LA GUERRE D'IRAK

( IV - 2003-2004)



I : L'agression annoncée     II : L'invasion     III : L'occupation    IV : La résistance    V : La guerre de libération ?





LA RÉSISTANCE

- Chronologie -



Down with the USA !
Pannes de moteur    La mort des deux fils    Wolfopissed    Ramadan

Les Londoniens à George Bush :  Fuck off        Voyage "à Bagdad"
La "capture de l'ex-dictateur"     Joyeux Noël et bonne année 2004     Intelligence    Joyeux anniversaire

Falloudja :   Ah ça ira...    Nettoyage de printemps    Jusqu'au cou    Repli

L'affaire Berg    ZMZB    Good news, bad news
"Transfert de souveraineté"    Offre d'emploi    "Saddam" est de retour
Améliorer l'ordinaire    Ça lui fait une belle jambe    Insurrection à Nadjaf     Golden body bag
Mur du çon     Falloudja II     Bon appétit, Messieurs

Qui sont les résistants ?    Maman s'inquiète     Bilan    



" S'il n'y avait pas la résistance en Irak, les Américains seraient déjà à Damas et à Téhéran."
(Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du journal palestinien Al-Quds Al-Arabi)

" Cette guerre, nous ne la gagnerons jamais. En fait nous l'avons déjà perdue."
(L'Américain Scott Ritter, ex-inspecteur en désarmement de l'ONU)

" L'agression américaine en Irak est vouée à l'échec."
(Le légendaire général vietnamien Vô Nguyên Giap,
vainqueur de l'armée française à Diên Biên Phu, en 1954, et de l'armée américaine 20 ans plus tard)

" George Bush, Uncle Sam, Iraq is your Vietnam."
(Slogan des manifestants anti-guerre anglais)



NOTRE SONDAGE : Qui est responsable de la terreur ?



Cartes de l'Irak

News from Iraq
( site russe très informatif - en anglais )

Le Viêt-Nam et l'Irak



Down with the USA !

"D'après ce que m'a dit mon interprète, 90 % des Irakiens nous haïssent. Le reste vit à l'étranger."
   (Private T.J. Knight, militaire américain cité par le San Francisco Chronicle)

Quel que soit le sort des anciens dirigeants, une chose est sûre : la volonté de résistance du peuple irakien ne s'est pas évanouie le 9 avril 2003. Elle continue de se manifester sous différentes formes : attaques armées contre les troupes étrangères, refus de collaboration avec l'occupant et ses marionnettes, soutien aux forces religieuses. Dès le 15 avril, des dizaines de milliers de manifestants antiaméricains se rassemblent à Nadjaf, à Bagdad et à Mossoul (ou l'armée d'occupation tire sur la foule). Une semaine plus tard, le pèlerinage de Karbala, réunit deux millions de personnes. Minimisé par les médias, qui préfèrent s'étendre longuement sur les "scènes de liesse" organisées avec une poignée de figurants, ce gigantesque meeting est loin d'être seulement religieux. A travers lui, c'est l'opposition de tout un peuple qui s'exprime. La presse alignée s'acharne à nous faire croire que les pèlerins sont reconnaissants à l'Amérique d'avoir autorisé ce rassemblement religieux chiite interdit sous Saddam, parce que lui-même était sunnite.

Cette présentation des événements est absurde. Les Américains n'ont rien "autorisé" du tout. Ils ne pouvaient tout simplement pas se permettre d'interdire ce pèlerinage, que Saddam Hussein lui-même n'a jamais empêché. En 2002, le nombre de chiites venus à Karbala était presque aussi élevé qu'en 2003. Mais bien entendu, la répression - politique et non confessionnelle - a frappé des pèlerins, tout comme elle a frappé n'importe quelle autre catégorie d'opposants éventuels. Cela n'a rien à voir avec une interdiction de type religieux, et encore moins avec la persécution d'un groupe musulman par un autre. (Il ne faut pas oublier qu'en 1991, après la guerre du Golfe, un soulèvement politique avait eu lieu à Karbala et dans d'autres villes du sud de l'Irak, encouragé puis trahi par les Américains, et que le régime de Bagdad surveillait de près tout ce qui se passait sous couvert de l'islam.)

Le 22 avril, à Bagdad, une nouvelle manifestation religieuse - unitaire - a lieu face à la presse occidentale, qui l'ignore à peu près complètement (les exceptions confirment la règle). Quelques jours plus tard, toujours dans la capitale, la colère populaire gronde après que des "explosions contrôlées" de munitions aient fait 34 morts civils (voir plus haut) ; les occupants se font caillasser. Fin avril, à Falloudja, où un massacre a coûté la vie à 15 Irakiens (voir plus haut), la réaction est plus claire encore : sept mercenaires US sont blessés dans une attaque à la grenade (chiffres officiels - bien sûr, nous croyons toujours le Pentagone quand il nous dit que ce genre d'attentat ne fait jamais de morts parmi les Américains).

Dans diverses localités du pays, des administrations civiles autonomes - souvent animées par le clergé local - font leur apparition au nez et à la barbe de la puissance coloniale, qui réalise à peine ce qui se passe.

L'impuissance américaine face aux phénomènes religieux irakiens pourrait être pour les occupants la source de futurs ennuis. Car si les services secrets US sont parfaitement capables de noyauter des organisations civiles et laïques pour en faire des instruments à leur service, il en va tout autrement des milieux islamiques qui leur sont profondément étrangers et incompréhensibles.

Le patriotisme irakien va-t-il prendre la forme d'un renouveau religieux débouchant sur un renforcement de l'intégrisme ? Si tel était le cas, l'ineptie de l'action américaine apparaîtrait bientôt dans tout son éclat, et les crétins de l'anti-islamisme auraient eux-mêmes produit ce qu'ils prétendent combattre.

Religieuse ou pas, la résistance irakienne se poursuit, y compris les armes à la main. Le 27 mai, à Falloudja, deux mercenaires américains sont tués et neuf autres blessés ; un hélicoptère est détruit (on nous refait le coup du friendly fire). Quelques jours plus tôt, les envahisseurs avaient eu trois morts et quatre blessés.


Pannes de moteur

Tandis que les occupants exigent des Irakiens qu'ils restituent leurs armes, la résistance répond par des attaques au lance-grenades et au mortier. Et comme le constate Robert Fisk, les troupes américaines n'osent plus sortir la nuit. Le 10 juin 2003, on apprend que les "libérateurs" ont eu 11 morts en 15 jours. Le 12, c'est un autre hélicoptère Apache qui est abattu. Le 19 à Al-Doura, au sud de la capitale, une embuscade coûte la vie à trois mercenaires ; un camion est détruit. Qui a dit que la guerre était finie ?

Les Américains ont des
problèmes de moteur :

(Source : www.iraqwar.ru)

Pour ce qui est de la stupidité, on voit que le porte-parole militaire n'a pas grand-chose à envier à son "président" et "commandant en chef". Pour ce job-là, le niveau Bush + 2 est suffisant.

Espérons que grâce aux roquettes irakiennes, l'armée de l'Empire aura beaucoup d'autres "problèmes de moteur" dans les semaines et les mois à venir - sans oublier les "problèmes de santé" du personnel (depuis la "fin des hostilités", le 1er mai 2003, au moins un GI a été tué chaque jour, et ce n'est qu'un chiffre officiel corrigé à la baisse).

Lire ici comment les Brigades Al-Faruq harcèlent l'envahisseur : The Free Arab Voice (site de la résistance irakienne)

Le 25 juin, à Majar Al-Kabir, près d'Amarah, les Irakiens liquident six occupants britanniques qui avaient tué quatre civils la veille - on voit que le crime ne paie pas. Le lendemain, deux mercenaires américains sont éliminés à Bagdad et deux autres faits prisonniers. Le 27, c'est un GI qui est tué en faisant du "shopping" - du "shopping" comme au Musée national, sans doute, ou comme à l'aéroport Saddam.

Le 1er juillet, à Bagdad, nouveau problème de moteur pour un véhicule américain : quatre morts et deux blessés. Le 6 juillet, trois militaires sont tués, dont un à bout pourtant alors qu'il s'apprêtait à boire son coca - ça lui apprendra à boire idiot, n'avait qu'à choisir Mecca-Cola...  A Ramadi, sept flics irakiens fraîchement embauchés comme auxiliaires de l'armée d'occupation se font descendre eux aussi - c'est dur d'être collabo. Quelques jours plus tard, c'est le tour du maire pro-américain de Hadithah.

Les attaques individuelles et les actes de sabotage contre les installations pétrolières se multiplient. Le général Tommy Franks parle de 10 à 25 "incidents violents" touchant quotidiennement les troupes US. On peut se demander, dans ces conditions, par quel miracle il n'y aurait en moyenne qu'un mort par jour. Connaîtra-t-on jamais les chiffres réels ?

Le 11 juillet, trois morts avoués : un à Tikrit, deux à Mahmoudiyah. Et toujours ces sacrés ennuis mécaniques :


Les frappes chirurgicales irakiennes se poursuivent : un ou deux tueurs américains y passent chaque jour, parfois davantage (trois le 22 juillet près de Mossoul).


La mort des deux fils

Pour donner le change, les services de propagande du Pentagone annoncent avoir tué les deux fils de Saddam, qui s'étaient réfugiés, paraît-il, dans une de leurs villas*. Vraiment coriaces, les mecs : c'est déjà la troisième fois qu'ils meurent. La dernière fois, c'était début avril, dans un restaurant de Bagdad où ils dînaient tranquilles avec papa. Cette fois-ci, après avoir annoncé que les corps étaient carbonisés, on produit des photos où les visages ensanglantés sont tout à fait "reconnaissables". Mais les clichés ne sont publiés qu'avec 48 heures de retard. Vous savez ce que ce c'est : le mois de juillet, les vacances, le spécialiste qu'on n'arrive pas à joindre - on voulait vous présenter des photos correctes, pas la retouche à deux balles à la portée du premier Blair venu.

Devant l'incrédulité générale (nous ne parlons pas de la presse mais du public), Downing Street envoie d'urgence en Irak le meilleur plasticien-visagiste qu'on ait pu trouver chez Madame Tussaud. Peu de temps après, journalistes assermentés et membres du gouvernement fantoche défilent devant des cadavres nickel et confirment qu'il s'agit bien des deux monstres. Comme tous ces "témoins" n'ont jamais vus les frères Hussein vivants, on se demande comment ils ont pu les "reconnaître" : à la couleur de la cire, sans doute ?...

* Comme si tous les palais, maisons et villas de Saddam Hussein et de sa famille n'étaient pas surveillés, occupés ou détruits depuis le premier jour....  Selon leurs propres informations, les Américains, au nombre de 200, auraient mis six heures pour venir à bout des quatre Irakiens réfugiés dans la villa : les "deux frères", un "garde du corps" et un enfant de 14 ans, soi-disant "le petit-fils du dictateur". On reste admiratif devant tant d'héroïsme yankee...

Quand ils ne succombent pas sous les obus américains, Saddam et les siens se produisent sur des cassettes vidéo dûment "authentifiées" par les services de Washington. Selon l'humeur du jour, on agite l'épouvantail - cause de tous les revers militaires - ou au contraire on annonce sa destruction, suggérant ainsi aux Américains démoralisés que "tout va changer".

En fait de changement, le nombre de mercenaires liquidés augmente : cinq en vingt-quatre heures le 26 juillet 2003.

Le 17 août, le nouveau chef de la police de Mossoul est la cible d'un attentat avec quelques-uns de ses subordonnés. A Bassorah, c'est un occupant danois qui est abattu par la résistance. Et le bilan officiel des "pertes" anglo-américaines continue de s'accroître au rythme de deux par jour (320 en cinq mois).

Moins d'une semaine plus tard, nouveau jour faste pour les Irakiens. En l'espace de vingt-quatre heures, cinq envahisseurs sont tués : deux Américains près de Bagdad et trois Britanniques à Bassorah. Curieusement, c'est à proximité du cimetière anglais que ces derniers passent l'arme à gauche.

Le 27 août, on remet ça : trois Américains + un Anglais. Le 2 septembre : trois Américains + un flic irakien.

Le 12, près de Falloudja, les "libérateurs" liquident eux-mêmes "par erreur" une dizaine de policiers collabos qu'ils avaient recrutés un peu plus tôt. A Ramadi, le même jour, deux soldats américains sont tués. Et on ne compte plus les blessés depuis longtemps.

Dans les jours qui suivent, à Khaldiyah, la résistance s'offre le chef de la police et trois GIs. Le 19 septembre, à Tikrit, trois autres Américains se font griller dans leur humvee. Comme l'écrit Jay Price, journaliste à Associated Press, "le High Mobility Multipurpose Wheeled Vehicle, successeur de la légendaire jeep, a beau faire figure de brute macho lorsqu'il se présente dans sa version civile sur les routes américaines ; dans sa version militaire utilisée en Irak, il est un piège mortel qui est loin de faire le poids."

Les Irakiens, eux, se gardent bien de critiquer le constructeur. Des cris de joie et des klaxons saluent chaque embuscade réussie.


Il paraît que le tube de l'été 2003, à Bagdad, a pour titre Fuckin' USA - et on ira dire que les Irakiens n'aiment pas les Bush Boys...

L'été touche à sa fin mais la liste des morts américains continue de s'allonger. Le 21 septembre, trois tortionnaires du camp d'Abou-Ghraib, à l'ouest de la capitale, sont tués et treize autres blessés dans une attaque de la résistance qui permet de libérer 150 prisonniers irakiens. Le même jour, une "ministre" du "gouvernement" mis en place par l'occupant est grièvement blessée dans un attentat et meurt peu après. Son "chef", le gangster Chalabi, "proteste" mais se garde bien de sortir de son trou, de peur de subir le même sort.

Après une semaine tranquille (un mort américain par jour), on repart en beauté : deux GIs ont droit à leur body bag le 1er octobre, trois le lendemain, quatre le 7, deux le 9 et un les autres jours. A la bonne heure...

Qu'il s'agisse des morts ou des blessés, tous les chiffres officiels américains sont trafiqués à la baisse. La Voz de Aztlan, un journal hispano-américain de Californie, révèle que de nombreux soldats de l'US Army en Irak sont en réalité mexicains. On leur a promis le droit de séjour aux Etats-Unis s'ils s'engageaient dans l'armée. Leurs morts ne sont pas décomptés. Les corps sont enterrés sur place au lieu d'être rapatriés - détails.

Toujours le 9 octobre 2003, une dizaine de policiers irakiens paient de leurs vies leur collaboration avec l'occupant. Et le même jour, un attaché militaire espagnol est exécuté par la résistance - on doit bien rigoler dans les chaumières du Pays basque.

Le 12, devant un hôtel de Bagdad abritant la CIA, Bechtel et quelques autres "reconstructeurs" de l'Irak, deux voitures forcent un barrage de "sécurité" et explosent. Il y a une dizaine de morts. Le jour suivant, trois militaires américains sont tués. A peu près au même moment, après que la Turquie ait officiellement proclamé son intention d'envoyer des troupes en Irak (sa présence était jusqu'ici très discrète), une attaque contre l'ambassade turque à Bagdad fait deux morts.

A Karbala, le 16 octobre, trois terroristes de l'armée américaine et deux de leurs complices irakiens sont liquidés dans un accrochage ; ils avaient l'ordre de "désarmer les chiites". Deux autres tueurs US sont tués le 18 à Kirkouk, et trois à Falloudja le lendemain. Afin de ne pas alarmer les Américains, sensibles lorsqu'il s'agit de leurs propres pertes, l'administration interdit la publication des habituelles photos de cercueils recouverts de la bannière étoilée : deux par jour, en moyenne, c'est trop.


Wolfopissed

Le 23 octobre 2003, au nord de Bagdad, les Irakiens éliminent trois GIs. Le lendemain, ils abattent un hélicoptère Black Hawk près de Tikrit ; il y a cinq blessés mais, paraît-il, aucun mort. Cette action a lieu quelques heures seulement après la "visite" du vice-ministre de la "Défense" et criminel de guerre israélo-américain Paul Wolfowitz, venu encourager les recrues de la "nouvelle armée irakienne" - une armée de collabos enfin conforme aux voeux des sharognards. (Wolfowitz est l'auteur de ce bon mot, de ce quasi-bushisme : "Le problème en Irak, c'est qu'il y a trop d'étrangers" - tu l'as dit, bouffi !)

Bien sûr, le fusil n'est pas chargé - on ne sait jamais...

Imaginez un instant qu'il le soit :
une brusque volte-face et pan! dans la gueule -
pour les néo-cons, la perte serait irréparable.

Le 25, alors que l'ordure du Pentagone se trouve dans son quartier général de l'hôtel Al-Rachid à Bagdad, la résistance déclenche une attaque particulièrement bien organisée. Une pluie de roquettes s'abat sur cet hôtel fortifié, considéré jusqu'alors comme l'endroit "le plus sûr de Bagdad", et cause des dégâts importants. Un colonel* américain est tué et dix-huit militaires blessés (bilan officiel). Wolfowitz s'en tire avec une peur bleue et un caleçon mouillé. Celui que les Bagdadis appellent désormais Wolfopissed quitte l'hôtel en catastrophe. Ce n'est que partie remise...

* Ce colonel est l'officier le plus "important" tué depuis le début de la guerre. Avant lui, 3 lieutenants-colonels, 8 commandants et 19 capitaines ont eu droit à leurs body bags. Les généraux, eux, ne risquent rien : trop lâches, ils viennent rarement en Irak, se contentant de commander les troupes depuis leurs bureaux climatisés et sécurisés de Koweït City ou du Qatar.


Ramadan

A la suite de cette attaque réussie, les troupes d'occupation doivent abandonner leur QG devenu inutilisable. Elles s'efforcent néanmoins de minimiser l'événement. Le lendemain, trois autres militaires américains sont tués à Bagdad, de même qu'un mercenaire espagnol. Diverses attaques contre des commissariats de police coûtent la vie à une dizaine de flics collabos. Le mois de Ramadan commence bien...

Le 28 octobre 2003, après que leur char ait sauté sur une mine, deux autres envahisseurs de la coalition terroriste quittent l'Irak les pieds devant. Officiellement, ils sont déjà plus de 420 à l'avoir fait depuis le 20 mars (en réalité peut-être un millier, sinon davantage). A Suwayrah, au sud de Bagdad, sept militaires ukrainiens sont blessés dans une embuscade - on se demande ce qu'ils venaient chercher en Irak.

Deux jours plus tard, à Falloudja, la résistance attaque la mairie, où trône une marionnette pro-américaine, et fait sauter un train transportant du matériel destiné aux troupes d'occupation. Est-ce le début d'une bataille du rail à l'irakienne ?

Le 1er novembre, cinq GIs sont tués (dont trois à Mossoul, un à Bagdad et un à Khaldiyah). Deux autres sont sérieusement blessés à Bagdad, à la suite d'une émeute spontanée qui éclate après qu'un char US ait écrasé un enfant de six ans. Le même jour, un diplomate sud-coréen est enlevé par les Irakiens en signe d'avertissement à son gouvernement qui envoie lui aussi des troupes dans le pays. L'homme est relâché peu après, mais les larbins des Etats-Unis commencent à comprendre qu'ils ne sont plus à l'abri.

Le 2, un hélicoptère de transport Chinook avec 36 Américains à bord est abattu près de Falloudja ; de source officielle, il y a 16 morts et 20 blessés. C'est le plus bel exploit de la résistance irakienne depuis le début de l'occupation. A peu près au même moment, non loin de Tikrit, un oléoduc explose : les pillards texans iront chercher leur pétrole ailleurs. Pour compléter le tableau de chasse de ce beau dimanche, les Irakiens expédient ad patres trois Américains de plus (un militaire près de Bagdad et deux "civils" à Falloudja). La foule en liesse danse autour des véhicules incendiés.

La photo ci-contre (trouvée sur le site www.antiwar.com) permet de douter qu'il y ait eu 20 rescapés dans le Chinook. Mentir est la tâche numéro un du porte-parole du ministère de la guerre, et comme chacun sait, tout menteur en vient un jour ou l'autre à s'embrouiller dans ses mensonges. C'est ainsi qu'on nous annonce maintenant que la "perte tragique" du 2 novembre serait la plus élevée en un seul jour depuis celle subie le 23 mars (28 morts). Le problème, c'est qu'une telle perte de 28 soldats n'a jamais été communiquée, ni pour le 23 mars ni pour les jours suivants. Nous n'aurions pas manqué de la mentionner parmi les bonnes nouvelles si cela avait été le cas. Nous apprenons donc incidemment, avec sept bons mois de retard, que 28 GIs sont morts le 23 mars. Peut-être apprendrons-nous l'été prochain que 36 militaires (et non 16) ont perdu la vie le 2 novembre à Falloudja.

En attendant, pour détourner l'attention, le Pentagone et les médias clonés parlent de "40 Irakiens tués par les terroristes" - comme si les résistants tuaient leurs propres gens. Chacun sait pourtant que, sur le terrain, les créatures de Washington et de Tel Aviv sont actives depuis plusieurs mois dans l'espoir d'isoler les combattants irakiens du reste de la population (voir la nouvelle tactique du Pentagone). Le massacre de civils dans de pseudo-attentats-suicides vient ainsi s'ajouter aux massacres perpétrés de manière directe. Il est peu probable que cette nouvelle tactique des tueurs du Pentagone ait une chance d'aboutir, du moins sur place en Irak. Ce type d'intox est avant tout dirigé contre l'opinion internationale.

Le Ramadan n'empêche pas les partisans irakiens d'agir en plein jour. Le 4 novembre, sans attendre le coucher du soleil, ils tuent trois envahisseurs (un Britannique et deux Américains), tandis que deux juges locaux chargés par les puissances étrangères "d'enquêter sur les crimes du parti Baas" sont enlevés puis exécutés à Nadjaf et à Kirkouk. Non, la collaboration ne paie pas...  Dans le même temps, le nouveau quartier général des terroristes US, guère plus sûr que l'hôtel Al-Rachid, est pilonné au mortier. Les tueurs d'outre-Atlantique subissent à présent 35 attaques par jour. Leurs fidèles et courageux alliés espagnols, néerlandais et bulgares évacuent tout le personnel diplomatique vers des cieux plus cléments : aider Bush à tuer des civils irakiens, d'accord ; se faire tuer soi-même, non merci.

Le 6 novembre 2003, deux GIs américains et un soldat polonais sont tués, et un autre juge (le troisième) est abattu à Mossoul. Le 7, huit militaires américains meurent, dont deux à Mossoul et six dans un hélicoptère Black Hawk descendu près de Tikrit ; un Britannique se fait liquider à Bassorah. Le 8, deux Américains de plus sont tués à Falloudja.

Les jours suivants, les attaques se poursuivent avec au moins un mort américain chaque jour. Le 10 novembre, un GI tue le maire collabo de Bagdad : une malencontreuse bavure. (Comme disait Coluche : t'aurais vu la gueule de la bavure !...)

Le 12, on repart en beauté : deux terroristes américains sont éliminés près de Bagdad, tandis qu'à Nassiriya, dans le sud du pays, un camion piégé met définitivement fin à la carrière de 19 occupants italiens et de quelques-uns de leurs dévoués serviteurs. A Rome, "profondément choqué", le facho Berluscono crie au scandale. Chirac compatit, présente ses condoléances, exprime "sa tristesse et son émotion". Villepin renchérit, "condamne avec la plus grande vigueur cet horrible attentat". Quant aux dizaines de milliers de civils irakiens massacrés depuis le 20 mars, l'élyséesque Guignol et son sinistre valet s'en tamponnent, bien entendu...

Toujours le 12 novembre, dans la capitale irakienne, le nouveau QG américain subit encore une fois un pilonnage en règle. Incontestablement, la résistance s'amplifie.  La CIA, dans un document "top secret", déplore que les Irakiens soient de plus en plus nombreux à soutenir les insurgés et à penser qu'il est possible d'infliger une défaite à la coalition pro-américaine. Faut-il un service de renseignements pour constater pareille évidence ?...

Ce secret de Polichinelle jette néanmoins un froid parmi les "alliés" de Washington. Le Japon renonce à envoyer des troupes en Irak ; ce n'est pas que les vaillants samouraïs du 21ème siècle soient allergiques à la guerre, mais ils craignent qu'elle ne fasse parmi eux des morts et des blessés. Les pantins sud-coréens, de leur côté, ne sont guère plus chauds et préfèrent réduire leur contingent. Quant aux collabos irakiens, ils n'en mènent pas large eux non plus : à 60 dollars par mois, on commence à manquer de volontaires.

Sur le terrain, le casse-pipes continue : le 13, un Américain se fait fracasser le crâne à Falloudja dans un "accident" de humvee ; deux autres sont tués à Bagdad. Le lendemain : deux GIs à Samarra plus un "civil" américain à Tikrit. Un autre "civil", originaire de Californie, disparaît mystérieusement alors qu'il circulait entre Tikrit et Kirkouk - eh oui, ma chère, ce sont des choses qui arrivent, les routes irakiennes ne sont plus ce qu'elles étaient dans le temps...

Pas de pause pour les Américains : le 15 novembre, près de Mossoul, deux de leurs hélicoptères "s'écrasent"*, faisant 17 morts. En Irak, c'est entendu, les humvees explosent, les Chinooks, Black Hawks et autres Apaches s'écrasent, les GIs s'éteignent - comme ça, tout simplement, sans aucune intervention extérieure...  Enfin, peu importe, c'est le résultat qui compte : en quinze jours, plus de 80 "libérateurs" ont été libérés à jamais.

* En réalité, un des hélicoptères a été touché par un tir de roquette et a entraîné l'autre - qui volait à proximité - dans sa chute. Deux d'un coup : qui dit mieux ?...

En prime, le même jour, la résistance fait dérailler un train de marchandises sur une ligne très fréquentée, entre Samarra et Tikrit. Un porte-parole de l'armée US explique que "l'accident" est dû au mauvais état des voies. Et puis, vous savez, il arrive que des voleurs dérobent des morceaux de rails pour les revendre au brocanteur du coin. Quand c'est pas Al-Qaqaïda, c'est Ali Baba...

Le 17 novembre, deux GIs sont tués à Balad, une petite ville à 70 kilomètres au nord de Bagdad - pas tout à fait l'endroit rêvé pour une balade. Et dans le nord du pays, à Burjwari, un pipe-line saute - encore un.

Le 18, après un soldat US à Ramadi, divers collabos irakiens passent de vie à trépas : quatre responsables d'un parti kurde pro-américain à Kirkouk, un conseiller municipal à Bassorah et un haut fonctionnaire du gouvernement fantoche à Diwaniyah.


Fuck off

Pendant ce temps, le terroriste numéro un de Washington, "chef d'Etat" parasitaire non élu, est reçu à Londres par un autre "chef d'Etat" parasitaire non élu. 16.000 flics et des "mesures de sécurité" sans précédent (facture pour le contribuable : plusieurs dizaines de millions de livres, sinon davantage) préservent le tueur texan de tout contact avec une population qui le méprise et qui le hait. Plus de 200.000 Londoniens descendent dans la rue. Le maire de la capitale anglaise, Ken Livingstone, les approuve en déclarant que "Bush constitue la plus grande menace pour la vie qu'on ait jamais vue sur cette planète".

Il va de soi que les pressetitués des médias ne trouvent pas le temps d'en parler, trop occupés qu'ils sont à faire l'exégèse des discours officiels et à colporter la version autorisée des attentats d'Istanbul - attentats très opportuns et très utiles pour la clique fasciste qui les a commandités,* comme elle avait commandité ceux du 11 septembre.  Oui, l'Irak n'est vraiment qu'une pièce du puzzle...

* Lire ici la traduction française d'un très intéressant article paru dans le journal turc Yeni Safak à propos du rôle joué par les services secrets américains, britanniques et israéliens dans la manipulation des groupuscules terroristes islamistes, en général, et dans les attentats "antisémites" d'Istanbul, en particulier.


Londres - Trafalgar Square - 20 novembre 2003

Les manifestants renversent symboliquement la "statue" de George Bush.
Contrairement à la farce du 9 avril à Bagdad, il n'a fallu payer personne
pour assister à cette "cérémonie", et les Londoniens étaient 2.000 fois plus nombreux.
A votre avis : l'événement a-t-il été diffusé en boucle sur CNN ?...


Buckingham : aux marches du palais...

En Irak, la résistance se poursuit. Le 21 novembre, à Bagdad, deux hôtels réquisitionnés par l'occupant pour y loger ses "civils" et ses "spécialistes" sont attaqués à la roquette* ; il a plusieurs blessés. Le ministère de l'industrie pétrolière est également la cible des Irakiens et prend feu. Près de Karbala, deux autres attaques frappent les troupes polonaises et thaïlandaises. A Ramadi, un GI est tué.

* Le dispositif de lancement, habilement bricolé, était installé sur une charrette tirée par un âne. Soupçonné d'appartenir au réseau Al-Qaïda, celui-ci a été arrêté par la CIA et n'a pu échapper à la déportation vers Guantánamo qu'en acceptant de travailler à l'avenir comme sosie du "président" américain. On sait que Saddam avait quatre sosies, alors que Bush n'en avait aucun : il était grand temps de réparer cette injustice. Grâce à cette mesure, la cote de popularité de GWB remonte de 10 points. Commentaire de l'intéressé : "We are the asses..."  Commentaire de Colin Powell : "Vous voyez bien que l'Irak avait des ânes de destruction massive..."

Le 22, un GI est abattu à Bakouba ; un autre, irrité par un vol de roquettes, se noie lorsque son véhicule plonge dans un canal. A Mossoul, c'est un colonel responsable des forces de police censées protéger les installations pétrolières, qui tombe pour la cause texane. Et un peu partout dans le pays, des attaques contre les casernes des flics collabos font 18 morts. A Kirkouk, une explosion met fin à un sympathique dîner convivial réunissant pillards américains de Kellogg Brown & Root et leurs pantins irakiens. Pendant ce temps, à Bagdad, la résistance teste avec succès sa nouvelle technologie MAL (missile-assisted landing) sur un Airbus de DHL.

Le lendemain matin, à Mossoul, deux soldats américains sont retrouvés la gorge tranchée près de leur véhicule. Il y aurait là une belle photo à afficher dans tous les bureaux de recrutement de l'US Army.

Dans les jours qui suivent, de nouvelles explosions détruisent des pipe-lines dans le nord du pays. Des attaques au mortier ou au lance-roquettes ont lieu contre un camp américain à Tikrit, contre le quartier général à Bagdad et contre l'ambassade italienne. Pas de témoins, donc - officiellement - pas de morts et pas de blessés.  Il suffit de deux ou trois jours sans humvee incendié et sans hélicoptère abattu (comme si les Irakiens faisaient une petite pause pour marquer la fin du Ramadan) et déjà les occupants crient victoire. Attendons la suite...


Le voyage "à Bagdad"

Le 27 novembre 2003, pour relever le moral de la population américaine et faire remonter la cote du "président", les services de propagande organisent une opération fortement médiatisée inspirée de la "tournée des popotes". La télé passe et repasse sans arrêt la "visite surprise de George Bush à Bagdad à l'occasion de la fête de Thanksgiving". Bien sûr, rien ne garantit que la scène ait été filmée dans la capitale irakienne. Il y a même de fortes chances pour que ce "clip patriotique" ait été tourné en lieu sûr, au Qatar ou au Koweït, ou peut-être même au Texas.* On voit mal la lavette de la Maison Blanche s'exposer à un risque quelconque et offrir son Air Force One aux missiles irakiens cinq jours après la mésaventure survenue à l'avion DHL.

* Une semaine plus tard, on apprend que la fameuse dinde "servie" par Bush (la dinde au moron comme diraient les Québécois) était tout simplement en plastique - aussi vraie et aussi naturelle que le "président" lui-même. Les journaux en font des gorges chaudes mais se gardent bien de mettre en doute l'existence même de ce "voyage à Bagdad". Le public, comme toujours, est le dindon de la farce.

Toujours le 27, profitant de la relative accalmie, les terroristes américains mettent en scène dans le centre de Bagdad une manifestation "contre le terrorisme" réunissant une centaine de collabos irakiens. Dans une base US de Mossoul, un GI est tué par un tir de mortier ; un autre meurt à Ramadi - Happy Thanksgiving.

Le 29, une patrouille américaine saute sur une bombe à Mossoul : il y a au moins un mort. Des "incidents" similaires se produisent au nord de Bagdad.

Près de Hillah, la résistance attaque un convoi espagnol, tuant sept membres des services de renseignement - de toute évidence, ils n'étaient pas très bien renseignés*. Un journaliste qui passait par là dit avoir vu des voitures en feu et une foule en liesse chantant et donnant des coups de pied dans les cadavres. La trêve semble donc finie...  Le ministre espagnol de la guerre, commentant les événements, parle "d'attaque contre la démocratie" (sic), tandis que le président Chirac, déçu de devoir rester sur la touche, exprime sa "consternation" et sa "vive émotion" (poil au croupion).

* Si l'on en croit la presse, ces James Bond du dimanche auraient été "trahis" par un indicateur qui était de mèche avec les insurgés. Comment peut-on prétendre "faire du renseignement" dans un pays dont on ne connaît ni la géographie, ni les coutumes, ni la langue ?

Toujours le 29, à Tikrit, deux "diplomates" japonais sont abattus. Le gouvernement de Tokyo n'a pas encore de troupes en Irak, mais il dispose d'un certain nombre d'agents en "mission exploratoire". Explorez, explorez...  A peu près au même moment, un "civil" colombien et deux Sud-Coréens sont tués près de Tikrit. Résultat immédiat de cette action : Séoul rapatrie 60 de ses "spécialistes" dont le rôle officiel était de "reconstruire" l'Irak pour le compte d'une entreprise "civile" américaine de l'Idaho agissant sur ordre de l'Army Corps of Engineers (génie militaire).

Malgré la préférence temporaire donnée aux "alliés", les insurgés irakiens n'oublient pas les GIs américains : deux d'entre eux sont liquidés à Husaybah, près de la frontière syrienne, et deux autres près de Ramadi.

Le commandant des forces américaines en Irak, le général Ricardo Sanchez, se réjouit quant à lui "des deux dernières semaines fantastiques qui ont vu les attaques contre les forces de la coalition baisser de 30 %". En voilà un qui commence à concurrencer sérieusement le crétin de la Maison Blanche.

Le 30 novembre 2003, les mythomanes de l'US Army prétendent avoir tué à Samarra plus de 60 "terroristes" qui les avaient attaqués dans diverses embuscades, tandis qu'eux-mêmes ne déploreraient que cinq blessés. Comme si la résistance, qui pratique le harcèlement avec des groupes de quelques combattants seulement, avait soudain opté pour une bataille rangée contre des envahisseurs cent fois plus puissants, au lieu de se replier aussitôt comme elle le fait toujours... En fait, les Américains ont soit démesurément gonflé les pertes des combattants irakiens tout en minimisant leurs propres pertes, soit massacré tous les civils qui leur tombaient sous la main. Peut-être ont-ils fait l'un et l'autre. Des habitants de Samarra ont confirmé que l'artillerie des terroristes américains a détruit un jardin d'enfants, une mosquée et plusieurs immeubles d'habitation, et que les chars US ont écrasé toutes les voitures sur leur passage. Après un mois de novembre catastrophique (plus de 120 "libérateurs" et "alliés" tués), Sanchez essaie d'imiter Rambo pour rassurer le public américain.

Peine perdue : le lendemain et les jours suivants, un GI est tué à Habbaniyah, à l'ouest de Bagdad, un autre près de Samarra, un à Mossoul, etc.

Les Américains évitent maintenant de trop se déplacer. Ils ont évacué certaines villes (comme Samarra) où ils étaient soumis à des pilonnages incessants et pensent trouver la sécurité dans des camps établis à l'extérieur des agglomérations. Ils préfèrent laisser aux harkis irakiens le soin d'affronter la colère populaire.

Un officier de la police collabo qui prenait trop à coeur la défense de ses maîtres est liquidé à Mossoul ; un autre flic est tué à Samarra. Le premier bataillon de la "nouvelle armée irakienne" ne peut être mis en place, car sur 700 hommes, 300 ont préféré prendre le large avant la fin de leur "instruction".

Le 9 décembre 2003, près de Falloudja, un hélicoptère OH-58 Kiowa est abattu et prend feu (en pentagonais : il effectue un atterrissage forcé pour des raisons inconnues ; comme il se doit, le bilan s'élève à zéro mort, zéro blessé). Miracle similaire à Talafar, à 50 kilomètres à l'ouest de Mossoul : une voiture piégée explose devant un camp US, ne faisant aucun mort (mais 60 blessés). Le même jour, à Duluiyah, au nord de Bagdad, trois GIs meurent "dans l'effondrement accidentel d'un quai sous leur véhicule blindé". Une bombe aurait-elle aidé le quai à s'effondrer ? Vous n'y pensez pas...  A peu près au même moment, à Mossoul, un militaire américain est tué et trois autres blessés. Un flic irakien qui tentait de désamorcer une bombe à Bakouba est tué lui aussi.

Encore à Mossoul, le lendemain, deux nouveaux GIs viennent allonger la liste des morts américains.

Le 11 décembre, on recycle pour nous le scénario de la journée du 9 : un avion de transport C-17 explose à Bagdad après avoir été atteint par un missile - sans faire le moindre mort ; à Ramadi, à l'entrée d'une base militaire, un attentat blesse 14 Américains, mais en tue seulement un ; les tirs de mortier sur le QG US de la capitale ne font aucune victime ; deux GIs se noient "par accident" alors qu'ils effectuaient une patrouille fluviale sur le Tigre. Grâce aux services de presse du Pentagone, nous entrons dans l'ère des miracles permanents. Ce n'est que lorsque les pertes américaines sont subies en présence de témoins irakiens et qu'elles ne peuvent plus être niées, qu'on se met à en parler - discrètement et en évoquant la malchance.

Malgré cela, le 12, deux GIs sont liquidés à Ramadi, de même que deux auxiliaires coloniaux à Samarra, et deux autres à Bakouba. Le lendemain, à Khaldiyah, une voiture piégée tue 17 flics collabos et en blesse 30.



La "capture de l'ex-dictateur" :

[Voir le dossier  War Propaganda and the Capture of Saddam Hussein  par Michel Chossudovsky, professeur à l'Université d'Ottawa]

Le 14 décembre 2003, après la Jessica Lynch Story, après la fameuse chute de la statue de Saddam en présence d'une "foule" de 75 figurants, après les méga-spectacles intitulés La Mort des deux fils et Voyage présidentiel à Bagdad (voir un peu plus haut), l'agence de relations publiques préférée du Pentagone (The Rendon Group - TRG) est fière de nous présenter sa toute nouvelle production : La Capture de l'ex-dictateur. Comme il n'a malheureusement pas été possible de mettre la main sur un des sosies officiels de Saddam, on a dû se rabattre sur un gars ressemblant vaguement à Marcello Mastroianni (ou à Edmond Dantès juste avant son évasion du Château d'If).

Peu importe, à en juger par les premières réactions des médias et de la gent politique, l'effet recherché est pleinement atteint. (Il est vrai qu'ils auraient applaudi et envoyé leurs félicitations à la Maison Blanche même si le rôle avait été confié à Chérie Blair.)

Remarquez, pour faire plus vrai et plus scientifique, dès que Marcel euh... Saddam a été capturé, on a procédé sur lui à un prélèvement de salive et à une prise de sang ; comme les deux échantillons d'ADN coïncident, il n'y a aucun doute, c'est bien lui. D'ailleurs, plusieurs membres du "gouvernement irakien", qui l'auraient vu il y a 30 ou 40 ans, l'ont formellement "reconnu et identifié" - et on peut leur faire confiance, puisque c'est Wolfowitz qui les a choisis.

A partir de lundi matin, vous verrez, toutes les attaques vont cesser. Tous les partisans du tyran captif vont mourir de désespoir et la population en liesse va enfin acclamer ses libérateurs. Sinon, il faudra monter une nouvelle opération - mais n'ayez crainte, c'est prévu au contrat...


[Fin mars 2004, la femme de Saddam Hussein (elle vit en Syrie) est autorisée à rendre visite au "dictateur prisonnier", entre-temps transféré au Qatar. Résultat : elle ne reconnaît pas son "mari", l'homme qu'on lui a présenté est un sosie - détails.

Le 10 septembre 2004, parlant devant le Club national de la presse américaine, le ministre de la guerre Donald Rumsfeld déclare de son côté : "Saddam Hussein, s'il est encore en vie, doit passer le plus clair de son temps à déjouer ses poursuivants..." Bien entendu, les journalistes présents - et les autres - s'empressent de préciser que le chef du Pentagone voulait parler d'Oussama Ben Laden.  On a beau savoir que Rumsfeld est passablement gâteux, un tel "lapsus" est plus que significatif.]


Voir aussi un peu plus bas : "Saddam" est de retour



Le lundi suivant la "capture", des irréductibles qui n'ont sans doute pas lu les journaux, font sauter deux postes de police près de Bagdad - dont un à Husseiniyah !  Bilan : huit flics tués. Economie mensuelle pour les Américains au niveau de la masse salariale : 480 dollars - à dix jours de Noël, voilà qui n'est pas négligeable.

Le 16 décembre, les occupants reprennent le script utilisé quinze jours plus tôt à Samarra, sans même trop se donner la peine d'en changer les détails. Encore une fois, les courageux GIs déjouent toutes les attaques irakiennes et tuent tous les assaillants sans subir eux-mêmes la moindre égratignure. Et là encore, quand ils se replient, on constate que tous les morts sont des civils. C'est tout juste si les Américains admettent le décès d'un GI et quelques blessés dans la région de Tikrit.

Il devient de jour en jour plus difficile de se faire une idée, même approximative, des pertes US. Il y a peut-être là une démarche nouvelle visant à "rassurer" l'opinion publique américaine. Lorsqu'au cours de la même semaine, vingt ou trente familles disséminées dans le pays reçoivent la visite discrète du croque-mort en uniforme sans que les médias en parlent, tous les autres Américains peuvent se dire que tout va pour le mieux et continuer de regarder à la télé la fameuse "capture de Saddam" (en attendant le procès bidon, le nouveau 11 septembre et les prochaines "élections").


Joyeux Noël

Le 20 décembre 2003, les occupants abattent trois policiers irakiens à Kirkouk : ils les avaient pris pour des bandits (sic). Les jours suivants, les attaques de la résistance se font plus nombreuses. Cinq collabos kurdes sont liquidés à Erbil, de même que trois GIs à Samarra et un quatrième à Bagdad. Quatre autres tueurs de l'armée US sont tués à Bakouba et un à Balad. Comme ils ont reçu leur juste châtiment au vu et au su de tout le monde, il faut bien les mentionner dans les statistiques officielles. Les autres pertes, elles, restent confidentielles. On se contente de faire état de quelques tirs de mortier ou de roquettes sur des camps militaires, des hôtels et des ambassades, le tout n'ayant bien sûr fait "aucune victime".

Le 27 décembre, à Karbala, on apprend la mort de sept flics irakiens et de sept mercenaires de la "coalition" (cinq Bulgares et deux Thaïlandais). C'est quand même beau de se sacrifier ainsi pour la noble cause yankee. Quoi de plus sublime que de crever pour Bush et Wolfowitz...

Les Américains, pour leur part, restent modestes. Histoire de terminer l'année en beauté, ils se contentent de déclarer deux tués (à Bagdad).


Bonne année

2004 commence par un réveillon agité. Un restaurant fréquenté par des étrangers et des collabos saute à Bagdad, faisant huit morts, dont trois pressetitués du journal L.A. Times. Ce sont des choses qui arrivent quand on dépense en une nuit ce que l'Irakien moyen gagne en trois mois. Quelques heures plus tard, dans la Palestine Street, c'est au tour de trois GIs de s'éclater à mort (ils étaient sans doute plus nombreux, mais on sait qu'un militaire qui ne meurt pas sur le coup ne compte pas comme tué - c'est la règle du jeu).

Le 2 janvier, un "accident de la route" près de l'aéroport coûte la vie à un autre GI, tandis que deux hélicos sont abattus (un OH-58 Kiowa à Falloudja : un mort avoué ; un Blackhawk près de Baïdji : zéro mort, zéro blessé, encore un miracle).

On apprend aussi que 30 soldats d'un bataillon bulgare de 500 hommes en partance pour l'Irak ont refusé de servir de chair à canon. La leçon du 27 décembre semble avoir porté ses fruits.

Le 3 janvier, grâce à la résistance, trois autres mercenaires américains peuvent rentrer chez eux - dans un beau cercueil. Au même moment, à Babbaniyah, un train transportant du matériel militaire est attaqué. C'est l'oeuvre de "pillards irakiens", annonce sans rire un porte-parole des pillards américains.

Deux jours plus tard, à Bagdad, un nouvel "accident de la circulation" met fin à la carrière parasitaire et criminelle de deux "héros" britanniques des forces "spéciales". A Falloudja, deux "civils" français "travaillant" pour une entreprise américaine de "services" sont également liquidés. De toute évidence, la soi-disant "mise à l'écart" de la France en Irak ne semble pas si stricte que cela. On aimerait savoir ce que les deux "reconstructeurs" faisaient vraiment dans le pays.

Dans la nuit du 8 janvier 2004, une base américaine située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la capitale est attaquée au mortier ; il y a bien 34 blessés mais seulement un mort. Autre miracle, à Bagdad cette fois : des tirs de missiles touchent un avion de transport C-5, lequel parvient néanmoins à atterrir ; aucun des 64 "passagers" n'a la moindre égratignure...  A Falloudja, par contre, il est impossible de dissimuler que neuf militaires ont été tués dans le crash d'un hélicoptère Blackhawk abattu par les Irakiens. Dommage, on se rattrapera la prochaine fois.

La prochaine fois, c'est le 13 janvier. Un hélicoptère Apache avec deux hommes à bord, est abattu à Habbaniya, et cela donne : "un hélico contraint de se poser ; on ignore s'il y a eu des pertes."

Le lendemain, une voiture piégée explose devant un commissariat de Bakouba, tuant cinq flics irakiens, tandis qu'à Tikrit trois "travailleurs" étrangers de la "coalition" (deux Pakistanais et un Turc) sont liquidés. Entre-temps, on apprend que les déserteurs bulgares, qui étaient 30 début janvier, sont maintenant au nombre de 62 - un très encourageant taux de croissance...

Le 16 janvier, un GI se fait tuer à Samarra. Le 17, un "indestructible" char Bradley est détruit à Tadji, au nord de Bagdad, avec ses trois occupants. Le 18, un attentat contre le QG US - comme il se doit, l'endroit "le plus sûr" de la capitale - coûte la vie à deux autres Américains et à une vingtaine de collabos irakiens.

Deux jours plus tard, plus de 100.000 chiites manifestent dans les rues de Bagdad pour réclamer des élections et le retrait des Américains. Le chef religieux des chiites irakiens, le grand ayatollah Ali Sistani, semble être l'étoile montante en Mésopotamie - bien qu'il soit de nationalité iranienne. Pour ce qui est de la tenue d'élections en Irak, Bush et Sistani sont d'accord, quoi qu'on en dise. Le seul point de discorde, c'est que Bush préconise des "élections libres" comme en Floride, tandis que Sistani donne la préférence à des "élections libres" de style iranien. Entre partisans de la "liberté" et du fanatisme religieux, on devrait pouvoir s'entendre.

La résistance active, elle, semble être d'un tout autre avis et poursuit sa lutte armée contre l'occupant américain.

22 janvier 2004 : trois militaires US sont tués à Bakouba dans un tir de roquettes, tandis que trois policiers collabos meurent dans une fusillade près de Falloudja. A Diwaniya, un commandant de la Guardia Civil espagnole, à défaut de chasser des "terroristes basques", s'en prend aux "terroristes irakiens" ; malheureusement pour lui, il reçoit une balle dans la tête et se retrouve dans le coma. Au même moment, à Amarah, c'est un soldat britannique qui se tue dans un "accident de la route".

23 janvier : un hélicoptère OH-58 Kiowa est abattu à Qayyarah, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Mossoul - deux morts.

24 janvier : deux GIs sautent sur une bombe près de Falloudja et trois autres à Khaldiyah. Trois flics irakiens se font liquider en divers endroits du pays. Le lendemain, à Baïdji, un GI meurt dans son beau Bradley tout neuf.

26 janvier : un autre hélicoptère OH-58 Kiowa est abattu près de Mossoul et s'abîme dans le Tigre. Il effectuait une opération de "sauvetage" après qu'une patrouille fluviale ait été attaquée par la résistance. Résultat : trois militaires américains et trois harkis noyés. A Ramadi, quatre autres traîtres irakiens en uniforme sont tués à un poste de contrôle. Tout près de là, un Jordanien travaillant pour le compte des auxiliaires japonais tombe dans une embuscade et meurt dans son camion. L'armée japonaise - nom officiel : forces d'auto-défense (sic) - est maintenant présente en Irak sans y être mais tout en y étant. Dans l'espoir d'éviter les attaques de la résistance, le gouvernement de Tokyo paie 10 milliards de yens (75 millions d'euros) à des petits chefs locaux pour assurer la "protection" des "protecteurs" nippons - à mourir de rire...

27 janvier : sept mercenaires américains se font liquider (quatre à Khaldiyah* et trois à Iskandariyah) de même que deux collabos irakiens à la solde de CNN (dans la banlieue sud de la capitale) et un flic pro-américain (à Karbala). Le jour suivant, dans le quartier de Karrada à Bagdad, un commissariat saute, tuant au moins trois policiers. Un hôtel du centre-ville est également détruit par une explosion ; il était occupé par des "reconstructeurs" étrangers et abritait les bureaux du "ministre" irakien du Travail, une marionnette des occupants.

* Des témoins irakiens cités par Dahr Jamail, journaliste américain indépendant, font état de douze GIs morts - ce qui n'est pas fait pour étonner, car le Pentagone minimise systématiquement ses pertes.

31 janvier : l'ambassade des Pays-Bas à Bagdad est détruite à coup de roquettes. A Mossoul, une bombe explose dans un commissariat et tue de nombreux flics collabos (c'était jour de paie). Entre Tikrit et Kirkouk, la résistance se libère définitivement de trois "libérateurs" yankees.

1er février : à Erbil, deux bombes ravagent presque simultanément le siège du parti kurde pro-américain PDK et celui de son frère jumeau de l'UPK. Il y aurait plus de cent morts, dont le "vice-gouverneur" de la province, quelques "ministres" et d'autres irremplaçables cireurs de bottes que les occupants vont s'empresser de remplacer. Le même jour, un dépôt de munitions saute quelque part dans le sud-ouest du pays et fait vingt morts. A Balad, une base américaine est attaquée au mortier - au moins un GI tué. A Hadithah, un autre militaire US succombe dans son Humvee. A Bassorah, un soldat britannique est victime d'un "accident" mortel.

Mais à part ça, tout va très bien - d'autant plus que Bush et Blair viennent d'être proposés pour le Prix Nobel de la paix. Un excellent choix, personne ne dira le contraire, même si l'on est en droit de se demander pourquoi Sharon, lui, n'a pas été proposé. Encore un signe de l'indécrottable antisémitisme européen...


Intelligence

Il paraît que les Américains sont de plus en plus nombreux à exprimer des doutes sur l'existence des armes irakiennes de destruction massive. Comment est-ce possible ?...  Quoi qu'il en soit, le "président" va faire "enquêter" sur les "erreurs" commises un an plus tôt par les services de renseignement. (Les résultats de cette "enquête" seront communiqués après les élections - très original, n'est-ce pas ?) Il va de soi que Bush, son gouvernement criminel et les néo-cons qui font la loi à Washington n'ont pas menti avant de lancer leur agression contre l'Irak ; ils ont été trompés par la CIA. Les journaux sont donc pleins "d'informations" et de "justifications" en ce sens. On a beau savoir qu'en anglais le mot intelligence signifie renseignement ou espionnage, l'accumulation d'articles de presse où ce mot coexiste avec le nom de l'attardé mental texan, provoque à la longue un certain malaise.

Petite consolation : si contre toute attente, la clique au pouvoir devait renoncer aux services de GWB pour cause d'impopularité excessive, le monde ne serait pas pour autant privé de bushismes. Dans ce domaine, en effet, Wolfowitz est un digne émule de son "patron". Le 2 février 2004, il déclare à la presse : "Les attaques des extrémistes en Irak prouvent le succès de notre politique."

3 février : un GI est tué à Iskandariyah ; 5 février : un autre près de l'aéroport de Bagdad.

6 février : le Pentagone annonce, en s'excusant, qu'il avait oublié de signaler la mort de huit soldats dans ses décomptes précédents. Huit morts "oubliés" ?... Ne serait-ce pas plutôt 800 ?...

7 février : un commandant de la police de Tikrit est abattu par ses maîtres américains qui l'avaient pris pour un "suspect". Il était pourtant en uniforme. Pour maquiller leur superbe bavure, les tueurs déshabillent leur victime avant de quitter les lieux. Mon Dieu, mon Dieu, la collaboration n'est plus ce qu'elle était...  Pendant ce temps, à Bagdad, les Japonais évacuent leur ambassade par peur des attentats.

8 février : à Suwayrah, explosion à l'intérieur d'un poste de police - trois morts et onze blessés.   9 février : 3 GIs tués par des bombes (un à Mahmoudiyah, deux près de Mossoul).

10 février : à Iskandariyah, explosion devant un centre de recrutement de la police collabo - une cinquantaine de morts. Le même jour, quatre officiers de police sont abattus à Bagdad et deux à Mossoul (dont un lieutenant-colonel). Officiellement, depuis la "fin de la guerre", plus de 600 flics irakiens ont payé de leur vie leur collusion avec l'envahisseur, soit à peu près autant que les morts avoués de la "coalition".

11 février : à Bagdad, nouvelle explosion, cette fois devant un centre de recrutement de l'armée fantoche - également 50 morts. La résistance prend le mal par la racine : elle élimine les futurs tueurs pro-américains avant même qu'ils aient eu le temps de nuire. Avec tous ces morts, les deux GIs tués le même jour dans la capitale passent presque inaperçus. Pour des "raisons de sécurité", les occupants ont réduit de 70 % le nombre de patrouilles effectuées.

13 février : un GI est tué à Bagdad. On apprend également qu'un attentat exécuté la veille à Falloudja contre un convoi américain a failli coûter la vie à deux généraux (pour une fois qu'ils s'aventurent en territoire irakien). L'état-major soupçonne que des "espions" infiltrés au sein de la "coalition" renseignent la résistance. Comme pour illustrer cette "menace", on découvre justement un "informateur" parmi les troupes US sur le point de partir pour l'Irak. Evidemment, il s'agit d'un musulman. Il aurait tenté de "prendre contact avec Al-Qaïda par le biais d'un forum de discussion Internet". On voit ça d'ici...  Tapez "3615-alcacaïda" ou "www.mechants-terroristes.arab", et surtout n'oubliez pas l'adresse e-mail de leur chef : "benneladenne@attentat.boum". Contactez-le, vous verrez, rien de plus facile...

14 février 2004 : Saint-Valentin à Falloudja - quand on aime les flics collabos, on le dit avec des bombes, des grenades et des balles. C'est ce que font les Irakiens en attaquant plusieurs commissariats. Bilan : au moins 25 harkis liquidés et une centaine de prisonniers libérés. Et pendant ce temps, c'est tout juste si un GI se fait descendre près de Bagdad. Les Américains se terrent dans leurs abris, mais ils ne perdent rien pour attendre.

15 février : à Madrid, 150.000 manifestants anti-guerre réclament le retrait des troupes étrangères d'Irak. A Falloudja, le maire collaborateur, choqué par les attaques de la veille, met fin à sa collaboration en démissionnant. Comme il n'avait pas l'autorisation de quitter son poste, il est aussitôt arrêté par les Américains. Près de Mahmoudiyah, la résistance attaque un groupe de pasteurs baptistes US venus convertir les infidèles : un mort et trois blessés.

16 février : deux GIs tués (un à Bagdad, un à Bakouba).

17 février : un autre soldat américain meurt à Tall-Afar, dans le nord du pays.

18 février : attaque contre une base militaire polonaise à Hillah. Bilan : huit blessés et - miracle - aucun mort.

19 février : nouveau miracle à Bagdad. Les insurgés attaquent le camp de détention d'Abou-Ghraib, mais il n'y a qu'un blessé léger parmi les geôliers américains... qui parviennent finalement à faire 55 prisonniers. Wow !...  Pour le prochain communiqué du Pentagone, nous proposons : "Opération de grande envergure menée avec succès contre un cimetière militaire irakien d'Al-Qaïda - 3.000 morts."

20 février : deux GIs sont tués à Khaldiyah et un à Balad. Simultanément, on apprend que sur les 12.000 soldats blessés évacués vers l'Allemagne depuis mars 2003, 10 % souffrent de troubles mentaux. De quoi se plaignent-ils ? Cela augmente leurs chances de devenir plus tard président des Etats-Unis...

22 février : encore un week-end miraculeux. Près de Bassorah, un camp britannique est pilonné au mortier: zéro mort, zéro blessé. A Mossoul et à Kirkouk, deux postes de police sont attaqués : également zéro mort et zéro blessé. Pas de témoins, pas de pertes...

23 février : nouvelle attaque contre une commissariat de Kirkouk, mais cette fois le bilan officiel est de 13 morts. Pendant ce temps, près de Karbala (au sud de Bagdad) un pipe-line est incendié. C'est chose rare dans cette région ; les sabotages de ce genre ont presque toujours lieu dans le nord du pays.

A Bagdad, on ne fête pas officiellement le carnaval mais c'est tout comme : un certain Muhsin Abd Al-Hamid, déguisé en "président" du "conseil de gouvernement" (avec l'aide active de Bush et de Sharon), annonce au monde d'un air sérieux que "son" pays a des revendications territoriales à l'encontre de la Jordanie et du Koweït.

24 février : trois Irakiens au service de l'occupant sont tués à Mossoul.

25 février : un hélicoptère Kiowa est abattu près de Hadithah - deux morts américains.

26 février : à Mossoul, le chef de la police collabo est liquidé en pleine rue.

29 février : trois flics irakiens subissent le même sort (un à Kirkouk, deux à Mossoul). A Bagdad, c'est un mercenaire estonien qui meurt pour la gloire de l'impérialisme américain. Un "sacrifice" d'autant plus gratuit que personne, aux Etats-Unis, ne sait où se trouve l'Estonie (la plupart des gens ne savent même pas que ce pays existe).

2 mars 2004 : à Bagdad, deux GIs grillent dans leur Humvee.

4 mars : quatre pilotes d'hélicoptères des troupes italiennes sont accusés de mutinerie pour avoir refusé de faire leur "travail" en Irak. Ce n'est pas qu'ils soient contre la politique d'agression de leur gouvernement mafieux, au contraire. Ils craignent simplement pour leur peau car les hélicos italiens ne sont pas équipés de systèmes antimissiles.

A l'approche du premier anniversaire du début de la "guerre éclair", les terroristes américains se terrent plus que jamais dans leurs bases et évitent de se déplacer. A Bagdad, ils ont transformé une partie du centre-ville en un vaste camp retranché qu'ils ont baptisé "zone verte". Ils espèrent ainsi minimiser leurs pertes ou mieux en cacher la véritable ampleur.  Le 7 mars, après avoir subi un intense pilonnage, ils prétendent ne pas avoir de morts. Un porte-parole militaire déclare : "Tout va bien, il ne manque personne, tout le monde est descendu dans les abris souterrains."

Au bout de douze mois de guerre contre un adversaire infiniment plus faible, la plus puissante armée du monde en est donc réduite à aller se réfugier dans des abris souterrains... Ces "invincibles" GIs sont plus lamentables encore que leurs prédécesseurs du Viêt-Nam. Ils ne sont "à la hauteur" que lorsqu'ils ont affaire à des civils désarmés, à des femmes, à des enfants - ou à des adversaires blessés qu'ils peuvent achever sans risque. Une armée tout à fait à l'image de son "président"...

9 mars : deux GIs sautent sur une bombe à Bakouba.

10 mars : un autre GI est tué et trois blessés dans un embuscade près de l'aéroport de Bagdad. En prime, quatre flics collabos sont liquidés à Nassiriya et deux "civils" US abattus à Hillah en même temps que leur interprète irakien. Un de deux "civils" à la solde de l'US Army était une avocate venue en Irak "pour aider les femmes irakiennes". Si elle avait, à la place, choisi d'aider les femmes américaines (par exemple à s'organiser contre le régime Bush et sa guerre permanente), elle serait encore en vie.

11 mars : deux militaires US meurent à Habbaniyah et deux harkirakiens à Samarra. Le même jour, sur la route de Bassorah à Amarah, un convoi britannique est attaqué : il y a trois blessés et - paraît-il - aucun mort. A Bassorah même, deux interprètes paient de leur vie leur collaboration avec l'occupant anglais. Et pour couronner la journée, un pipe-line saute près d'Al-Dora.

13 mars : quatre GIs tués à Bagdad et deux à Tikrit.

15 mars 2004 : à Mossoul, les infidèles de la résistance irakienne expédient en enfer quatre missionnaires baptistes américains venus prêcher en terre conquise les nobles idéaux de l'intégrisme protestant et de la soumission au sionisme judéo-chrétien. Pendant ce temps, à Kirkouk, un collabo du conseil municipal est abattu avec son garde du corps.  A Ramadi, 19 GIs sont blessés dans diverses attaques, mais un seul est tué - bien sûr, bien sûr... A Bagdad, dans la fameuse zone verte, ce camp retranché américain, un GI se fait poignarder dans la rue. "On ignore le motif de cette attaque", annonce le porte-parole de l'armée d'invasion - si quelqu'un a la moindre idée de ce que pourrait être le motif, qu'il n'hésite pas à en informer le Pentagone. Merci d'avance...

16 mars : à Mossoul, un interprète et trois flics collabos se font liquider. A Mussayab, à 70 kilomètres au sud de Bagdad, deux "civils" armés (un Allemand et un Néerlandais) sont tués en même temps que les deux policiers censés assurer leur protection. On devrait peut-être, à l'avenir, dépêcher des GIs pour protéger les flics irakiens qui protègent les civils armés...

Le nouveau gouvernement de Madrid - aussi différent du précédent que pourrait l'être un gouvernement Kerry d'un gouvernement Bush - annonce le retrait d'Irak des troupes espagnoles... dans trois ou quatre mois. L'avenir dira si cette déclaration d'intention est à prendre au sérieux. Quoi qu'il en soit, avec le changement politique survenu en Espagne, on a tout simplement remplacé un petit mensonge que personne ne croyait (la responsabilité de l'ETA dans le carnage terroriste du 11 mars) par un autre mensonge, énorme et quasiment cru de tous : celui de la culpabilité d'Al-Qaïda.

NOTRE SONDAGE : Qui est responsable de la terreur ?


17 mars : à Tikrit, un char Bradley se retourne malencontreusement, tuant un soldat américain et en blessant deux. "La cause de l'accident reste inconnue", annonce la presse alignée. L'engin aurait-il dérapé sur une peau de banane déposée là par de méchants terroristes ?...  A Bagdad et à Bassorah, diverses explosions détruisent des hôtels utilisés par les occupants et leurs serviteurs locaux.

18 mars : des attaques au mortier lancées contre des bases US permettent d'éliminer définitivement cinq terroristes du réseau Al-Bushaïda (deux à Balad, deux autres près de l'aéroport de Bagdad et un à Qousayba, près de la frontière syrienne). Simultanément, la résistance effectue une opération de nettoyage à distance contre un bâtiment du "conseil municipal" de Falloudja, où les collabos locaux recevaient de leurs maîtres yankees les instructions pour la semaine à venir. Le bilan exact est inconnu ; l'US Army annonce huit blessés américains et - conformément aux consignes - aucun mort. Un hélicoptère Kiowa venu à la rescousse est abattu par la même occasion, mais là aussi, black-out total sur les pertes. Enfin, toujours le 18, trois pressetitués d'une chaîne de télévision régionale à la solde de Washington sont éliminés à Bakouba.


Joyeux anniversaire

19 mars 2004 : deux soldats américains tués dans la province d'Al-Anbar (à l'ouest de la capitale), un autre à Bakouba.

20 mars : à Falloudja, trois de leurs collègues qui fêtaient sans doute un an de guerre victorieuse, meurent subitement sous un tir de roquettes. A Kirkouk, un flic irakien est tué par balles. Et pendant ce temps, à Bagdad, la courageuse soldatesque US continue de se terrer dans sa zone verte en attendant que les obus cessent de pleuvoir ; à en croire le Pentagone, il n'y aurait eu que deux morts.

21 mars : à Bagdad, un GI et son interprète irakien sont tués dans une explosion. Deux "hommes d'affaires" finlandais meurent dans une fusillade. A Kirkouk, selon l'agence de presse égyptienne Mena, les résistants liquident six "employés" de la Rafidein Export Company, une entreprise commerciale servant de couverture au Mossad.

22 mars : pilonnage d'une base américaine de Kirkouk - pertes inconnues. Toujours à Kirkouk, deux flics collabos abattus.

A Bassorah, les forces de l'ordre de la résistance irakienne dispersent au cocktail Molotov un groupe de terroristes britanniques qui obstruaient la voie publique ; treize d'entre eux sont mis hors de combat.


Nouvelle spécialité irakienne :
tête de porc flambée à la bassoraise
(ne pas oublier les pruneaux).
Bon appétit, Tony Blair.

23 mars 2004 : neuf flics pro-américains sont liquidés à Mussayab, au sud de Bagdad, et deux autres à Kirkouk. Deux mercenaires US subissent le même sort à Ramadi et à Mossoul.

24 mars : un GI tué à Bakouba, et deux marines à Falloudja. A Hillah, c'est le chef de la police qui se fait descendre.

25 mars : un marine et un télémenteur professionnel de la chaîne ABC liquidés à Falloudja, de même que deux autres mercenaires américains à Bakouba et à Tadji.

26 mars : un interprète irakien de Time est tué à Bagdad ; un marine abattu à Al-Anbar. A Hillah, un convoi polonais subit une attaque : "aucune perte". A Kirkouk, comme bien souvent, les pipe-lines sautent, le pétrole brûle.

27 mars : à Falloudja, toute la journée, des fusillades opposent la résistance aux occupants - et il n'y aurait qu'un mort américain.

28 mars : à Mossoul, deux "civils" sont tués (un Britannique et un Canadien), de même que deux policiers collabos. Dans la même ville, un véhicule blindé Stryker est incendié avec ses occupants - nombre de morts inconnu. A Kirkouk, un officer de police est abattu. Toujours à Kirkouk, les Américains tuent "par erreur" un de leurs serviteurs irakiens.

29 mars : six GIs meurent à Samarra, un septième à Falloudja.

30 mars : à Hillah, nouvel attentat contre un responsable de la police pro-américaine, le second en moins d'une semaine. Un GI liquidé à Ramadi.


Ah ça ira, ça ira, ça ira...

Le 31 mars 2004, les terroristes d'Al-Bushaïda en prennent pour leur argent : neuf morts en vingt-quatre heures, dont cinq militaires (à Malahma, près de Falloudja) et quatre "civils" (à Falloudja même).

Ces prétendus civils étaient en fait des hommes de main de Blackwater Security Consulting, une entreprise de Caroline-du-Nord "travaillant" pour le Pentagone. Anciens agents de la CIA ou ex-responsables des "Special Operations", les mercenaires de Blackwater, comme beaucoup d'autres, agissent dans le cadre de la privatisation de la guerre. Leur rôle officiel* consiste à assurer la "sécurité" des champs pétrolifères et la protection rapprochée de l'administrateur "civil" Paul Bremer. Mais de toute évidence, personne ne protège les "protecteurs".

* Les autres activités (chasse aux "terroristes", interrogatoires "musclés", torture, assassinats...) sont pudiquement passées sous silence.

Après plus d'un an d'occupation et d'innombrables crimes de guerre perpétrés par la soldatesque US et ses "consultants", la colère populaire éclate au grand jour. Photos

Comme il se doit, la télévision américaine censure les images en provenance de Falloudja pour ne pas "choquer la sensibilité" du public. Personne ne voit d'inconvénient à ce que les tueurs de Bush, Wolfowitz et compagnie massacrent 50.000 civils en un an, mais dès qu'on montre des photos évoquant un peu trop celles de 1993 en Somalie, les mots horreur et atrocité font leur apparition.

Pour aider les Américains à mieux apprécier les beautés de la guerre permanente, on devrait publier beaucoup plus souvent de telles images - en indiquant les noms, adresses et numéros de téléphone des "héros" tués - histoire de susciter des vocations.

Paul Bremer, le proconsul américain, menace les Irakiens. "Ces crimes ne resteront pas impunis", éructe-t-il. Ce pauvre tocard n'a pas compris que ce sont précisément ses crimes à lui qui ont été punis le 31 mars (rien qu'au cours du week-end précédent, ses tueurs en uniforme avaient assassiné plusieurs douzaines de civils à Falloudja).

En attendant de pouvoir en massacrer quelques centaines d'autres, la racaille bushesque se fait rare dans les rues de la ville, et ses harkis bien-aimés adoptent un profil bas. C'est fou ce qu'un acte de résistance fortement médiatisé peut avoir comme impact. Espérons que la chose se reproduira souvent. Et que, comme ses prédécesseurs des années 1960-70, Bremer perdra vite l'envie de radoter comme il le fait sur la "pacification". Il devrait visionner plus souvent la cassette de la débandade américaine de Saïgon, en 1975.

Qu'il quitte son bunker et aille faire un tour à Falloudja ; il verra ce qui lui arrivera. Les Irakiens lui ont réservé la plus haute poutrelle du plus grand pont. Si Allah le veut, comme on dit là-bas, il s'y balancera bientôt avec les autres terroristes de Washington...


Nettoyage de printemps

2 avril 2004 : deux militaires américains sont tués (un à Bagdad, l'autre près de Falloudja). A Koufa, une ville proche de Nadjaf, la résistance abat le chef de la police (un colonel) et un de ses adjoints.

3 avril : c'est au tour du chef de la police de Mahmoudiyah de payer le prix de la collaboration ; il est liquidé en même temps qu'un de ses officiers. Déjà un peu plus tôt, deux autres flics en patrouille dans cette ville avaient subi le même sort. Comme d'autres localités irakiennes, Mahmoudiyah se débarrasse de sa vermine. A Bakouba, c'est la vermine américaine qui est touchée par le nettoyage printanier, mais le nombre de parasites exterminés n'est pas communiqué.

4 avril : un pipe-line saute à Bassorah. Pendant ce temps, trois autres flics collabos sont tués au nord de la capitale, de même que deux marines dans la province d'Al-Anbar. A Nadjaf, des militaires salvadoriens tentent d'empêcher une manifestation chiite encadrée par un service d'ordre armé, et tuent une vingtaine de civils. "Il s'agissait d'une milice illégale", déclare un porte-parole des tueurs pour "se justifier" - parce que la présence de mercenaires salvadoriens en Irak, elle, est parfaitement "légale", n'est-ce pas ?... Manque de chance pour les laquais indigènes de George Bush, les Irakiens se rebiffent et liquident quatre de ces aspirants gringos. On aurait peut-être dû les embrocher pour faire plus médiatique et plus efficace, mais il est vrai qu'on ne peut pas penser à tout...

5 avril : la résistance entre dans une nouvelle phase, semble-t-il ; la situation prend peu à peu un tour insurrectionnel. A Bagdad, Nadjaf, Nassiriya, Amarah et quelques autres villes, les milices chiites affrontent ouvertement l'occupant qui lance ses chars et ses hélicoptères de combat dans la bataille. Au moins huit GIs sont tués à Bagdad, des humvees et des camions sont la proie des flammes. A Koufa, les insurgés s'emparent d'un poste de police et récupèrent les armes qui s'y trouvaient ; les flics collabos prennent la fuite ; la ville est pratiquement libérée... A Samarra, trois policiers sont abattus. A Bassorah, les milices chiites occupent le bureau du gouverneur. Un peu partout dans le pays, les troupes étrangères (américaines, britanniques, italiennes, espagnoles, portugaises) se font attaquer. Un militaire américain est tué dans une explosion à Mossoul, et un autre à Kirkouk.

6 avril : quatre marines meurent dans la province d'Al-Anbar. Depuis quelque temps, pour des raisons de sécurité (sic), le Pentagone donne encore moins de détails que précédemment sur l'ampleur, les circonstances et le lieu exact des pertes américaines. La plupart des "journalistes", dont le rôle majeur consiste - on le sait - à recopier les communiqués officiels de propagande, ne nous renseignent pas davantage sur le sujet. Toujours est-il que le nombre d'occupants étrangers tués doit être nettement plus élevé, car l'AFP fait état de 20 morts en deux jours (dont un Ukrainien). Et on ne compte plus les blessés italiens, anglais, polonais, bulgares, etc... Mais comme toujours, les victimes irakiennes sont dix fois plus nombreuses.

La question qui se pose à présent est celle de l'attitude que vont adopter les dirigeants chiites. Ont-ils vraiment l'intention de se joindre à la résistance armée déjà assumée par d'autres groupes - et voulue par leurs propres troupes ? Ou attendent-ils une occasion propice pour établir leur dictature cléricale, avec ou sans l'appui des occupants ? Dans la région de Bagdad, le chef autoproclamé des chiites est l'imam Moqtada Sadr, dont on nous dit qu'il serait la bête noire des Américains. Arrivé en Irak en même temps que les envahisseurs, il tirerait sa "légitimité" du fait qu'il est le fils de son père - un chef religieux assassiné en 1999 dans des conditions mystérieuses. Rien ne caractérise mieux le personnage que le culte institué autour de sa personne. Un quartier populaire de la capitale, dénommé Saddam City jusqu'en avril 2003, porte maintenant son nom : Sadr City. Le principal rival chiite de "Baby" Sadr est le grand ayatollah Ali Sistani, un homme sans doute plus expérimenté, mais tout aussi éloigné des préoccupations patriotiques des Irakiens (Sistani est iranien). On voit que l'invasion américaine est une bénédiction pour les aventuriers de tous poils.

7 avril 2004 : les milices chiites ne sont pas les seules à infliger des pertes aux occupants. A Ramadi, les insurgés tuent une douzaine de marines et en blessent une vingtaine. Des combats acharnés ont également lieu dans de nombreuses autres localités. A Falloudja, on dénombre 60 victimes irakiennes, et presque autant à Nassiriya - ce qui n'empêche pas la propagande américaine de prétendre qu'aucun Américain n'aurait été tué dans ces deux villes. Sky News semble être plus réaliste et annonce la mort de 130 "soldats alliés", mais sans donner plus de précisions. Selon le magazine Der Spiegel, les rues de Falloudja sont jonchées de morts américains qu'on n'a pas eu le temps de ramasser.

Hier, un glorieux marine. Aujourd'hui, une loque.
Demain, un cadavre.

" Maman, les méchants Irakiens nous tirent dessus.
C'est pas juste...
"

Le même jour, un hélicoptère américain Kiowa est abattu à Bakouka - nombre de morts inconnu.

A Kout, les courageux militaires ukrainiens, les espoirs de l'Europe "nouvelle", prennent la poudre d'escampette et abandonnent la ville aux insurgés. C'est la panique dans la basse-cour kievoise... Nouveau cri de ralliement de l'armée ukrainienne en déroute : "Kout, kout, kout, kout, kout..." La soldatesque de l'Ukraine "indépendante" s'allie toujours aux grands chefs militaires de l'époque : Adolf Hitler dans les années 40, George Bush en 2003-2004. Hier comme aujourd'hui, un gage de succès...

8 avril : Rumsfeld, le criminel de guerre gâteux, reconnaît avoir "un sérieux problème" en Irak. Non, vraiment ?...  Plus que jamais, la censure fait le black-out sur les pertes américaines. C'est tout juste si l'on annonce quelques morts par-ci par-là : six marines à Falloudja, deux GIs à Bagdad, un soldat bulgare à Karbala, un Polonais ailleurs, plus quelques flics collabos et autres interprètes au service de l'Empire. La réalité doit être tout autre, quand on songe qu'il y a des combats de rues un peu partout dans le pays et que les victimes irakiennes se comptent déjà par centaines.

A Falloudja, les vaillants soldats yankees font la guerre à leur façon. Après avoir tenté à plusieurs reprises de "conquérir" ce centre de la résistance, ils bombardent à coup de missiles et de bombes de 500 livres les mosquées et les quartiers populaires : l'impérialisme dans toute sa splendeur. Au sol, les barbares américains assiègent la ville, mais leurs moyens sont loin d'être à la hauteur de la situation : leur logistique laisse à désirer, leurs convois sont attaqués de toute part. Des milliers de Bagdadis venus ravitailler Falloudja ont pu forcer un barrage routier des occupants. La plus puissante armée du monde ne maîtrise plus grand-chose dans la région.

Les tueurs du Pentagone ont de plus en plus de mal à contrer les forces centrifuges qui affectent leur "alliance" militaire contre nature. Japonais, Coréens, Thaïlandais, Néo-Zélandais, Norvégiens et quelques autres aimeraient quitter le bourbier avant qu'il ne soit trop tard.

Les laquais étrangers de l'Amérique sont fréquemment la cible des insurgés irakiens. Plusieurs d'entre eux auraient même été faits prisonniers ces jours-ci : des soldats espagnols, des "civils" japonais et sud-coréens, un "civil" britannique, un "civil" canadien et même deux Israéliens.

Pendant que les combats font rage en Irak, la bêtise, la mauvaise foi et la propagande dominent nos médias. Quand ils daignent se consacrer à ce qu'ils appellent le "conflit" ou le "dossier irakien" (la visite de la reine d'Angleterre est un sujet nettement plus intéressant), les pressetitués de service s'obstinent à parler de "guerre civile" (ils devraient consulter un dictionnaire pour apprendre la signification de ce terme) ou de "transfert de souveraineté le 30 juin prochain" (comme si la chose était possible avant la libération de l'Irak). Une des occupations favorites de nos intoxicateurs médiatiques est d'étaler sous nos yeux le "sort tragique" de quelques collaborateurs "civils" - criminels ou insconscients - de l'armée d'agression, alors que dans le même temps on passe totalement sous silence la barbarie subie par des dizaines de milliers de victimes irakiennes. C'est à croire que ces soi-disant journalistes vivent sur une autre planète...  Et il va sans dire que la moindre éructation des Goebbels washingtoniens est amplifiée à outrance et présentée comme le summum de l'information. A vomir...

9 avril 2004 : à Abou-Ghraib, un convoi militaire US en route pour Falloudja est attaqué par la résistance - neuf morts, auxquels il faut ajouter trois autres morts américains dans la capitale. Mais ces chiffres sont probablement très inférieurs à la réalité. L'autoroute Bagdad-Falloudja est devenue pour l'armée US une véritable Highway to Hell.

A Falloudja, les combats continuent. Selon Al-Jazeera, plusieurs hélicoptères US auraient été abattus au-dessus de la ville. Un général de l'armée d'agression (depuis son QG de Koweït City ?) propose un cessez-le-feu aux Irakiens. C'est dire dans quelle situation se trouvent les Américains. Ils ont besoin d'un peu de répit pour reconstituer leurs forces et acheminer des renforts. L'occasion idéale pour la résistance de frapper un grand coup et de faire comprendre aux barbares que la meilleure solution pour eux est de dégager le plus vite possible.

Dans les environs de Bagdad, quatre soldats italiens et deux GIs tombent aux mains des insurgés.

La ville de Kout aurait été "reprise" par les Américains - pour combien de temps ?... Par contre, Nadjaf, Koufa et d'autres localités sont libérées ; le quartier de Sadr City à Bagdad également.

10 avril : les Irakiens capturent deux Allemands du GSG-9 (forces spéciales) qui venaient, paraît-il, protéger l'ambassade (pourtant évacuée depuis longtemps).

Les pressions américaines sur Al-Jazeera s'accentuent afin que la chaîne cesse d'informer depuis Falloudja. Depuis le début de la guerre, les Américains ont tout essayé pour mater ces "abominables" Qataris : tentatives d'assassinat, arrestations arbitraires, accusation de terrorisme, confiscation de matériel, destruction de bureaux, attaques informatiques, campagnes de dénigrement orchestrées par le lobby sioniste, etc... Si le site Internet anglophone d'Al-Jazeera a été mis au pas et ne se distingue plus guère de celui de CNN, les émissions diffusées en arabe par la chaîne, en revanche, sont d'un tout autre calibre ; elles sont difficiles à censurer et ne cessent d'inquièter le Pentagone et ses commanditaires néo-cons.

Le correspondant d'Al-Jazeera à Falloudja a le tort de parler des pertes américaines et des difficultés éprouvées par les troupes d'agression (des marines sont pris au piège dans des bâtiments vides qu'ils ont eu l'imprudence d'occuper). Il révèle également que les criminels de guerre US ont bombardé l'hôpital de Falloudja, qu'ils tirent sur les ambulances et massacrent de préférence des femmes et des enfants (600 morts en six jours).


Jusqu'au cou

11 avril 2004 : deux GIs sont tués dans un convoi à l'ouest de la capitale, de même que deux membres américains des services de renseignement à Falloudja - quatre morts avoués parmi beaucoup d'autres. Les pertes exactes sont depuis longtemps un secret militaire. On ne s'étend donc pas non plus sur les deux hélicoptères abattus aujourd'hui dans la ville assiégée, ni sur le troisième (un Apache) descendu dans la banlieue ouest de Bagdad.

Les terroristes yankees, venus à Falloudja une semaine plus tôt pour "punir" les habitants (une attitude copiée sur leurs inspirateurs israéliens), sont maintenant dans la merde jusqu'au cou. Ils espèrent s'en tirer à la faveur d'une "trêve" déclarée unilatéralement. Bremer-le-dégénéré ne menace plus les Irakiens ; il les supplie de ne pas tirer sur ses soldats. C'est à mourir de rire.

Un bataillon de l'armée fantoche irakienne mise en place par Wolfowitz, que les tueurs américains voulaient lancer dans la bataille, refuse de combattre. Ailleurs, des soldats de cette même "armée" passent avec armes et bagages dans le camp de la résistance. Dans de nombreuses villes, la police collabo est en état de décomposition.

Dans le sud, selon la chaîne Al-Jazeera, une attaque contre une base militaire britannique dans la province de Maysan coûte la vie à plusieurs soldats et détruit de nombreux véhicules.

Et pendant que tout l'Irak se soulève, Kofi "Oncle Tom" Annan, le plus salaud des secrétaires généraux de l'ONU après l'ignoble "Pérez de mes Cuellar" (guerre du Golfe de 1991), recommande "aux deux parties" (agresseurs et victimes) de "faire preuve de retenue".

12 avril : un général américain déclare que 70 soldats "de la coalition" sont morts depuis le début du mois. Le chiffre réel se situe probablement aux alentours de 200, mais il ne faut surtout pas que le public américain apprenne la vérité.

A Saqlawiyah et à Ramadi, des troupes US encerclées attendent qu'on vienne les secourir, mais personne ne vient.  Plus d'eau, plus de nourriture, plus de carburant, plus de munitions. L'heure de la dératisation approche...

13 avril : la désinformation médiatique bat son plein. La presse ne signale les morts américains que de façon sporadique : un GI tué par-ci, un marine par-là. On préfère se concentrer sur les "enlèvements de civils". Sept "employés" de Halliburton, le profiteur de guerre dont Dick Cheney a été PDG, seraient parmi eux.

Un hélicoptère Apache est abattu à Zawbaa, à une quinzaine de kilomètres de Falloudja ; un autre près de Bakouba. Des convois de ravitaillement sont attaqués et détruits un peu partout. La "zone verte" de Bagdad est de nouveau pilonnée.

Les armées d'agression commencent à manquer de troupes, les généraux exigent des renforts. Il serait grand temps d'envoyer en Irak tous les chickenhawks (les faucons-poules mouillées) qui peuplent Washington : George Wimp Bush, Condom Leezza et Paul Wolfopissed à Falloudja !...

14 avril 2004 : la résistance capture quatre mercenaires italiens que la presse qualifie de "gardes de sécurité travaillant pour une compagnie américaine". Quelle peine appliquerait-on, aux USA, à des étrangers armés, entrés illégalement sur le territoire national pour le compte d'une puissance étrangère ennemie ?  Pour le moins, un séjour de durée indéterminée dans un bagne de type Guantánamo Bay.  Alors, on se demande bien pourquoi les médias s'apitoient sur le sort de ces salopards pris en flagrant délit...

D'ailleurs, comme le fait remarquer le journaliste anglais Robert Fisk, au moins 80 mercenaires étrangers ont perdu la vie ces derniers jours en Irak, sans aucune réaction de la part de la presse. Le nombre total de "civils" (souvent d'anciens militaires) au service des troupes d'invasion dépasse les 18.000. Certains d'entre eux touchent 1.000 dollars par jour pour leurs "prestations" (30 fois plus qu'un GI et 500 fois plus qu'un flic collabo) : on voit où passe une partie de la fameuse "aide à la reconstruction".

Près de Falloudja, les Irakiens abattent un hélicoptère H-53 Sikorsky, tuant les trois occupants plus un quatrième militaire américain venu à la rescousse.

A Falloudja même, pendant leur soi-disant "trêve", les occupants tentent de revenir en force dans la ville avec leurs chars, mais sont aussitôt repoussés - il y a au moins cinq morts américains. L'aviation US continue de bombarder les quartiers populaires.

Dans les environs de Falloudja, également, la bataille fait rage, à Karmah notamment. Si l'on en croit les rapports de la résistance irakienne, les pertes américaines en hommes et en matériel (un tabou de notre presse) seraient les plus élevées depuis le début de la guerre. (Ces rapports sont publiés régulièrement sur le site http://iraqwar.mirror-world.ru/tiki. Même s'ils peuvent parfois paraître exagérés ou contenir certaines incohérences, ils montrent néanmoins que la réalité sur le terrain n'a strictement rien à voir avec les contes colportés par les organes occidentaux de désinformation.)

Après que leur "expédition punitive" de Falloudja se soit soldée par un fiasco, les terroristes yankees se proposent maintenant de recommencer la même opération contre la résistance chiite de Nadjaf. Mais parallèlement, comme le signale Al-Jazeera, Washington tente d'obtenir de ses "ennemis" de Téhéran qu'ils fassent pression sur les chiites irakiens pour que ceux-ci mettent fin à leur résistance. Un comportement qui en dit long à la fois sur la mentalité américaine et sur le niveau militaire réel de l'armée US, qui n'est capable de vaincre qui si son adversaire est infiniment plus faible ou se laisse corrompre.

15 avril : un hélicoptère américain est abattu à Al-Qaïm, non loin de la frontière syrienne. A Falloudja, la résistance tue plusieurs collabos kurdes (peshmergas) que les Américains avaient fait venir comme auxiliaires. Pendant ce temps, au Kurdistan irakien, notamment à Kirkouk, les attaques contre les patrouilles et les bases américaines se multiplient. Le porte-parole de l'armée, lui, se contente d'annoncer la mort de deux militaires US (un à Mossoul, l'autre à Samarra).

A Nadjaf, "Baby" Sadr se déclare prêt à "négocier sans conditions" avec les Américains. Le comportement ambigu de ce chef religieux qui, quelques jours plus tôt, menaçait Bush de toutes les foudres de l'islam, montre bien que les dirigeants chiites n'ont nulle envie de se joindre à la résistance patriotique irakienne. Ils ne le feront - à contrecoeur - que s'ils y sont forcés par leurs troupes (un peu comme la hiérarchie catholique pendant la Seconde guerre mondiale).

16 avril : au cours des quinze derniers jours, à en croire un porte-parole de l'armée, il y aurait eu 90 tués du côté américain, c'est-à-dire six par jour (alors que jusqu'à présent, la moyenne officielle était de deux morts quotidiens). Mais aussi impressionnante que soit cette augmentation, les chiffres fournis masquent la réalité ; il est fort probable que les pertes effectives se situent autour d'une vingtaine par jour.

A Falloudja et dans les environs, pour les agresseurs américains, la guerre ne consiste plus seulement à bombarder la population civile (bombes de 2.000 livres, bombes à fragmentation), à tuer sans risque femmes, enfants et blessés. Marines et GIs ont maintenant affaire à de véritables combattants. L'écrasante supériorité technique de la plus puissante armée du monde ne sert plus à rien lorsque l'adversaire impose ses propres règles. Des milliers de GIs découvrent avec horreur que le bourbier irakien n'a rien à voir avec la guerre hi-tech qu'on leur avait promise. Il faut se battre et crever.

Et ils crèvent par centaines, même si la presse ne s'en fait pas l'écho. Parfois, des détails transparaissent avec un certain retard. Ainsi, on apprend qu'à Karmah, le 14 avril, les Américains ont eu une quarantaine de morts, et que l'attaque du 11 avril contre un convoi militaire a coûté la vie à une dizaine de soldats. Mais dans l'ensemble, tout est fait pour que l'ampleur réelle du "problème américain" reste enfouie sous les communiqués optimistes. Le général Myers parle même de "succès" - on lui en souhaite beaucoup d'autres de cette sorte...

George W. Bush et sa guerre éclair :   Mission accomplie

17 avril 2004 : journée "tranquille". A Al-Kamalia, une banlieue de Bagdad, la résistance tue trois terroristes américains en uniforme et en blesse trois autres (lisez : six morts) ; de même que six marines à Husaybah, au moins un GI à Tikrit et trois autres à Diwaniya. Près de Nadjaf, le camp US est pilonné en permanence : nombre de morts inconnu. A Karbala, trois flics collabos sont abattus.

Au sud de la capitale, les insurgés font sauter deux ponts sur le Tigre, coupant ainsi la route de Bassorah. La route de Falloudja est également impraticable pour les Américains, celle de Samarra tout aussi dangereuse. Mais tout cela n'empêche pas les occupants de prétendre qu'ils ont "coupé Bagdad du reste du pays".

Les forces portugaises envisagent de se retirer "si la situation se détériore" (délicieux). Vingt soldats bulgares demandent à être rapatriés immédiatement. Deux déserteurs américains se réfugient au Canada (comme au bon vieux temps du Viêt-Nam). 200 soldats de l'armée fantoche irakienne, qui avaient refusé de combattre aux côtés des Américains le 11 avril, sont détenus pour "mutinerie" ; les autres ont pu s'enfuir à temps. Un GI prisonnier déclare d'une voix tremblotante, à la télévision arabe, qu'il préfèrerait être chez lui, auprès de sa femme et de son gosse. Pauvre con...

18 avril : les Américains sont chassés de la ville d'Al-Qaïm, à la frontière syrienne. Après 14 heures de combats acharnés, ils se retirent piteusement et prétendent n'avoir perdu que cinq hommes, tandis que les Irakiens victorieux auraient, eux, des douzaines de morts : de qui se moque-t-on ?...  Ces derniers temps, les mythomanes du Pentagone sont friands de communiqués du genre : "Nous avons été attaqués par un groupe de 30 rebelles, mais nous avons pu en tuer 200. De notre côté, nous n'avons à déplorer que deux blessés légers."

Mais le ton de certains reportages publiés par la presse américaine ne colle pas du tout avec les pertes avouées. Ainsi, selon le St. Louis Post, les marines stationnés à la frontière syrienne "écument de rage en pensant à leurs camarades morts au cours de ce qui a été une des journées de combat les plus sanglantes depuis de nombreuses semaines." En lisant ces lignes, ce n'est pas à cinq morts américains que l'on songe, mais plutôt à cinquante...

La résistance n'est d'ailleurs pas le seul souci des parasites américains. Un autre parasite, beaucoup plus petit qu'eux et répondant au nom poétique de leishmaniasis, leur donne depuis quelque temps du fil à retordre. A la bonne heure...

A Falloudja, encore une "mutinerie" parmi les militaires fantoches irakiens. Il s'agit cette fois de 180 soldats à qui les Américains avaient donné l'ordre de tirer sur des mosquées et de détruire des maisons irakiennes.

La presse s'étend lourdement sur l'exécution d'un terroriste italien par la résistance. L'homme, un certain Fabrizio Quattrocchi (en Irak, de toute évidence, quat-z-yeux ne suffisent plus), était paraît-il un "entrepreneur civil". En fait, il "travaillait" pour l'International Bodyguard and Security Services Association, une entreprise de location de mercenaires. Avant de s'engager pour la "libération" de l'Irak, Quattrocchi avait été proxénète à Gênes. Pleurons la perte de ce grand héros de l'Italie berlusconnarde...

Tandis que les médias se lamentent sur les "horribles enlèvements de civils", l'AFP confirme que 15.000 membres de commandos privés participent activement à l'agression militaire - détails. Le New York Times, de son côté, parle de 20.000 shadow soldiers. On apprend également qu'un "civil" sud-africain liquidé une semaine plus tôt en Irak, était en fait un tueur de l'apartheid - détails.

19 avril : à Samarra - une fois n'est pas coutume - les Américains se rendent utiles en tuant deux "journalistes" d'Al-Iraqiya, la télévision harkie mise en place par le Pentagone. Bravo, les mecs...

Dans un faubourg de Bagdad, deux soldats US meurent dans leur char ; près de Ramadi, un troisième est tué au combat. Quant à tous les autres, nous n'en saurons jamais rien : secret "défense".

A Falloudja, annoncent les services de propagande de Rumsfeld, l'armée US vient de passer un "accord" avec des "notables locaux" (c'est-à-dire avec ses propres marionnettes), "accord" au terme duquel les combattants irakiens doivent se rendre et remettre leurs armes. Il ne reste plus qu'à convaincre la résistance de la génialité de cet arrangement qui permettrait aux marines piégés de sortir sans danger de leurs trous. Les Américains pourraient ensuite lancer en toute tranquillité leur "opération punitive" contre les Irakiens désarmés et finir le massacre commencé par leur aviation. Il paraît que c'est l'amputé du cerveau de la Maison Blanche qui a eu l'idée de ce fameux "plan".*

* Information confidentielle : nous apprenons à l'instant même que les insurgés viennent de signer un accord avec la résistance, prévoyant la capitulation inconditionnelle de toutes les forces américaines, leur désarmement et leur incarcération immédiate. Il ne reste plus qu'à persuader les marines que cet accord est tout à leur avantage.

20 avril 2004 : tandis que l'Espagne et le Honduras annoncent leur intention de retirer leurs troupes (on en est encore au niveau des promesses - attendons les actes*), la France et la Russie "souhaitent que les Nations Unies jouent un rôle central dans la résolution de la crise irakienne". Parce que, voyez-vous, ce qui se passe en Irak depuis plus d'un an est une crise - et non une guerre d'agression. On va donc bien gentiment aider George Bush à se sortir du merdier (pardon : à résoudre la crise), sans se préoccuper des responsabilités ni condamner personne (sauf les "terroristes", bien entendu). Et lorsqu'on aura "résolu la crise", on aura une situation semblable à celle qui prévaut en Afghanistan. Chirac pourra enfin envoyer ses petits soldats en Mésopotamie et sortir son chéquier (le chéquier des Français), en espérant que le gang des néo-cons le traînera un peu moins souvent dans la boue.

* Ce sera chose faite six semaines plus tard.

Le gouvernement thaïlandais, lui, déclare qu'il rapatriera ses soldats s'ils sont attaqués. La résistance sait maintenant ce qui lui reste à faire. Comme dit un vieil adage siamois : faire la guerre, d'accord, mais se faire attaquer, non, faut pas déconner...

Sur le terrain, on signale deux GIs tués et deux blessés graves à Mossoul, de même que cinq morts britanniques à Amarah, dans le sud du pays. Près de Koufa (ville proche de Nadjaf), une embuscade coûte la vie à de nombreux Américains (les Irakiens parlent de 16 morts). Non loin de Falloudja, c'est un hélicoptère US qui "s'écrase". L'aéroport de Bagdad est secoué par plusieurs explosions ; on ignore si des avions américains ont été détruits.

21 avril : c'est maintenant au tour de la République Dominicaine de retirer ses troupes du bourbier irakien. Les rats commencent à quitter le navire.

Dans la région de Nadjaf, l'armée US bat partiellement en retraite : une partie des troupes qui "assiégeaient" la ville sainte chiite, se replie par suite de problèmes de logistique. Beaucoup de routes sont contrôlées par les insurgés, et comme dirait l'autre, on est partout en rupture de stock. Selon le journal L.A. Times, les pauvres militaires américains manquent de tentes et doivent dormir dans leurs humvees, leur nourriture est rationnée, ils n'ont plus d'eau potable et doivent se partager six toilettes mobiles (pour 2.500 hommes). Damn !... Et si leur climatisation tombe en panne, comment vont-ils faire pour "punir les terroristes" ?

A Falloudja, les insurgés attaquent les positions US, mais les tarés du Pentagone et leurs courroies de transmission des médias continuent de parler de "trêve". A Mossoul, on avoue un GI mort.

On manque de chair à canon en Irak. 150.000 soldats, c'est trop peu ; au Viêt-Nam, il y en avait 500.000. Solution : rétablir le service militaire obligatoire. C'est ce que réclament les fauteurs de guerre de Washington (un sénateur vient encore de le faire aujourd'hui). Bien sûr, on ne prendra cette mesure "patriotique" qu'après les élections, ou après le nouveau 11 septembre que préparent les terroristes d'Al-Bushaïda.

22 avril 2004 : un hélicoptère américain est abattu près de Bakouba.

A Falloudja, les agresseurs continuent de menacer la résistance pour le cas où elle ne déposerait pas les armes "conformément à l'accord" (conclu par d'autres). Mais les marines doivent eux-mêmes retirer leurs snipers, ces tireurs isolés qu'ils avaient postés en divers endroits de la ville, et dont le "travail" consistait surtout à tirer sur les enfants et les ambulances. Il est fort probable qu'un certain nombre de ces tueurs ont été liquidés par les Irakiens avant d'avoir pu se replier.

Le gouvernement polonais (allié privilégié des USA) commence à réfléchir à haute voix sur l'éventualité d'un retrait.

23 avril : pour appuyer ce processus de réflexion, la résistance attaque, à Karbala, un convoi composé de militaires polonais, bulgares, lettons et lituaniens, détruisant plusieurs véhicules mais ne faisant, paraît-il, qu'un seul mort (un Bulgare).

24 avril : bonne journée pour les producteurs de body bags. Un militaire américain saute sur une bombe près de Samarra ; cinq autres meurent lors d'un pilonnage nocturne de la base de Tadji ; deux sont liquidés près de Kout ; un marine (un seul ?) est tué à Falloudja. En tenant compte des blessés graves morts peu de temps après les attaques, les "pertes" effectives sont deux fois plus élevées. Ajoutons à cela quatre policiers collabos tués à Tikrit et un interprète au service de l'occupant, abattu près de Bagdad.

Près de Bassorah, la résistance lance une attaque contre un terminal pétrolier, utilisant pour cela trois bateaux piégés. Au moins trois marins américains sont tués ; on ignore l'étendue exacte des dégâts.

25 avril : deux occupants américains liquidés à Bagdad, deux autres à Koufa.

26 avril : quatre humvees incendiés dans le quartier de Waziriah, à Bagdad - au moins deux morts américains, sans doute beaucoup plus. Près de Falloudja, un convoi militaire est lui aussi la proie des flammes. A Falloudja même, les occupants avouent la mort d'un marine, alors que selon le site islamique www.islammemo.cc, les insurgés signalent la fin de 17 Américains dans le quartier d'Al-Jawlan.

27 avril : il devient quasiment impossible de savoir ce qui se passe exactement sur le terrain. Les services de propagande du Pentagone et les dizaines de milliers de journalistes assermentés de par le monde font le black-out total sur la réalité de Falloudja et de Nadjaf. Comme en 1991, on a droit aux images fixes sur fond verdâtre avec lecture de communiqués officiels. Les "nouvelles du front" deviennent de plus en plus surréalistes : de vaillants marines attaquent les combattants rebelles et en tuent 43 ou 58 d'un coup, sans avoir eux-mêmes à déplorer plus d'un ou deux morts. 43 ou 58 - et pourquoi pas 4.300 ou 58.000 ?  Face aux bulletins fantaisistes de Washington, les rapports de la résistance, avec leurs 30 morts américains par jour, semblent bien modérés.

28 avril : à Falloudja, les tueurs américains font la guerre comme ils aiment la faire - en bombardant la population civile sans prendre trop de risques.

A Kout, la résistance abat un hélicoptère US et tue deux soldats ukrainiens. Passablement masochistes, ces Ukrainiens : après avoir été chassés de la ville trois semaines plus tôt, voilà qu'ils en redemandent...  A Bagdad, deux morts américains.

29 avril 2004 : encore une bonne journée. Huit GIs liquidés à Mahmoudiyah, deux à Bakouba, un dans la banlieue est de Bagdad, un à Suwayrah (au sud de la capitale) et un à Tal-Afar (dans le nord du pays). Pour avoir les chiffres réels, multipliez par deux et ajoutez les morts de Falloudja et de Nadjaf (secret "défense").

Pour compléter le tableau, on apprend qu'une quarantaine de "civils" sont morts depuis le début du mois d'avril rien que dans la région à l'ouest de Bagdad (parmi eux 34 "employés" de Halliburton). Et pour ce qui est des collabos irakiens, on signale une nouvelle mutinerie à Falloudja et cinq flics tués à Mossoul.

La résistance met maintenant à prix les têtes de quelques chefs terroristes américains : une récompense de 15 millions de dollars est offerte à qui apportera la tête de Rumsfeld ou celles des généraux Sanchez et Kimmitt. Il paraît que Busholini et Wolfopissed sont furieux d'avoir été oubliés.

Les initiatives verbales américaines à Falloudja valent leur pesant d'or. En quatre semaines, on aura tout entendu : expédition punitive, demande de cessez-le-feu, trêve unilatérale, mise en demeure de désarmer, menaces de destruction, main tendue au parti Baas, patrouilles communes avec les forces irakiennes (quelles forces irakiennes ?), appel de renforts, retraits de troupes, etc... La tactique US face à l'insurrection semble sortie en droite ligne du cerveau atrophié de Rumsfeld-le-gâteux.

Une fois de plus, force est de constater que les Américains ne savent "bien" faire qu'une chose : massacrer des civils sans défense en utilisant les armes les plus sophistiquées. Mais dès qu'il faut se battre d'égal à égal, c'est zéro... Depuis la "conquête de l'Ouest" - à de très rares exceptions près - les Etats-Unis se sont toujours comportés de cette façon.

L'histoire réserve parfois d'amères surprises. Les responsables militaires devraient se remémorer la fin lamentable du général Custer à la bataille de Little Big Horn (1876). Quant au Viêt-Nam, mieux vaut ne pas en parler...


Repli

30 avril 2004 : le Pentagone signale la mort "particulièrement tragique" d'un soldat américain, survenue à Scania, quelque part en Irak. Après avoir été percuté par un camion civil, le véhicule dans lequel se trouvait le GI tombe du haut d'un pont.  Bye-bye, yank....

Près de Falloudja, deux marines meurent de façon moins spectaculaire mais tout aussi efficace : ils sautent tout simplement sur une bombe. Et au sud de Bagdad, trois "civils" étrangers les imitent - trois "sous-traitants" de moins. A Sadr City, un colonel de la police collabo et un "responsable municipal" au service de l'occupant sont liquidés par la résistance.

Falloudja Les troupes américaines annoncent leur retrait de Falloudja - c'est peut-être un retrait à l'israélienne : on recule de 500 mètres pour revenir en force quelque temps après. Bien entendu, aucun journaliste ne se demande ce que sont devenus les marines encerclés et les tireurs isolés. Combien de morts cette "expédition punitive" d'avril a-t-elle vraiment coûté aux agresseurs : 200, 300, 500 ?  Et du côté irakien, combien de milliers de civils massacrés ?... Nul ne sait ce que réserve l'avenir, mais quoi qu'il arrive, Falloudja est d'ores et déjà à la fois une ville martyre et une ville héroïque dans tout le monde arabe et musulman - et bien au-delà.

1er mai : deux soldats américains sont liquidés près de Falloudja, deux à Bagdad et un à Qarrayah, dans le nord du pays. A Amarah, dans le sud, les Britanniques reculent face aux attaques de la résistance et évacuent la ville.

Et entre Kirkouk et Baïdji, encore un pipe-line en flammes...

2 mai : deux militaires US sont tués au nord-ouest de la capitale, un autre à Kirkouk et deux près d'Amarah, tandis que non loin de Ramadi, une attaque au mortier contre une base américaine fait six morts et 30 blessés - mais combien de ces blessés sont morts entre-temps ?

Plus de onze body bags en vingt-quatre heures : le mois de mai promet d'être aussi fructueux que le mois d'avril...

Si l'on en croit la presse, les Américains, se seraient "retirés" de Falloudja (une ville qu'il n'ont pas réussi à prendre malgré un mois de siège et de bombardements) et "transmis le commandement" à un certain Jassem Saleh, un ex-général de la Garde républicaine de Saddam Hussein. Saleh, dont on ne sait pas grand-chose, est probablement un de ceux qui ont trahi l'Irak début avril 2003, permettant à l'armée US d'occuper Bagdad sans coup férir. L'a-t-on fait revenir de son exil doré pour mieux récupérer l'insurrection en cours ? Les Irakiens vont-ils se laisser prendre par ce Chalibi en uniforme ?

3-4 mai : un soldat américain est tué dans la région de Falloudja, un autre au sud de Bagdad et quatre au nord de la capitale (accident de humvee consécutif à la collision avec une grenade irakienne). Autour de Nadjaf, les combats continuent. A Koufa, selon Al-Jazeera, un hélicoptère américain est abattu.

5 mai : trois militaires US meurent à Diwaniya, un autre à Karbala.

6 mai 2004 : trois soldats américains sont tués à Bagdad, tandis que de violents combats ont lieu à Nadjaf et dans la région. A Koufa, l'armée US présente, encore une fois, un bilan digne des Mille et Une Nuits : 41 morts chez les partisans de Sadr - zéro chez ceux de Bush.  (Mr. Kimmitt, s'il vous plaît, mon général, racontez-nous l'histoire du marine aveugle qui tua 250 ennemis avec une seule balle en tirant par-dessus son épaule...)

En attendant, comme presque chaque jour, d'un bout à l'autre du pays de nombreux collaborateurs sont liquidés par la résistance ; on ne les compte plus depuis longtemps.

7 mai : un convoi américain est détruit près de Nadjaf - nombre de morts non communiqué. Pendant ce temps, un pipe-line saute à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale, tandis que quatre flics collabos sont tués à Mossoul.

8 mai : deux soldats polonais sont tués près de Karbala, deux soldats US à Mossoul et Samarra, un juge pro-américain à Hillah.

9 mai : combats à Bagdad et à Bassorah ; attentat à la bombe contre un hôtel de Bagdad hébergeant des "sous-traitants civils" (nombreux blessés, nombre de morts non communiqué) ; un colonel de la police collabo tué à Bakouba.

10 mai : un pipe-line saute au sud de Bassorah ; les exportations de pétrole, complètement stoppées au nord du pays, commencent à se ralentir au sud. Deux "civils" étrangers (un Néo-Zélandais, un Sud-Africain) sont abattus à Kirkouk. A Bakouba, le gouverneur fantoche sort indemne d'un attentat, mais au moins deux de ses gardes du corps sont tués. Un GI est abattu près de Mossoul. A Amiriyat, près de Falloudja, quatre véhicules américains sont détruits et plusieurs de leurs passagers tués (la résistance parle de dix morts américains, tandis que l'armée US garde le silence).


Une bien ténébreuse affaire

11 mai 2004 : un marine meurt près de Falloudja. A Rutba, non loin de la frontière jordanienne, un convoi de "ravitaillement" de Kellog Brown & Root est attaqué - nombreux morts et "disparus". A Samawah, au sud de Bagdad, un soldat néerlandais est tué ; le premier ministre des Pays-Bas se déclare "horrifié".

"Horrifiés", les politiciens et journalistes des Etats-Unis le sont aussi, à cause d'un "otage civil" américain (Nick Berg) qui, paraît-il, aurait été décapité par des terroristes proches d'Al-Qaïda, lesquels auraient filmé son supplice. Tout le monde est scandalisé, à commencer par tous ceux qui n'ont jamais eu sous les yeux les "scandaleuses images". (C'est un peu comme pour la pédophilie et la propagande nazie, dont on nous dit qu'elles envahissent l'Internet - inutile, pour les dénoncer, de les avoir vues personnellement.)

D'abord publié sur un site "islamiste", aussitôt fermé, le "film intégral de la décapitation" est bientôt visible ailleurs, notamment sur un site spécialisé dans l'horreur et la perversité (mutilations, accidents, tortures, viols... : une garantie de sériosité). Une version partielle et "familiale" du clip est diffusée par Al-Jazeera et d'autres chaînes.

Inutile de descendre aux enfers, la version édulcorée permet de se faire une idée de la question. Indépendamment du fait que la simple référence à la mythique "Al-Qaïda" discrédite dès le départ la version officielle, les images "visibles pour tous" regorgent de contradictions et donnent à l'affaire des relents de coup monté.

Les "bourreaux", bien que masqués, n'ont rien de combattants arabes ou islamiques : stature, corpulence, pose, gestes, élocution, usage inapproprié de la main gauche (la main "impure")... Le décor et les accessoires (couleurs des murs, chaise blanche, tenue orange du prisonnier) rappellent Abou-Ghraïb. La "victime" ne ressemble pas à Nick Berg.

Les circonstances du séjour en Irak de "l'otage" américain sont assez nébuleuses. Il serait venu dans le pays à la recherche de commandes et de contrats pour son entreprise ; malheureusement, cette entreprise n'existe pas. On se demande, en outre, comment Berg a pu entrer en Irak sans appui des services américains ou "alliés" (israéliens ?). "L'otage" aurait été arrêté le 24 mars par la police collaboratrice irakienne de Mossoul et remis aux forces militaires US, lesquelles, pour une raison inconnue, l'auraient gardé en détention jusqu'au 6 avril. Il aurait été en contact avec sa famille le 9 avril, puis plus rien...

Si Berg a été tué, on ignore dans quelles circonstances. Des médecins ayant visionné les images finales de la prétendue exécution relèvent des incohérences de taille (aucune giclée de sang, aucune résistance de la victime, aucun soubresaut). Ils en concluent que nous avons affaire à une mystification complète (décapitation d'un mannequin) ou que Nick Berg (pour autant qu'il s'agisse de lui) était déjà mort bien avant qu'on lui tranche la tête.

Cette "décapitation" très médiatisée vise-t-elle à contrecarrer l'effet des images d'Abou-Ghraïb ("regardez ces terroristes, ils sont cent fois plus barbares"), ou est-ce au contraire une opération "anti-Bush" (le père de Nick Berg est opposé, semble-t-il, à la clique de la Maison Blanche) ? Quoi qu'il en soit, toute cette affaire détourne l'attention de la réalité irakienne et des crimes de guerre quotidiens de l'armée US (des dizaines de milliers de civils ont été massacrés par les "libérateurs" depuis le 20 mars 2003).

Dossier : Nick Berg "beheading"

Deux nouvelles décapitations en perspective (source : La Voz de Aztlan - jpg - 38 ko).


12 mai 2004 : près de Bagdad, un GI meurt dans une embuscade, tandis qu'à Balad quatre "sous-traitants" philippins sont tués dans une attaque au mortier contre la base américaine.

13 mai : à quelques kilomètres de Falloudja, des marines sautent sur une bombe - il y a quatre blessés et, comme il se doit, "zéro mort". A Karbala, autre miracle, le énième depuis le début de la guerre : de violents combats coûtent la vie à "22 rebelles", mais les Américains s'en tirent pratiquement sans une égratignure.

A Nadjaf, les insurgés chiites s'emparent d'un commissariat, saisissent des armes et des véhicules, et repartent avec le chef de la police, qu'ils relâchent un peu plus tard après l'avoir copieusement rossé. L'homme peut s'estimer heureux : les Américains, eux, sodomisent leurs prisonniers (voir Abou-Ghraïb).

14 mai : les troupes US tentent une incursion à Nadjaf, mais sont vite repoussées ; on ignore tout de leurs pertes. Comme les chars américains sont allés livrer bataille dans le cimetière de la ville, si le général Kimmitt annonce prochainement 25.000 morts du côté irakien, on pourra, pour une fois, le croire sur parole.

Sur l'autoroute Falloudja-Bagdad, la destruction de deux humvees coûte la vie à trois soldats américains.

15 mai : trois GIs sont tués au sud de Bagdad, un autre à Bagdad même et un cinquième à Balad. Dans le centre de la capitale, des missiles s'abattent sur le QG américain - nombre de morts inconnu. Même chose à Nassiriya, où le QG de la "coalition", tenu par l'armée italienne, subit une attaque en règle.

Blague du jour : un certain Mohammed Latif, "général" de l'armée fantoche, placé par ses maîtres américains "à la tête" d'une prétendue "Brigade de Falloudja", déclare qu'il n'a pas l'intention, pour le moment, de désarmer les insurgés. C'est un peu comme si Raymond Poulidor disait qu'il n'a pas l'intention de gagner le Tour de France cette année...

On apprend aussi que le "président" américain va effectuer, en juin, une grande tournée européenne. Espérons qu'il sera accueilli comme il le mérite.  Voir ici : Bush débarque en Europe (source : The-Broadside.com - jpg - 81 ko).

A Al-Karamah (Sadr City), les Américains, mécontents de la passivité de la police locale face à la résistance, entrent dans un commissariat, désarment les policiers et "dégradent" le lieutenant-colonel qui les commandait en lui arrachant ses galons.

16 mai : non loin de Falloudja, la résistance détruit deux chars américains avec leurs occupants. Nouveaux tirs de missiles sur la "zone verte" de Bagdad. Dans un faubourg de la capitale, un GI est tué dans l'explosion d'une bombe.

A Nassiriya, les envahisseurs italiens doivent évacuer leur QG ; ils ont un mort et neuf blessés.

17 mai : le chef du gouvernement fantoche irakien, un certain Ezzedine Salim*, est liquidé avec sept membres de sa suite dans un attentat à la bombe à l'entrée de la "zone verte" ; Bremer va devoir trouver un autre polichinelle. Toujours à Bagdad, trois interprètes travaillant pour l'occupant sont abattus en pleine rue. Deux militaires américains sont tués dans la région de Falloudja et un (vraiment un seul ?) près de Nadjaf.

* Il paraît que Salim était "philosophe". On devrait peut-être envoyer Tintin-Henri Lévy à Bagdad pour le remplacer. Avec son joli décolleté et sa grande ouverture d'esprit, il aurait certainement beaucoup de succès. Et tous les Irakiens deviendraient des fans de Sharon en moins de temps qu'il n'en faut à THL pour accuser quelqu'un d'antisémitisme...  Pour la petite histoire, rappelons que Lévy, qui claironne partout en mai 2004 qu'il est "contre la guerre et pour Kerry" (ce qui correspond en gros à la quadrature du cercle), disait un an et demi plus tôt : "La guerre est la bonne solution pour libérer le peuple irakien de Saddam Hussein."  Ne cherchez pas à comprendre, c'est de la "nouvelle philosophie".


RPG ?   ZMZB   -   WMD ?  BYO

18 mai 2004 : deux "sous-traitants" abattus à Mossoul ; deux militaires américains tués dans la région de Falloudja.

Près de Nadjaf, attaque contre une base américaine ; deux chars détruits au RPG (lance-roquettes) - résultat : ZMZB ("zéro mort, zéro blessé").

Dans un lieu non précisé, l'armée US "découvre" une arme chimique (un obus au gaz sarin) : enfin une arme de destruction massive (WMD - weapon of mass destruction).  BYO (bring your own, comme on dit dans certains restaurants anglo-saxons où la vente de boissons alcoolisées n'est pas permise).

A Karbala, violents combats entre miliciens chiites et occupants. Bilan à la Kimmitt : 51 rebelles tués, ZMZB chez les Yankees.

De mieux en mieux : à Sadr City, selon l'agence de presse Kuna du Koweït, les Américains offrent jusqu'à 500 dollars à quiconque leur remettra son arme à feu (prière de s'adresser à la base américaine la plus proche). Jusqu'à présent, deux Irakiens seulement ont donné suite à cette offre alléchante. Malheureusement pour eux, ils n'ont pas pu profiter de leurs dollars, car des insurgés les ont abattus sur place pour leur apprendre à collaborer.

19 mai : un soldat US tué près de Falloudja, un autre à Baïdji et un troisième à Muqtadiyah. La mort de deux autres militaires US est signalée par la presse locale (en Pennsylvanie et au Kentucky), mais le Pentagone n'en fait pas état dans ses statistiques. C'est un phénomène qui doit se reproduire assez fréquemment mais qui passe largement inaperçu - après tout, personne ne peut lire chaque jour l'ensemble des journaux de province pour vérifier si le gouvernement ment par omission.

20 mai : un GI est tué à la grenade dans le centre de Bagdad et un autre par l'explosion d'une bombe à Tikrit.; un "sous-traitant" britannique est abattu entre Mossoul et Erbil.

Autre bonne nouvelle : l'armée américaine effectue une razzia au siège du "parti" d'Ahmed Chalabi. Ce gangster américano-irakien, après avoir été le chouchou de Wolfowitz, est maintenant tombé en disgrâce.

21-22 mai : un marine tué près de Falloudja, un GI à Mahmoudiyah. Explosion au "ministère de l'Intérieur" à Bagdad : cinq morts.

Dans un discours très applaudi, le maire de Londres, Ken Livingstone, exprime son espoir que George Bush disparaîtra bientôt dans les poubelles de l'Histoire et qu'il sera poursuivi en justice pour crimes de guerre dès que son immunité "présidentielle" ne jouera plus. (On peut toujours rêver...)


Good news, bad news

La bonne nouvelle d'abord : en apprenant que Michael Moore vient de remporter la Palme d'Or au Festival de Cannes pour son film Fahrenheit 911, George W. Bush fait une chute de vélo.

La mauvaise nouvelle : le véhicule blindé qui le suivait de près pour assurer sa protection réussit à freiner à temps.

Evidemment, pour les fans du "président", ce qui est bon est mauvais, et inversement. Mais ils peuvent se consoler en se disant que tout aurait pu finir plus mal, par exemple si quelqu'un avait eu la mauvaise idée d'expliquer à Bush que Cannes se trouve en France, pays le plus antiaméricain de toutes les hémisphères...

Retour en Irak. Le 23 mai 2004, au moins deux militaires US sont liquidés dans la région de Falloudja, tandis qu'une explosion se produit à l'entrée de la "zone verte" de Bagdad : quatre personnes "de nationalité indéterminée" sont déclarées "KIA" (killed in action = mortes en service commandé) - encore un sigle qui permet de ménager les statistiques.

24 mai : un officier de police collabo est tué à Bakouba, un autre à Bassorah. Un GI meurt à Tadji et un à Al-Dawar. A Karmah, près de Falloudja, les Irakiens détruisent deux humvees ; il y a plusieurs morts américains (cinq selon la résistance).

25 mai : trois GIs sont tués à Iskandariyah, deux autres près de Falloudja et un sixième quelque part au nord-ouest de Bagdad. A l'entrée de la "zone verte", deux "civils" britanniques sont brûlés vifs dans l'incendie de leur véhicule (des "personnalités importantes" à en juger par la réaction du Foreign Office). A Kirkouk, un politicien pro-américain est abattu. A proximité de Nadjaf, selon la télévision américano-irakienne, l'armée US perd un hélicoptère ; les autres médias passent cet "incident" sous silence.

Aux USA, le taré texan prononce un discours "important" - discours que tout le monde oublie dans l'heure qui suit. On en retient seulement que, parlant d'Abou-Ghraïb, Bush est incapable d'articuler correctement ce nom. Cela donne successivement Abugah-Rayp, Abu-Garon et Abu-Garah, et pourtant ses conseillers lui ont fait répéter le discours deux fois - détails.  Déjà en 2001, le "président" avait eu toutes les peines du monde à retenir le mot Al-Qaïda...

26 mai : un GI meurt dans une embuscade près de Tikrit ; trois marines sont tués dans la région de Falloudja.

27 mai : un convoi américain est attaqué au sud de la ville rebelle, un véhicule détruit - ZMZB. Près de Ramadi, une patrouille américaine se fait accueillir au lance-grenades - ZMZB.

Transcription confidentielle d'un enregistrement de la CIA (WH001-DoD001 - 2004-05-27 - 1445) :
- Rumsfeld, démerdez-vous pour me geler le nombre de morts jusqu'aux élections de novembre.
- C'est ce que j'essaie de faire depuis pas mal de temps, Mister President.
- Faites un petit effort supplémentaire. Demandez conseil à Tony Blair. Il me faut un bilan nickel.
- A vos ordres, mon président...
[à voix basse : Quel con, ce mec... Tiens, c'est décidé, je vote Kerry...]

28-29 mai : cinq morts américains (un GI à Mossoul, un autre dans la banlieue sud de Bagdad et trois marines dans la région de Falloudja) ; un colonel (kurde) de la police collabo liquidé à Kirkouk.

30 mai 2004 : trois véhicules de "sous-traitants" étrangers sont détruits dans le nord-ouest de la capitale ; il y a deux morts et trois prisonniers. Près de Koufa, une patrouille américaine tombe dans une embuscade, et un peu plus tard un char est détruit. Grâce aux miracles de la propagande pentagonaise, ces "incidents" ne font que deux morts. Miracle similaire à Bagdad : un véhicule militaire saute sur une bombe avec ses trois passagers, mais il n'y a qu'un GI tué.

31 mai : à Nadjaf, où l'armée US semble avoir autant de succès qu'à Falloudja un mois plus tôt, une centaine de supplétifs irakiens, envoyés sur place pour défendre la noble cause bushesque, disparaissent sans laisser d'adresse.

A Bagdad, un GI est tué : c'est le seul mort américain de la journée - et pourtant l'état-major admet 40 attaques quotidiennes de la part des insurgés. Selon des rapports de la résistance, les Américains auraient subi des pertes importantes dans la région Falloudja-Ramadi, mais la presse occidentale ne s'en fait pas l'écho.

Toujours à Bagdad, deux "civils" britanniques sautent sur une bombe à l'entrée de la "zone verte".

A la Maison Blanche, pour prouver que tout va bien, l'amputé du cerveau exhibe avec fierté un pistolet "ayant appartenu à Saddam" (on peut en acheter partout à Bagdad pour moins de vingt dollars). Après qu'il ait failli se tirer dans le pied en essayant d'en expliquer le fonctionnement à Dick Cheney, Condom Leezza confisque l'arme et la met sous clé avec les autres trophées du "président" (notamment un sabre lumineux pris à Al-Qaïda, un lance-pierre récupéré chez Arafat et des photos d'armes de destruction massive offertes par Colin Powell).

1er juin : 11 collabos irakiens sont tués et 26 blessés dans l'explosion d'une voiture piégée à l'entrée de la base américaine de Baïdji. A Bagdad, une autre explosion se produit devant l'immeuble de l'UPK, un des partis kurdes pro-américains, tuant au moins 25 gardes et "visiteurs".

Et à Bagdad, comme de coutume, on assiste à un pilonnage en règle de la "zone verte" - avec le résultat officiel habituel : ZMZB.

Dans la région de Falloudja, un marine est tué . Le communiqué officiel indique que l'homme "est tombé alors qu'il effectuait une opération de sécurisation et de stabilisation dans la province d'Al-Anbar". Comme dirait Zazie (celle de Raymond Queneau) : "Sécurisation-stabilisation, mon cul !..."

2 juin 2004 : le pantin "présidentiel" américain déclare, à l'occasion de la désignation du futur "gouvernement" irakien, que celui-ci "ne sera pas composé de pantins". Le futur "premier ministre", un certain Iyad Allaoui, qui a d'abord "travaillé" pour les services secrets irakiens, puis pour la CIA et le MI6 britannique, offre en effet toutes les garanties voulues. Dans les années 90, un groupe terroriste dirigé par Allaoui et basé au Kurdistan irakien (territoire sous contrôle américain) a perpétré des attentats "anti-Saddam" dans la région de Bagdad.

Un moron-ron-ron et ses petites marionnettes  (On a les admirateurs qu'on mérite...)

On pourrait, à la pensée de cette "irakisation" de la guerre, étouffer un bâillement et passer à des choses plus sérieuses. Mais il y a, hélas, le fait que l'ONU, après s'être contentée d'un soutien passif à l'agression, est maintenant sur le point de s'engager activement aux côtés des envahisseurs. L'appareil de désinformation politico-médiatique tourne à plein régime pour convaincre l'opinion que, cette fois, la guerre est "vraiment finie" et qu'on va passer au stade de la "reconstruction".

Si le stratagème réussit, la résistance irakienne ne pourra plus miser sur les contradictions internes du camp occidental et ne devra plus compter que sur ses propres forces. Mais l'avenir nous réserve peut-être des surprises. Qui se serait risqué, en mars 2003, à parler de bourbier et à évoquer le Viêt-Nam à propos de l'Irak de 2004 ?...

Kirkouk - 3 juin 2004 3 juin : de gigantesques explosions secouent la base américaine de Kirkouk après que plusieurs roquettes aient touché un dépôt de munitions. Comme toujours : ZMZB. La presse n'est au courant de rien.

En France, elle préfère se consacrer au 60ème anniversaire du 6 juin 1944 et à la visite de George Bush. C'est le moment que choisit Chirac pour réitérer ses offres de services à celui qu'il vénère comme le Grand Schtroumpf, mais qui le lui rend si peu.

Les "mesures de sécurité", en Normandie et ailleurs, sont bien entendu à leur comble, pour le cas où Ben Laden tenterait un débarquement à Al-Qaïda Beach (dans le département de la Manche - une opération dans le Calvados semble a priori exclue, compte tenu de l'effet dissuasif qu'exerce ce nom sur les intégristes musulmans).

A propos de l'Irak et du débarquement de 1944, lire ici : Ce que Jay Leno ne sait pas.

Voir aussi : D(isinformation) Day - 60 Years is Enough par Mickey Z.(Counterpunch), 6 juin 1944 : commémoration ou mystification ?  par Nico Hirtt et  Pourquoi Ford, GM et Esso ont-elles armé Hitler ? du journaliste belge Michel Collon.

Rappelons également que le primate texan, qui se présente volontiers comme un "libérateur", est en fait le digne descendant de son grand-père Prescott, fondateur du clan Bush. Tandis que des milliers de soldats américains mouraient en Normandie, le fasciste Prescott Bush, s'enrichissait grâce au travail des esclaves d'Auschwitz.

Parmi les innombrables discours et commentaires débiles vomis par la caste politique française à l'occasion de cette pseudo-commémoration, la médaille d'or revient à Maxime Gremetz, député du P"C"F (on ignorait que ce groupuscule eût encore des députés). Gremetz déclare à propos de Bush : "Il faut l'accueillir avec le respect dû à un chef d'Etat héritier de nos libérateurs." Il est difficile de rassembler autant de contre-vérités dans une phrase aussi courte. Personne ne doit en effet le moindre respect au criminel de guerre de la Maison Blanche. Bush usurpe d'ailleurs le titre de chef d'Etat, puisqu'il n'a jamais été élu à cette fonction. Et pour ce qui est de "l'héritage", il est manifeste que ni le "président" lui-même (voir le paragraphe précédent), ni le régime qu'il "dirige", ne sont en quoi que ce soit les continuateurs des Etats-Unis du Jour J.

Au contraire, l'Amérique de Bush joue aujourd'hui le rôle que jouait soixante ans plus tôt le Reich hitlérien, honni de tous. En 2004, tout le monde reconnaît cette évidence, sauf bien entendu les gens payés pour l'ignorer.

4 juin 2004 : attaque contre l'ambassade italienne à Bagdad - plusieurs morts. A Sadr City, la résistance fait sauter un convoi américain : au moins cinq GIs tués.

A Rome, Bush l'indésirable - persona non gradita (latin : persona non grata) - est "reçu" par plus de 200.000 manifestants.

L'album romain du "président".



Un Américain à Paris - 5 juin 2004

5 juin : trois GIs sont tués à Bagdad (deux à Sadr City et un dans le centre-ville), tandis que trois "civils de nationalité inconnue" se font liquider près de l'aéroport de la capitale, plus un autre à Hadithah et un cinquième à Mossoul.

6 juin 2004 : un GI succombe dans un pilonnage au mortier à Balad. Trois autres GIs et six collabos irakiens sont tués dans une explosion à l'entrée de la base US de Tadji. A Moussayib, au sud de Bagdad, sept flics pro-américains sont abattus dans un commissariat par des insurgés déguisés en policiers. Pour compléter le tableau, quatre "civils" de Blackwater (deux Américains et deux Polonais) meurent dans l'incendie de leur convoi.

7 juin : attaque contre un camp de marines près de Falloudja - un tué. A Scania, un GI saute sur une bombe. A Bagdad, un autre GI meurt "alors qu'il était en train de monter la garde" - ce sont des choses qui arrivent dans les meilleures casernes...

8 juin : trois morts américains (un GI à Bakouba, un marine dans la région de Falloudja et un autre militaire à Iskandariyah). Pendant ce temps, à Suwayrah, au sud de Bagdad, sept militaires de la "coalition" sont tués dans un explosion (trois Polonais, trois Slovaques et un Letton). Dix envahisseurs liquidés en vingt-quatre heures : la résistance semble être en grande forme.

De son côté, le nouveau "gouvernement" irakien déclare "illégales" toutes les milices armées non soumises à son "autorité". C'est sans doute une nouvelle tactique consistant à faire mourir de rire le plus grand nombre possible d'insurgés.

9-10 juin : les troupes bulgares évacuent la ville de Karbala, devenue trop dangereuse pour ces petits soldats d'opérette. Un peu partout dans le pays, les bases américaines sont pilonnées au mortier, mais comme presque toujours : ZMZB.

Dans le nord de l'Irak, les attaques contre les pipe-lines se multiplient. Près de Falloudja, les insurgés tuent douze membres des "forces de sécurité" pro-américaines.

11 juin 2004 : un GI meurt à Sadr City ; le "vice-ministre" irakien des Affaires étrangères se fait liquider avant d'avoir pu prendre ses fonctions.

Depuis leur débâcle de Falloudja, les Américains évitent de se montrer, préférant s'emmurer dans leurs bases. A Bagdad, la "zone verte" est fortifiée un peu plus chaque jour et les voies d'accès interdites (y compris un pont sur le Tigre). Mais les occupants et leurs laquais irakiens ne sont pas pour autant à l'abri des pilonnages quasi-quotidiens. La presse, bien disciplinée, ne mentionne jamais ni le nombre de victimes ni l'ampleur des destructions à l'intérieur de cette zone retranchée.

Un autre point faible des envahisseurs américains reste la logistique ; les attaques contre les convois d'approvisionnement sont toujours aussi fréquentes.

On assiste également à une recrudescence des raids contre les postes de police (quatre en moins d'une semaine). La résistance ne se contente plus de tuer ou blesser les flics collabos et de récupérer leurs armes ; elle détruit systématiquement les immeubles qui les abritent. Comme les Américains ont réduit le nombre de positions stratégiques qu'ils occupent en permanence dans le pays, ils ne peuvent plus intervenir aussi souvent et aussi vite pour porter secours à leurs marionnettes.

Pour la petite histoire, à Samawah, une cinquantaine de soldats japonais sont mis hors de combat à la suite d'une intoxication alimentaire. De deux choses l'une : ou bien Al-Qaqaïda était dans le coup, ou bien les cuisiniers irakiens ne savent pas préparer les sushis. Dans un cas comme dans l'autre, une solution s'impose : retrait immédiat.

12 juin : un hélicoptère américain OH-58 Kiowa est abattu près de Tadji, mais il n'y a que deux blessés - le miracle habituel.  (Comment se fait-il que lorsqu'un hélico civil s'écrase quelque part - comme par exemple près de Nice début juin -, il n'y ait jamais aucun survivant ? Les compagnies civiles devraient peut-être engager des pilotes militaires américains et demander à George Bush de prier pour elles...)

Avec environ six semaines de retard, le général Kimmitt déclare dans une conférence de presse, que l'armée US n'a pas pu atteindre l'objectif qu'elle s'était fixé pour Falloudja. (Vraiment très utiles et très informatives, ces conférences de presse...) Yahoo News, qui commente cette "nouvelle", signale que "dix marines sont morts durant les trois semaines de combat". Chacun sait pourtant que les combats ont duré quatre semaines et qu'il y a eu environ dix morts américains par jour, mais peu importe, les bons patriotes US croient toujours tout ce qu'on leur raconte. (Le 12 avril, un général américain faisait état de 70 morts en douze jours ; fin mai, selon la journaliste "indépendante" Tara Sutton, il n'y en avait plus que 36 ; et maintenant, tout juste dix... Avant la fin du mois, le Pentagone pourra proclamer fièrement : Falloudja - ZMZB.)

13 juin : près de la base de Tadji, un GI meurt dans une explosion. A Bagdad, un haut fonctionnaire du "ministère" de l'Education nationale est tué dans un attentat. A Ameriyah, à l'ouest de la capitale, un colonel de l'armée fantoche est grièvement blessé.

Autres collaborateurs liquidés : deux hommes travaillant pour une chaîne de télévision pro-américaine (retrouvés morts près de la frontière syrienne) ainsi qu'une douzaine de supplétifs (tués au sud-est de la capitale, à l'entrée d'une base abritant une école militaire).

Quelques jours après le "sauvetage" de trois prisonniers italiens dans une "audacieuse opération de commando", on apprend les dessous de l'affaire : les trois "sous-traitants" ont tout simplement été relâchés par leurs geôliers contre paiement par le gouvernement italien d'une rançon de neuf millions de dollars - détails.

14 juin : à Bagdad, une attaque à la bombe contre un convoi de la "coalition" tue au moins cinq "civils" occidentaux et plusieurs collaborateurs irakiens. Après l'explosion, la population manifeste bruyamment sa joie et son mépris pour les occupants.

15 juin 2004 : cinq supplétifs kurdes de l'armée fantoche irakienne sont tués dans une embuscade près de Samarra, alors qu'ils rentraient de Tadji après un stage d'entraînement. Les Américains vont-ils finir par manquer de volontaires ?  Aux Etats-Unis, c'est déjà le cas : seuls les fous et les fanatiques s'engagent dans l'armée, et beaucoup de militaires disent "non merci" quand on leur demande de rempiler. Il est donc à peu près certain que le sevice militaire obligatoire sera rétabli après les élections.

Près de Bassorah, une base abritant des militaires britanniques et néo-zélandais est attaquée au mortier. Comme il se doit, tout le monde s'en tire sans la moindre égratignure. Depuis février 2004, grâce à la censure de Tony Blair, on n'a pas enregistré un seul mort anglais en Irak.

16 juin : quatre "sous-traitants" étrangers meurent dans une explosion à Ramadi. Dans la même ville, les marines américains arrêtent six auxiliaires irakiens soupçonnés de travailler pour la résistance.

A Faw, au sud de Bassorah, une attaque contre un pipe-line stoppe complètement les exportations de brut irakien pour au moins une semaine. Dans le nord, à Kirkouk, les insurgés liquident un haut responsable à la "sécurité" pétrolière.

Un commandant de l'US Army est tué quelque part en Irak. Le Pentagone n'en fait pas état ; c'est Associated Press et la presse locale qui signalent le "sacrifice" de ce "héros" de l'Illinois.

17 juin : à Balad, trois GIs meurent dans une attaque à la roquette contre la base militaire. A Suwayrah, un soldat hongrois est tué et un autre grièvement blessé dans une explosion.

Une autre déflagration devant un centre de recrutement de l'armée fantoche à Bagdad fait au moins 35 morts et plus d'une centaine de blessés. Presque au même moment, près de Balad, une attaque similaire coûte la vie à six soldats irakiens collabos. L'AFP, qui a toujours le mot pour rire, écrit que la " nouvelle armée irakienne sera appelée à jouer un rôle de premier plan dans la stabilisation du pays après le transfert du pouvoir le 30 juin". Comme il se doit, la presse alignée reprend en choeur.

18 juin : un GI et un "sous-traitant" américain sont tués dans une base militaire du sud de Bagdad, de même que tois autres "civils" à Sadr City, dans l'attaque d'un convoi.

19 juin : un GI est tué à Bakouba, un marine dans la région de Falloudja. Un "civil" portugais et deux collabos irakiens meurent dans une explosion près de Bassorah.

20 juin 2004 : quatre militaires américains sont retrouvés morts à Ramadi ; l'US Army déclare tout ignorer de la cause de leur décès - peut-être une partie de poker ayant mal tourné ?...  [On apprendra un mois plus tard qu'il s'agissait de quatre snipers ("tireurs d'élite") dont le rôle consistait à tuer les passants et à terroriser la population depuis le toit d'un immeuble. Le 20 juin, au petit matin, la résistance irakienne est venue mettre fin à leurs exactions. Depuis, il n'y a plus de tueurs isolés à Ramadi.]

Toujours le 20, près de l'aéroport de Bagdad, au moins deux soldats de l'AFI (Armée fantoche irakienne) se font liquider dans une embuscade, tandis qu'un "membre important" du "conseil municipal" est abattu à Tikrit. A Samarra, c'est un hélicoptère américain qui attaque la villa du "ministre de l'Intérieur" irakien. Le "ministre" lui-même est malheureusement indemne, mais cinq de ses gardes sont tués ; les tueurs les avaient probablement pris pour des civils irakiens.

21 juin : un GI est tué à Bagdad.

Huit marins britanniques qui taquinaient bien tranquillement le goujon dans les eaux du Chatt Al-Arab (du côté iranien, là où les poissons sont plus gros), sont arrêtés illégalement par des gardes armés qui menacent de les faire juger pour espionnage et violation de je ne sais quoi. C'est proprement scandaleux, quand on pense que la marine iranienne, elle, ne se gêne pas pour aller pêcher dans l'estuaire de la Tamise. La dernière fois qu'on les a pincés, c'était pas plus tard qu'avant-hier. On a été très courtois avec eux, on les a même invités à dîner à Buckingham. Alors pourquoi font-ils ça ? Ils veulent la guerre ou quoi ?...

[Finalement, quelques jours plus tard, après un court passage à la télé iranienne, les Britanniques sont relâchés.]


"Transfert de souveraineté"

Le 30 juin 2004, tout va changer. Les Irakiens, après des siècles de dictature saddamo-baasochiste, vont enfin être libres et maîtres chez eux.

En contrepartie, ils dépanneront volontiers leur allié américain au cas où celui-ci viendrait à s'enliser - ce qui bien sûr reste purement hypothétique, car chacun sait que la meilleure armée du monde (qui dispose des meilleurs chars du monde) ne s'est encore jamais enlisée, contrairement à ce que prétendent les menteurs antiaméricains de la vieille Europe.

Toujours est-il que le 30 juin sera une date-clé dans l'histoire des relations internationales. Elle marquera la première mise en oeuvre concrète du concept de souveraineté complète, inventé par les Etats-Unis d'Amérique pour remplacer les notions caduques et onusardes héritées du siècle précédent.

Dès que la souveraineté à l'irakienne aura fait ses preuves, elle pourra être appliquée à d'autres pays, à tous les autres pays... [Applaudissements]

22 juin : deux GIs sont liquidés près de Balad. Deux flics collabos subissent le même sort à Ramadi, ainsi que deux interprètes à la solde des Britanniques, à Bassorah.

La presse occidentale se concentre sur la mort d'un "civil" sud-coréen, soi-disant décapité par les insurgés. Personne, en revanche, ne se demande ce que cette "pauvre victime" était allée faire en Irak. A Séoul, les partisans du retrait accentuent leur pression sur le gouvernement dit "de gauche". Mais comme tous ses prédécesseurs, le premier ministre ignore la volonté populaire et ne cède aux pressions que si elles émanent de Washington. Il est vrai que la Corée du Sud connaît depuis cinquante ans un régime assez proche de la fameuse souveraineté complète prévue pour l'Irak.

Dans le nord du pays, encore un incendie de pipe-line - ce genre "d'incident" est si fréquent qu'il serait peut-être plus simple de signaler les jours sans sabotage d'oléoduc...

24 juin : jour noir pour les collabos irakiens. Des attaques coordonnées de la résistance dans différentes villes font une centaine de morts parmi les policiers et fonctionnaires appointés par l'occupant. A Mossoul, Bakouba, Ramadi, Falloudja et Bagdad, plusieurs postes de police et bâtiments officiels sont pris d'assaut et détruits.

L'armée US vole aussitôt au secours de ses protégés, lance à l'aveuglette plusieurs bombes de 500 livres sur la population civile, mais subit également des pertes dont l'ampleur exacte n'est pas communiquée. La presse se contente de mentionner deux morts américains à Bakouba et un troisième à Mossoul, de même que quelques véhicules incendiés et un hélicoptère Cobra abattu à Falloudja. Comme à l'accoutumée, l'équipage sort indemne des débris de l'appareil et reprend son service après s'être épousseté.


Devenez policier irakien - un métier d'avenir :

Vous en serez tout feu tout flammes.

Offre valable à partir du 30 juin 2004.

Ministère de la Souveraineté transférée de la République virtuelle d'Irak

USA ou-Akbar  -  In Bush we trust
(Bannière publicitaire conçue par Halliburton pour la somme de 243 millions de dollars - © Dick Cheney)


25 juin 2004 : trois supplétifs irakiens sont liquidés à Mahmoudiyah, trois autres à Bakouba, un à Bagdad. Toujours dans la capitale, un GI est tué dans une attaque au lance-grenades. Et comme presque chaque jour, la presse locale américaine annonce des décès de militaires que le Pentagone passe sous silence.

26 juin : les médias alignés redoublent d'efforts pour nous convaincre que les insurgés sont des "terroristes d'Al-Qaïda commandés par Zarkaoui". Michel Chossudovsky, professeur à l'Université d'Ottawa, nous renseigne ici sur ce nouveau croque-mitaine lancé par la CIA et présenté partout comme le "bras droit de Ben Laden" : Who is Abu Musab Al-Zarqawi ?

Il est toujours revigorant de lire les dépêches de l'AFP, ainsi aujourd'hui : "M. Allaoui [l'homme choisi par le Pentagone pour jouer le rôle de "premier ministre"] a réaffirmé être prêt à prendre les mesures nécessaires pour écraser la guérilla mais a averti que la violence redoublerait après le transfert du pouvoir à son gouvernement dans quatre jours. Il a ajouté, devant la presse, que son gouvernement serait soutenu par la Force multinationale à qui l'ONU a donné pour mandat d'aider l'Irak."  Voilà des mots qui remontent le moral, qui font renaître l'espoir, ah là oui...

Il n'empêche qu'un marine est tué dans la région de Falloudja alors qu'il effectuait une opération de "sécurisation" et de "stabilisation" (pour les initiés : opération SS).

27 juin : un GI meurt dans la banlieue de Bagdad ; ailleurs, un marine est capturé par les insurgés. A l'aéroport de la capitale, un C-130 est abattu au décollage. Les Américains avouent un mort et plusieurs blessés. (Les mythomanes du Pentagone prétendent que l'avion avait déjà parcouru 20 kilomètres lorsqu'il a été touché par un tir d'armes légères, et qu'il a pu regagner l'aéroport sans encombre. Pour un appareil de ce type, 20 kilomètres représentent quatre ou cinq minutes de vol, au bout desquelles l'altitude atteinte est de 2000-2500 mètres. Autrement dit, des Irakiens tirant à l'arme légère sur un avion distant de 2 ou 3 kilomètres ont réussi à tuer un passager et à en blesser plusieurs autres. Un véritable exploit !...)

A Falloudja, les combats ont repris ; l'armée américaine, qui n'a toujours pas tiré les leçons de sa défaite d'avril, semble tenter une nouvelle "reconquête" - sans grand succès.

Si l'on en croit le journal anglais The Telegraph, qu'on ne peut guère soupçonner d'antiaméricanisme, une partie de la police irakienne agit contre les occupants au lieu de les soutenir. Une grande purge est annoncée pour le 30 juin.

Dans un "reportage" de Scott Wilson, dans le Washington Post, parmi les habituelles stupidités de la propagande américaine (les GIs reconstruisent un stade de foot à Sadr City et réparent les portes qu'ils ont démolies par inadvertance au cours d'une opération de "stabilisation"), on peut lire que huit soldats américains ont été tués, en mai, dans une explosion survenue à Yusifiyah.  Voilà encore huit morts que la presse et le Pentagone ont "oubliés" quelques semaines plus tôt. La falsification du bilan des pertes US et "alliées" est permanente.

Comme pour illustrer ce sujet, on apprend qu'à Bagdad, un nouveau pilonnage de la "zone verte" n'a fait "que des dégâts matériels".

28 juin 2004 : un soldat anglais est tué à Bassorah - au dire des faussaires de Tony B-liar, il s'agirait du premier mort britannique depuis de nombreux mois. Dans la capitale, un mercenaire gallois "travaillant" dans la "sécurité" (salaire : 500 livres = 750 euros = 900 dollars par jour) se fait également liquider. Cinq supplétifs de la "garde nationale irakienne" subissent le même sort à un poste de contrôle.

Toujours à Bagdad, dans un abri de la "zone verte", le terroriste et proconsul américain Paul Bremer "transfère" au terroriste et "premier ministre" irakien Allaoui la "souveraineté" sur l'Irak et lui remet un "document officiel" ainsi qu'un beau hochet. La "cérémonie" se déroule à la sauvette, avec deux jours d'avance, par crainte d'une attaque massive de la résistance. Le tout a lieu à 10 heures 26 - notez bien l'heure exacte, au cas où Julien Leperse vous poserait la question.

Il va de soi que le "transfert" est scellé par une magnifique poignée de mains que les générations futures pourront admirer dans les livres d'histoire.

Un précédent historique :

" Après avoir libéré la France de la dictature du Front populaire,
le Chancelier Hitler transfère au Maréchal Pétain la souveraineté complète sur la Zone libre.
"
C'est à peu près ce qu'on pouvait lire dans la presse française collabo de 1940 ;
c'est aussi ce qu'on peut lire dans la presse alignée de 2004
(après adaptation à la situation irakienne).

Un des premiers actes de "souveraineté" du nouveau "chef de gouvernement" consistera à confirmer l'immunité (c'est-à-dire l'impunité) des mercenaires américains, qu'ils soient militaires ou "civils". D'autre part, on annonce déjà que la "justice" du "nouvel" Irak pourra faire le "procès" de l'homme que les Américains ont "capturé" en décembre 2003 et qu'ils présentent comme "l'ancien dictateur" - voir plus haut.

En somme, c'est la fête dans les bunkers de la "zone verte". Seule fausse note : il n'a pas été possible d'imposer le nouveau drapeau "national" imaginé par les néo-cons. On a finalement gardé l'ancien pour éviter d'exacerber inutilement l'hostilité populaire. Voir ici : Comment fabriquer un nouveau drapeau

Dans les minutes qui suivent la "passation des pouvoirs", Paul Bremer quitte définitivement l'Irak. Il sera remplacé par un autre criminel, "l'ambassadeur" John Negroponte, un homme qui s'est distingué en Amérique centrale dans les années 1980-90 en y coordonnant les activités des commandos de la mort mis en place avec l'aide des Etats-Unis (Honduras, Nicaragua, Salvador).

Bremer laisse derrière lui un trou "inexplicable" de 12 milliards de dollars, somme que son "administration civile" ("Coalition Provisional Authority - CPA") a fait disparaître comme par enchantement. Cet argent provenait de la vente du pétrole irakien, ou du moins de ce qui restait du produit de la vente après que les grands de l'industrie pétrolière, Halliburton et quelques autres se soient servis. Le DFI ("Development Fund for Iraq"), qui "gère" l'argent volé aux Irakiens, a par ailleurs dilapidé "légalement" des centaines et des centaines de millions pour le plus grand bien des "reconstructeurs". Les services de santé irakiens, détruits par l'embargo, la guerre et l'occupation, ont dû se contenter de 55 millions de dollars du DFI.

29 juin 2004 : plusieurs policiers de l'Irak "souverain" sont tués à Kirkouk et à Mahmoudiyah ; à Bagdad, trois marines meurent dans une explosion. Un autre militaire américain que les insurgés avaient capturé en avril, aurait été exécuté entre-temps. Bien entendu, les gangsters de Washington ne vont pas tarder à invoquer la Convention de Genève, convention qu'eux-mêmes appliquent à la lettre, comme chacun sait.


"Saddam" est de retour

30 juin 2004 : "Saddam Hussein" est placé "sous l'autorité" et "sous le contrôle" des "autorités judiciaires" irakiennes tout en restant "sous la garde" des Américains. Bien entendu, aucun "responsable" du "gouvernement" ou de la "justice" irakienne n'a vu l'homme. On ignore totalement où il est, et même qui il est. Mais qu'à cela ne tienne, la "nouvelle" fait la une des médias. D'autant plus que le gouvernement fantoche vient de rétablir la peine de mort. Voilà qui promet un intéressant simulacre de procès avec au bout, pourquoi pas, la décapitation d'un mannequin, comme dans l'affaire Nick Berg. Les chefs d'accusation (crimes de guerre, crimes contre l'humanité, invasion de pays étrangers) rappellent un peu le CV de George Bush mais ne reprennent aucun des motifs invoqués pour déclencher l'agression de mars 2003.

Saddam ou pas, la résistance se poursuit. Près de Bagdad, un camp militaire des occupants US subit une violente attaque au mortier. Il y a une dizaine de blessés graves, autrement dit un certain nombre de morts en perspective. Mais comme d'habitude, nous n'en saurons rien.  La presse américaine signale que désormais, les militaires veulent "minimiser la visibilité de leurs forces" et effectuer leurs déplacements de préférence la nuit. Comme s'il suffisait de baisser la tête et de raser les murs pour être en sécurité. Quelqu'un devrait peut-être leur expliquer que la seule solution sûre est le retrait.

1er juillet 2004 : la Thaïlande, elle, a compris - elle joue la carte de la sécurité et commence à retirer ses troupes d'Irak ; la Pologne fera de même au début de l'année prochaine. Les militaires américains continuent de mourir : trois aujourd'hui (un dans le sud, près de la frontière du Koweït, un autre à Mossoul, et un troisième dans la région de Falloudja). A Bagdad, c'est un haut fonctionnaire du ministère des finances qui est tué dans un attentat en même temps que son chauffeur et son garde du corps. Le "nouvel" Irak ressemble beaucoup à l'ancien.

L'agit-prop américaine, relayée par l'ensemble de la presse, annonce que "Saddam Hussein" a comparu pour la première fois devant la "justice" de son pays. Dans ce but, un "tribunal spécial" composé de "juges" désignés par l'occupant, se serait réuni dans un endroit secret. Pour étayer ces affirmations, on nous présente quelques images vidéo assorties d'un commentaire en anglais. On n'y voit aucun "juge", et l'homme qui tient le rôle de "l'ex-dictateur" remue les lèvres sans qu'on entende ce qu'il dit. C'est sans doute plus prudent, car des millions d'Irakiens et d'autres arabophones qui connaissent la voix, l'intonation et le style des discours de Saddam, risqueraient de s'apercevoir de la supercherie.

Le commentateur de CNN* rapporte néanmoins ces mots de "l'accusé" : "Ce procès est une mascarade et le vrai criminel de guerre est George Bush". Une petite sensation : c'est la première fois depuis septembre 2001 que les téléspectateurs peuvent entendre la vérité sur cette chaîne - pendant quelques secondes et dans une citation, réelle ou imaginaire, présentée avec un sourire entendu.

* Dans une version diffusée quelques heures plus tard, la voix de "Saddam Hussein", inaudible, est couverte par une "traduction" anglaise passablement médiocre et confuse. On aperçoit "le juge" de dos. "L'accusé" n'a pas de défenseur. Les médias prétendent cependant que sa femme a engagé un avocat (ou même plusieurs). Le seul problème, c'est que la vraie Mme Hussein a déclaré fin mars 2004 que le prisonnier des Américains n'était pas son mari mais un sosie - voir plus haut.
A en croire la presse, le "président du tribunal" serait Salem Chalabi, neveu du gangster Ahmed Chalabi. [Début août 2004, on signale que l'oncle et le neveu sont recherchés pour meurtre par les "autorités irakiennes".]


N'en déplaise à la presse servile, personne n'a encore prouvé que l'homme "capturé" en décembre 2003 est l'ancien président irakien. Et le fait de répéter sans arrêt depuis six mois que "c'est bien lui", ne rend pas "l'information" plus crédible. C'est en gros la même chose que pour le 11 septembre, bien que dans le cas de Saddam, le doute soit beaucoup moins répandu - il est vrai que l'enjeu est moindre, presque sans importance.

Bien sûr, on pourra objecter : si Saddam n'est pas prisonnier des Américains, où est-il ?...  Il est peut-être mort. Ou il se terre encore en Irak - quoique la chose soit peu probable. Ou il est en sécurité à l'étranger et évite de se manifester pour ne pas compromettre son pays d'accueil. Peut-être même se cache-t-il quelque part avec la complicité et sous la protection des Américains...

Une chose est certaine, toutefois : la junte américaine a besoin d'un show parfaitement orchestré et non d'une nouvelle "opération Milosevic" menaçant à tout instant de se retourner contre ses auteurs. Même si les Etats-Unis parvenaient à mettre la main sur le véritable Saddam Hussein, jamais ils ne prendraient le risque d'un procès plus ou moins public comme celui de La Haye. Avec le sosie ou avec l'original, on peut donc compter sur les spécialistes engagés par le Pentagone (Rendon et autres - voir plus haut) pour mettre en scène un spectacle sans bavure. [Il faudra tout d'abord remplacer le "président du tribunal".]

2 juillet 2004 : deux marines américains sont tués dans la province d'Al-Anbar. A Kout, la ville préférée des Ukrainiens depuis le 7 avril (ils y reviennent toujours), un soldat de ce pays, sans doute déçu de ne pas voir venir les attaquants irakiens, se tue d'une balle dans la tête.

3 juillet : sept gardes fantoches irakiens sont liquidés à Mahmoudiyah, de même qu'un flic collabo à Mossoul. Dans l'ouest de l'Irak, un marine meurt de ses blessures, tandis qu'un autre est tué au sud de la capitale.

4 juillet : à l'occasion de la fête nationale américaine, pendant que les Etats-Unis se noient sous les discours pseudo-patriotiques les plus débiles, les insurgés irakiens font sauter un oléoduc stratégique reliant les champs pétrolifères du nord à ceux de Bassorah.

5 juillet : trois marines meurent dans la région de Falloudja, un soldat italien à Nassiriya, plus quelques flics et "sous-traitants" par-ci, par-là.

L'AFP fait état de dix marines tués en une semaine dans la province d'Al-Anbar. En faisant le décompte des morts signalés ces derniers jours par l'agence, on arrive à un total de sept ; trois ont donc été "oubliés" et ne se retrouvent pas dans les statistiques. Bien entendu, le "rédacteur" de l'AFP ne se pose aucune question à ce sujet et reprend même bêtement le "chiffre total" de 640 morts donné par le Pentagone, alors que chacun sait que le bilan minimum s'établit déjà à 867.

Il est vrai que début juillet 2004, les scribouillards assermentés ont d'autres soucis. Il leur faut assimiler les nouveautés de la langue de bois pentagonaise : "le réseau Al-Zarkaoui lié à Al-Qaïda" ; "l'armée américaine a consulté au préalable le gouvernement intérimaire irakien" ; "selon un porte-parole de la Force multinationale - FMN", etc...  On peut se consoler en se disant que dans quelques années, les logiciels générateurs de phrases toutes faites seront si performants, que les médias pourront totalement se passer de "journalistes" (sauf pour les meurtres en série et les histoires de princesses scandinaves).

6 juillet : quatre marines se font tuer dans la région de Falloudja ; un autre militaire US meurt "dans un accident" à Ramadi - vive l'irakisation...*

* Cette bonne nouvelle vous a été présentée par USABodyBags.com : patriotes américains et fiers de l'être ; nuit et jour au service du Pentagone ; en mesure de satisfaire toutes les commandes, aussi importantes soient-elles. Un body bag de qualité s'achète chez USABodyBags.com. Merci de votre attention.

A Bagdad, les insurgés liquident deux membres de la "garde nationale" fantoche et en blessent une dizaine (bilan officiel). Les Américains, appelés à la rescousse, perdent un humvee, mais s'en tirent sans morts ni blessés - It's some kind of magic... A Tadji, les supplétifs irakiens ont quatre morts.

Pendant ce temps, planqué dans la "zone verte" de ses maîtres yankees, Allaoui joue au premier ministre et parle d'imposer "un train de mesures sécuritaires", par exemple : restriction du port d'armes, arrestation de suspects, mise en place d'écoutes téléphoniques... La résistance tremble de peur.

7 juillet : encore une demi-douzaine de flics collabos abattus en divers endroits du pays ; un GI mort à Samarra.

8 juillet : toujours à Samarra, une attaque au mortier contre le QG de la "garde nationale" coûte la vie à cinq soldats US et à deux de leurs auxiliaires irakiens. Un sixième militaire américain meurt "dans un accident".

9 juillet : à Bagdad, un GI est tué au cours d'une patrouille.

10 juillet 2004 : trois marines morts et plusieurs autres blessés dans une nouvelle attaque au mortier à Samarra, selon Abu Dhabi TV.

11 juillet : cinq tués américains (quatre marines dans une embuscade près de Falloudja ; un GI au sud de Mossoul).

12 juillet : deux autres soldats US meurent dans une explosion près de Samarra. Depuis quelque temps, cette ville est l'enfer des Américains - une "ville hors-la-loi, une no-go area", comme le constate le Telegraph avec une certaine amertume. Les embuscades meurtrières, les pilonnages intensifs, les attaques parfaitement coordonnées sont l'oeuvre de groupes bien entraînés, encadrés par d'anciens officiers.

Quand les obus de mortier commencent à s'abattre sur leur camp, les militaires américains de Samarra vont bien vite se terrer dans leurs bunkers en attendant que les hélicoptères viennent les secourir. Les "gardes nationaux" irakiens, eux, se précipitent au vestiaire, se débarrassent de leurs uniformes compromettants et prennent le large avant qu'il ne soit trop tard.

13 juillet : diverses attaques meurtrières contre des "civils" et autres "sous-traitants", notamment à Baïdji et à Abou-Ghraïb ; un GI tué à Tikrit.

Le gouvernement des Philippines, pour obtenir la libération d'un de ses ressortissants capturé par les insurgés, annonce le retrait de ses troupes (flics et soldats spécialisés dans "l'aide humanitaire").

14 juillet : deux GIs meurent dans un "accident" à Talafar. A l'entrée de la "zone verte" de Bagdad, une violente explosion coûte la vie à une dizaine de flics et autres collaborateurs. Depuis son abri blindé, bien protégé par l'occupant, le "premier ministre irakien" gesticule et menace. S'il a un problème, pourquoi ne va-t-il pas s'expliquer avec les Bagdadis ? Saddam Hussein, lui, ne craignait pas les bains de foule...

15 juillet 2004 : dans le nord du pays, le "gouverneur" de Mossoul, en route pour Bagdad en compagnie d'une "escorte de sécurité", se fait liquider dans une attaque à la grenade. Pendant ce temps, à Hadithah, trois flics collabos sont tués dans l'explosion d'un commissariat.

16 juillet : un GI meurt à Mossoul.

17 juillet : à Bagdad, attentat contre un convoi dans lequel se trouvait le "ministre de la justice" - cinq tués parmi les membres de sa suite. A Iskandariyah, le chef de la police est liquidé dans une embuscade. Deux "gardes nationaux" de Mahmoudiyah subissent le même sort. A Baïdji, un soldat US saute sur une bombe.

18 juillet : on savait déjà que le "premier ministre" était un terroriste ayant "travaillé" pour la CIA. Le journal australien Sydney Morning Herald révèle maintenant qu'Allaoui a personnellement assassiné six Irakiens suspectés de faire partie de la résistance. Ces crimes ont été perpétrés fin juin 2004, à Amariyah, au sud-ouest de Bagdad. Pour compléter le tableau, le tueur placé par Rumsfeld "à la tête du gouvernement" se vante d'avoir demandé - et obtenu - que les Américains bombardent Falloudja (ce raid vient de faire 14 morts et de nombreux blessés dans la population civile). On imagine sans peine les explosions de joie qui secoueront l'Irak lorsque cet infâme laquais du Pentagone sera liquidé à son tour, ce qui n'est sans doute qu'une question de temps.

19 juillet : en attendant ce genre d'explosions, nouvelle bombe à Bagdad, dans le parking d'un commissariat - une dizaine de flics collabos tués. Toujours dans la capitale, un haut fonctionnaire du "ministère de la défense" meurt criblé de balles. Un peu plus au nord, c'est un GI qui suit son exemple. Même chose pour deux marines près de Falloudja.

A Bassorah, un hélicoptère britannique Puma "s'écrase au sol". Bilan officiel : un mort et deux blessés. Cause du crash "inconnue".

20 juillet 2004 : deux marines de plus sont tués du côté de Falloudja. A Bassorah, c'est le "gouverneur" nommé par l'occupant qui reçoit son juste châtiment.

21 juillet : au moins cinq militaires américains morts en vingt-quatre heures (trois dans un hélicoptère abattu à Ramadi ; deux dans une embuscade à Samarra). L'information concernant l'hélicoptère est diffusée par Al-Jazeera, Reuters et même le Houston Chronicle. Mais le reste de la presse se tait, préférant se consacrer aux "enlèvements d'otages" et aux "décapitations". Le Pentagone fait état de violents combats à Ramadi, avec 25 "rebelles" tués et seulement 14 blessés légers du côté US. La résistance, elle, parle de 14 morts américains.


Améliorer l'ordinaire

22 juillet 2004 : bonne nouvelle pour les survivants (et aussi pour tous les fans de cuisine yankee) : comme l'annonce la BBC, l'armée américaine vient de mettre au point un sandwich indestructible qui reste "frais" pendant trois ans. Il se présente sous forme déshydratée, dans un sachet équipé d'un "filtre antibactériel et antitoxique". Il suffit de verser de l'eau - même sale - et le sandwich redevient comestible. Si le consommateur n'a ni eau potable, ni eau polluée à sa disposition (ce sont des choses qui arrivent - voir Falloudja, avril 2004), il peut utiliser... de l'urine : Delicious !...  Bien sûr, les mauvaises langues disent que ça ne change pas beaucoup de la bouffe habituelle, mais n'en croyez rien, c'est de l'antiaméricanisme. Lance Dopestrong, qui a testé l'aliment miracle, jure que c'est bien meilleur...

23 juillet : encore deux GIs liquidés à Samarra, plus un marine dans la province d'Al-Anbar. A Mossoul, la résistance abat un général collaborateur. A Bassorah, deux hauts fonctionnaires démissionnent de peur de subir le même sort que leur "gouverneur" quelques jours plus tôt.

24 juillet : deux morts américains de plus (un à Samarra, un autre près de Falloudja). A Mahmoudiyah, attaque contre un convoi de police : deux supplétifs tués.

On apprend également que le "ministre irakien de la défense" vient de limoger le "chef d'état-major de l'armée" et quatre de ses adjoints, suite à l'attentat réussi du 19 juillet. Le "ministre" préféré de Wolfowitz espère ainsi mettre fin aux "fuites" dont bénéficient les insurgés. Au bout de quinze mois d'activité, la résistance irakienne semble être déjà assez bien organisée ; au Viêt-Nam, dans les années 60, les "rebelles" avaient mis beaucoup plus de temps pour infiltrer l'administration fantoche.

25 juillet : à Baïdji, attaque contre un transport de carburant ; un GI chargé de la "sécurité" du convoi est tué dans l'explosion.

26 juillet : un colonel de la police collabo et deux de ses gardes du corps sont abattus dans un restaurant de la capitale.

27 juillet : violents tirs de mortier contre la "zone verte". Bilan : 14 militaires blessés, aucun tué. (Conformément à une nouvelle circulaire du Pentagone, tout soldat encore en vie cinq minutes avant de mourir ne doit plus être compté comme tué, à moins qu'il en fasse personnellement la demande dans les 24 heures.)

28 juillet 2004 : à Bakouba, une explosion devant un centre de recrutement de la police collabo fait une cinquantaine de morts. Quatre autres flics se font tuer à Falloudja. Près de Kout, sept membres de l'armée fantoche sont liquidés.

A Balad, un humvee saute sur une bombe ; il y a officiellement un mort et trois blessés. A Ramadi, après le pilonnage du camp US, on annonce deux marines tués et dix blessés (ils en prennent plein la gueule même quand ils restent cachés). Pour compléter le tableau, toujours à Ramadi, les patriotes irakiens descendent deux avions américains. Dans le jargon du Pentagone, cela donne : appareils endommagés par un tir d'armes légères, atterrissage forcé, un blessé.

Plus au sud, ce sont les Bulgares et les Polonais qui dégustent. Bilan officiel : ZMZB.

29 juillet : près de Hillah, un soldat polonais meurt dans l'explosion d'une bombe. A Hawija, un militaire américain est tué lors d'une attaque "des forces anti-irakiennes" (sic) - c'est ainsi que les tarés du Pentagone qualifient la résistance.

The Unreported War par Robert Fisk - le journaliste britannique cite ici quelques exemples d'actes de résistance passés sous silence par l'armée US et les médias alignés.

1er août 2004 : deux GIs liquidés à Samarra. A Mossoul, attaque contre un poste de police : cinq morts.

2 août : encore trois militaires américains tués (deux à Bagdad, un dans la province d'Al-Anbar). Un colonel de police meurt dans une explosion (également à Bagdad).


Ça lui fait une belle jambe

3 août 2004 : sortez vos mouchoirs, voici une bien émouvante histoire...  En avril dernier, à Bagdad, Hilbert Caesar, sergent "US" de nationalité guyanaise, perd la jambe droite dans une explosion. S'il avait trouvé la mort, on l'aurait sans doute enterré sur place dans une fosse commune, comme on le fait pour les GIs étrangers, et on ne l'aurait pas compté dans les statistiques. Mais comme il a survécu, et que Rumsfeld s'est levé du bon pied ce jour-là (le ministre de la "Défense", lui, a encore ses deux pieds, merci), on décide de faire une fleur à Caesar. En l'occurrence, le sergent mutilé se voit attribuer la nationalité états-unienne (la plus belle de toutes les nationalités) au cours d'une magnifique cérémonie où il récite le serment d'allégeance et reçoit un certificat de naturalisation ainsi qu'un petit drapeau américain (le plus beau de tous les drapeaux).

Pendant ce temps, près de Falloudja, trois soldats (américains depuis toujours) reçoivent chacun leur body bag et un grand drapeau.

Les quatre "gardes nationaux" irakiens liquidés à Bakouba le même jour ne reçoivent rien. Pas plus d'ailleurs que les 18 flics collabos capturés à Nadjaf. C'est la vie, comme disent les Américains. (S'ils savaient que c'est du français, ils ne le diraient plus...)

4 août : deux marines tués à Al-Qaïm, près de la frontière syrienne ; un soldat britannique à Amarah.

5 août : un militaire américain meurt près de Nadjaf, tandis qu'un hélicoptère US est abattu au-dessus de cette ville (plusieurs blessés et "aucun mort" - sans doute tous des Guyanais ou des Mexicains).

A Mahawil, au sud de Bagdad, attaque contre un centre de recrutement de la police : neuf morts.


Insurrection à Nadjaf

6 août 2004 : violents combats à Nadjaf. Les mythomanes du Pentagone prétendent avoir tué 300 "rebelles" et oublient, comme toujours, de compter leurs propres pertes, se contentant de déclarer deux morts (plus un troisième près de Falloudja). Pendant que les insurgés chiites affrontent les envahisseurs, leur "chef", le grand ayatollah Sistani part se faire soigner... à Londres.

7 août : les Américains bombardent la ville de Nadjaf, c'est "plus sûr" que de s'exposer sur le terrain. Les tueurs ont tout de même trois tués (sans compter les aspirants gringos morts avant d'avoir pu réciter le serment d'allégeance).

A Bagdad, un GI meurt dans l'explosion de son véhicule détruit par une roquette - un GI, un seul... Explications possibles : ou bien le gars (un indécrottable individualiste) était vraiment seul dans son humvee, ou alors ses complices ont pu s'enfuir à temps en voyant arriver la roquette (mais en oubliant de le prévenir).

8 août : dans les villes et les quartiers chiites, les combats se poursuivent, et avec eux la désinformation à propos des pertes américaines. Ainsi, à Nadjaf, il y aurait 43 insurgés tués pour seulement un marine. Près de Sadr City, un hélicoptère OH-58 Kiowa est abattu, mais les deux pilotes sont déclarés "sains et saufs".

9 août : sept flics collabos meurent pour la cause américaine à Bakouba, et quatre "gardes nationaux irakiens" à Bagdad. Un marine est tué dans la province d'Al-Anbar.

Les forces d'appoint de la prétendue "coalition" subissent également de violentes attaques. A Bassorah, deux véhicules militaires britanniques sont détruits, et au moins un soldat tué. A Nadjaf, les mercenaires polonais abandonnent le "contrôle" de la ville. On vient de commémorer le soixantième anniversaire du soulèvement de Varsovie, mais ces crétins n'ont toujours pas compris qu'en Irak, ce sont eux les nazis. Et ils ont non seulement tout le pays contre eux, mais aussi 80 % de la Pologne.

10 août 2004 : un GI tué à Bagdad dans l'attaque d'un convoi - ailleurs, rien. Plus les combats font rage, et plus les Américains dissimulent leurs pertes. Ils font l'impossible pour ne pas dépasser le seuil fatidique des 1000 morts officiels avant les élections de novembre - ce qui, finalement, risque d'être très difficile, car on en est déjà à 930.

11 août : un hélicoptère est abattu du coté de Ramadi - deux morts américains avoués (en réalité peut-être cinq).

12 août : le Pentagone envoie ses avions et ses hélicoptères bombarder les centres de l'insurrection chiite, notamment Nadjaf et Kout. Comme toujours, les troupes américaines sont trop lâches pour se lancer dans un combat "au corps à corps" contre la résistance. Au sol, ce sont les supplétifs irakiens que l'on sacrifie (du moins ceux qui n'ont pas encore pris la fuite ou rejoint leurs compatriotes en lutte).

L'armée du Mehdi, qui regroupe les milices chiites, semble étendre son action à tout le pays. Et certains collaborateurs commencent à se poser des questions. C'est ainsi que le vice-gouverneur de Nadjaf, Jawdat Kadam Najem Al-Kouraichi, vient d'annoncer sa démission pour protester contre les opérations terroristes américaines contre la ville sainte.* La moitié des "conseillers municipaux" suivent son exemple.

* L'AFP rapporte la nouvelle, mais comme il se doit, le pressetitué de l'agence met les mots opérations terroristes américaines entre guillemets.

13 août : un soldat britannique est tué à Bassorah, et un autre grièvement blessé. A Nadjaf, un marine meurt au cours d'un raid contre une école - la prochaine fois, on prendra moins de risques, on attaquera plutôt un jardin d'enfants ou une maternité...

14 août : deux marines morts près de Falloudja ; dans la région, les attaques contre les convois et les bases US se multiplient. A Hillah, une vingtaine d'occupants polonais, encerclés par les combattants chiites et abandonnés par leurs maîtres yankees, demandent "à négocier". Ils veulent bien se battre, mais seulement à condition qu'on les laisse gagner.

A Amarah, dans le sud-est du pays, un bataillon de l'armée fantoche rejoint les rangs de l'armée du Mehdi. Non loin de là, la ville de Nassiriya est déjà libérée. Dans la région de Bassorah, la situation n'est guère plus brillante pour les occupants. Les exportations de pétrole ont complètement cessé "pour des raisons de sécurité".

15 août 2004 : pour "punir" les insurgés, les criminels de guerre américains bombardent les villes de Hillah (chiite) et de Samarra (sunnite) ; il y a une cinquantaine de morts, dont beaucoup de femmes et d'enfants. Le soulèvement en cours, d'abord limité aux seuls chiites et centré sur Nadjaf, perd de plus en plus son caractère religieux et régional. A Falloudja, les occupants ne maîtrisent plus leurs marionnettes et décident de "dissoudre" la police locale ainsi que la "brigade" qu'ils avaient mise en place dans l'espoir de contrer la résistance.

Dans le camp retranché de la "zone verte" de Bagdad, les occupants, épaulés par l'ONU, organisent une prétendue conférence nationale à laquelle ils ont convié 1300 collabos triés sur le volet - enfin presque, car une centaine d'entre eux repart en claquant la porte après avoir dénoncé les attaques contre Nadjaf. Le reste s'apprête à "discuter de l'avenir de l'Irak" sous la botte américaine. Pour saluer les "délégués", la résistance reprend ses séances de pilonnage.

L'échec de l'aventure irakienne des bushistes et néo-cons devient chaque jour plus évident. Ils sont en mesure de massacrer des dizaines de milliers d'habitants, voire même des centaines de milliers ou plus s'ils le veulent, mais ils sont parfaitement incapables de gagner cette guerre.

Les occupants continuent de mourir : un officier ukrainien saute sur une mine à Suwayrah, un soldat hollandais est tué à Rumaytah, trois marines perdent la vie dans le cimetière de Nadjaf et un autre soldat américain dans le nord de la capitale. Six morts en vingt-quatre heures, et il ne s'agit que des pertes qui ne se laissent pas camoufler.

16 août : deux marines de plus sont tués à Nadjaf, et un troisième à Ramadi.

17 août : encore au moins trois morts "alliés" (un militaire britannique à Bassorah, un marine près de Falloudja et un GI à Sadr City). A Balad, les Irakiens abattent un avion espion MQ-1 Predator sans pilote. Un peu partout dans le pays, les troupes italiennes, hollandaises, roumaines, polonaises et autres sont attaquées, mais il n'y a paraît-il que des blessés. Miracle similaire à Bagdad : les insurgés détruisent un char Abrams, et pourtant l'équipage reste "indemne".

18 août : du côté de Falloudja deux marines sont tués, dont un "dans un accident". A Bagdad, un GI saute sur une bombe ; s'il avait patienté deux ou trois semaines avant de "s'envoyer en l'air", il aurait pu remporter la médaille du 1000ème mort officiel - dommage...

19 août : près de Hillah, un patrouille polonaise tombe dans une embuscade (deux soldats tués, cinq blessés). A Sadr City, selon le Pentagone, un GI mort (un seul) pour 50 combattants irakiens tués. Dans la "zone verte", attaque au mortier contre le QG terroriste que les Américains appellent "ambassade" : deux blessés mais "aucun mort".

A Bassorah, les insurgés mettent le feu au siège de la compagnie pétrolière "irakienne" locale, détruisant complètement bureaux et entrepôts de matériel.

20 août 2004 : quatre morts américains (deux marines près de Falloudja, deux GIs à Samarra). A Nadjaf, pour la énième fois, les envahisseurs ont recours à leur tactique favorite : bombarder tout ce qui bouge et éviter soi-même les combats directs en envoyant des supplétifs au carnage (sept flics collabos sacrifiés).

A propos des combats dans la ville sainte chiite, la presse occidentale continue d'entretenir la fiction qu'il s'agit d'une "opération" menée par le "gouvernement irakien" et que les USA se contentent d'apporter leur "soutien". Pour beaucoup de journalistes, une des questions les plus intéressantes du moment est de savoir si Moqtada Sadr a encore les clés du mausolée d'Ali ou s'il les a remises à quelqu'un, et dans ce cas, à qui.

21 août : en attendant que les historiens élucident ce problème-clé, la guerre continue. Un GI est tué à Bagdad, et un soldat polonais à Hillah. A Ramadi, un haut responsable de la police est abattu devant son domicile. A Nassiriyah, trois flics subalternes meurent dans un attentat contre leur commissariat.

22 août : cinq militaires américains tués (quatre marines dans la province d'Al-Anbar, un GI à Mossoul). A Nadjaf, où les combats ont paraît-il repris, aucun mort US - bien sûr, bien sûr...

La presse continue de s'interroger à propos des clés du mausolée. Aux dernières nouvelles, c'est l'ayatollah Ali Sistani qui les aurait en sa possession. Comme il suit un traitement médical à Londres, c'est certainement l'armée britannique qui s'est chargée de les lui faire transmettre par courrier express. Pour les Américains, tout cela est bien embêtant : comment vont-ils faire pour pénétrer dans le mausolée ? Où trouver un serrurier à Nadjaf, surtout s'ils arrivent en pleine nuit ?...  Si l'occupation échoue, ce sera bien la faute aux Anglais...

23 août : trois morts du côté américain (un à Bagdad, un autre à Mossoul, le troisième près de Falloudja). Dans la capitale, attentats contre deux "ministres" irakiens : cinq gardes du corps tués.

24-25 août : encore trois petits morts américains (Tikrit, Nadjaf, Al-Anbar).

26 août 2004 : dans le sud du pays, les insurgés font sauter une douzaine d'oléoducs.

Moins de trois semaines après son départ pour Londres, Sistani est de retour. Il a, paraît-il, subi une opération cardiaque, et après une très courte convalescence, il est frais et dispos. A-t-il les clés du mausolée d'Ali ?... Non, non...

Sa première action en terre d'Irak est d'ordonner à ses partisans de marcher sur Nadjaf - sans armes, bien entendu. Il arrive donc ce qui devait arriver : Américains et collabos irakiens tirent sur la foule ; il y a plus de 70 morts. Sistani, qui a dû profiter de son voyage pour mettre au point avec l'ennemi la conduite à suivre, propose des "négociations" au "gouvernement" irakien - un "gouvernement" qui ne représente rien ni personne, mais que l'ayatollah va revaloriser. Sistani espère que l'insurrection assez malheureuse de Nadjaf se terminera par la marginalisation - sinon l'anéantissement - de son adversaire Moqtada Sadr et de ses milices. Il se fout de l'Irak comme de son premier Coran et attend une occasion propice pour établir sa propre dictature.

A ce stade, on voit que le manque d'unité entre les deux branches principales de la résistance se fait cruellement sentir. La tactique militaire adoptée par Sadr ("guerre de positions" centrée sur le site religieux, sans grande possibilité de repli) laisse également à désirer : on ne peut pas tenir tête aux envahisseurs de cette façon-là.

27-28 août : trois morts américains de plus (Bagdad, Falloudja, Hillah).

A Nadjaf, comme à Falloudja quelques mois plus tôt, les Américains s'en vont sans avoir pu accomplir leur "mission" (détruire les milices armées). L'intervention de Sistani leur a permis de se sortir du pétrin tout en gardant la tête haute ; ils peuvent présenter leur aventure ratée comme une affaire purement "irako-irakienne". Les combattants chiites, sans déposer les armes et sans quitter Nadjaf, vont se fondre dans la foule. Militairement, ils n'ont pas été vaincus et pourront refaire surface plus tard, dans cette ville ou ailleurs. Politiquement, ils ont incontestablement subi un revers face à Sistani.

A Athènes, peu avant la clôture des Jeux Olympiques, des manifestations contre la guerre en Irak contraignent le tueur américain Colin Powell à annuler son voyage - photos

29-30 août : trois autres morts américains (Mossoul, Falloudja, Habbaniyah).

A New York, manifestation de masse contre George Bush et sa guerre - photos

31 août 2004 : encore trois body bags (Falloudja, Hillah et Khutaylah, près de la frontière syrienne).

Les actions de la guérilla se poursuivent un peu partout dans le pays, en particulier dans le sud. Les nombreux sabotages de pipe-lines ont de nouveau conduit à une interruption totale des exportations de pétrole. A Bassorah, les occupants britanniques sont de plus en plus souvent attaqués ; leur "consulat" est assiégé et soumis à de fréquents pilonnages ; le ravitaillement ne s'effectue plus que par hélicoptère. Dans la région, la plupart des routes sont contrôlées par les milices chiites. Souvent, les "autorités" irakiennes mises en place par les envahisseurs anglais coopèrent avec les insurgés.

Dans le reste de l'Irak, c'est à peu de choses près le même bourbier. Les Américains se sont pratiquement retirés de tous les centres urbains et se terrent dans leurs bases. Ils ne sortent plus que sporadiquement ou bombardent les villes sans prendre de risques. Le crétin de la Maison Blanche parle, à propos de "sa" politique irakienne, de "succès catastrophique" - un bushisme qui en dit long...

1er septembre 2004 : à New York, devant la convention du parti républicain (une sorte de congrès de Nuremberg version américaine), le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, vient soutenir les guerres présentes et futures de son "président" qu'il qualifie de "great leader". Dans la langue maternelle de l'Autrichien, on dit "grosser Führer". Déjà 65 ans ans plus tôt, le père de Schwarzenegger (petit flic nazi) et le grand-père de Bush (gros homme d'affaires pro-hitlérien) se trouvaient politiquement du même côté de la barricade. Entre fachos et fils ou petit-fils de fachos, il faut bien s'entraider, n'est-ce pas ?  Jawohl, my leader !...

2-4 septembre : quatre marines tués dans la province d'Al-Anbar, de même qu'un GI à Hawijah, dans le nord du pays, et un membre de la Navy dans un endroit non précisé. Pour compléter le tableau de chasse : une douzaine de flics collabos liquidés à Latifiya, au sud de Bagdad, et vingt autres à Kirkouk.

5 septembre : trois GIs morts (deux dans une attaque au mortier contre une base de la banlieue ouest de Bagdad, le troisième à Khaldiyah).

6 septembre : sept marines américains et trois gardes antinationaux irakiens tués dans l'explosion d'une voiture piégée à quelques kilomètres de Falloudja. Quatre autres supplétifs éliminés près de l'aéroport de Bagdad.


Golden body bag

7 septembre 2004 : encore sept militaires US tués dans la région de Bagdad et près de Mossoul ; un avion sans pilote abattu à Falloudja.

Parmi les morts de la journée se trouve le millième soldat américain. C'est du moins ce que nous dit la presse - quand elle ne n'obstine pas à parler de "645 militaires tombés au combat depuis la fin de la guerre". En réalité, le nombre d'envahisseurs américains tués en Irak depuis le 20 mars 2003 doit avoisiner les 3000 - voir plus bas.

8 septembre : quatre morts américains de plus à Balad, à Sadr City et dans d'autres quartiers de la capitale. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas réussi à décrocher le Golden body bag et la belle médaille qui va avec, qu'il faut se décourager et renoncer à se faire sauter la gueule. Ne poussez pas, il y aura des bombes artisanales, des obus de mortier et des grenades pour tout le monde...

Mais la résistance n'oublie pas non plus les collabos : elle capture le "gouverneur adjoint" de la province d'Al-Anbar et liquide un haut fonctionnaire du "ministère de l'Intérieur".

9 septembre : un hélicoptère américain est descendu près de Falloudja. A en croire les services de propagande du Pentagone, il n'y aurait aucun mort, tout juste quatre blessés. (Curieusement, le même jour, un autre hélico militaire s'écrase en République tchèque avec six soldats britanniques à bord - bilan : six morts, aucun survivant.)

Le New York Times déplore que plusieurs villes irakiennes (notamment Falloudja, Ramadi, Bakouba et Samarra) soient "soustraites au contrôle de la coalition internationale et du gouvernement irakien". Le journal s'inquiète des répercussions que la chose pourrait avoir sur les "élections" de janvier 2005. (En revanche, personne au NYT ne n'inquiète des répercussions que va avoir sur les élections présidentielles US de novembre 2004, le fait que la plupart des villes et villages américains soient soustraits à tout contrôle des citoyens et livrés à la fraude électronique.)

En attendant, puisque les villes irakiennes libérées ne participent pas à la farce électorale, on peut les bombarder sans aucun scrupule et massacrer quelques centaines de civils de plus.

10-11 septembre : encore quelques petits morts américains à droite et à gauche, sans oublier un occupant britannique à Amarah, un colonel de la garde antinationale irakienne à Bakouba et un capitaine de la police collabo à Samawa, dans le sud.

Après avoir tenté en vain de "reconquérir" Falloudja et Nadjaf, les stratèges du Pentagone récidivent à Talafar, dans le nord du pays. Depuis quelque temps, la ville est assiégée par les Américains et leurs marionnettes locales, et régulièrement bombardée. Des douzaines de civils y ont été tués en l'espace de quelques jours. Motif invoqué par les terroristes de Washington : Talafar serait "un repère d'Al-Qaïda". Tout cela est d'une incroyable originalité...

Le Costa-Rica annonce son retrait de la "coalition". La proclamation est symbolique, car ce pays n'a pas de soldats en Irak - il n'a d'ailleurs pas du tout d'armée...

12 septembre 2004 : près de Hillah, trois soldats polonais qui rentraient d'une opération de déminage sont tués dans une embuscade.

A Bagdad, la zone verte subit un des plus violents pilonnages depuis le début de l'occupation, mais comme il se doit, il n'y a ni morts ni blessés. Dans d'autres quartiers de la capitale, la résistance attaque des convois américains, détruisant plusieurs blindés - sans le moindre petit bobo pour les équipages.


Tout va bien, aucune perte à signaler...

"Pas de morts" du côté US, mais cela n'empêche pas les hélicoptères de combat américains de tirer plusieurs missiles sur la foule, tuant une douzaine de passants. Comme à Gaza... Les criminels de guerre du Pentagone utilisent de plus en plus fréquemment les méthodes de leurs homologues et inspirateurs israéliens...

13 septembre : même tactique à Falloudja, où les terroristes du réseau Al-Bushaïda continuent de bombarder la ville et de massacrer la population (exploit de la journée : la destruction d'une ambulance - 7 morts).  La résistance parvient néanmoins à tuer deux envahisseurs et à abattre un drone. Deux autres GIs meurent à Tadji.

14 septembre 2004 : cinq militaires US liquidés en divers endroits du pays (Bagdad, Mossoul, Iskandariyah, Ramadi) de même qu'une soixantaine de flics et autres collabos irakiens sur le point de s'engager dans la police (47 devant un centre de recrutement de la capitale, le reste à Bakouba).

15 septembre : encore six morts américains en vingt-quatre heures. Que ce soit à Bagdad, Falloudja, Ramadi ou ailleurs, on voit que les rats sont toujours bien accueillis dès qu'ils sortent de leurs trous.

16 septembre : sept cadavres yankees de plus dans la province d'Al-Anbar, parmi eux un commandant des marines. On se croirait en avril 2004 - vive la "pacification"...  D'autre part, deux "civils" américains et un "civil" britannique" capturés à Bagdad.

La Nouvelle-Zélande retire ses troupes du bourbier irakien. Après l'arrestation et la condamnation à Auckland de deux espions israéliens, c'est le second signe de désobéissance des Kiwis en l'espace de trois mois. Autre contrariété pour la junte de Washington : Kofi "Oncle Tom" Annan déclare à la BBC que l'entrée en guerre contre l'Irak état "illégale". Etonnant qu'il ait découvert ça tout seul, et si vite...  Bush peut néanmoins dormir tranquille : pas de danger que l'esclave noir qui "dirige" l'ONU aille plus loin dans sa réflexion et cause d'autres soucis à ses maîtres. Annan fait d'ailleurs tout son possible pour que les prochaines guerres de l'Empire (Iran, Syrie, Soudan, etc.) aient un caractère parfaitement "légal".

17 septembre : un mort américain près de Falloudja. Les victimes civiles des bombardements aériens se comptent, elles, par douzaines.

La résistance est particulièrement active dans le nord du pays. A Kirkouk, une vingtaine d'apprentis collaborateurs se font liquider à l'entrée du bureau d'embauche de la garde antinationale - rien ne sert de trahir, il faut mourir à point. Et un peu partout aux alentours, les pipe-lines sautent les uns après les autres.

18 septembre : attaque contre un convoi militaire américain près de l'aéroport de la capitale - au moins deux GIs tués.


Le mur du çon

Il est allègrement franchi aujourd'hui par le journal Chicago Tribune, repris ici par le Seattle Times et probablement par de nombreuses autres feuilles de province. L'auteur de l'article - on lui donnerait le Prix Pulitzer les yeux fermés - cite le cas d'un marine profondément déçu par les habitants de Ramadi. Lui qui distribuait des friandises aux enfants irakiens, il doit maintenant se méfier d'eux car ils sont vraiment très méchants. Alors que les soldats américains se sacrifient tous les jours pour protéger la population, déplore un autre, les Arabes ne sont pas reconnaissants pour deux sous ; ils ne dénoncent jamais les terroristes et ne préviennent même pas leurs libérateurs quand il y a une bombe quelque part. Vraiment salauds, ces Irakiens - et dire qu'on leur faisait un petit signe amical chaque fois qu'on les voyait...

A la lecture de cet article, on se demande qui est le plus débile : les soldats, le journaliste ou le public américain qui avale tout ça sans broncher ?...

(Rappelons que depuis le 20 mars 2003, les agresseurs ont massacré quelque 70.000 civils irakiens.)

20 septembre 2004 : un soldat américain est tué à Sharqat, près de Kirkouk. A Bagdad, il semblerait qu'un char américain ait été détruit avec tous ses occupants et que l'explosion ait été filmée - détails

A Berlin, les autorités interdisent un congrès islamique qui devait se tenir début octobre. Les organisateurs avaient appelé à la solidarité avec la résistance irakienne et palestinienne, ce qui est considéré en Allemagne comme une forme de soutien au "terrorisme". Quelques mois plus tôt, les champions de la propagande sioniste avait pu mettre en scène à Berlin (aux frais du contribuable allemand) une conférence sur "l'antisémitisme". La nouvelle mesure islamophobe intervient juste après que le ministre de l'Intérieur Otto Schily (un fasciste déguisé en social-démocrate) soit allé prendre ses instructions à Tel Aviv.

21 septembre : encore deux marines tués dans la province d'Al-Anbar. Près de Nassiriya, un hélicoptère Black Hawk "s'écrase" avec trois hommes à bord. Inutile de préciser qu'il n'y a aucun mort - il n'y en a jamais.

22 septembre : un GI est déchiqueté par une explosion à Tikrit, un autre à Mossoul, et deux à Bagdad. Toujours dans la capitale, devant un centre de recrutement, sept candidats collabos subissent le même sort. Irakiens bushistes, engagez-vous, vous avez une chance sur deux de ne pas être tués immédiatement.

23 septembre 2004 : deux morts américains du côté de Falloudja.

Au Congrès de Washington, Dick Cheney ("vice-président" des Etats-Unis) présente aux députés enthousiastes le nouveau "premier ministre" irakien C.I. Allaoui.

Et on l'applaudit bien fort :

"C'est moi que j'suis l'nouveau chef de l'Irak..."

24-25 septembre : cinq body bags de plus pour les Américains (quatre dans la province d'Al-Anbar, un à Bagdad) ; six pour les gardes collabos (à Bagdad).

26-27 septembre : encore quatre morts américains (Bagdad, Balad, Tadji).

28-30 septembre : deux soldats britanniques tués à Bassorah, deux marines américains à Ramadi, deux GIs à Bagdad, un lieutenant-colonel ukrainien près de Kout.  Compte tenu de la multiplication des attaques de la résistance (près d'une centaine chaque jour), ces chiffres officiels ridiculement bas sont de moins en moins crédibles.

1er octobre 2004 : un mort américain à Bagdad et un autre au cours de l'offensive contre la ville de Samarra (alors que les mythomanes du Pentagone prétendent y avoir tué "100 terroristes").

2-4 octobre : deux Américains tués à Tadji et trois autres à Bagdad, plus une quinzaine de flics collabos non loin de la "zone verte".

5-6 octobre : trois militaires US de plus tués à Baïdji, Latifiya et près de Falloudja.

Aux Etats-Unis, la campagne en vue de l'élection bidon du 2 novembre 2004 bat son plein. Un nouveau rapport confirme que l'Irak ne possédait pas d'armes de destruction massive - ce que tout le monde savait depuis 1991. Que réplique à cela George WMD Bush ? Que la guerre était justifiée, car même s'il n'avait pas d'armes, "Saddam Hussein avait de mauvaises intentions".

Dans les jours qui suivent, terreur US contre les populations civiles et résistance irakienne vont en s'amplifiant. Le taré texan s'efforce de finir son mandat "en beauté", espérant bien être "réélu". On assiste donc à une nouvelle tentative de reprise de Falloudja, ville interdite aux occupants depuis déjà six mois. La liste officielle des pertes américaines s'allonge de jour en jour au rythme de trois ou quatre morts quotidiens. Le 14 octobre, pour la première fois, les patriotes irakiens parviennent à frapper un grand coup à l'intérieur de la fameuse zone verte, tuant quatre GIs et plusieurs collaborateurs. Les envahisseurs et leurs laquais ne sont plus en sécurité nulle part.

Le mois de Ramadan vient de commencer et promet d'être aussi fructueux que celui de l'année précédente. Le 16 octobre, les "libérateurs" ont au moins six morts et perdent deux hélicoptères. Le même jour, neuf flics collabos qui revenaient d'un stage d'entraînement en Jordanie sont liquidés à Karbala.

Comme le signale Dan Glaister dans un article du Guardian, la discipline et le moral des troupes américaines laissent sérieusement à désirer. A Tadji, un peloton presque au complet (18 hommes sur 19) a refusé d'accompagner un convoi de carburant, jugeant qu'il s'agissait d'une mission suicide. Un refus collectif d'obéissance en temps de guerre est en principe passible de la peine de mort. Qu'attend-on pour fusiller tous ces traîtres ?...

Dans le Daily Telegraph du 20 octobre 2004, Adrian Blomfield décrit les rapports plus que tendus entre les marines du camp de Karmah, près de Falloudja, et leurs "alliés" irakiens de la Garde "nationale". Les Américains sont toujours sur le qui-vive, craignant à tout moment de recevoir une balle dans le dos ou d'être tués pendant leur sommeil. Ils soupçonnent la plupart des 140 auxiliaires irakiens de travailler pour les insurgés. Quand ils partent en patrouille avec les gardes irakiens et que la résistance attaque, les gardes se planquent ou refusent de tirer sur les "terroristes". Lorsqu'une attaque au mortier est imminente, les "alliés" irakiens vont se mettre à l'abri. La semaine passée, les marines ont même dû arrêter cinq de ces mauvais bougres et leur capitaine.

Quand ils ne travaillent pas pour la résistance, les harkis de l'Empire se font massacrer à grande échelle (le 24 octobre, au nord de la capitale, près de cinquante recrues meurent pour Bush et son pantin Allaoui).

Au sol, les troupes américaines se font discrètes. A quelques jours des élections présidentielles, on préfère éviter une prolifération de body bags. L'aviation s'acharne d'autant plus sur la population civile de Falloudja - c'est la guerre telle qu'on l'aime à Washington.

Néanmoins, pas un jour ne s'écoule sans qu'un occupant ne soit tué ici ou là. Un officier de "sécurité" de "l'ambassade" US y passe lui aussi, de même que deux "coalisés" (un Bulgare et un Estonien).

Halloween 2004 :

"Oussama Ben Laden" menace l'Amérique des pires fléaux
(clip produit par la Maison Blanche - tous droits réservés)

Tandis que le moron texan présente à la télévision son nouveau déguisement "islamiste", dans la région de Falloudja-Ramadi, les marines meurent à la pelle (neuf en une journée, le 30 octobre).

Trois jours plus tard, le "président" américain est "réélu" pour quatre ans, grâce au miracle du vote électronique. Son "concurrent" John Kerry, qui savait à quoi s'en tenir, lui concède aussitôt la "victoire". Après cette farce électorale, la guerre peut continuer.


Falloudja II

Le 4 novembre 2004, tandis que le chef terroriste de Washington s'apprête à raser la ville de Falloudja pour fêter sa "victoire électorale", sur place, six tueurs de sa "coalition" (trois Américains et trois Britanniques fraîchement débarqués de Bassorah) se font liquider en l'espace de vingt-quatre heures.

Le surlendemain, à Samarra, une série d'attaques à la voiture piégée coûte la vie à une bonne vingtaine de flics collabos et au commandant local de la "Force irakienne d'intervention rapide" (la toute dernière invention des occupants). Un jour plus tard, 21 autres traîtres de la police sont exécutés à Haditah, tandis que douze gardes antinationaux subissent le même sort à Latifiyah.

7 novembre : n'écoutant que leur courage, les Américains partent à la conquête de Falloudja (pour la énième fois en un an et demi). Grâce à leurs avions, leurs hélicoptères, leurs bombes, leurs chars et leur artillerie, ils espèrent réussir là où ils ont toujours échoué jusqu'à présent. Sous les applaudissements de la presse occidentale, les vaillants bushistes s'emparent tout d'abord de l'hôpital de la ville et procèdent à l'arrestation de dangereux terroristes al-quaïdesques - on les reconnaît à leurs blouses blanches (jpg - 34 ko).

Les médias alignés font semblant de croire que c'est le "gouvernement irakien" qui est à l'origine des "opérations". En réalité, bien sûr, les "forces" collabos, poussées au combat par leurs maîtres yankees, servent avant tout de chair à canon. Le 8 novembre, on signale la désertion de 200 de ces soldats d'opérette. Ceux qui n'ont pas encore compris qu'on ne peut pas impunément trahir son pays en aidant les envahisseurs à massacrer la population, l'apprennent très vite à leurs dépens (à Bakouba, 25 d'entre reçoivent leur juste châtiment).

On ignore l'ampleur exacte des pertes américaines. Selon son habitude, le Pentagone impose un black-out sur la question ; les médias parlent de deux ou trois morts "accidentels" et diffusent les images de propagande fournies par Rumsfeld. A Falloudja, un hélicoptère est abattu et brûle entièrement, mais comme de coutume, l'équipage est "sain et sauf".

9 novembre : on déplore (c'est une façon de parler) une dizaine de morts américains, probablement plus. Comme le précise l'état-major, "pour des raisons de sécurité opérationnelle et pour empêcher les forces anti-irakiennes [sic] et les éléments terroristes [re-sic] de recueillir des informations utilisables sur le champ de bataille, les pertes subies au combat ne seront communiquées qu'avec un certain retard."  Ou partiellement, ou pas du tout...

10 novembre 2004 : un autre hélicoptère (un Lynx) est abattu entre Falloudja et la capitale ; les bases militaires US sont soumises à des pilonnages incessants. Dans un témoignage publié par la BBC, le journaliste Fadhil Badrani dit avoir vu dans la ville rebelle quatre chars détruits et trois humvees abandonnés, ainsi que les cadavres partiellement déchiquetés d'au moins six Américains. Des morts qu'on ne retrouvera dans aucune statistique, et il y en a probablement autant dans d'autres quartiers de la ville. Pour ce qui est des blessés (graves), ils doivent se compter par centaines ; l'hôpital militaire américain de Landstuhl, en Allemagne, est complètement engorgé.

Les militaires US prétendent avoir "conquis" 70 % de Falloudja, mais craignent que les insurgés aient réussi à passer "entre les mailles du filet". Quelqu'un devrait leur expliquer le principe de la guérilla. 35 ans après le Viêt-Nam, les stratèges du Pentagone pensent encore que des destructions systématiques et une attaque de front à dix contre un suffisent pour arracher la victoire. Pauvres crétins...

11 novembre : onze morts américains (officiels) en vingt-quatre heures, principalement à Falloudja, mais aussi à Ramadi, Balad et Mossoul. Quant aux flics et gardes irakiens liquidés, on ne les compte plus. Il y a en gros trois catégories de militaires ou para-militaires dans ce pays : ceux qui désertent, ceux qui travaillent pour la résistance, et ceux qui continuent de miser sur Bush et se font tuer.

Les courageux conquérants US "contrôlent" à présent près de 100 % de Falloudja. Il va être difficile de faire mieux...  Et il faudra expliquer au public américain pourquoi les combats continuent. Mais il est vrai que le public croit de toute façon tout ce que lui raconte la presse - la plupart des Américains sont même convaincus que George Bush vient d'être "réélu".

12 novembre : seize tueurs américains tués en une journée à Falloudja ; trois hélicoptères abattus (deux Apache et un Blackhawk)

A Mossoul, la ville entière est aux mains des insurgés. Pour tenter de mettre fin à cette situation, les envahisseurs envoient des troupes en renfort dans le nord du pays - troupes qui, bien entendu, vont leur manquer à Falloudja. Les généraux réclament 500.000 soldats pour "pacifier" le pays. Où les prendre sans rétablir le service militaire obligatoire ?  Le nombre de déserteurs augmente sans cesse (5.500 depuis mars 2003 selon CBS). En outre, on signale que cinq véhicules des services de recrutement de l'armée ont été incendiés en l'espace de quelques jours dans la région de Washington.

13-14 novembre : quinze morts américains de plus et deux autres hélicoptères descendus (deux Kiowa). Les Pays-Bas annoncent le retrait prochain de leurs troupes : que reste-t-il de la fameuse "coalition" ?...

Pour Scott Ritter, ancien inspecteur de l'ONU en Irak, l'armée américaine tient la ville de Falloudja comme on tiendrait dans son poing fermé le contenu d'un verre d'eau ; on serre le poing, croyant maîtriser la situation, et on s'étonne de voir l'eau couler entre ses doigts. Il est difficile d'imaginer une action plus dénuée de sens. Tandis que le commandement américain improvise au jour le jour, la résistance irakienne, elle, suit le plan qu'elle s'était fixé - que le gouvernement de Saddam Hussein s'était fixé - dès avant le début de l'invasion. Les USA, estime Ritter, ne peuvent gagner cette guerre, mais comme 70 % des Américains sont pour, elle risque de durer encore assez longtemps. L'armée irakienne, ajoute-t-il, est une fiction : la seule unité en état de combattre est le 36ème bataillon, une troupe exclusivement composée de Kurdes. Et encore, sans la présence US, ces mercenaires seraient très vite anéantis par les insurgés.

Dans ces conditions, le seul "succès" que puissent remporter les hommes de Rumsfeld consiste à détruire la ville rebelle et à tuer le plus grand nombre possible de civils. Après avoir neutralisé l'hôpital, les terroristes US s'en donnent à coeur joie. Leurs pertes, même si elles atteignent 10 ou 12 morts par jour, restent insignifiantes par rapport à ce que doit subir la population (6.000 morts en trois semaines selon le Croissant rouge irakien).

Crime de guerre en direct :

Un tueur yankee assassine des blessés irakiens dans une mosquée (vidéo de la NBC)

Lire ici un article de Rashid Khashana à propos du rôle joué par les Israéliens à Falloudja

Le témoignage du Dr Salam Ismael.

Massacres de civils, gaz mortels, bombes au napalm et à l'uranium - crimes de guerre américains et complicité de l'Europe et de l'ONU : Requiem pour Falloudja, par Adriana Evangelizt (sur Oulala.net).

Après six semaines de "victoires" américaines (et israéliennes), Falloudja présente l'aspect des villes allemandes de 1944-45 ; une maison sur trois est détruite, partout des cadavres de civils gisent parmi les débris. Mais la résistance n'est pas brisée pour autant et les occupants continuent de mourir chaque jour.

Le 14 décembre 2004, à Karbala, les combattants irakiens abattent un hélicoptère polonais. Bilan : trois morts et quatre blessés graves. De toute évidence, les supplétifs de Varsovie ne maîtrisent pas encore l'art du zéro-mort-zéro-blessé mis au point par leurs maîtres du Pentagone. Mais ce n'est pas une raison pour se décourager : encore deux ou trois guerres, et ça viendra...

En attendant, le "gouvernement" fantoche prépare les "élections" de janvier. C'est l'occasion rêvée pour les insurgés de liquider les collabos qui ont l'imprudence de présenter leur candidature. Voilà qui change un peu du gibier habituel (flics et autres gardes antinationaux).


Bon appétit, Messieurs

Le 21 décembre 2004, à l'heure du déjeuner, une pluie de roquettes s'abat sur le réfectoire de la base américaine de Mossoul. Dix-neuf occupants américains plus cinq collabos irakiens sont tués sur le coup, une cinquantaine d'autres grièvement blessés. Beaucoup de militaires se retrouvent le cul par terre ou se cachent sous les tables pour faire leur prière. Autant dire que tout va bien. A l'approche de Noël, le Pentagone a la situation bien en main.

Dans les jours qui suivent, les vaillants défenseurs du "monde libre", restent planqués dans leurs bunkers afin d'éviter d'être pris pour cible. La résistance concentre son action sur les traîtres irakiens en uniforme : 34 morts pour la seule journée du 28 décembre. Le lendemain, un coup de téléphone anonyme signalant la présence d'insurgés dans un immeuble de la capitale, déclenche une razzia des "forces de l'ordre". Dès que les flics ont pénétré dans ce qu'ils croient être un "repère d'Al-Qaïda", l'immeuble saute ; il y a plus de vingt tués.

Les mythomanes américains ne cessent de répéter qu'ils "contrôlent" l'Irak et que les "élections" pourront se dérouler comme prévu fin janvier. En fait, ils ne contrôlent rien, pas même la route qui relie l'aéroport de Bagdad à la "zone verte", comme l'a prouvé la récente mésaventure du ministre australien de la guerre, en "visite" en Irak. Par suite de la recrudescence des "attaques terroristes", le terroriste de Canberra a dû rebrousser chemin sans avoir pu se rendre dans son "ambassade".

Telle est la situation réelle en cette fin d'année 2004.

A Washington, le boucher de la Maison Blanche se souvient de ce qu'on lui a raconté sur la charité chrétienne. Magnanime, il décide de débloquer 15 millions de dollars pour "venir en aide" aux victimes des raz-de-marée asiatiques. 15 millions, c'est ce que son régime gaspille en dépenses militaires en à peine un quart d'heure (1,5 milliard par jour). Bien sûr, les victimes ne verront jamais un cent de cette somme, qui servira sans doute à financer les voyages de quelques connards encravatés - mais tout ça n'a pas d'importance, c'est l'intention qui compte. (Et même si le montant de "l'aide" est ensuite multiplié par dix ou par vingt, cela ne change strictement rien.)

Le "président" est d'ailleurs très impressionné par ce qui est arrivé dans les pays de l'Océan Indien : 300.000 morts en quelques minutes, faut le faire. Seul le Créateur (le supérieur hiérarchique direct de George Doubleyou) est capable d'une telle performance - quoique Truman, en 1945, avec ses deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki... mais oublions ce mec, c'était un Démocrate. En tout cas, il va falloir trouver quelque chose, parce que mettre 20 mois pour liquider 100.000 civils, comme on l'a fait en Irak, c'est quand même nul au niveau de la productivité.

D'ores et déjà, pour les bushmen de Washington, la gigantesque catastrophe naturelle du 26 décembre a du bon. Elle leur permet d'envoyer des troupes dans des pays où il n'y en avait pas encore (Indonésie, Thaïlande, Sri Lanka, Inde). Et comme par un coup de baguette magique, GIs, marines, navires de guerre, porte-avions et hélicoptères de la mort deviennent soudain des vecteurs "d'aide humanitaire". C'est ce que toutes les télévisions au garde-à-vous nous suggèrent à présent 24 heures sur 24 - il est plus facile de faire passer ce message que d'apprendre à prononcer le mot tsunami. Sans oublier que cela permet de détourner un peu l'attention de l'Irak.

Irak où la nouvelle année 2005 commence en beauté. Pas un jour ne s'écoule sans qu'au moins une douzaine de flics ou gardes collabos n'y laissent leur vie. Le 4 janvier, le "gouverneur" de la capitale est liquidé. Il avait annoncé qu'il serait "impitoyable" avec les insurgés ; les insurgés ont été impitoyables avec lui. Le lendemain, c'est un colonel de la police qui y passe. De toute évidence, la résistance surveille de près les déplacements des traîtres pro-américains et frappe quand elle en a envie.

Aux Etats-Unis, un éditorial d'Al Neuharth dans USA Today du 22 décembre, réclamant le retrait des troupes américaines d'Irak, continue de faire scandale. Neuharth (80 ans) est un des rares opposants à la guerre qui puissent s'exprimer de temps à autre dans un quotidien d'importance nationale - il est vrai qu'il est le fondateur du journal. Au "pays de la liberté", il faut être multimillionnaire et propriétaire de presse pour avoir le droit d'être entendu. Mais cela ne met pas à l'abri des fanatiques qui vous envoient des menaces de mort. Cela n'a pas non plus la moindre influence sur la ligne habituelle du journal.

Le 9 janvier 2005, du côté de Kout, dans la province de Wasit, une explosion "d'origine inconnue" tue huit soldats ukrainiens et un militaire kazakh ; onze autres envahisseurs sont grièvement blessés. Wasit - was it an accident ?...  Peu importe, les salopards qui étaient en train de charger des bombes comme on les utilise pour massacrer les civils de Falloudja, ont eu ce qu'ils méritaient. Du coup, le ministre ukrainien de la guerre annonce le rapatriement de son contingent "à la fin de l'année" - s'il reste encore quelque chose à rapatrier.

A peu près au même moment, près de l'aéroport de Bagdad, huit militaires américains meurent dans une embuscade. Ils étaient tous membres de la Garde nationale de Louisiane. Y a d'la joie dans les bayous...

Suite...



Qui sont les résistants ?

Décembre 2003 : pour les services de propagande du Pentagone et de la Maison Blanche, "les actes de violence" seraient le fait d'une poignée d'acharnés de l'ancien régime et de terroristes islamistes d'Al-Qaïda infiltrés en Irak. Il est difficile de dire si les cercles dirigeants américains croient vraiment ce qu'ils avancent - à l'exception peut-être du "président" qui croit de toute manière tout ce que sa chère Condom Leezza lui demande de croire.

Une chose est certaine, cependant : huit mois après le déclenchement de la "guerre éclair" (tout devait être terminé en moins d'une semaine), la résistance prend un tour de plus en plus organisé. Que Saddam Hussein soit mort ou pas [et s'il ne l'est pas, qu'il soit prisonnier ou en liberté], il est fort improbable que les insurgés se battent "pour lui". Ils se battent tout simplement pour leur pays. La résistance française après l'invasion nazie de 1940 n'avait pas non plus pour but de rétablir le gouvernement en place en 1939.

On sait que quelques semaines avant le début de l'agression de mars 2003, le gouvernement irakien avait fait distribuer des millions d'armes légères, et pas seulement à ses fidèles partisans - ou alors, il devait en avoir beaucoup... Il semblerait que le régime ait tiré les leçons de la guerre précédente et qu'il ait tout fait pour éviter une confrontation directe avec l'envahisseur, misant plutôt sur la guérilla, cette "arme des faibles". Cela expliquerait qu'il n'y ait pas eu de "bataille de Bagdad". Une stratégie de type Stalingrad aurait sans doute causé de très lourdes pertes aux Américains, mais elle aurait été encore plus grave de conséquences pour la population de la capitale. Alors que les Soviétiques, en 1942, disposaient d'arrières intacts, les Bagdadis, eux, se seraient retrouvés pris au piège dans une ville encerclée de toutes parts. On imagine l'effet de bombardements comparables à ceux de Dresde ou de Hamburg pendant la Seconde Guerre mondiale, avec au bout du compte cent ou deux cent mille morts et l'anéantissement de toute possibilité ultérieure de résistance.

Scott Ritter, ancien "inspecteur de l'ONU", c'est-à-dire ex-espion officiel du gouvernement américain, maintenant opposé à la guerre, rapporte dans un article du 10 novembre 2003 ce qu'il a vu en Irak dès 1996 - et ce dont le Pentagone n'a pas voulu tenir compte. Bagdad ne fabriquait pas alors de prétendues armes de destruction massive, mais tout simplement les armes qui sont utilisées à présent contre les occupants. Ces bombes (IED - improvised explosive devices), trop peu sophistiquées pour attirer l'attention de Washington, tuent maintenant les GIs par centaines. D'autres armes, comme les fameux lance-grenades (RPG - rocket-propelled grenades), sont également stockées en quantités industrielles dans des milliers de caches réparties un peu partout dans le pays. Et le gouvernement déchu n'avait pas seulement prévu l'armement destiné aux futurs maquis, il avait aussi pensé à la formation des combattants clandestins - et tout cela, au nez et à la barbe des Américains.

Ritter pense que le rôle des volontaires étrangers en Irak est marginal, que la résistance est profondément enracinée dans la population et que pour un combattant* il faut compter entre dix et cent sympathisants actifs. Tout acte de "représailles" des occupants voit grossir le flot des partisans et de ceux qui les soutiennent. Les terroristes américains n'ont apparemment rien compris à la situation réelle sur le terrain, se fiant aveuglément aux "informations" mensongères fournies par leurs acolytes israéliens. (Il est parfois dangereux de prendre ses désirs pour des réalités.)  A la réflexion, les "services de renseignement" US font très peu de véritable renseignement, préférant se consacrer à la subversion, aux assassinats politiques, au trafic d'armes et de drogue à grande échelle... La puissante CIA s'est en fait presque toujours contentée de "prévoir" ce qu'elle avait elle-même organisé. Elle a été prise au dépourvu par la révolution des oeillets au Portugal (1974), par la révolution islamique iranienne (1979), par la construction du mur de Berlin (1961) et par sa chute (1989).

* En novembre 2003, dans son papier "confidentiel" cité plus haut, la CIA en dénombre 50.000.

En avril 2003, l'armée irakienne ne s'est pas rendue, elle n'a pas été vaincue. Elle s'est mystérieusement "volatilisée", mais les forces qui la composaient sont restées en partie intactes et sont actives maintenant - sous une autre forme très décentralisée. On ne sait pas grand-chose des différents groupes qui constituent la résistance ; il est trop tôt pour en parler - comme il était trop tôt, en 1941, pour avancer quoi que ce soit de pertinent sur l'organisation des maquis français, à moins d'en faire soi-même partie, et encore...

Ce que l'on soupçonne, c'est que toutes les tendances y sont mêlées, depuis les anciens membres du parti Baas jusqu'à certains groupes religieux, en passant par les nationalistes autrefois opposés à Saddam Hussein, sans oublier les communistes en désaccord avec la ligne collaboratrice de leurs dirigeants. Si les militants chiites et sunnites ont été les premiers à se manifester dans la lutte contre l'occupation, leurs chefs religieux semblent en revanche se réfugier dans l'attentisme. Mais cela n'empêche pas les croyants (qui ne l'est pas en Irak ?) de participer activement aux combats.

Au printemps 2004, tandis que la résistance que l'on pourrait qualifier de patriotique* est particulièrement active dans la région de Falloudja, dans d'autre villes (Nadjaf, Karbala, Sadr City...) on voit intervenir pour la première fois depuis le début de l'invasion, les milices chiites de l'imam Moqtada Sadr.

* c'est-à-dire axée davantage sur la défense du pays que sur les questions religieuses, et animée par d'anciens militaires.

Mais les insurrections de Falloudja et de Nadjaf, bien que parallèles, manquent de coordination. L'ardeur des combattants chiites est quelque peu freinée par leurs chefs religieux. Les déclarations de Moqtada Sadr restent assez contradictoires. Quant au grand ayatollah Ali Sistani, le "pape" des chiites irakiens (il est lui-même iranien et reçoit ses instructions de Téhéran), il garde le silence en espérant que son heure viendra (après le départ des Américains).

Le 18 mai, quand il prend enfin position, c'est pour condamner le soulèvement des partisans de Sadr. Même le pape catholique Pie XII, qu'on appelait pourtant "le pape allemand" pendant la Seconde guerre mondiale, n'était pas allé si loin dans la compromission... Peut-être faut-il y voir le signe d'un arrangement secret entre Washington et Téhéran : on vous fiche la paix, on oublie un temps que vous faites partie de l'axe du Mal, on demande à Sharon de ne pas bombarder vos centrales nucléaires (du moins pas encore) - le tout à condition que vous nous aidiez à mater les rebelles chiites irakiens, OK ?... Ce serait tout à fait dans le style des stratèges néo-cons : soudoyer l'adversaire, le miner de l'intérieur, pour finalement l'attaquer de front lorsqu'il est suffisamment affaibli.

L'unification des mouvements de résistance est donc loin d'être réalisée. Il faudrait tout d'abord que l'opposition chiite prenne clairement position et sépare quelque peu le religieux du politique, ce qui est loin d'être évident. On ignore si la création d'un Front de libération nationale est envisageable dans un proche avenir - mais après tout, le Conseil national de la résistance française n'a pas non plus été fondé du jour au lendemain ; avant d'en arriver là, il a fallu surmonter bon nombre de divisions internes.

En août 2004, alors que l'insurrection repart de plus belle à Nadjaf, Koufa et dans tous les autres centres chiites, on apprend que des combattants de l'ouest du pays (Falloudja, Ramadi) viennent prêter main-forte à l'armée du Mehdi de Moqtada Sadr et que d'anciens militaires assurent la formation des miliciens chiites. Même sans unification formelle, la résistance commence donc à s'entraider et à coordonner ses actions.

Fin août, profitant de l'inexpérience militaire des milices de son rival, Sistani met provisoirement fin au soulèvement de Nadjaf, mais il est probable qu'on ne tardera pas à assister à une résurgence de ce mouvement.

Quoi qu'il en soit, l'intervention des partisans irakiens n'a pas seulement pour effet de contrarier les plans de l'occupant en Irak même ; elle retarde aussi les projets criminels de la clique Bush-Blair-Sharon dans d'autres pays (invasion de la Syrie, du Liban, de l'Iran, de la Corée du Nord).


Lire ici l'opinion de Tariq Ali, écrivain britannique d'origine pakistanaise : Resistance is the first step towards Iraqi independence

Irak, le "merdier"  par Ignacio Ramonet (Le Monde Diplomatique).

Support the Iraqi Resistance Movement !  par James Petras.

Gilles Munier nous présente la bombe à retardement irakienne : Al-Moqawama (décembre 2004).

Du même auteur : La résistance irakienne en septembre 2005.

A plus de vingt siècles de distance : effets comparés de deux mouvements de résistance.



Maman s'inquiète :

Rapporté par un journal de Floride en juillet 2003 : Get My Son Home - des mères s'inquiètent pour la vie de leurs fils, soldats en Irak. Ils devaient rentrer cet été, mais comme on a encore besoin d'eux, ils resteront là-bas. Quand reviendront-ils ?  A Noël ? A Pâques ? A la Trinité ?... Reviendront-ils vivants, en bonne santé ?... Nul ne le sait. Mrs. Withers et Mrs. Carter en perdent le sommeil.

Très émouvant, n'est-ce pas ?...

Le plus drôle, c'est que l'une de ces femmes a elle-même été militaire ; elle a probablement poussé son fils à s'enrôler dans cette armée de mercenaires. Quant à l'autre, disons qu'elle n'a pas su empêcher son rejeton d'endosser l'uniforme. Les deux crétins ne sont pas d'innocents appelés, comme il y en avait tant à l'époque du Viêt-Nam, mais des volontaires, donc des gens payés pour tuer et se faire tuer. L'un deux est parti en criant que l'Amérique allait botter le cul aux Irakiens ; maintenant, c'est lui qui se fait botter le sien. En bonnes et loyales patriotes, ces mères de soldats ont voté George Bush en novembre 2000 et ont cru toutes les sornettes de leur "président". Aujourd'hui, cependant, elles estiment qu'on leur a menti, et elles en ont assez. Tiens, tiens...

Si les Irakiens cessaient de résister, les fils combattants seraient vite de retour, comme promis, et pourraient se vanter partout de leurs exploits. Il n'y aurait donc aucun problème. Mais comme l'Irak se rebiffe, les mères inquiètes se posent des questions - pas sur la guerre en général mais sur leur cas personnel. Si elles ont des doutes, elles ne les expriment pas en présence de leurs voisins, lesquels continuent d'accorder leur confiance au gouvernement - ils n'ont probablement personne en Irak. C'est ça la liberté américaine : ferme-la et continue d'agiter ton petit drapeau pour ne pas déplaire aux voisins.

Ces dames ont-elles vraiment compris ce qui arrive à leur pays ?...  Il est permis d'en douter.

Quelqu'un, en Floride ou en Virginie occidentale, se demande-t-il ce que ressentent les mères irakiennes ? Par exemple, les mères des 10.000 civils et des 20 ou 30.000 militaires tués (combien de volontaires parmi eux ?) Ou les mères des blessés, mutilés, estropiés, plus nombreux encore. Ou celles de tous les autres Irakiens menacés quotidiennement par les fils Withers et Carter...

Atrocités :

On peut lire ici ce que certains Américains entendent par atrocité lorsqu'ils parlent de la guerre en Irak. En l'occurrence, il s'agit d'un GI qui a pu rentrer chez lui en permission après sept mois de "service", mais à qui l'armée a demandé de payer lui-même son billet d'avion. D'autres atrocités similaires ont été rapportées çà et là : militaires blessés ayant reçu une facture de l'hôpital où on les avait soignés, soldats contraints d'acheter eux-mêmes une partie de leur équipement, etc...

Le principe n'est peut-être pas si mauvais : si chacun devait payer de sa poche tous les frais occasionnés par son intervention patriotique, il y aurait probablement moins de volontaires. Comme dit mon voisin : bien fait pour leurs gueules...

Communiqués officiels :

Le 14 juillet 2003, selon la compilation Coalition Casualties du Ministère de la "Défense", les agresseurs avouaient la perte de 264 soldats (221 Américains, 43 Britanniques). Des chiffres incontrôlables, probablement très inférieurs à la réalité. L'état-major ne compte en effet que les morts immédiats. Si des soldats sont blessés dans une embuscade et qu'ils décèdent un peu plus tard, en cours de transport ou à l'hôpital, ils n'apparaissent pas dans les statistiques. Même chose s'ils sont évacués vers le Koweït, le Qatar ou l'Allemagne.

Les mercenaires étrangers (mexicains et autres), les membres des nombreuses "forces spéciales", les militaires dont la présence sur les lieux ne doit pas être révélée, les personnels d'organisations paramilitaires ou de renseignement, les faux diplomates et les faux civils ne sont, eux non plus, jamais mentionnés. Quoi qu'il arrive, ces gens-là ne peuvent pas mourir car ils n'ont aucune existence publique. Autres absents dans les listes officielles : les soldats qui se suicident (il y en aurait au moins deux chaque mois).

Les détails fournis pour expliquer les pertes sont presque toujours manipulés ou falsifiés. A en croire le Pentagone, la plupart des soldats ne meurent pas au combat, mais à l'occasion d'accidents ou d'incidents dont la cause n'a pas encore été éclaircie. Il est rare que l'opinion apprenne ce qui s'est réellement passé.

Un exemple : la liste citée plus haut annonce la mort, survenue le 1er juillet, du sergent-chef Christopher Coffin, 52 ans*. Si l'on en croit le rapport, l'homme a été tué lorsque son véhicule a basculé dans un fossé en voulant éviter un véhicule civil. Il s'agit, en somme, d'un tragique accident de la route. Mieux encore : le militaire s'est sacrifié en épargnant des civils irakiens. Il mérite une médaille, qu'il recevra sans doute à titre posthume.

* Les jeunes de 20 ans ne sont pas les seuls à mourir à la guerre, et Coffin (en français : cerceuil) semble être un nom prédestiné.

Deux semaines plus tard, Time Magazine mange le morceau. En fait d'accident, le véhicule américain, un humvee, s'est retrouvé dans le fossé après qu'un véhicule irakien (un camion ?) ait foncé sur lui à toute allure. Des habitants en colère ont aussitôt entouré le humvee "accidenté" et y ont mis le feu. Bilan : un mort et un blessé.

Nous attendons impatiemment la troisième version, qui sera peut-être encore plus proche de la vérité : il s'agissait d'une opération militaire parfaitement organisée, le humvee ne contenait pas deux mais quatre soldats, et la résistance irakienne ne les a pas laissés s'en tirer vivants. Une version beaucoup moins héroïque mais néanmoins exploitable, à condition de tout mettre sur le dos d'Al-Qaïda.

Il y a mille et une manières de minimiser les pertes, pourtant déjà fortement minimisées dans le décompte officiel du Pentagone. On peut, par exemple, exclure les "alliés" britanniques et autres, ou ne compter que les militaires tués "depuis que le président a décrété la fin des combats" (quelle fin des combats ?), ou ne prendre en considération que les GIs "tués par l'ennemi" (parce que les autres sont sans doute morts en jouant au billard ou en faisant du saut à l'élastique...) Les médias alignés excellent dans ce genre de manipulation. Ainsi, quand les services de Rumsfeld annoncent par exemple un total (trafiqué à la baisse) de 450 morts, presse, radio et télévision s'empressent de falsifier à leur tour et parlent de 135 tués. Ce chiffre est répété à longueur de journée ; la population crédule l'accepte et croit vraiment qu'il n'y a eu que 135 tués. Et le 1er janvier suivant, on pourra recommencer un nouveau décompte.

Pour ce qui est des blessés américains, il n'y en aurait eu qu'un millier, en tout, après sept mois et demi de guerre. Malheureusement pour les mythomanes de Washington, on apprend que l'hôpital militaire de Landstuhl (Allemagne) a déjà soigné environ 7.500 GIs (aux frais du contribuable allemand). Les responsables se vantent même du fait que le taux de survie soit de 95 %. Autrement dit, 5 % n'ont pas survécu - ce qui augmente le total des décès officiellement avoués d'au moins 375 pour cette période.

Bilan :

Au bout d'un an de guerre, le Pentagone ne publie même plus de bilan officiel des pertes de la "coalition". Le dernier en date est du 2 février 2004 et fait état de 627 morts (528 Américains, 58 Britanniques, 18 Italiens, 10 Espagnols, 5 Bulgares, 3 Ukrainiens, 2 Polonais, 2 Thaïlandais, 1 Danois). Au 20 mars 2004, le décompte officiel - s'il était publié - s'établirait aux alentours de 720 tués. En y ajoutant les morts de Landstuhl (environ 600), les "legal aliens" - Mexicains et autres - morts sous l'uniforme yankee avant d'avoir pu obtenir la citoyenneté US (plusieurs centaines), les "civils", les "sous-traitants", les "diplomates", les "forces spéciales" et autres agents de renseignement et de sabotage (également plusieurs centaines), on arrive à un total probablement supérieur à 2.000. Total auquel il convient d'ajouter un bon millier de collaborateurs irakiens.  [Plus tard, à partir du milieu de l'année 2004, le nombre de collabos liquidés grimpera en flèche, surpassant de beaucoup le nombre d'envahisseurs tués.]

Face à ces quelque 3.500 morts du camp pro-américain (avec sans doute 15 ou 20.000 blessés sérieux), on trouve - après un an de guerre - probablement 50.000 civils irakiens tués et 300.000 blessés.


BILAN MINIMUM des pertes de la "coalition" jusqu'au 15 décembre 2011
(selon un décompte de icasualties.org
reposant sur des chiffres fantaisistes fournis par les pays agresseurs) :

4484 USA + 179 GB + 139 autres = 4802 morts.

En tenant compte des facteurs mentionnés plus haut :
- Pour avoir une idée des pertes réelles de la "coalition", multipliez par trois.
- Pour avoir une idée des pertes totales "coalition" + collabos irakiens, multipliez par dix.



Fabricants de souvenirs, si le T-shirt style années 80 ("Mes grands-parents sont allés à Las Vegas, et tout ce qu'ils m'ont rapporté, c'est ce misérable T-shirt...") ne se vend plus aussi bien qu'autrefois, reconvertissez-vous, produisez utile. Ce que les Américains demandent en 2004, c'est le sac plastique homologué US Army, sur lequel on peut lire : "George Bush m'a envoyé en Irak, et tout ce que ça m'a rapporté, c'est ce misérable body bag."


Comment ça, chair à canon ?...
Mais non, mais non... En octobre 2004, un article du professeur Frederick Sweet, de l'Ecole de médecine de l'Université Washington de Saint-Louis, nous révèle comment sont traités les mutilés de guerre américains : Maimed in Iraq, then mistreated, neglected, and hidden in America.

"Comme des chiens" : entassés dans des locaux insalubres, privés de soins médicaux ou contraints d'attendre de longs mois avant de recevoir des soins appropriés (quand ils les reçoivent), cachés aux yeux de tous (pour ne pas affoler la population, refroidir la frénésie guerrière et faire chuter la cote de popularité de George Bush).

De quoi se plaignent ces pauvres types ?... Ils ont eu ce qu'ils voulaient : ils se sont "sacrifiés" volontairement pour "leur pays" et "leur président" - et alors ?... Pensaient-ils vraiment que Halliburton ou Lockheed Martin allaient payer leur prothèse ?... Des soins médicaux gratuits et immédiats - et puis quoi encore ?... Ils se croient à Cuba, ma parole... Ils n'avaient qu'à contracter une bonne assurance, comme tout Américain qui se respecte. Ils ne l'ont pas fait, et maintenant ils voudraient vivre aux crochets de l'Oncle Sam... Quand même gonflés, ces mecs...

Mais que cela ne décourage pas tous les autres bons Américains désireux de s'engager dans cette belle armée...


Moral à zéro :

En juillet 2003, le héros américain - le vrai Terminator si l'on en croit Arnold Schwarzenegger - montre enfin son véritable visage. Courageux lorsqu'il s'agit de massacrer des civils sans défense, il tremble de peur et souille sa belle tenue de combat dès que quelqu'un lui tire dessus. Et s'il ne revient pas au jour dit, sa maman pleurniche et écrit à son député. Celui-ci fait alors un joli discours et exige des "alliés" français et allemands - ceux-là mêmes qu'il traitait de lâches et de dégonflés quelques mois plus tôt - qu'ils envoient leurs troupes en Irak afin que le petit merdeux de sa circonscription puisse enfin jouir du repos du guerrier.

Chacun fait des pieds et des mains pour se faire rapatrier. Une méthode aussi efficace que fréquente chez les femmes militaires : se faire engrosser par le premier venu. (Une stérilisation générale mettrait fin au problème, et elle aurait l'avantage d'éviter que la même calamité se reproduise à la génération suivante.)

A défaut d'être définitivement démobilisé, on a toujours le loisir de déserter. Plus de 30 GIs l'ont fait dès l'été 2003, profitant de leur toute première permission pour disparaître dans la nature. Six mois plus tard, ils ont fait tant d'émules que le Canard Enchaîné, citant un officier de renseignement en poste à Washington, peut parler de 1.700 désertions. Le Pentagone, après un an de guerre, n'avoue que 600 déserteurs. [En décembre 2004, le nombre total est passé à 5.500 selon CBS ; et en mars 2006, à plus de 9.000, d'après le Guardian.]

Pour remonter le moral de l'arrière et revigorer le patriotisme, les services de propagande du Pentagone ont eu une idée géniale : depuis le front irakien, les petits journaux de province de l'Amérique profonde reçoivent pour publication des lettres optimistes de GIs originaires de leur région. Le hic dans cette opération : les lettres ont toutes la même teneur et elles ont été signées sur ordre - détails.  Copier, coller, envoyer - le tour est joué. Voilà qui ressemble étrangement aux campagnes récurrentes du lobby sioniste pour dénoncer "l'antisémitisme recrudescent" ou la "menace pesant sur Israël". Mêmes auteurs, mêmes procédés...

Engagez-vous, Oncle Sam a besoin de vous
(source : Al-Jazeera - gif animé - 168 ko)



Le credo américain

Nous les Américains, nous aimons les enfants

La guerre permanente
- Comment le dramaturge allemand Falk Richter voit la situation -

La Vallée des loups - Irak
- Un film turc que l'axe israélo-américain n'a pas du tout apprécié -



I : L'agression annoncée     II : L'invasion     III : L'occupation    IV : La résistance    V : La guerre de libération ?





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