depuis longtemps (ou jamais partis) et les exhorte à abandonner leurs "abominations" : "Rendez grâce à Yahvé, le Dieu de vos pères, et accomplissez sa volonté en vous séparant des peuples du pays et des femmes étrangères."  Ou, en langage moderne : pratiquez l'apartheid et la xénophobie - soyez sionistes. Par bonheur, des dizaines de millions de Juifs, au cours des âges, n'ont pas suivi cette consigne débile et se sont intégrés à leurs semblables.


EMPRUNTS DU JUDAÏSME AUX GRANDES CIVILISATIONS DE L'ANTIQUITÉ :

  • Le monothéisme juif a été inspiré par le culte d'Aton (dieu suprême et unique) instauré en Egypte vers -1360 par Aménophis IV/Akhénaton et Néfertiti, puis abandonné quelque temps plus tard. Le zoroastrisme perse avec son dieu unique Ahura Mazda, dont les racines remontent aux 10ème-9ème siècles avant J.C., a également influencé les auteurs de la Bible, de même que le culte babylonien de Mardouk, qui sans être parfaitement monothéiste n'était pas très éloigné de cette forme de croyance.

    Dans la religion juive, il y avait à l'origine deux divinités suprêmes : Yahvé* alias Jéhovah (pour les Judéens) et El ou Elohim (pour les Israélites). Or El se retrouve chez les Cananéens et chez les Phéniciens ; c'est le père de Baal (qui deviendra, dans la Bible, le prototype du "faux dieu"). On voit que l'idée du dieu unique signant un contrat avec son peuple unique ne s'est pas imposée dès le départ.

    * Avant que Yahvé ne devienne leur seul et unique dieu, les Judéens vénéraient aussi son épouse, la déesse Ashérah, ainsi que diverses autres divinités célestes incarnant le soleil, la lune et les étoiles (sans compter les dieux des autres peuples). L'introduction du monothéisme a renforcé le pouvoir politique de ses partisans en supprimant progressivement la concurrence résultant de la pluralité. Les raisons profondes de cette réforme sont davantage d'ordre matériel que spirituel.

    Le monothéisme juif est différent des monothéismes chrétien ou musulman qui s'établiront après lui, en ce sens qu'il est réservé au seul "peuple d'Israël". Les autres peuples - indignes par définition - ne sont pas admis à le pratiquer. Le christianisme et l'islam sont des religions monothéistes universelles, ouvertes à tous les humains sans distinction d'origine ethnique. Le monothéisme juif, lui, se distingue par un sectarisme aussi élitaire qu'archaïque.


    Une citation intéressante, tirée du roman de politique-fiction 1984, de George Orwell : "Les anciens Hébreux savaient - et ne savaient pas grand-chose d'autre - que toutes les nations autres que la leur adoraient de 'faux dieux'. Ils n'avaient pas besoin de savoir que ces dieux s'appelaient Baal, Osiris, Moloch, Ashtaroh et ainsi de suite... Moins ils les connaissaient, mieux cela valait pour leur orthodoxie. Ils connaissaient Jéhovah et les commandements de Jéhovah. Ils savaient, par conséquent, que tous les dieux qui avaient d'autres noms et d'autres attributs étaient de faux dieux."

  • La création du monde, Eve issue de la côte d'Adam, l'Eden, le fruit défendu, le déluge, l'arche de Noé, Moïse sauvé des eaux, les dix commandements, le livre de Job, le cantique des cantiques, les lamentations de Jérémie, etc. etc. : tout cela a été copié sur des légendes sumériennes dont les Assyriens et les Babyloniens sont les héritiers. (La civilisation mésopotamienne de Sumer - dans le sud de l'Irak actuel - remonte à près de 4000 ans avant notre ère.) On ignore si toutes ces légendes étaient déjà connues des Juifs avant le 6ème siècle ou si, au contraire, elles ont été découvertes et assimilées par eux durant leur séjour forcé à Babylone (assez probable).  Plagiats des textes sumériens dans la Bible.

Il n'est absolument pas surprenant qu'un groupe national en cours de formation subisse les multiples influences de deux "superpuissances" établies à ses frontières. D'ailleurs, à cette époque, il n'y a pas vraiment de frontières, et encore moins d'Etats au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Tout est vague et instable. Les rois sont des roitelets ou des chefs de tribus, parfois investis du pouvoir religieux. Les royaumes, petits ou minuscules et sans réelle importance, sont presque toujours les vassaux des grands empires voisins.* Pour se donner une raison d'être et une justification, on copie à tour de bras ce que l'on a vu de mieux chez ses voisins. Que la Bible hébraïque ait vu le jour n'a rien d'étonnant. Qu'elle ait survécu aux tourments de l'histoire et à la disparition des civilisations qui l'ont inspirée, est déjà plus remarquable. Le christianisme puis l'islam, en prenant le relais, ont prolongé sa durée de vie de deux millénaires - et ce n'est pas fini...

La Bible deviendra-t-elle un jour ce qu'est devenue la Mythologie grecque ou la Saga nordique - un ouvrage monumental purement littéraire et sans aucune prétention historique ?  Personne ne demande aux enfants (et encore moins aux adultes) d'Athènes ou d'Oslo de prendre pour argent comptant tout ce qui figure dans les textes fondateurs de leurs nations respectives. Pourquoi les Juifs d'Israël et d'ailleurs, pourquoi des centaines de millions de non-Juifs de par le monde continuent-ils de se comporter comme les Grecs et les Vikings de l'époque archaïque ?

* Les cartes "historiques" de la région qui circulent aujourd'hui n'ont qu'un rapport lointain avec la réalité ; le plus souvent, elles ont pour fonction de fournir un alibi à l'occupation sioniste. Les territoires attribués ici à Israël et à Juda, en supposant qu'ils aient historiquement fait partie de ces deux royaumes, ne leur ont jamais appartenu très longtemps, et jamais en totalité. Si les sionistes se basent sur une telle carte pour revendiquer des "terres ancestrales" à présent libanaises, syriennes, jordaniennes et palestiniennes, on pourrait aussi bien, en France, s'appuyer sur une carte de l'époque napoléonienne pour réclamer la "restitution" de "départements" aujourd'hui belges, hollandais, allemands, suisses ou italiens.

Frontières fantaisistes :

Cette carte est censée représenter le Levant au 8ème siècle avant notre ère
(source : Wikipédia)

Jusqu'au 19ème siècle, il était pratiquement impossible à un scientifique soucieux de son avenir de proclamer à haute voix une théorie contredisant la légende biblique. Aucun géologue ne se serait permis d'affirmer que telle ou telle roche était antérieure à la Création du monde. Aucun historien n'aurait fait remonter la civilisation antique à une date précédant le Déluge. Lorsque Champollion, le déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens, s'aperçut vers 1820-1830 que bien des pharaons avaient vécu avant l'année fatidique (2350 avant J.C.), il dut malgré lui garder le silence.

Soit dit en passant, beaucoup de scientifiques du 21ème siècle ne sont pas moins conformistes que leurs "collègues" du 19ème, évitant eux aussi d'affronter de face le diktat de la pensée unique. Par commodité, par paresse intellectuelle ou par crainte de compromettre leur carrière, ils croient ou font semblant de croire aux âneries de notre époque : "nécessité" de faire la chasse au CO2, "big bang" originel d'il y a 14 milliards d'années (à peine différent du "fiat lux" de l'an -3761), pandémies sur commande, etc...


LE RÔLE DE L'ARCHÉOLOGIE :

Dans La Bible dévoilée, Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman écrivent : [Jusque dans les années 1970,] "les archéologues prenaient trop souvent les récits 'historiques' de la Bible au pied de la lettre. Au lieu de considérer les données archéologiques comme une source d'information indépendante, permettant la reconstitution de l'histoire de la région, ils persistaient à fonder l'interprétation de leurs découvertes sur le récit biblique - en particulier sur les traditions relatives à la naissance d'Israël... Vers les années 1970, de nouvelles tendances appparurent... Pour la première fois, les archéologues qui sondaient la terre biblique cessèrent de voir, en chaque découverte exhumée, une simple illustration de la Bible."

Malheureusement, ce nouveau regard sur "l'histoire biblique" est loin d'être partagé par tout le monde. Lorsque la fin justifie les moyens, il est facile d'ignorer les méthodes scientifiques sérieuses et de s'en tenir au charlatanisme pseudo-historique traditionnel sans lequel l'idéologie sioniste finirait par s'écrouler.

La politique de l'archéologie à Jérusalem-Est  par Yigal Bronner et Neve Gordon (sur le site de l'UJFP - Union Juive Française pour la Paix).  A Silwan, un quartier palestinien de Jérusalem, "l'archéologie est devenue une arme de dépossession". Sous prétexte de mettre au jour la mythique "Cité de David", les sionistes exproprient les non-Juifs et détruisent les traces de l'héritage culturel musulman.

Depuis longtemps, des fouilles plus ou moins illégales* et sauvages ont lieu à Jérusalem, à proximité de ce que les juifs appellent le Mont du Temple, c'est-à-dire le Mur des Lamentations et l'Haram es-Sharif ou Esplanade des Mosquées, où se dressent le Dôme du Rocher (mosquée d'Omar, construite en 691), le Dôme de la Chaîne et la mosquée Al-Aqsa (pour les musulmans, le troisième lieu saint après les sanctuaires de La Mecque et de Médine).

L'objectif des fanatiques sionistes est de raser les monuments islamiques qui s'y trouvent (éventuellement après avoir provoqué leur effondrement "naturel") et de reconstruire à leur place ce qu'ils appellent le Troisième Temple - le premier ayant été celui érigé, paraît-il, par le roi Salomon et détruit par Nabuchodonosor en 587 avant J.C. ; le deuxième ayant été construit en 515 avant J.C. et démoli par les Romains en 70 après J.C.

* En fait, comme le rappelle l'historien israélien Shlomo Sand, toutes les fouilles en territoire occupé sont illégales selon la loi internationale.

Les archéologues n'ont jamais découvert le moindre objet qui puisse être mis en relation avec Salomon et "son" temple. Les pièces présentées vers 2000-2003 comme preuves définitives de l'existence du grand roi, étaient en réalité l'œuvre de faussaires israéliens ; elles ne provenaient pas de fouilles mais avaient été acquises "sur le marché". L'arnaqueur Oded Golan, un des grands noms de cette industrie, a vendu à des mythomanes crédules la fameuse tablette de Joas, une pierre sur laquelle ce roi (le premier souverain avéré du royaume de Juda naissant, aux alentours de -800) décrit les réparations qu'il aurait fait effectuer dans le fabuleux temple. Comme par hasard, le texte miraculeusement "retrouvé" coïncide parfaitement avec ce qui est dit dans le Livre des Rois de l'Ancien Testament.  Golan a également "découvert" la grenade d'ivoire qui surmontait, selon lui, le sceptre d'un prêtre contemporain de Salomon. (Il est aussi à l'origine de l'ossuaire de "Jacques, frère de Jésus", mais là c'est la naïveté chrétienne qui est en jeu - une relique de plus ou de moins...)

Salomon ou pas, les "trésors" de l'antiquité hébraïque sont bien dérisoires en comparaison de ceux des grandes civilisations voisines, en particulier l'égyptienne. Pourtant, tout comme l'avaient fait les rédacteurs de la Torah, leurs prétendus descendants de l'époque moderne essaient à tout prix de prouver le contraire. Le nationalisme et le chauvinisme juifs ne sauraient se contenter d'un rôle secondaire.

Dans un pays où presque tout ce qui a trait au passé repose sur le mensonge, les chercheurs sérieux comme Israël Finkelstein ont bien du mal à se faire entendre face aux affabulateurs et aux escrocs.



La civilisation juive antique (pour autant qu'on puisse parler de civilisation),
n'a rien laissé de comparable aux civilisations voisines :


Pas de Pyramides de Gizeh comme en Egypte...



Pas de Porte d'Ishtar comme à Babylone...



Pas le moindre monument arrivant à la cheville
de la Khazneh de Pétra des Nabatéens.



Et même les modestes ruines de Gezer dont ils sont si fiers, datent de l'époque
du pharaon Thoutmosis III (15ème siècle avant J.C.), c'est-à-dire de l'ère cananéenne
pré-hébraïque (au moins 400 ans avant l'apparition des premiers Hébreux).

Quant aux ruines antiques plus substantielles, elles datent de l'époque romaine (Césarée par exemple).

Tout ce que les descendants autoproclamés des Hébreux/Israélites/Juifs présentent aujourd'hui
comme "leur" héritage, relève en fait de l'insignifiant, de l'imaginaire, de la falsification
ou a été purement et simplement "emprunté" à d'autres cultures.

L'objectif des imposteurs sionistes reste de détruire les monuments de la Jérusalem islamique
et de les remplacer par un "Temple de Salomon" conçu dans le style de Disneyland.



Et pourtant...

Le "vrai Temple" existe déjà à Orlando, en Floride.
Fans de Tsahalomon, allez-y et foutez la paix aux Palestiniens.


ANCIEN TESTAMENT ET TALMUD :

La Bible hébraïque n'est pas la seule référence idéologique ni la seule source de "justification historique" de l'Etat d'Israël dit moderne. Pour les sionistes, qu'ils soient croyants ou qu'ils ne le soient pas (la plupart du temps, ils ne le sont pas), le Talmud est au moins aussi important.

Ce recueil de commentaires religieux écrits tardivement (entre le 2ème et le 6ème siècle après J.C.) est même, par certains aspects, plus décisif encore que l'Ancien Testament car il influence de manière profonde et inéluctable la vie quotidienne en Israël - même si la grande majorité des Israéliens n'en a pas conscience. Des secteurs aussi essentiels que la morale et le droit en découlent directement.

Dans cet article paru dans Le Figaro, Yann Moix, écrivain qui se définit lui-même comme "juif par le cerveau", et apparemment très versé dans les questions religieuses, s'en prend à A.J. Jacobs, journaliste juif new-yorkais athée, auteur du best-seller L'Année où j'ai vécu selon la Bible. Moix écrit : "C'est dans le Talmud, et non dans la Bible hébraïque que se trouvent toutes les règles de la vie quotidienne et tous les rituels des juifs. C'était donc le Talmud qu'il eût fallu tenter de suivre à la lettre pour que l'entreprise de A.J. Jacobs ait un sens."  On ne saurait être plus clair.

Moix confirme non seulement que le Talmud va bien au-delà de la seule religion, mais fournit au passage, sans le vouloir, la clé de maint comportement énigmatique. Comme l'explique en effet l'auteur, par un paradoxe très talmudique, très juif, lire un texte "à la lettre", c'est l'interpréter le plus possible, l'enfermer le moins du monde, l'étendre à l'infini.

A travers le prisme du Talmud, toute promesse, tout contrat, tout traité deviennent ainsi sujets à caution, toutes les déformations sont admises. Mais le texte est toujours "respecté à la lettre".

Israël Shahak, professeur à l'Université Hebraïque de Jérusalem et rescapé des camps nazis (décédé en 2001), a longuement analysé les implications du Talmud dans son livre Histoire juive - Religion juive (1994 - pdf - 380 ko). Cet ouvrage est introuvable en librairie - on se doute pourquoi. Autre lien

Shahak, "Juif honteux" selon la définition sioniste, aborde sans complexes les aspects les plus sordides et les plus scandaleux du Talmud et fournit dans son livre des informations occultées presque partout ailleurs, notamment sur Wikipédia. (Cette encyclopédie en ligne est souvent très utile, mais dès que son contenu déplaît au lobby-qui-n'existe-pas, la censure entre en action - ce n'est plus Wikipédia mais Sionipédia.)

Un exemple entre cent, relevé par Israël Shahak : la prière du Kol Nidreï, récitée la veille du Yom Kippour par des millions de Juifs, consiste à déclarer par avance comme nuls et non avenus tous les vœux que l'on adressera à Dieu* au cours de l'année suivante. Quand la ruse et la tromperie sont permises et encouragées vis-à-vis de son propre dieu (un dieu bien naïf), on imagine ce que cela peut donner dans les relations avec les goyim.

* En fait, comme le signale un article paru le 7 octobre 2011 sur le site des "Patrons juifs de France" et rédigé par un initié, il ne s'agit pas seulement des vœux que l'on adressera à Dieu au cours des douze prochains mois. La prière annule aussi tous les autres mensonges, anathèmes, renonciations, engagements et serments de l'année écoulée comme de l'année à venir :  "Nous les rétractons ; qu'ils soient tous déclarés non valides, annulés, dissous, nuls et non avenus ; qu'ils n'aient ni force ni valeur ; que nos vœux ne soient pas regardés comme vœux, nos interdictions comme interdictions, ni nos serments comme serments."

De la sorte, un Juif qui prononce cette prière, a le droit de mentir - à Dieu et au monde entier - sans jamais être coupable de mensonge. Cela vaut pour tous les gens qui se considèrent comme juifs, y compris les non-croyants - et ils sont nombreux - qui fréquentent la synagogue une fois par an...  Et c'est bien sûr dans cette optique qu'il faut comprendre, par exemple, les promesses de paix faites par les Israéliens, les serments prêtés devant les tribunaux, l'attachement aux valeurs républicaines, ou tout simplement le respect d'engagements commerciaux.


Mais revenons au Talmud proprement dit. Dès 1894, le journaliste français Bernard Lazare, nationaliste juif présioniste, écrivait dans la préface de son livre L'Antisémitisme, son histoire et ses causes : [Si les juifs des premiers siècles de notre ère] "n'avaient eu comme livre sacré que la Bible, peut-être se seraient-ils fondus dans l'Église chrétienne naissante... Une chose empêcha cette fusion : ce fut l'élaboration du Talmud, la domination et l'autorité des docteurs qui enseignèrent une prétendue tradition."

Et l'auteur de poursuivre : "Ainsi, disaient les docteurs, le but de l'homme sur la terre est la connaissance et la pratique de la Loi, et on ne la peut pleinement pratiquer qu'en se dérobant aux lois qui ne sont pas la véritable. Le Juif qui suivait ces préceptes s'isolait du reste des hommes ; il se retranchait derrière les haies qu'avaient élevées autour de la Torah Esdras et les premiers scribes, puis les Pharisiens et les Talmudistes héritiers d'Esdras, déformateurs du mosaïsme primitif [la Loi de Moïse] et ennemis des prophètes. Il ne s'isola pas seulement en refusant de se soumettre aux coutumes qui établissaient des liens entre les habitants des contrées où il était établi, mais aussi en repoussant toute relation avec ces habitants eux-mêmes. A son insociabilité, le Juif ajouta l'exclusivisme."

"Sans la Loi, sans Israël pour la pratiquer, le monde ne serait pas, Dieu le ferait rentrer dans le néant ; et le monde ne connaîtra le bonheur que lorsqu'il sera soumis à l'empire universel de cette loi, c'est-à-dire à l'empire des Juifs. Par conséquent, le peuple juif est le peuple choisi par Dieu comme dépositaire de ses volontés et de ses désirs ; il est le seul avec qui la Divinité ait fait un pacte, il est l'élu du Seigneur. Au moment où le serpent tenta Ève, dit le Talmud, il la corrompit de son venin. Israël, en recevant la révélation du Sinaï se délivra du mal ; les autres nations n'en purent guérir. Aussi, si elles ont chacune leur ange gardien et leurs constellations protectrices, Israël est placé sous l'œil même de Jéhovah ; il est le fils préféré de l'Éternel, celui qui a seul droit à son amour, à sa bienveillance, à sa protection spéciale, et les autres hommes sont placés au-dessous des Hébreux ; ils n'ont droit que par pitié à la munificence divine, puisque seules les âmes des Juifs descendent du premier homme. Les biens qui sont délégués aux nations appartiennent en réalité à Israël."

Dans ces conditions, comme le dit la philosophe israélienne Ariella Atzmon, "la référence à une prétendue 'tradition judéo-chrétienne' révèle une tentative des juifs d'oublier et de faire oublier la différence absolue, sans fond, opposant le judaïsme et le christianisme... En tant qu'invention politique, le terme 'judéo-chrétien' masque le fait qu'il n'y a aucun principe compatible qui soit commun au judaïsme et au christianisme. Ces deux religions prônent en effet des valeurs éthiques totalement opposées, ainsi que des conceptions de Dieu et de l'être humain violemment antagonistes. De fait, toute l'histoire occidentale peut être narrée en référence au conflit éternel qui oppose ces deux religions."

Septembre 2011 - Gilad Atzmon parle de son livre « The Wandering Who ? » - interview réalisée par Silvia Cattori : "Certains éléments talmudiques de haine du goy se sont transformés en pratiques génocidaires dans le discours sioniste..."



DIASPORA :

An invention called "the Jewish people" - l'historien israélien Tom Segev commente ici When and How Was the Jewish People Invented ? (un livre de Shlomo Sand, historien israélien lui aussi, et professeur à l'Université de Tel Aviv).  Version française de l'article : Une invention appelée 'le peuple juif'. (Le livre de Shlomo Sand est paru en français, en septembre 2008, sous le titre Comment le peuple juif fut inventé.)

Selon l'historiographie traditionnelle, les Juifs ont été chassés de Palestine par les Romains entre 70 et 135 après J.C. Une petite partie d'entre eux a pu rester au pays. Tous les autres, devenus la diaspora (le peuple dispersé), ont survécu en milieu hostile durant dix-huit siècles, jusqu'à ce que la fondation de l'Etat d'Israël leur permette le retour en Terre promise.

Pour Shlomo Sand, la réalité historique est sensiblement différente (c'est Segev qui parle) :

Il n'y a jamais eu de "peuple juif", mais seulement une religion juive. On ne peut pas non plus parler d'exil (ni, donc, de retour)...  Les Romains n'ayant pas pour habitude d'exiler des nations entières, la plupart des Juifs ont pu demeurer en Judée. Le nombre total d'émigrés n'a pas dépassé quelques dizaines de milliers. Plus tard (au 7ème siècle), lorsque le pays fut conquis par les Arabes, beaucoup de Juifs se convertirent à l'islam et furent assimilés par le peuple conquérant. Il en résulte que parmi les ancêtres lointains des Palestiniens arabes d'aujourd'hui, on compte (aussi) de nombreux Juifs de l'Antiquité. Et il ne s'agit pas là d'une thèse élaborée par Shlomo Sand ; trente ans avant la création de l'Etat d'Israël, David Ben-Gurion, Yitzhak Ben-Zvi et quelques autres étaient déjà du même avis.

Si la plupart des Juifs n'ont pas été exilés, comment se fait-il qu'ils aient été si nombreux à s'établir dans presque tous les pays de la planète ?  Contrairement à l'opinion couramment répandue, le prosélytisme religieux a bel et bien existé chez les Juifs de la diaspora. C'est même la seule façon d'expliquer que les quelques dizaines de milliers soient devenus, au cours des siècles, des millions et des millions de par le monde.

Conséquence : les Juifs du 21ème siècle sont en réalité quasiment tous des "faux Juifs", unis par les liens de la religion, des traditions ou de l'idéologie, mais sans aucun rapport réel avec les Juifs de la Palestine antique. Et si cela vaut tout particulièrement pour les Juifs ashkénazes, héritiers des Khazars, comme l'a montré Arthur Koestler dans son livre La treizième Tribu (voir Mythes israéliens - Droits ancestraux), cela est également vrai pour les autres (Juifs séfarades ou orientaux).  Sale coup pour la "pureté raciale" du "peuple élu" et ses prétendus "droits" sur la "Terre promise"...

Comme dit Paul Eisen, un Juif britannique ("faux et honteux") qui dirige le Centre Deir Yassin Remembered de Londres : "La plupart des Palestiniens d'aujourd'hui ont probablement plus de sang hébreu dans le petit doigt que la plupart des Juifs occidentaux dans tout le corps."


Pour Shlomo Sand il en découle qu'Israël devrait être l'Etat de tous ses citoyens, qu'ils soient Juifs, Arabes ou autres - une idée qui commence à faire son chemin en 2008, même si elle est encore très minoritaire (voir La fin d'un tabou - Et si l'on écoutait Ahmadinejad ?).

Interview de Shlomo Sand

A propos de l'ouvrage de Shlomo Sand  par Gilad Atzmon.


Le peuple inventé :

"Une nation est un groupe de personnes unies par une erreur commune sur leurs ancêtres et une aversion commune envers leurs voisins." Cette citation de Karl Deutsch, sociologue juif américain originaire de la région des Sudètes, en Tchécoslovaquie, que Shlomo Sand a placée en exergue de son ouvrage, est valable pour "la nation juive" plus que pour toute autre.

Dans son livre, Shlomo Sand démontre que la notion de "peuple juif", prise en dehors du domaine religieux, est une invention relativement récente. Ce sont des auteurs comme Heinrich (Hirsch) Graetz* et Moses Hess** (en Allemagne, au milieu du 19ème siècle) ou Simon Doubnov (en Russie, au début du 20ème) qui ont, les premiers, contribué à "la construction rétroactive de la nation juive", comme dit Sand.

* Graetz était historien, mais un historien un peu particulier. Il n'hésitait pas à prétendre que "le royaume de Salomon était un royaume grand et puissant, qui pouvait rivaliser avec les plus grands royaumes du monde". Selon Graetz, cet Etat mirifique avait 4 millions d'habitants, soit plus que l'Egypte de cette époque et même deux fois plus que la Palestine de 1948 : folie des grandeurs un siècle avant la création de l'Etat d'Israël...

** Moses Hess, lui, écrivait que "la race juive est une race pure qui a reproduit l'ensemble de ses caractères, malgré les diverses influences climatiques. Le type juif est resté le même à travers les siècles."


Comme le judaïsme disparaîtrait de lui-même sans la religion, les inventeurs du nouveau concept national, malgré leur profond athéisme, ont dès le départ intégré une dimension confessionnelle et cléricale à leur projet. Et jusqu'au 21ème siècle, le sionisme les a suivis sur cette voie, car le remplacement pur et simple de la religion juive par une "religion laïque" n'aurait jamais été suffisant pour maintenir en vie la nouvelle idéologie.

Il y a à peine deux siècles, le christianisme (en particulier le protestantisme) s'identifait encore totalement aux mythes de la Bible hébraïque et ne doutait pas un instant du caractère historique des aventures des anciens Hébreux et du "peuple d'Israël", telles qu'elles sont relatées dans l'Ancien Testament. Cependant il ne serait jamais venu à l'idée d'un chrétien de considérer ses contemporains juifs* comme des descendants des Hébreux antiques. Avant d'en arriver là, il faudra un bon siècle de propagande nationaliste juive.

* Comme le signale Shlomo Sand, c'est surtout le Talmud qui était alors en usage dans les communautés juives. La Bible elle-même, très marginale, n'était citée qu'en cas de besoin et toujours indirectement, par le biais de commentaires. L'Ancien Testament était davantage un livre chrétien que juif. A moins d'être rabbin ou de fréquenter les goyim, aucun juif ne l'avait jamais lu.

Cela explique pourquoi, jusqu'à une époque relativement récente, des générations et des générations de chrétiens ont vénéré Abraham et Moïse, tout en détestant les juifs de leur entourage, considérés comme les descendants de traîtres déicides responsables de la mort de Jésus. Pour pouvoir exercer son contrôle sur les masses chrétiennes, le sionisme se devait de construire, dans leur esprit, un lien indélébile entre les juifs modernes (devenus Juifs, avec une majuscule "ethnique") et leurs "ancêtres" de l'Antiquité. De toute évidence, l'opération (le lavage de cerveau) a parfaitement réussi. Les élus autoproclamés, descendants de Khazars et de Berbères, ne peuvent que s'en féliciter.

Aujourd'hui, pour les Juifs israéliens, la Bible hébraïque est un "manuel d'histoire", tandis que pour les chrétiens, elle sert à la fois de support au Nouveau Testament (comme dit Shlomo Sand) et de "preuve" que le judaïsme est le "grand frère" du christianisme (comme dit le pape).

Pas d'expulsions :

Aucun auteur antique ne signale un exil forcé des Juifs à l'époque romaine. D'ailleurs, comme le fait remarquer Shlomo Sand, si les Juifs avaient été expulsés de Judée à l'époque de Titus (en 70 après J.C.), comment auraient-ils pu se révolter de nouveau en si grand nombre 65 ans plus tard ?

Le mythe de l'exil involontaire a été forgé par les chrétiens, qui en ont fait "une expulsion des juifs en punition de la crucifixion de Jésus et de leur rejet de l'Evangile" (Sand). Ce mythe a plus tard été "récupéré et intégré à la tradition juive".

En fait l'émigration juive (volontaire et délibérée) a commencé bien avant le début de la présence romaine et a continué pendant toute la durée de celle-ci - mais elle n'a jamais été suffisante pour donner naissance à une nombreuse diaspora. Shlomo Sand se demande "comment un peuple essentiellement paysan, qui tournait le dos à la mer et qui n'avait pas créé un vaste empire, a pu produire autant d'émigrants".

Prosélytisme :

Pour en arriver là, il a fallu convertir une partie des peuples voisins. Déjà les Maccabées ou Hasmonéens (-141 à -63), avaient entrepris de judaïser les Ituréens (en Galilée) et les Edomites ou Iduméens (dans le Néguev et le sud de la Jordanie actuelle - voir la carte). Hérode, "roi des Juifs" à l'ère romaine, était d'origine iduméenne.

Il y eut également des conversions en Egypte, en Syrie, en Mésopotamie, puis dans l'Empire romain jusqu'au début du 4ème siècle. Ensuite, "quand son entourage chrétien l'eut rejeté dans la marginalité, le judaïsme s'adonna au prosélytisme dans les lieux encore vierges de tout contact avec le monothéisme expansionniste" (Yémen, Arabie, steppes de la Volga et du Don). "La religion juive continua de faire des adeptes, ce qui lui assura sa surprenante pérennité historique. Les régions dans lesquelles le judaïsme réussit à s'infiltrer étaient généralement occupées par des civilisations en voie de mutation. Toutes pratiquaient encore le paganisme."

Ce n'est pas par hasard que le mot prosélyte désigne à l'origine un "païen converti au judaïsme". Sans le prosélytisme, ajoute Shlomo Sand, "le nombre de Juifs dans le monde serait resté plus ou moins égal à celui des Samaritains d'aujourd'hui" - c'est-à-dire pratiquement rien (712 personnes en 2007, si l'on en croit Wikipédia).

Trois mystérieux royaumes juifs :

Sand porte son attention sur trois royaumes où des juifs convertis exercèrent leur pouvoir : le Himyar (Yémen actuel), de 380 à 520 environ ; le royaume de la Kahina, "Jeanne d'Arc maghrébine" et reine berbère de l'Aurès (nord-est de l'Algérie actuelle), vers 680-695 (le nom Kahina vient de Cohen) ; et enfin les Khazars (dans le sud de la Russie et de l'Ukraine actuelles), du 8ème au 11ème siècle environ.

L'existence de ces royaumes est passée sous silence par l'historiographie officielle sioniste, d'une part parce que "les juifs n'ont jamais pratiqué le prosélytisme", d'autre part parce que, comme dit ironiquement Sand, "il est bien connu que les 'enfants d'Israël' ont toujours été, tout au long de l'histoire, faibles et persécutés, mais jamais, au grand jamais, des maîtres tout-puissants !"

Shlomo Sand souligne également le rôle éminent joué par les Berbères juifs émigrés en Andalousie après la conquête arabe. Bon nombre d'entre eux auraient même aidé les Arabes à conquérir l'Espagne. Quoi qu'il en soit, au cours des sept siècles suivants, la communauté juive andalouse issue de la conversion prospéra et devint la plus influente d'Europe occidentale. Une fois la Reconquista catholique achevée, en 1492, les juifs émigrèrent vers d'autres pays d'Europe* ou se convertirent au christianisme. Beaucoup se contentèrent de simuler cette conversion. Certains de ces marranes, à la fois faux juifs et faux chrétiens, sont encore très puissants aujourd'hui. Leur force vient de leur idéologie communautariste, et non de leurs mythiques origines.

* De Séfarades ("Espagnols"), ces émigrés se métamorphosèrent en Ashkénazes ("Allemands") et vinrent grossir les rangs des descendants de Khazars.  Où sont passés les 712 vrais Juifs originaires de Terre sainte ?...


En résumé, comme dit Pierre Stambul (de l'Union Juive Française pour la Paix - UJFP) : "On sait que la théorie centrale du sionisme (l'exil et le retour) est une fiction. C'est la religion juive qui s'est dispersée, pas le peuple. Les descendants des Hébreux sont majoritairement les Palestiniens, et les Juifs sont majoritairement descendants de convertis berbères, romains, espagnols, khazars... La diaspora n'est pas une parenthèse, c'est le centre de l'histoire, des identités, des langues et des cultures juives. C'est même le centre de ce que ces cultures ont en commun (l'héritage religieux)."



LÉGENDE ET RÉALITÉ :

Année
Il était une fois... Année Que disent l'archéologie et l'histoire ?
à partir
de -
Depuis le début du commencement des origines de l'Eternité, Dieu se repose et se demande ce qu'Il pourrait bien faire pour justifier Son existence. -40000 ? Premières traces de présence humaine dans la région. Les hommes du paléolithique, dès qu'ils ont le ventre plein et se sentent à l'abri du danger, commencent à se poser des questions sur le monde environnant, les phénomènes naturels, la vie, la mort, le sens de l'existence, etc.  A défaut de réponse satisfaisante, ils créent Dieu - ou plutôt des dieux, un pour chaque circonstance.
Quelques zillions
d'années plus tard
Dieu commence à s'ennuyer. Sa seule distraction consiste à chanter une fois par an : "Happy birthday to Me" - pas très folichon...  Il se dit que pour s'occuper, Il devrait peut-être créer quelque chose. Oui, mais quoi ?... -7000 En Mésopotamie, où l'élevage est déjà pratiqué, on commence à se sédentariser. Apparition de l'agriculture, de la poterie, de la brique comme matériau de construction. L'Egypte suivra un peu plus tard.

En Palestine, débuts mythiques de la ville de Jéricho, que certains nous présentent comme "la plus ancienne cité du monde". Malheureusement, aucune trace archéologique sérieuse ne vient appuyer cette thèse.

Avec la division du travail, la production d'excédents et l'accumulation progressive de richesses, les sociétés humaines perdent peu à peu leur caractère égalitaire et se divisent en classes. Les possédants découvrent l'utilité de la religion pour maintenir et étendre leur domination.
Encore
plus tard
Dieu n'a toujours aucune idée... à partir
de -6000
Toute une série d'innovations en Mésopotamie : irrigation, travail du cuivre, peintures murales, céramique peinte. Premiers sanctuaires religieux.

Egypte : vers -5000, civilisation de Fayoum.
-3761 Etincelle divine : Dieu crée le monde. Nous sommes le dimanche 6 septembre -3761, à 23 h 11 mn 20 s (heure de Jérusalem). C'est le moment précis de la nouvelle lune.

Cette performance technique du divin Créateur est d'autant plus remarquable, que la Lune elle-même n'a été créée que le quatrième jour de Sa Genèse. Quant à la ville de Jérusalem, n'en parlons pas...

Les experts nous apprennent que cette date correspond au 1er Tishri de l'an 1, quoique d'autres spécialistes considèrent que la Création eut lieu en Nissan. (Création en Nissan ?... Ça fait un peu penser à la banquette arrière d'une Toyota...)

(Le calendrier juif, que les Israéliens utilisent encore couramment, compte les années à partir de la "Création". Ainsi, par exemple, le 17 Avril 2008 correspond au 12 Nissan 5768. L'année 5769 commence en septembre 2008 : 2008 + 3761 = 5769. On suggère ainsi que la civilisation juive est vieille de plus de 57 siècles, alors qu'en fait, tout a commencé vers -1000 - voir plus bas, colonne de droite.)
à partir
de -4000
Dans le sud de la Mésopotamie (Sumer), invention de l'écriture (d'abord pictogrammes, puis signes cunéiformes). Instauration des premières cités-Etats : Obeïd, Ourouk, Lagash (aujourd'hui en Irak), Suse (sud-ouest de l'Iran actuel).
toujours
-3761
Le samedi 12 septembre, après avoir bossé six jours* d'affilée, Dieu décide qu'il est temps de faire une pause. Comme Il sait déjà quel peuple Il va élire, et quelle langue ce peuple va parler, Il appelle Son jour de repos le shabbat. Plus tard, des cons de goyim même pas élus prétendront que le jour du Seigneur est le dimanche, voire même le vendredi - n'importe quoi !...

* L'observateur attentif aura remarqué que les six jours de la Bible ne durent en réalité que 5 jours, 48 mn et 40 s. Autrement dit, le Maître de l'Univers nous facture 19 % de trop - c'est la première fois qu'il travaille, et voilà déjà qu'il triche...  Ce qui permettra aux zantisémites de dire plus tard que le "peuple élu" a de qui tenir...  En réalité, bien sûr, les 19 % en question correspondent tout simplement à la TVA de l'époque. Nous confirmons que Dieu est honnête et que les Juifs sont innocents.

Quelque temps plus tard, Dieu s'aperçoit que les deux humains qu'Il a créés (Adam et Eve) sont des petits curieux qui cherchent à s'informer au-delà de ce qui est permis. Pour les punir de leur audace, Il les chasse de Son paradis terrestre.
à partir
de -3300
En Mésopotamie (Sumériens, Chaldéens, Akkadiens), généralisation de l'écriture cunéiforme, apparition des mathématiques et de l'astronomie. Invention du calendrier. Création du système numérique sexagésimal (base 60 - encore utilisé aujourd'hui pour exprimer l'heure et les degrés d'angles). Développement du commerce et naissance de la monnaie. Radicalisation de la société de classes. Premières formes d'esclavage. Les cités-Etats se multiplient. La religion s'organise et gagne en importance. Naissance des mythes qui seront repris par la Bible deux millénaires plus tard : épopée de Gilgamesh, etc.

En Egypte, vers -3200, royaume de Ménès à Thinis (près d'Abydos, Haute-Egypte). Vers -2650, royaume de Djoser à Memphis et Saqqara (pyramide à degrés). Vers -2500, pyramides de Gizeh (pharaons Khéops, Képhren, Mykérinos).

Vers -2700, fondation des premières cités phéniciennes : Tyr, Byblos, Sidon.
-2350 Sous prétexte que certaines de Ses créatures se sont mal conduites ou Lui ont désobéi, Dieu décide d'infliger la peine capitale à l'ensemble des habitants de la Terre, à l'exception de Noé, de sa famille et de quelques couples d'animaux triés sur le volet : c'est le Déluge, un génocide universel particulièrement bien réussi.

Quelques millénaires plus tard, le révolutionnaire anarchiste russe Mikhaïl Bakounine caractérisera ainsi ce Dieu barbare : "De tous les dieux, c'est le plus jaloux, le plus vaniteux, le plus féroce, le plus injuste, le plus sanguinaire et le plus despotique. Le pire ennemi de la dignité et de la liberté humaines..." (Dieu et l'Etat)

Noé meurt trois siècles et demi après le Déluge, à l'âge de 950 ans (mais le record de longévité revient à son grand-père Mathusalem, avec 969 ans). Le fils de Noé, Sem, donne son nom aux peuples sémitiques qui seront ses descendants (Akkadiens, Cananéens, Phéniciens, Hébreux, Araméens, Syriaques, Arabes, Ethiopiens). Ce que Sem ignore, c'est que ses descendants akkadiens sont bien plus vieux que lui - encore un miracle...
-2300 Mésopotamie : empire unifié d'Akkad. Plus tard, vers -2100, royaume d'Our (Chaldée).

Egypte : vers -2050, le centre du pouvoir se déplace vers Thèbes.

Cartes :
La Mésopotamie
L'Egypte antique
-1950 Accompagné de son clan, le patriarche Abraham quitte sa Chaldée natale (aujourd'hui l'Irak). Après un long périple via le sud de la Turquie actuelle, il va s'installer en Canaan (future Palestine), non loin de ce qui est aujourd'hui la ville d'Hébron. Il traîne également ses sandales du côté de Naplouse et de Beersheba (qui, bien entendu, n'existent pas encore). Abraham est à la fois l'ancêtre des Arabes (par son fils Ismaël) et des Hébreux/Juifs (par son fils Isaac).

Quelques années plus tard, Dieu, à qui l'on peut reprocher bien des choses (voir plus haut) mais certainement pas de promouvoir la pédérastie, décide de détruire Sodome et Gomorrhe. Redoutant sans doute de passer pour un "homophobe", Abraham fait mine de protester contre la destruction. Mais comme Dieu lui a promis de léguer à "sa postérité" cette terre qui va du Nil à l'Euphrate (rien que ça), le patriarche n'insiste pas.

Plus tard, une partie de ses descendants (les enfants d'Isaac) affirmeront qu'ils sont les seuls héritiers légitimes et tenteront de s'approprier la part dévolue aux enfants d'Ismaël. (Question technique : le notaire new-yorkais qui a fait enregistrer l'acte divin documentant la cession de la "Terre promise" était-il juif ou arabe ?)

Selon la Bible, les membres du clan d'Abraham (qu'on appelle maintenant "les Hébreux") sont des nomades vivant sous la tente et élevant des chèvres, des moutons, des ânes et des chameaux. (En réalité, le chameau n'a été domestiqué que dix siècles plus tard.)  Les Hébreux pratiquent l'autarcie et la ségrégation raciale. Ils refusent de se marier avec les filles des Cananéens qu'ils considèrent comme "impures".

Abraham a 86 ans à la naissance d'Ismaël et 100 ans à la naissance d'Isaac. Il meurt à l'âge de 175 ans. Sarah, l'épouse d'Abraham, est âgée de 104 ans lorsqu'elle donne naissance à Isaac.
-2000 Débuts de la civilisation grecque  : Achéens, Doriens, Crétois (Cnossos).
-1800 Tandis qu'Ismaël quitte Canaan pour tenter sa chance en Arabie, son demi-frère Isaac reste au pays pour en découdre avec les Philistins. (Etant donné que les Philistins n'arriveront en Canaan que vers -1200, c'est-à-dire six siècles plus tard, Isaac ne risque pas grand-chose. C'est un peu comme quand on fait la guerre à une organisation terroriste imaginaire : on finit toujours par gagner.)

Jacob, fils d'Isaac, reçoit de Dieu un nouveau nom mieux adapté au rôle que ses descendants seront amenés à jouer : Israël. (On peut dire que l'Etat voyou le plus démocrasseux de tout le Moyen-Orient l'a échappé belle ; si Dieu n'avait pas réagi à temps, le pays s'appellerait aujourd'hui la Jacobie.)

Jacob-Israël a douze fils : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, Joseph, Benjamin, Dan, Nephthali, Gad et Aser. Chacun d'eux engendrera une tribu qui s'appropriera un morceau de la Terre promise. (Et merde pour les autres habitants de la région - n'avaient qu'à se faire élire comme tout le monde...)
vers -1800 Mésopotamie : royaume de Babylone (roi Hammourabi et son fameux Code).

L'Egypte étend son pouvoir vers le sud (Nubie). Première conquête de la Syrie et du pays de Canaan.

Canaan : à cette époque ou un peu plus tard, des cités cananéennes existent à Sichem (près de Naplouse), Béthel et Aï (près de Ramallah), Megiddo (entre Jénine et Haïfa), Haçor (au nord du lac de Tibériade), Beth-Shean (au sud de ce même lac), Hébron, Beersheba, Ashdod, Gérar (entre Beersheba et Gaza), Lakish (entre Hébron et Ashkelon), Aphek (entre Naplouse et Jaffa), etc...  Le pays de Canaan restera plus ou moins dans le giron de l'Egypte jusque vers -1200.
-1650 Sous la conduite de Joseph (un des douze fils de Jacob-Israël, petit-fils d'Isaac, arrière-petit-fils d'Abraham), les Hébreux quittent Canaan, où sévit la famine, et partent s'installer au pays des pharaons. Ils y resteront plusieurs siècles. -1600 Grèce : débuts de la civilisation de Mycènes (va durer environ quatre siècles).
- --- à partir
de -1550
Egypte : construction des temples de Karnak. Nécropoles de la Vallée des Rois. Vers -1470, sous le règne du pharaon Thoutmosis III, reconquête de la Syrie et du pays de Canaan (première bataille de Megiddo). L'empire s'étend de nouveau du Nil à l'Euphrate.

Plus tard, les "fils d'Israël", dans un accès de mégalomanie, transposeront cette idée dans leurs mythes fondateurs. En attendant, on pourrait croire qu'ils se contentent de garder leurs chèvres et leurs moutons, en regardant de loin passer les chars égyptiens. Mais ce serait encore très exagéré, vu qu'il n'existe pas, à cette époque, de groupe ethnique distinct que l'on puisse qualifier d'Hébreux, d'Israélites ou de Juifs (voir plus bas).

- --- -1400 En Phénicie, invention de l'alphabet. Auparavant, toutes les langues étaient écrites à l'aide de signes non-phonétiques. L'alphabet phénicien est l'ancêtre des alphabets araméen, hébreu, syriaque, grec, latin, arabe, etc.

Sidon (aujourd'hui Saïda, au Liban) devient la capitale d'un royaume cananéen. Les Cananéens sont assez proches des Phéniciens, tant par la langue que par les origines.
- --- -1360 Egypte : le pharaon Aménophis IV/Akhénaton et son épouse Néfertiti font construire une nouvelle capitale, Akhétaton (Tell el-Amarna), et instaurent le culte d'Aton (dieu unique). C'est la toute première forme de religion monothéiste. Plus tard, les Juifs prétendront avoir inventé la chose.

Le culte d'Aton ne survit pas à ses fondateurs. Toutankhamon, gendre et successeur d'Akhénaton, doit rétablir l'ordre antérieur sous la pression du clergé. Il retourne à Thèbes et meurt à l'âge de 18 ans. Son tombeau, dans la Vallée des Rois, ne sera découvert qu'en 1922.

Mésopotamie : vers -1300, dans le nord, royaume d'Assyrie (capitale : Assour).
-1250 Ramsès II, abominable pharaon antisémite (ancêtre de Hitler et d'Ahmadinejad, inspirateur lointain du Hamas, du Hezbollah et d'Al-Qaïda), est pris d'une crise aiguë de judéophobie recrudescente. Il se met à brimer très fort les pauvres Hébreux, les réduit en esclavage et refuse de les laisser partir ("Let My People Go !").

Avec l'aide de Dieu, et après quelques tours de passe-passe (les dix plaies d'Egypte), les Hébreux parviennent cependant à quitter le pays sous la conduite de Moïse. C'est l'Exode. Ils traversent la mer Rouge à pied sec : les eaux s'écartent miraculeusement pour les laisser passer et se referment aussitôt derrière eux pour noyer leurs poursuivants. Et tout ça, 32 siècles avant Hollywood...

Les fugitifs sont au nombre de 600.000, en ne comptant que les hommes, soit au bas mot deux millions de personnes avec les femmes et les enfants. Pourtant aucune chronique égyptienne ne fait état de cet exode de masse touchant plus de la moitié de la population du pays. Et ce, à une époque où les scribes relatent minutieusement le moindre événement, le moindre incident, le moindre pot cassé.

Après avoir erré 40 ans dans le désert (sans y laisser aucune trace pour les archéologues futurs) et massacré au passage quelques milliers d'Amalécites* et de Madianites, les Hébreux (entre-temps une nouvelle génération) parviennent enfin en Canaan. Auparavant, Moïse, sur le Mont-Sinaï, a entendu la voix de Dieu, alias Yahvé ("This is YHWH. Here is the news...") et a reçu de Lui les Dix Commandements.  Un de ces commandements ordonne : "Tu ne tueras point". Apparemment, Moïse ne l'a pas lu, car son premier geste en redescendant de la montagne, est de faire massacrer 3.000 Hébreux qui vénéraient le Veau d'or. Les pauvres ignoraient que la célébration de ce culte "idolâtre" fût passible de la peine de mort (avec effet rétroactif). Sans doute par réaction à ce traumatisme originel, beaucoup de leurs "descendants" se feront plus tard avocats, tandis que d'autres, aussi nombreux, choisiront la psychanalyse ou le veau d'or de la finance.

* Comme l'explique Israël Shahak dans son livre mentionné plus haut, le mot Amalécites est souvent utilisé aujourd'hui par les fanatiques juifs comme un synonyme de Palestiniens ou Arabes. Il est plus facile - et plus prudent - d'invoquer un texte antique que d'appeler ouvertement au massacre de ses voisins. Les Israéliens, à qui l'on inculque depuis la plus tendre enfance que la Torah est un livre d'Histoire, effectuent d'eux-mêmes la transposition nécessaire.

Le pays de Canaan où les Hébreux arrivent vers -1200, et que leurs ancêtres ont quitté 450 ans plus tôt après y avoir vécu trois siècles, ce pays leur appartient de droit et en totalité, cela va de soi. Comme le feront plus tard leurs successeurs autoproclamés du 20ème siècle, les Hébreux se lancent dans une épuration ethnique de dimensions bibliques. Quand on a en poche un contrat divin en bonne et due forme, tout est permis...

(Le plus étrange dans cette histoire, c'est que les Egyptiens aient laissé faire, car à cette époque, ils contrôlaient encore le pays de Canaan. On se demande d'ailleurs pourquoi Moïse, pour échapper à la domination égyptienne, choisit de fuir avec son peuple vers une région dominée par l'Egypte.)


Quelques mots à propos de la stèle de Mérenptah, que les sionistes citent à tout bout de champ comme "preuve" de la "véracité" du récit biblique et de la "profondeur" des racines nationales de leur Etat juif préféré, Cette stèle égyptienne, découverte en 1896 dans la région de Thèbes, se trouve au Musée du Caire. Mérenptah est le pharaon qui succéda à Ramsès II. Il régna de -1224 à -1214.

La stèle fait l'éloge des victoires égyptiennes en Canaan et contient "la première mention supposée d'Israël (ou plutôt, des Israélites) hors contexte biblique, c'est également la seule mention d'Israël connue dans les textes égyptiens" (Wikipédia).

Or, comme on peut s'en rendre compte en lisant le texte ci-contre (colonne verte), ni Israël, ni les Israélites, ni même les Hébreux n'existaient encore à l'époque en question. Le mot égyptien censé évoquer Israël ("isrAr") signifie très certainement autre chose.

D'ailleurs, la soi-disant conquête de Canaan par Josué n'a commencé que vers -1200, soit une quinzaine d'années après la mort de Mérenptah. On peut, bien entendu, trafiquer les dates afin de faire coïncider ce qui ne coïncide pas. Nous n'en sommes pas à un miracle près...
-1290 Egypte : début du très long règne de Ramsès II (66 ans). Quand il ne fait pas la guerre contre les Hittites, en Syrie ou ailleurs, le pharaon érige des temples, des palais ou des statues monumentales à Karnak, Louxor, Memphis ou Abou-Simbel.

Canaan est toujours sous domination égyptienne. La région est un point de passage obligé pour les troupes du pharaon lorsqu'elles vont en Syrie ou en reviennent. Pour le souverain égyptien, les habitants de cette province sont probablement quantité négligeable, comme d'ailleurs bon nombre d'autres peuples "mineurs" de cette époque. La momie du pauvre Ramsès doit se retourner dans son sarcophage en entendant toutes les âneries que les rédacteurs de la Bible et leurs émules racontent à son propos.

D'où viennent les Hébreux ?  Depuis quand sont-ils en Canaan ?...  Il est assez difficile de trouver des réponses précises à ces deux questions.

Si l'on s'en tient à la piste linguistique et si l'on en croit ce tableau présenté par Wikipédia, on voit que l'hébreu est issu du cananéen*, et non des autres langues sémitiques parlées en Mésopotamie (akkadien, assyrien, babylonien). Il est donc peu probable que les Hébreux soient originaires de la région située entre le Tigre et l'Euphrate.

* Pour ce qui est de l'alphabet hébreu que nous connaissons aujourd'hui, et qui n'est utilisé que depuis le 3ème siècle avant J.C., il s'apparente à l'alphabet araméen. Mais à cette époque (3ème siècle), l'hébreu n'est déjà plus qu'une langue morte réservée au culte - voir plus bas. Sa renaissance aura lieu 22 siècles plus tard.

Voir également cette carte des langues sémitiques parlées dans l'Antiquité. Admirez l'étendue de la zone de diffusion de l'hébreu (rêve éveillé d'un sioniste zélé).

Finkelstein et Silberman, dans La Bible dévoilée, estiment que les Hébreux/Israélites/Juifs "ne venaient pas de l'extérieur de Canaan, ils étaient indigènes... Le pays de Canaan n'a pas été conquis par la violence. La plupart de ceux qui ont constitué le premier noyau d'Israël étaient des gens du cru... Les premiers Israélites étaient d'origine cananéenne."

Finkelstein/Silberman expliquent ainsi leur théorie : "L'existence de larges populations de pasteurs nomades dans les hautes terres et en bordure des déserts n'était possible qu'aussi longtemps que les cités-Etats et les villages cananéens produisaient un surplus suffisant de céréales, destiné au commerce. Cette situation restera stable pendant les trois siècles d'administration égyptienne. Mais quand, au cours du XIIe siècle av. J.C., le système politique de Canaan s'effondra, les réseaux économiques cessèrent également de fonctionner. On peut raisonnablement en déduire que les villageois cananéens, réduits à une subsistance locale, n'étaient plus en mesure de produire davantage de céréales qu'ils n'en consommaient. C'est ainsi que les pasteurs de l'intérieur durent s'adapter aux nouvelles conditions et cultiver leurs propres céréales. Bientôt, les nécessités agricoles leur interdirent de poursuivre leurs longues migrations saisonnières. Il fallut réduire les troupeaux. L'effort accru investi dans l'agriculture aboutit à une sédentarisation permanente..."

Peu à peu, les deux groupes (Cananéens et Hébreux) vont se couper l'un de l'autre. "L'émergence d'Israël fut le résultat, non la cause, de l'effondrement de la culture cananéenne."

Tout cela est bien entendu beaucoup plus trivial et beaucoup moins glorieux que la version biblique. Mais en même temps, c'est infiniment plus humain. Pourquoi diable fallait-il que les Juifs s'inventent des ancêtres sanguinaires et massacreurs, alors que leurs aïeux étaient en fait de pacifiques bergers ?...
-1200 Après la mort de Moïse, Josué dirige la conquête du pays de Canaan où les douze tribus (elles existent toujours) vont s'établir à demeure.

Pour commencer, Josué s'empare de la puissante ville de Jéricho (qui n'est alors qu'une petite bourgade en ruines). Le septième jour après l'arrivée des Hébreux, après que sept prêtres soufflant dans sept trompettes aient défilé sept fois autour de la cité pendant sept jours, les murailles de Jéricho s'effondrent. (Ce splendide tour de force inspirera plus tard David Copperfield et même Uri Geller.) Une fois les murs tombés, la ville est rasée et ses habitants égorgés.

Suit une campagne éclair de quinze jours dans le plus pur style du Blitzkrieg israélo-sioniste.

L'archéologue Pierre de Miroschedji, directeur de recherche au CNRS, écrit à propos des villes énumérées dans le Livre de Josué : "Tantôt ces villes n'existaient pas encore à l'époque de la conquête, tantôt elles n'ont pas été détruites, tantôt elles ont été détruites mais à une date différente."

Dans La Bible dévoilée, Finkelstein et Silberman posent cette question (purement rhétorique) : "Comment une armée de gueux dépenaillés, encombrée de femmes, d'enfants et de vieillards, surgissant du désert après y avoir séjourné pendant des décennies, pouvait-elle se lancer dans l'entreprise d'une invasion aussi redoutablement efficace ?"
à partir
de -1200
L'effondrement du système politique et économique qu'évoque Finkelstein est lié à l'apparition des Peuples de la Mer dans la région, peuples dont on ignore l'origine exacte.

Les Philistins en font partie. Ils s'installent en Canaan, abandonnent leur langue et se mettent à parler le cananéen. Les nouveaux venus doivent leur nom aux Egyptiens, pour qui ils étaient les "Peleset". Philistins donnera plus tard Palestine.

Ces événements vont conduire à plus ou moins long terme au déclin de l'Egypte pharaonique et à l'ascension du royaume assyrien. Une grande puissance remplacera l'autre, tandis que les peuples locaux resteront des groupes sans grande importance. Cela vaut également pour les futurs Hébreux (ou Israélites ou Juifs), qui n'ont rien de commun avec ce peuple valeureux, cette "lumière parmi les nations", qu'invoquent les affabulateurs sionistes et leurs complices chrétiens.

En attendant, les nomades qui se sédentarisent et s'isolent à l'intérieur du pays de Canaan, entament une lente évolution qui fera d'eux, aux alentours de l'an -1000, une ethnie distincte : les Hébreux. Cette séparation s'opère aussi au niveau linguistique.  (Il faut certainement plus d'un siècle pour en arriver là.)
-1050 Depuis la mort de Josué, les Hébreux sont gouvernés par des Juges (les Juges de la Bible sont aux rois ce qu'un général israélien est à un homme d'Etat). Le plus fameux de ces Juges est Samson (c'est aussi le dernier). Il est doué d'une force prodigieuse qui lui vient de sa tignasse. Il plaît beaucoup aux femmes, toujours impressionnées, semble-t-il, par la taille imposante de ses attributs virils (que l'on voit ici sur un tableau d'Annibal Carrache, peintre italien de la Renaissance).

Un jour, Samson tue 1.000 Philistins à l'aide d'une mâchoire d'âne (vraiment fort, le mec). Sans plus attendre, les Hébreux le nomment Juge pour 20 ans. (Sharon, s'il avait vécu à cette époque, et s'il ne descendait pas des Khazars, aurait eu toutes les chances de se retrouver à la tête d'Israël pendant deux siècles.)

Durant ses vingt années de pouvoir, Samson, quand il ne tue pas des lions à mains nues (encore mieux que Tartarin), bouffe du Philistin à tous les repas et poursuit sans relâche son œuvre d'épuration ethnique. Jusqu'au jour où il tombe sur Dalila, qui lui coupe les cheveux pendant son sommeil et le livre à ses ennemis. Samson est alors conduit à Gaza et jeté dans un cachot.

Un peu plus tard, ses cheveux repoussent, ses forces reviennent, et il parvient à démolir sa prison et le palais royal avec. Il meurt écrasé sous les décombres, entraînant dans la mort plusieurs milliers de Philistins. C'est le premier attentat-suicide de la mythologie biblique. Beaucoup d'Israéliens du 21ème siècle admirent Samson, qui symbolise pour eux la force de frappe (nucléaire) de l'Etat voyou juif. Ils rêvent de finir comme lui.
- ---
-1025 Après avoir été gouvernés par les Juges pendant plus d'un siècle et demi, les Hébreux se donnent un roi : Saül. - ---
-1000 Règne du roi David, natif de Bethléem*. Il est petit mais malin, et ne craint pas d'affronter les adversaires les plus redoutables, comme par exemple le géant philistin Goliath (3,60 m sans talonnettes).

* Selon les lois raciales de l'Etat d'Israël moderne, David aurait quelques difficultés à se faire passer pour juif. En effet, sa grand-mère, Ruth, était moabite, donc étrangère et impie.

David, c'est pour ainsi dire le Sarkozy de l'époque. Il "réforme" à tour de bras, unifie les tribus juives d'Israël et prend Jérusalem pour capitale après l'avoir conquise. (A l'époque, on pouvait encore circuler librement entre Bethléem et Jérusalem ; il n'y avait ni checkpoint ni mur.)

(Trente siècles plus tard, les "successeurs" de David, à Jérusalem-Est, rasent les maisons palestiniennes pour dégager les ruines de sa fameuse "Cité". Mais ils ont beau se démener, ils ne trouvent rien - et pour cause : David est aussi mythique que la volonté de paix des Israéliens - Shalom !)
-1000 Les Hébreux sont à présent un peuple distinct qui vit sur les hauteurs du pays de Canaan. Mais ils sortent tout juste de leur phase préhistorique.

Ont-ils des rois ?  Peut-être...  Un de ces rois s'appelle-t-il David ou Salomon ?...  Le fait que le nom du premier soit mentionné plus tard dans des sources étrangères à l'Ancien Testament, en relation avec d'autres souverains juifs qui se disent ses descendants, ne prouve rien - sinon que quelqu'un, en Assyrie, en Phénicie ou ailleurs, a entendu dire qu'un de ses contemporains se réclamait de la "Maison de David". Ni plus, ni moins.

Si les deux grands rois de la mythologie juive ont eu une existence réelle, il s'agissait plus probablement de modestes chefs de clans.
-970 Salomon, fils de David, devient roi et fait bâtir, à Jérusalem, le temple qui porte son nom (mais dont personne n'a jamais trouvé la moindre trace). Sa sagesse est légendaire (comme tout le reste). Ses aventures avec l'imaginaire reine de Saba* (qui vient tantôt du Yémen, tantôt d'Ethiopie) semblent sorties en droite ligne des studios juifs d'Hollywood.

* En plus de cette fameuse reine, Salomon dispose d'un harem de 700 femmes - sans oublier les 300 servantes.

Sous Salomon, le royaume d'Israël est, paraît-il, à son apogée, unifié comme jamais (pas tout à fait du Nil à l'Euphrate, mais presque). Dommage que les puissants royaumes voisins d'Egypte et de Mésopotamie n'en fassent pas état dans leurs chroniques (signe évident de négationnisme antisémite précoce).

Si l'on en croit la Bible, Salomon fait également construire la fameuse cité de Palmyre, dans le désert de Syrie. En réalité, cette ville existe déjà depuis le 18ème siècle avant J.C.

Le règne de David et de Salomon, c'est l'âge d'or de la Jérusalem hébraïque... et la pièce maîtresse de la mythomanie juive.
- ---
-930 A la mort de Salomon, son empire se scinde en deux : au nord, le royaume d'Israël ; au sud, le royaume de Juda (capitale Jérusalem). Juda survivra plus d'un siècle à Israël. Mais sans doute par souci de symétrie, chacun de ces deux royaumes aura vingt rois.

Juda et ses rois (du moins la plupart d'entre eux), ce sont les Bons, les héritiers de l'orthodoxie, qui continuent de suivre la religion de leurs pères et font tout ce qu'ils peuvent pour extirper les idoles.

Israël, c'est tout le contraire, c'est le repère de ceux qui ont mal tourné et qui n'attendent qu'une occasion pour se lancer dans l'idolâtrie. Le premier roi d'Israël, Jéroboam, va causer bien des soucis à YHWH (qu'il délaisse pour adorer le Veau d'or, comme les Hébreux sacrilèges du temps de Moïse). Evidemment, Jéroboam n'accepte pas le rôle dominant de Jérusalem et de son clergé.

(Tout bien considéré, c'est en fait Juda qui refuse de reconnaître le droit à l'existence d'Israël - vous vous rendez compte, plus de 29 siècles avant le Hamas !)
- ---
-880 Comme le royaume d'Aram (la Syrie) devient une menace grandissante pour Juda et Israël,* les deux frères ennemis mettent une sourdine à leurs disputes et concluent une alliance stratégique qui va les sauver.

* On se demande où ils sont allés chercher ça. A croire que les néo-cons existaient dèjà...

(En fait, à cette époque, le royaume d'Israël est tout récent, celui de Juda n'existe pas encore. Les Araméens doivent bien se marrer.)
-885 Première trace attestée de l'existence du royaume d'Israël, tributaire de l'Assyrie. Avec les Omrides, minidynastie de rois israélites comprenant Omri et son fils Achab, on quitte pour la première fois le domaine de la légende.

Les principales localités du royaume d'Israël sont  Samarie (la capitale), Sichem, Tirça, Megiddo, Jezréel. Plus au nord, les villes d'Haçor et de Dan sont tantôt israélites, tantôt araméennes (syriennes). Le littoral, contrôlé par les Phéniciens et les Philistins, n'est occupé que sporadiquement par Israël, qui ne dispose d'aucun port notable qui lui permettrait une activité maritime.

Le territoire du royaume israélite est loin d'être homogène, il reste parsemé d'enclaves cananéenes. C'est un Etat multiethnique et tolérant, comme en témoigne le mariage d'Achab avec une princesse phénicienne. (La Bible, écrite plus tard par des Judéens, s'attache à présenter les Omrides sous un jour très négatif.)

L'apogée du royaume d'Israël coïncide avec le règne de Jéroboam II (de -788 à -747). Mais la fin de cet Etat est proche. En -724, il sera dissous par les Assyriens, 160 ans environ après son apparition. (En 2008, Israël II existe depuis 60 ans. Les Palestiniens vont-ils devoir patienter encore un siècle avant d'obtenir justice ?)

Le royaume de Juda (voir plus bas) aura une durée de vie plus longue : de -800 à -587, soit un peu plus de deux siècles.

Les royaumes d'Israël et de Juda au 8ème siècle avant J.C.  - pour ce qui est des frontières, cette carte est plus proche du mythe biblique que de la réalité historique.
-842 Alerte rouge à Jérusalem : "une impie étrangère" s'empare du pouvoir.

Athalie est la fille du roi israélite Achab et de Jézabel, une princesse phénicienne. Elle épouse Joram, roi de Juda. Après la mort de Joram, c'est leur fils Ochozias qui monte sur le trône. Ochozias meurt à son tour ; le trône doit revenir à un de ses enfants. Mais comme Athalie veut elle-même devenir reine, elle fait assassiner les princes de la famille royale (ses propres petits-enfants). Une fois sur le trône, elle instaure le culte de Baal, la religion pratiquée en Phénicie.

Les prêtres juifs sont horrifiés mais ils ne peuvent rien entreprendre, de crainte de faire le jeu des nordistes. Néanmoins, ils ont réussi à sauver du massacre un des petits-enfants d'Athalie, Joas, et le cachent en prévision d'une revanche.

Revanche qui viendra au dernier acte (voir la pièce de Racine). Conduit par le grand-prêtre Joad, le peuple finira par vaincre et portera Joas au pouvoir. Athalie sera tuée, les idoles bannies, la vraie religion rétablie. On l'a échappé belle... mais pas pour longtemps.
à partir
de -850
Les Phéniciens, un peuple de navigateurs et de commerçants, établissent de nombreuses colonies à Chypre, à Rhodes et en Méditerranée occidentale. La plus importante est Carthage (fondée en -815).

Tyr devient la cité dominante en Phénicie. Un siècle plus tard, elle est tributaire de l'Assyrie. Plus tard encore, elle subira en gros le même sort que le royaume de Juda (soumission aux Babyloniens, puis aux Perses).

A son apogée, la Phénicie englobe le Liban actuel et, au sud, toute la région côtière jusqu'à Ascalon (à portée de Qassam de la ville de Gaza).

Au fil des siècles, Phéniciens, Cananéens et Philistins se fondent en un seul peuple ayant une langue commune : le phénicien. Plus tard, ils adopteront l'araméen, comme tous les autres peuples de la région (voir plus bas).

Grèce : vers -850, Homère (Iliade, Odysée).
8ème et 7ème siècles avant J.C. L'histoire biblique des deux royaumes juifs est une lutte permanente des détenteurs de la vraie foi contre les idolâtres et les impies. Ces derniers semblent invincibles. On les croit battus et anéantis, mais ils reviennent chaque fois, avec leurs faux dieux et leurs tentations - pas seulement en Israël, chez les dissidents, mais souvent même au cœur du royaume de Juda, à Jérusalem.

C'est d'ailleurs un leitmotiv de l'Ancien Testament. Déjà les anciens Hébreux faisaient ce qu'ils voulaient dès que Moïse avait le dos tourné.

On se demande pourquoi Yahvé ne les envoie pas tous balader. Ce ne serait pourtant pas bien difficile d'élire un autre peuple ; ce n'est pas ce qui manque dans la région...

Il faut dire que depuis un certain temps, Dieu n'a plus recours à des solutions extrêmes comme le Déluge ou les bombes atomiques de Sodome et Gomorrhe. Quand ses élus lui désobéissent, il se contente de leur faire perdre une bataille en donnant la victoire à leurs ennemis. Au pire, il leur apporte le déclin, mais c'est toujours provisoire, même quand on croit que tout est fini pour de bon.

(Cette obsession continuelle de voir les Juifs s'écarter du droit chemin et succomber aux charmes de la réalité extérieure traduit bien les préoccupations des fondateurs du judaïsme - préoccupations qu'ils projettent dans un passé imaginaire plus ou moins lointain. Durant 25 siècles, leurs successeurs ne cesseront de les imiter, les derniers en date étant les sionistes athées, pour qui le dogme religieux repris tel quel est devenu un efficace outil idéologique.)
environ -800 Fondation du royaume de Juda (capitale Jérusalem). Jusqu'à la disparition de son rival israélite, le royaume sudiste restera relativement insignifiant.

Grèce : en -776, premiers Jeux olympiques.

Vers -750, débuts de Rome, ville étrusque. (Selon la légende, Rome a été fondée le 21 avril -753 par Romulus, enfant abandonné élevé par une louve.)
vers -705 Ezéchias règne à Jérusalem au moment de la conquête du royaume d'Israël par les Assyriens. C'est un "bon" roi qui rétablit le culte exclusif de Yahvé sur son territoire, cette exclusivité ayant été violée par un prédécesseur "mauvais".

Ezéchias sait que si Israël a perdu la guerre, c'est à cause de l'idolâtrie de ses habitants, que YHWH n'a pas du tout appréciée. Le roi judéen, lui, est assuré du soutien de Dieu. Il va donc défier le puissant empire assyrien.

Les Assyriens font le siège de Jérusalem avec trois fois plus de soldats qu'il n'y a d'habitants dans tout le royaume de Juda. Qu'à cela ne tienne, Yahvé protège la ville de son brave David. Il envoie un de ses anges terrasser d'un seul coup 185.000 assiégeants. En voyant cela, le roi assyrien, Sennachérib, lève le siège et retourne à Ninive (sa capitale) sans demander son reste.

Hélas, quelque années plus tard, Manassé, fils et successeur d'Ezéchias, va tout gâcher : "Il fit ce qui déplaît à Yahvé, imitant les abominations des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites", nous apprend le Livre des Rois.

-724 Le royaume d'Israël est rayé de la carte par les Assyriens (rois Salmanazar V et Sargon II).

Par contre, Jérusalem, la capitale de Juda, ne semble pas trop intéresser les conquérants - ce qui traduit bien l'importance réelle de ce petit bourg.

Une partie de la population israélite est déportée en Assyrie, où elle finit par s'intégrer. Une autre partie va se réfugier dans le royaume de Juda.

Avec l'arrivée des Israélites, Jérusalem et les autres villes judéennes (Hébron, Beersheba, Lakish, Béthel, Jéricho) vont connaître une phase d'expansion et de croissance démographique. On assistera aussi à une certaine unification des mythes religieux des deux anciens rivaux - voir plus haut.

Vers -705, sous Ezéchias, une révolte judéenne contre les Assyriens, qui occupent toujours le nord, est matée par le roi Sennachérib. Le royaume de Juda ne disparaît pas mais en sort rétréci. A partir de là, les successeurs d'Ezéchias, à commencer par Manassé, collaborent activement avec l'Assyrie.

Vers -650, victoire des Assyriens (roi Assourbanipal de Ninive) sur les Babyloniens. Lorsque le roi de Ninive se lance à la conquête de l'Egypte avec une "coalition internationale", le royaume de Juda est de la partie.

L'hégémonie assyrienne du 9ème au 7ème siècle avant J.C.  (source : Imago Mundi). Cette carte reprend les frontières de la Palestine juive telles qu'elles sont décrites dans la mythologie biblique - rien à voir avec la réalité historique.

Dans les territoires appartenant à l'empire assyrien, l'araméen devient d'abord la langue véhiculaire, puis finit par supplanter les autres langues, y compris l'akkadien, le phénicien et l'hébreu (qui ne sera plus, pour les Juifs, que la langue liturgique). L'araméen conservera sa position jusqu'à la conquête arabe, au 7ème siècle après J.C.
- --- -660 Fondation de Byzance par les Grecs (Doriens).
- --- -630 Les Egyptiens ont réussi à libérer leur pays des Assyriens et occupent la région côtière de la Palestine. L'Assyrie se retire des territoires anciennement israélites. Les Judéens veulent en profiter pour combler le vide - à condition que l'Egypte laisse faire.

A Jérusalem, c'est le règne de Josias. Volonté d'unification politique et religieuse de tous les "enfants d'Israël" (Judéens et Israélites) sous l'égide du royaume de Juda. Le rêve de Josias, difficile à réaliser, va trouver son expression littéraire dans le récit biblique de la conquête de Canaan par Josué - voir plus haut.

La religion juive commence à devenir monothéiste (sept siècles après Akhénaton). Cela signifie avant tout que les fanatiques de Juda s'efforcent d'éliminer les cultes concurrents pratiqués par leurs cousins du nord (tolérance = "idolâtrie"). Ils prêchent également la "pureté raciale" et la stricte séparation d'avec les peuples voisins. (Nous avons là la source première de l'idéologie suprémaciste israélienne moderne.)

Josias est tué à Megiddo en -609, dans une bataille l'opposant aux Egyptiens. C'est le commencement de la fin pour le royaume de Juda qui disparaîtra vingt ans plus tard.

Vers -1470, c'est-à-dire plus de quatre siècles avant l'apparition des premiers Hébreux, une autre bataille de Megiddo avait eu lieu entre Egyptiens et Cananéens. Et en 1918, ce sont les Britanniques et les Ottomans qui s'affronteront à cet endroit. Le nom de Megiddo est indissociable de toutes ces guerres.

En hébreu, le nom de la colline de Megiddo (Har Megiddo) a donné le fameux Armageddon du Nouveau Testament (Apocalypse de Jean), qui symbolise le massacre final dans le combat que se livrent le "Bien" et le "Mal". Le mythe d'Armageddon est aujourd'hui exploité à fond par les sionistes chrétiens pour le plus grand profit d'Israël.

Grèce : les cités grecques restent divisées, mais créent une multitude de colonies en Méditerranée. Vers -600, les Phocéens (Grecs d'Asie mineure) fondent Massalia (en latin Massilia - Marseille).
-587 Prise de Jérusalem par les Babyloniens. Nabucco (le Saddam de l'Antiquité) refuse de reconnaître le droit à l'existence du royaume de Juda. Il fait raser le Temple de Salomon et expédie les Juifs en captivité.* Pendant un demi-siècle, il les laisse croupir by the rivers of Babylon**, où ils ne cessent de penser à Sion. Ils ne pourront y retourner qu'après que leurs pires ennemis aient été vaincus par les Perses (les Iraniens de l'époque). 25 siècles plus tard, la haine pour "Babylone" est toujours vivace. La reconnaissance envers "les Perses" a disparu depuis longtemps, si tant est qu'elle ait jamais existé.

* Parmi eux se trouvent "10.000 notables", si l'on en croit le mythe : 10.000 notables dans une ville de 15.000 habitants !...

** Vidéo version Boney M : il y a pire comme "captivité"... On voit bien ici que toutes ces références aux Hébreux de l'Ancien Testament n'ont pas grand-chose à voir avec les "Juifs" de l'époque actuelle - voir plus haut : Le peuple inventé.

(Il y a aussi le fameux Va pensiero de l'opéra de Verdi.)
vers -600 Age d'or du royaume nabatéen et de sa capitale Pétra (aujourd'hui sud-ouest de la Jordanie, non loin de la frontière israélienne).

Mésopotamie : à la mort d'Assourbanipal (-627), les Babyloniens s'emparent de l'empire assyrien. En -605, Nabuchodonosor II monte sur le trône de Babylone. La même année, il écrase l'armée égyptienne en Syrie.

En -587, il conquiert Jérusalem (la ville compte alors environ 15.000 habitants). Le temple dit "de Salomon" (roi mythique) est détruit. C'est la fin du royaume de Juda (il a duré un peu plus de deux siècles). Une petite partie de la population juive (probablement moins du quart) est déportée à Babylone, où elle assimile à son profit la culture et les traditions locales et commence la rédaction de l'Ancien Testament. Les contes du patrimoine cuturel juif et le programme politico-religieux des élites judéennes du 7ème siècle y côtoient de vieilles légendes sumériennes et des principes juridiques assyriens relativement récents.

Cinquante ans plus tard, en -539, les Perses (Cyrus II) s'emparent de Babylone. Les Juifs exilés retournent à Jérusalem (pas tous). Entre-temps, cette ville est devenue la capitale de la province perse de Yehoud (Judée). Les souverains perses, très tolérants, favorisent le renforcement du pouvoir religieux des prêtres juifs.* Reconstruction du Temple (achevée en -515).

* Selon Israël Shahak (Histoire juive - Religion juive), la grande majorité de la population de Judée ne se distingue pas alors, pour ce qui est des cultes pratiqués, de ses voisins des autres royaumes de la région. "L'exclusivisme religieux et le ségrégationnisme ethnique, qui vont devenir typiques du judaïsme ultérieur", ne sont au départ que "des idées agitées dans des cercles restreints de prêtres et de prophètes".
- --- vers -520 Création de la toute première communauté juive en Egypte, dans l'île Eléphantine (dans le sud, près de l'actuel barrage d'Assouan). Ce sont des soldats juifs arrivés là, pour ainsi dire, avec les chars de l'armée perse, qui sont à l'origine de cette implantation (plus de sept siècles après Ramsès II).  A cette époque l'Empire perse des Achéménides (successeurs de Cyrus II) s'étend de la Crimée à la Nubie et de la Libye à l'Asie centrale.

Les juifs d'Eléphantine s'adonnent au culte de Yahvé (mais pas encore comme dieu unique).

Vers -510, Rome devient une république indépendante. Fin de la domination étrusque.
- --- vers -500 Dans ses grandes lignes, le dogme religieux juif tel que nous le connaissons aujourd'hui finit par s'imposer en Judée, de même que les mythes et légendes de l'Ancien Testament.

Infiniment moins tolérants que les Perses, les chefs juifs pourchassent les dissidents, par exemple les Samaritains (habitants de Samarie à qui l'on reproche de pratiquer un culte réformé et de tolérer les étrangers parmi eux).

Selon la doctrine formulée par le prêtre Esdras* (ou Ezra) et le gouverneur (juif) Néhémie, les mariages mixtes (une "souillure") sont formellement interdits, l'enseignement de la Torah devient obligatoire plusieurs fois par semaine, on institue la dîme, un impôt en faveur des Lévites qui assurent le service du Temple. Non seulement les Juifs doivent subir l'intégrisme religieux, mais ils doivent eux-mêmes en assurer le financement.**

* Pour le philosophe (juif) hollandais Spinoza (1632-1677), Esdras a joué un rôle décisif dans la rédaction de l'Ancien Testament. (C'est lui, également, qui a fait reconstruire le Temple de Jérusalem.)  Sur le rôle d'Esdras, voir plus bas ce qu'en dit Aline de Diéguez.

** Comme le rappelle Israël Shahak dans son livre Histoire juive - Religion juive (voir le lien figurant plus haut), ce durcissement imposé au peuple par les élites juives s'effectue avec le plein assentiment du souverain perse. Sous sa protection, l'aristocratie politico-religieuse juive peut réprimer sévèrement toute déviation menaçant l'orthodoxie.

Plus tard, après l'instauration du christianisme dans l'Empire romain, puis au Moyen-Age et même jusqu'au 19ème siècle, on retrouve la même situation dans presque toutes les communautés juives du monde. A l'intérieur du ghetto, les autorités religieuses juives exercent le pouvoir judiciaire sur leurs membres ; la société extérieure laisse faire. Il n'est pas rare qu'un Juif soit condamné par les siens beaucoup plus durement qu'il ne le serait par les goyim. En Espagne et en Pologne, cela peut même aller jusqu'à la peine de mort. Le seul moyen d'échapper à ce que Shahak nomme "une des sociétés les plus fermées et les plus totalitaires de toute l'histoire humaine" est de se convertir, ce qui n'est pas toujours simple, car cela implique une rupture totale.


Grèce : vers -500, Sparte domine le Péloponnèse. Les cités grecques sont en guerre contre les Perses qui occupent l'Asie mineure (en -490, bataille de Marathon).
- --- à partir de -450 En Grèce, Athènes invente la démocratie : tout le monde est citoyen, sauf les esclaves, les femmes et les "métèques" (étrangers non-athéniens).*

* Comme il y a trois esclaves pour une personne libre et autant d'hommes que de femmes, cela signifie qu'un Athénien adulte sur huit seulement (12,5%) bénéficie de cette fameuse démocratie (à des degrés divers selon sa fortune - comme aujourd'hui). En tenant compte des "métèques", on descend sans doute à 10% (un habitant adulte sur dix). Nos sociétés modernes, avec un pourcentage similaire de population immigrée, affichent un taux de 80% de citoyens.

C'est le siècle des arts, des lettres, du théâtre et de la philosophie (Socrate, Platon, Aristote).  Pour la première fois, la relation de faits historiques (Hérodote, Thucydide) se distingue clairement de la mythologie (une distinction qui reste encore à faire 25 siècles plus tard quand il est question de la Bible et d'Israël).

Rivalité Sparte-Athènes (va durer près d'un siècle).
- --- -338 Philippe de Macédoine unifie les cités grecques.
- --- -333 Conquêtes d'Alexandre le Grand (fils de Philippe) : Asie mineure, Egypte, Phénicie, Judée, Syrie, Mésopotamie, Perse. Fondation de la ville d'Alexandrie.

Beaucoup de Juifs profitent de l'intégration de la Judée à l'Empire d'Alexandre pour émigrer vers la Grèce, l'Asie mineure ou l'Egypte. Simultanément, des Grecs viennent s'installer en Judée. Au cours des décennies suivantes, la civilisation hellénistique va se propager, créant un choc culturel pour les habitués du dogmatisme judaïque.

L'orthodoxie religieuse est le seul ciment capable de maintenir un semblant d'unité du "peuple juif". Sans elle, ce groupe ethnique connaîtrait la même évolution que ses voisins : dissolution progressive dans un grand tout régional. Les prêtres ne peuvent pas accepter un tel destin, ce serait trahir le contrat exclusif passé jadis avec YHWH. Que les autres fassent ce qu'ils veulent, ils ne sont pas élus - les Juifs, c'est différent.

Dans la vie courante du monde réel, la langue hébraïque n'est plus parlée, elle a cédé le pas à l'araméen. Une culture juive distincte n'existe pas en dehors du cadre étroit de la religion.

Les Juifs restés en Babylonie après la conquête perse, deux siècles plus tôt, y ont fondé des communautés entre-temps très prospères. Des Juifs de Judée les ont rejoints. Plus tard, ces communautés prendront le pas sur la "mère patrie" et produiront le Talmud, l'ouvrage de référence de la religion juive.
- --- -323 Quelque temps après la mort d'Alexandre (-323), Ptolémée, un de ses généraux, "hérite" de l'Egypte, fonde (en -305) une dynastie qui régnera près de trois siècles, et fait d'Alexandrie sa capitale. La ville devient un grand centre de l'hellénisme. La Phénicie, la Judée et la Syrie sont sous son contrôle.
- --- -312 Séleucos, autre général d'Alexandre, s'installe en Syrie et fonde lui aussi une dynastie (les Séleucides). Antioche (ville aujourd'hui située dans le sud de la Turquie) devient la capitale de son royaume. Les Séleucides s'empareront de la Phénicie et de la Judée en -198.
- --- -270 Rome domine une grande partie de la péninsule italienne et commence à s'étendre en Méditerranée. De -264 à -146, trois guerres l'opposent à Carthage (guerres puniques).
- --- à partir de -164 Les Maccabées, une famille de nationalistes juifs, déclenchent un soulèvement en Judée, mènent une longue guerre contre les Séleucides, finissent par les chasser et fondent (en -141) un royaume indépendant qui subsistera jusqu'à la conquête romaine, avec une interruption de six ans entre -135 et -129 (retour des Séleucides).

Dès -164, le Temple de Jérusalem, qui avait été voué au culte de Zeus par les Séleucides, redevient un temple juif. Cette reconsécration est à l'origine de la fête d'Hanouka.

Pendant toute la durée de son indépendance, le royaume des Maccabées (dynastie hasmonéenne) est agité par la guerre civile et la concurrence des sectes (sadducéens et pharisiens).

Les sadducéens sont sensibles à l'influence hellénistique, alors que les pharisiens défendent la pureté du dogme, même si certains d'entre eux sont capables d'évoluer (Paul de Tarse, dit saint Paul, par exemple). Plus tard, lorsque le christianisme se sera établi, le mot pharisien prendra un sens péjoratif, synonyme de faux dévot et d'hypocrite. Le philosophe Alain écrit : "Le pharisien est un homme qui croit en Dieu, et qui croit que Dieu est content de lui." (George Bush serait-il pharisien ?)

A la même époque, une autre secte juive, les esséniens, existe en Judée mais ne participe pas à l'agitation politique et rédige les fameux manuscrits de la mer Morte. Les esséniens rejettent la violence armée, le luxe, l'enrichissement par le commerce et les affaires. Ils constituent la plus "humaniste" des sectes juives et ont très certainement inspiré, plus tard, les créateurs du christianisme.
- --- -63 Conquête de la Judée par Rome (Pompée). La Phénicie, la Syrie et l'Egypte deviennent également des provinces romaines.
- --- -40 De -40 à -4, "règne" d'Hérode le Grand, "roi des Juifs" par la grâce de Rome. Hérode fait restaurer le Temple de Jérusalem. C'est de cette époque que date le mur des Lamentations (mur occidental de l'enceinte extérieure du Mont du Temple - rien à voir avec le Temple lui-même, et encore moins avec le "Temple de Salomon").
+ ou -0 A Bethléem, "naissance de Jésus". (C'est une autre histoire - tout aussi véridique que celle de Noé, Abraham, Moïse, David et Salomon.)

Avant d'arriver à la fameuse crèche où elle va le mettre au monde, la maman du petit Jésus et son cocu de mari ont quelques obstacles à franchir.

Un peu plus tard, les Rois mages doivent ruser pour ne pas se faire piquer leur galette au checkpoint.

Les "experts" ont longtemps débattu pour savoir si Jésus-Christ était "né" quelques années avant ou quelques années après Jésus-Christ. Aux dernières nouvelles, ils ne connaissaient pas non plus la date de naissance exacte de Gargantua.
-27 Rome devient une monarchie (empereur Auguste).
+70 Les Romains répriment sauvagement une héroïque révolte juive, détruisent le Temple de Jérusalem et chassent les pauvres Juifs de leur patrie. Naissance de la Diaspora, qui survivra en milieu hostile jusqu'à ce que la fondation de l'Etat d'Israël permette le retour des Juifs en Terre promise. +70 De 66 à 70, en Judée, soulèvement de la secte des zélotes contre les Romains. La révolte de ce groupe extrémiste juif, qui pense que les "païens" souillent la Terre promise par leur seule présence, est réprimée par Vespasien (général sous Néron puis successeur de celui-ci sur le trône) et par Titus (fils de Vespasien et lui-même futur empereur). Le Temple de Jérusalem est rasé en 70.

Un millier de zélotes continuent de résister à Massada, une forteresse surplombant la mer Morte. Après trois ans de siège, ne voyant aucune possibilité d'échapper aux Romains, les insurgés se suicident collectivement. Cet épisode de l'histoire juive est considéré comme particulièrement héroïque. (Pourquoi ne pas le répéter, Messieurs les sionistes ?)

Contrairement à la légende, il n'y a pas eu d'expulsions massives après la victoire romaine. Comme le rappelle l'historien israélien Shlomo Sand, la plupart des Juifs de Judée ont pu rester sur place, les Romains n'ayant pas pour habitude d'exiler des nations entières. D'ailleurs, les Juifs avaient été nombreux à s'installer, bien avant cette date, dans d'autres régions de la Méditerranée (notamment à Alexandrie, à l'époque des Ptolémées). Voir plus haut - Diaspora
+135 Cruelle épuration ethnique en Judée : les Romains chassent les Juifs (qui n'étaient plus là, puisque Titus les avait déjà tous expulsés 65 ans plus tôt).

Après 135, il n'y a donc plus de Juifs dans la région, ce qui permettra aux sionistes d'affirmer dix-huit siècles plus tard que "les Juifs ont toujours été présents en Palestine" ou que "Les Juifs ont toujours constitué la majorité en Palestine". A quoi il faut ajouter le fameux slogan sur la "terre sans peuple pour un peuple sans terre".

Ce que les goyim zantisémites perçoivent comme une contradiction est tout à fait conforme à la logique talmudique.
+132 De 132 à 135, nouvelle révolte juive en Judée (menée par Bar Kokhba).* Elle est écrasée par l'empereur Hadrien, qui donne à la province le nom de Syria Palæstina. Jérusalem s'appelle désormais Ælia Capitolina. Beaucoup de Juifs de Judée vont s'installer plus au nord, en Galilée.

* La révolte se termine par la prise de la ville de Bétar. 18 siècles plus tard, Jabotinsky, fondateur du judéo-fascisme et inspirateur de tous les gouvernements israéliens, créera l'organisation terroriste qui porte ce nom.

Tandis que les Juifs de l'intérieur restent soumis à l'intégrisme religieux de leurs élites, ceux du monde gréco-romain échappent au carcan de la pensée unique. Ils contribuent à l'apparition du christianisme, cette nouvelle religion née de la rencontre du judaïsme avec l'hellénisme.
- --- vers +200 Début de la rédaction du Talmud (mot hébreu signifiant "étude", "enseignement"). C'est, selon la définition fournie par Wikipédia, "une compilation de discussions rabbiniques se rapportant à la législation, à l'éthique, aux coutumes et à l'histoire des Juifs". L'élaboration de ce texte dure plusieurs siècles et ne s'achève que vers +600.

Comme il existe, à cette époque, deux centres principaux de la vie religieuse juive (l'un en Palestine et l'autre en Mésopotamie), il y aura aussi deux versions du Talmud : celle de Jérusalem et celle de Babylone. Cette dernière est de loin la plus importante. Elle est encore valable de nos jours.

Le Talmud est en quelque sorte la réponse du judaïsme au christianisme. Et sa version non-édulcorée n'est pas très tendre pour celui-ci, c'est le moins qu'on puisse dire (voir le livre d'Israël Shahak).

Lorsque naît le Talmud, le pire danger qui menace, depuis des siècles, l'existence du "peuple juif", ce ne sont pas les persécutions, inexistantes à cette époque. Au contraire, les Juifs sont bien traités partout, y compris "à Babylone", cette prétendue incarnation du "mal". Personne ne s'offusque de leur exclusivisme, de leur sentiment de supériorité, de leurs prétentions "lumineuses". Ils ne subissent la répression que lorsqu'ils se soulèvent contre l'ordre politique.

Non, le pire danger pour l'existence du "peuple juif", ce sont les Juifs qui "votent avec leur pieds" et quittent le giron ethno-religieux pour se mêler aux "nations", pour devenir comme tout le monde. Ce "problème" donnera très longtemps du fil à retordre aux dirigeants des communautés juives. Pour combattre l'assimilation qui a eu raison des Cananéens, des Phéniciens, des Philistins, des Araméens, des Assyriens et de tous les autres peuples contemporains des Hébreux/Juifs, la seule solution proposée par les "élites" est la ghettoïsation.


Une citation d'Aline de Diéguez (tirée de son article La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël) à propos du livre Les Juifs, le monde et l'argent du sioniste Jacques Attali : "Attali parle du type d'économie régnant du temps des Juges et des Rois ou de l'économie des Israélites au moment de la sortie d'Egypte uniquement à partir des renseignements fournis par les textes bibliques, parce que cela ne fait aucun doute dans son esprit qu'une 'sortie d'Egypte' a bien eu lieu et qu'une économie organisée 'du temps des Juges' a existé. Cet ouvrage sous-titré Histoire économique du peuple juif est à l'histoire et à l'économie ce qu'Alice au pays des merveilles est à une étude scientifique des mœurs des chats et des lapins."

A propos d'Esdras, Aline de Diéguez écrit dans Comment le cerveau d'un peuple est devenu un bunker : "Le scribe Esdras, d'une poigne de fer et secondé par le gouverneur Néhémie, a bétonné la casemate mentale de ses contemporains et érigé la triple rangée de barbelés derrière laquelle s'est retranché le personnage mental qui s'est nommé le 'peuple saint'. La féroce purification ethnique qu'Esdras et Néhémie ont imposée à leurs contemporains est allée jusqu'à détruire des familles au nom de principes dits religieux, mais en réalité fondés sur un examen scrupuleux des généalogies. Cette première épuration radicale fondée sur une filiation maternelle directe, donc sur la biologie, a sculpté pour l'éternité les formes et le contenu du 'personnage historique' devenu l'Israël sioniste. Elle demeure la norme de l'Etat actuel..."

Alain Soral, sociologue et écrivain, dans une vidéo de janvier 2011 : "La diaspora juive est une punition voulue par Dieu, qui punit son propre peuple. Le Dieu vengeur d'Israël passe son temps à punir son peuple. Les premières victimes de l'arrogance juive incarnée par le projet du 'peuple élu' de Yahvé, les premiers à en prendre plein la gueule, ce sont les Juifs eux-mêmes - parce qu'ils ne veulent pas être des élus ; ils préféreraient vivre comme les autres. Ce sont leurs élites, les Lévites et le Sanhédrin qui, souvent à grands coups de pompe dans le cul, les obligent à respecter le projet que Dieu leur a soi-disant dicté. Il y a une espèce de lutte des classes dans la communauté, une lutte des classes sacrée où le petit peuple juif est sommé d'incarner le destin de l'élection biblique divine, alors que souvent les gens n'en ont pas envie. Ça leur coûte très cher, et ils aimeraient bien qu'on les oublie... Je compatis avec eux, d'ailleurs..."






Hébreux / Israélites / Judéens / Juifs dans l'Antiquité



Pourquoi dit-on qu'Israël est le seul Etat démocratique du Moyen-Orient ?
Parce que contrairement à leurs voisins, les Juifs ont été élus.


RÉSULTATS OFFICIELS COMPLETS DE LA DIVINE ÉLECTION
Premier tour de scrutin (un second tour n'a pas été nécessaire) :
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Inscrits : 1 - Votants : 1 - Suffrages exprimés : 1 - Abstentions : 0 - Bulletins nuls : 0
PEUPLE JUIF : 1 voix (= 100 % - ÉLU) - Goyim : 0 voix (= 0 %).



QUI SONT LES PALESTINIENS ?

Ils ont des racines multiples. Les Cananéens, les Phéniciens, les Philistins et les Arabes, qui ont vécu de longs siècles dans la région, figurent à coup sûr parmi leurs aïeux. Bien entendu, l'influence arabe - linguistique, culturelle, religieuse - domine aujourd'hui. A tel point que beaucoup considèrent que les Palestiniens sont tout simplement "des Arabes" - ces gens relativement nouveaux dans le pays (ils y sont à peine depuis 14 siècles).

Les autres peuples qui ont marqué la région de manière plus brève (Egyptiens, Assyriens, Araméens, Perses, Grecs, Romains, Francs, Turcs, etc.) ont probablement laissé quelques traces eux aussi.

Enfin, parmi les ancêtres des Palestiniens actuels, n'oublions pas les nombreux Juifs convertis au christianisme ou à l'islam entre le 2ème et le 7ème siècle (ou éventuellement plus tard) - voir : Diaspora.


QUI SONT LES JUIFS ?

Contrairement aux Palestiniens, les Juifs, depuis l'époque du roi Josias (-639 à -609) et surtout depuis le retour des exilés de Babylone (à partir de -539), ont toujours entendu prêcher la pureté de la race et le dogmatisme de la foi. La notion de "peuple élu" les a toujours accompagnés partout, aujourd'hui plus que jamais. On se demande bien pourquoi les sionistes montent sur leurs grands chevaux lorsque quelqu'un, comme le général de Gaulle, qualifie les Juifs de "peuple fier et sûr de lui". C'est pourtant l'équivalent exact de la fameuse formule "lumière parmi les nations". Comment peut-on encore, au 21ème siècle, recourir à un tel vocabulaire vieux de 2600 ans ?...

Bien entendu, au cours de ces 26 siècles, des dizaines de millions de Juifs ont rejeté cet atroce complexe de supériorité et se sont détournés de cette idéologie archaïque. Ils se sont fondus dans la masse des "nations" - comme les Palestiniens, comme pratiquement tous les autres peuples du monde depuis la nuit des temps.

Cela ne signifie pas, cependant, que ceux des Juifs qui s'accrochent encore aujourd'hui à l'idée que leur groupe est unique et supérieur aux autres, répondent eux-mêmes aux critères définis par leur dogme. Loin s'en faut.

Tout d'abord, si l'on remonte avant l'époque où le dogme commence à s'imposer (sans doute aux alentours de -500), il est évident que les Juifs n'appliquent pas les principes formulés par Esdras ("Séparez-vous des peuples du pays et des femmes étrangères" - voir plus haut - Profil et programme). Sinon, il ne serait pas nécessaire de les rappeler à l'ordre. A cette époque, donc, les Juifs constituent déjà un joyeux mélange ethnique. Autrement dit, ils se comportent comme des gens normaux.

Une fois la langue hébraïque disparue de la vie quotidienne pour faire place à l'araméen, c'en est fini du ciment culturel. Un peuple qui perd sa langue, perd son identité. Il ne reste plus que le ciment de la religion pour préserver son existence - à condition que cette religion soit exclusiviste. Depuis le "retour de Babylone", les élites juives l'ont très bien compris.

Beaucoup plus tard, à partir du 18ème siècle, lorsqu'on s'aperçoit que les "Lumières" viennent d'ailleurs, la religion ne suffit plus pour maintenir fermées les portes du ghetto. Les Juifs s'émancipent et s'assimilent. Il faut donc remplacer le dogme religieux par autre chose : ce sera le sionisme. Cette idéologie, bien que purement politique et fondée sur l'athéisme, récupère sans vergogne les dogmes religieux. Un petit nombre de croyants orthodoxes essaie de s'y opposer (par exemple les rabbins de Neturei Karta), mais d'autres orthodoxes sont au contraire les pires défenseurs du sionisme, même lorsque celui-ci se tranforme en judéo-fascisme.

La "pureté raciale" d'un peuple, qu'il soit "élu" ou non, n'existe pas et n'a jamais existé. Les rédacteurs de la Torah (6ème siècle avant J.C.) le savent pertinemment, tout comme après eux les compilateurs du Talmud (2ème-6ème siècles après J.C.) et encore après eux les sionistes (20ème siècle). Mais les uns et les autres font bien entendu semblant d'y croire : c'est le seul moyen d'empêcher l'effondrement d'un système basé sur une idée contre nature.

Les Juifs contemporains, c'est-à-dire les gens qui se considèrent comme tels, sont le produit d'une évolution qui a suivi, en gros, une des trois "filières" suivantes :

  1. Ceux qui se trouvaient en Palestine avant la naissance du sionisme, disons vers 1850, ont le plus de chances d'être de "vrais Juifs", issus de familles restées en Palestine depuis l'Antiquité et jamais converties ni métissées. Mais, attention, ces gens sont peut-être, sans le savoir, des descendants de personnes aux origines juives douteuses, venues sur le tard d'autres provinces de l'Empire ottoman : Grèce, Balkans, Anatolie, Mésopotamie, etc.  Autant dire que les représentants authentiques de cette catégorie ne courent pas les rues.

  2. Les Juifs séfarades ("espagnols") et/ou orientaux sont considérés comme les descendants des Juifs jadis émigrés dans d'autres provinces de l'Empire romain (Italie, Espagne, Portugal, Afrique du Nord) ou dans les pays d'Orient. Ils auraient effectivement des attaches lointaines avec la Palestine. Les Séfarades sont très minoritaires dans les grandes communautés juives du monde, y compris en Israël. La seule exception notable est la France, grâce à l'arrivée, à partir des années 1960, de nombreux Juifs d'Afrique du Nord. Si quelqu'un mérite le nom de "diaspora", c'est peut-être ce groupe-là - du moins en partie, car personne ne sait exactement quel parcours ses membres ont suivi au cours des âges. Des Juifs alsaciens partis s'installer en Algérie sous Napoléon III et "rapatriés" quatre ou cinq générations plus tard, ne devraient certainement pas s'en réclamer. Et si l'on s'en tient à Shlomo Sand (voir plus haut - Diaspora), bon nombre de Juifs orientaux ont en fait des ancêtres berbères, puniques ou yéménites (himyarites), convertis au judaïsme à une époque où le prosélytisme juif était une réalité.

  3. Les Juifs ashkénazes ("allemands"), comme l'a exposé l'écrivain juif Arthur Koestler dans son livre La treizième Tribu (1976), sont pour la plupart des descendants des Khazars*, un peuple turc du sud de l'actuelle Russie, qui se serait converti au judaïsme par pure conviction aux alentours du 8ème siècle et aurait conservé son indépendance jusqu'au 11ème siècle, avant de s'éparpiller dans toute l'Europe centrale et orientale. Les Ashkénazes, qui représentent l'écrasante majorité de la population juive mondiale, n'ont donc aucun lien réel avec la "Terre d'Israël". Avant de coloniser la Palestine, ils vivaient en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Autriche, en Allemagne, en France, en Hollande, en Angleterre. Et comme ils avaient la bougeotte, la liste des pays dont ils ont été (ou sont encore) citoyens est interminable : USA, Canada, Argentine, Australie, etc. etc... (voir la liste des pays membres de l'ONU).

    * Une petite partie des Ashkénazes, en quelque sorte les "vrais" parmi eux, vivaient déjà au 11ème siècle dans l'ouest et le sud de l'Allemagne. C'est à eux que le reste du groupe doit son nom... et sa langue (le yiddish, un dialecte germanique utilisant l'alphabet hébreu). Comme le signale Shlomo Sand, le rapprochement des deux communautés s'opère à partir des 14ème et 15ème siècles, lorsque l'expansion allemande en direction de la Pologne et de la Russie donne naissance à ce qui sera jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale le "Yiddishland" est-européen.

Quel que soit le groupe considéré (hypothétiques "vrais Juifs", Séfarades ou Ashkénazes), aucun d'eux n'a le droit de s'approprier une contrée habitée depuis des siècles par un autre peuple et d'en expulser la population par la ruse et par la violence.


Si, comme l'affirment les sionistes, les racines ethniques étaient nécessaires (et suffisantes) pour justifier un "droit historique" ou un "droit à l'existence", les Palestiniens n'auraient aucune crainte à avoir. Leurs ancêtres, malgré leur diversité, sont de la région...

Mais celui qui assume ses origines multiples n'a pas à prouver d'où il vient. C'est celui qui se réclame d'une origine unique qui devrait le faire - plutôt difficile...


Pureté raciale et droits ancestraux :

" Israël, c'est mon pays depuis 10.000 ans.
Nous, les Juifs, on a toujours été ici, on n'a pas d'autre endroit où aller...
Alors, quand je serai grand, je tuerai plein d'Arabes,
pour qu'ils puissent pas nous voler nos terres et nos falafels.
Excusez-moi de parler la bouche pleine...
"

(photo : Guide Berlitz)


ÉTAT JUIF :

Une fois dépouillée du ballast de la mythologie biblique, l'histoire de l'Etat juif peut se résumer ainsi, tout le reste n'étant que littérature :

  1. Royaume d'Israël
    A existé de -885 à -724, soit 161 ans. A presque toujours été tributaire de l'Assyrie, avant d'être purement et simplement annexé par elle et rayé de la carte.

  2. Royaume de Juda
    A existé de -800 à -587, soit 213 ans. D'abord relativement insignifiant, il n'a pris une certaine importance qu'après la disparition de son rival israélite. Suite à une révolte manquée contre les Assyriens, le royaume de Juda n'a pu survivre qu'en collaborant avec eux. Finalement annexé et rayé de la carte par Babylone (vainqueur de l'Assyrie).

Ces deux royaumes ont coexisté de -800 à -724, soit 76 ans. Pendant ces trois quarts de siècle, ils n'ont cessé de se regarder en chiens de faïence.

  1. Royaume des Maccabées (ou Hasmonéens)
    A existé de -141 à -63 avec un trou de six ans entre -135 et -129, soit une durée effective de 72 ans, surtout marqués par la guerre civile, les assassinats politiques et la violence sectaire. Annexé et rayé de la carte par les Romains.

  2. Etat d'Israël
    Existe depuis 1948. A été fondé suite à un vote de l'ONU* de triste mémoire.  Ce IVème Reich sera un jour rayé de la carte comme les précédents - par qui ?...

    * 33 pays ont voté pour : l'URSS (elle disposait de trois voix en comptant l'Ukraine et la Biélorussie), la Tchécoslovaquie, la Pologne, les USA, le Canada, la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Danemark, l'Islande, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, le Libéria, les Philippines, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay, le Pérou, la Bolivie, l'Equateur, le Venezuela, le Costa Rica, le Guatemala, le Nicaragua, le Panama, la République Dominicaine et Haïti.

    13 pays ont voté contre : Cuba, la Grèce, la Turquie, l'Egypte, le Liban, la Syrie, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, l'Arabie Saoudite, le Yémen, l'Inde et le Pakistan.

    10 pays se sont abstenus : le Royaume-Uni, la Yougoslavie, la Chine, l'Argentine, le Chili, la Colombie, le Salvador, le Honduras, le Mexique et l'Ethiopie.  Un pays n'a pas pu participer au vote : le Siam (Thaïlande).



On voit que, finalement, l'Etat juif n'est guère plus qu'un simple pet de l'histoire. Mais cette flatulence, en voulant trop prouver qu'elle existe, risque aujourd'hui de faire exploser l'ensemble de la planète.

Et si, pour désamorcer le conflit, l'Assemblée générale de l'ONU (194 membres) votait de nouveau afin de créer un Etat palestino-israélien exempt d'apartheid et garantissant les mêmes droits à tous ses citoyens ?...





Aux sources du sionisme :
I - La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël
II - L'invention des notions de "peuple élu" et de "terre promise"
III - Israël, du mythe à l'histoire
IV - Comment le cerveau d'un peuple est devenu un bunker
V - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire
VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine
par Aline de Diéguez



Les mythes israéliens


L'autre volet du mythe biblique (le Nouveau Testament) :
La Passion du Christ


Accueil





Recherche sur l'ensemble du site
Mot-clé :



- un outil FreeFind -